(lecture préalable des chroniques précédentes conseillée)

Où les aventures du Chevalier de Tant-Bourrin prennent une dimension mythique

XIIIème siècle après Jésus-Christ - Quelque part dans le Royaume de France

L'étrange équipage cheminait, tout engadoué et misérable, sous les sombres nuées d'un ciel pluvieux.

En tête, le Chevalier de Tant-Bourrin, dos voûté, tête basse, l'aura définitivement en berne, chevauchait tristement la bourrique miteuse de son écuyer, son blanc destrier lui ayant été confisqué lors de ses dernières aventures. Il avait rêvé d'un avenir brillant et ne récoltait qu'un présent brayant.

Derrière, son écuyer Saoul-Fifre, entièrement tacheté par les projections de boue des sabots de la bourrique ainsi que par ses déjections (celles de la bourrique, pas celles de Saoul-Fifre), marchait d'un pas las, tout piteux d'avoir dû laisser sa monture au Chevalier et tout auréolé d'une indéfectible aura de mouches.

Et, chemin faisant, l'écuyer réfléchissait dans la tripaille de son crâne. Il en arrivait à la conclusion que, tant que son Maître ne serait pas casé avec femme et lardons, leur errance perpétuelle continuerait sans fin. Or l'errance perpétuelle, ça va tant que l'on peut tranquillement cuver son vin en roupillant sur le dos d'une bourrique qui avance toute seule. Mais s'il s'agit de crapahuter derrière la dite bourrique, c'est beaucoup moins drôle.

Mais comment faire ? Tant que le Chevalier n'aurait que sa Dame Calcinée du Grozosieau en tête, peu d'espoir : celle-ci était comme en léger froid avec lui depuis quelques broutilles passées. Non, assurément, il fallait lui trouver une autre Dame de ses pensées, mais plus facile à dire qu'à faire...

Le visage de l'écuyer s'éclaira soudain : il venait d'avoir subitement une idée géniale ! Légèrement aidé, il est vrai par une affiche parcheminée publicitaire 4x3 plantée sur le bord du chemin.

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