C'est un signe, personne en ligne et j'ai décidé de ne rien faire de mon AM du samedi. Il faudra que j'écrive un billet.

Rien faire, évidement, à part de partir un lavage et d'aller reconduire Jérémie et de préparer le dîner et d'envoyer quelqu'un promener les chiennes. J'espère que ma laveuse prendra trois heures à finir son cycle, comme ça, je n'aurai rien à plier à part les trois bac pleins de linge propre qui attendent. En plus que pour ce faire, je devrai débarrasser (ou faire faire) la table après le déjeûner.

Rien à faire, je vous dis.

Ce qui me conduit directement au vide amoureux de ma vie. Le seul moment où c'est vraiment permis de ne rien faire et de dormir est la nuit. Or, mes amis, quel est le moment de ma vie où je meurs d'envie d'avoir quelque chose à faire ou à faire faire ?

Voilà.

Quand je dis que je meurs d'envie, je n'ai pas fini d'agoniser, il paraît.

Je vais avoir 50 ans l'année prochaine. J'en souffre horriblement. Et j'entends bien ne pas souffrir toute seule, alors souffrez que je vous en parle, écrive et chante toute l'année de ce drame existentiel : je ne suis pas éternelle et entre la fin et le début, il y a quelque part un crépuscule qui se voit au grand jour, je vieillis.

Non seulement ça se voit, mais ça se sent (comme dans ressentir et non pas humer, quand même !) dans mon corps. Or, mon esprit, que je croyais intact et alerte et jeune, le ressent aussi. Imaginez que j'ai pris quatre soirs et un matin pour écrire un travail de trois pages. Et encore, la page titre était déjà montée d'un travail précédent.

Vous me direz que les soirées sont plus courtes à mon âge, mais quand même.

J'ai du annuler un party de filles pour faire mon travail. Avant, j'écrivais ma prose APRÈS LES, je répète LES partys mixtes.

Il reste à me dire que je suis jeune de cœur, autrement dit les illusions vieillissent en dernier. En premier, vieillissent les enfants sans qu'on s'en aperçoive. C'est pour ça qu'ils nous le disent haut et fort (ici au sens propre, fort et haut) qu'ils ne sont plus des bébés.

Hélas, mon ventre n'est pas redevenu plat ce qui contredit le temps qui passe et qui témoigne que la grossesse vient juste d'être terminée. La durée, n'est-ce pas, est une notion ressentie et relative. Tiens, il reste à inventer les miroirs rajeunissants et amincissants. Peut-être est-ce la raison pour laquelle la vue baisse avec l'âge ? Question de conserver les illusions ?

Soupiiiiirrrrrrrr.

Pour revenir à ma préoccupation première et quasi unique, rencontrer l'âme sœur, je souffre aussi.

Vous me direz que dans l'Outaouais, sept femmes sont seules pour un homme seul et on ne compte pas les homosexuels (il parait que la région capitale a une plus haute population gaie que dans les autres villes, dû aux mouvements plus grands de la population. Je cherche encore l'étude qui démontrerait qu'il y a plus de femmes gaies que d'hommes, question de me donner une chance statistique à défaut de pratique) donc, je ne suis pas la seule, ça ne me console pas, étant donné que je ne ressens que mon besoin. Les divas ont ceci de particulier qu'elles ignorent et entendent bien perpétuer cet état d'esprit, les préoccupations d'autrui. Je reviendrai sur cet aparté.

Pour le moment, que je vous raconte ma dernière rencontre d'un homme.

C'était à l'épicerie. Je pourrais vous écrire et je le ferai, un long épisode pourquoi l'épicerie est la dernière place où vous pourrez rencontrer un homme célibataire.

Ici, comme convenu, c'était un homme marié à une femme qui me tape sur les nerfs. Lui, il est cute à mort, mignon comme les hommes qui sont juste de grands garçons, avec un tit air naïf qui lui permet de fleureter tout ce qui porte jupon au vu et au su de sa femme qui est certaine que son grand dadais ne sait pas ce qu'il fait et ne profitera pas de l'occasion.

Et elle a raison.

Or, le grand dadais est entré dans l'épicerie où j'étais moi-même présente, avec mon spleen et ma lutte contre l'embonpoint. Le cheveu en bataille et le coeur comme le champ de la bataille, après la dite bataille.

J'ouvre une parenthèse pour vous dire que deux de mes enfants qui ne sont plus des bébés selon leur certificat de naissance, sont en train de briser la glace dans un des bacs de jouets non rangés de la cour. Entreprise inutile, donc, intéressante. Je suis certaine que les mêmes enfants n'auront pas un iota d'énergie (10 puissance moins 24 selon une discussion passionnante en voiture) pour faire la même chose dans le stationnement l'hiver venu.

Oups, ils en sont aux coups de masse. Je ne savais pas que j'avais une masse dans mes outils.

J'espère qu'il restera un ou deux pieds intacts après leurs folles expérimentations.

Donc, le mari de la femme entre dans l'épicerie.

L'émotion qui me surprend est que je ne veux pas le voir, enfin, je ne veux pas qu'il me voie.

Je ne veux pas me faire cruser. Je ne veux pas avoir à ne pas résister parce que je peux ben vouloir autant que je le pourrai, rien ne se passera.

Qu'il aille pratiquer son charme auprès des tomates.

Ce qu'il faisait avec une attention qui ne faisait qu'exciter mes humeurs maussades, à défaut de susciter des émotions plus ... vous me comprenez dans mes silences.

Or, moi, j'étais dans les pâtisseries. Je vous rappelle que je suis à l'épicerie pour venir me chercher une collation santé pour ne pas avoir à compulser dans les sucreries à défaut des cochonneries.

Je reste dans l'odeur des pains chauds et je bouille intérieurement. Je tiens fermement ma sacoche, question de me rapeller que j'ai déjà compulsé dans la dépense et que je ne peux pas prendre ces biscuits aux brisures de chocolat à prix réduit parce que faits hier.

Lui est bien au froid et en est rendu aux raisins biologiques.

J'eus l'impression qu'il choisissait les raisins un à un. Tout d'un coup, je ne déteste plus sa femme, je l'envie. S'il prend autant de temps pour son plaisir, elle doit en avoir aussi.

Je ferme les yeux de dépit et d'envie et pour ne pas tendre la main vers les brioches glaçées du jour.

Il se tourne vers les concombres.

Mon esprit déjà à la torture par des pensées de manque et d'obscénités cherche désespérément mes intentions vertueuses que j'avais enfant.

Je me mis zà douter sur le fait que je fus tun jour de cette qualité chaste, tellement je ne trouvais pas deux iotas (voir plus haut) de réflexion qui auraient pu être d'un secours nécessaire et immédiat.

Enfin, ce cornichon quitta ses semblables cucurbitacées pour se diriger plus profondément dans la caverne des plaisirs gustatifs. (que ceux qui ont fait une psychanalyse m'interprètent le vocabulaire).

Je me ruai sans attendre vers la sortie comme si mon salut (à défaut d'un chum) m'y attendait.

Morale de cette histoire.

Si la vertu vous rebute et si quelqu'un d'autre la pratique pour vous, c'est que vous avez effectivement vieilli.

Vieilli (e).