C'est le vrai beau mâle. Le cheveu et le regard noir, le sourcil dru et broussailleux, le poitrail taillé en V, musculeux, il gagne sa vie en retapant des ruines et en les revendant. Ses outils : la masse, la barre à mine, la bétonnière. Il casse, il coffre, il ouvre les volumes, il a un goût inné, de l'élégance, le sens de la valeur ajoutée mais ce serait le réduire que d'en faire un chef de chantier à la Village People, avec son petit mètre pliant en bois le long de la cuisse. Il sait tout faire : il a été prof agrégé d'anglais, patron de resto chébran, disquaire, maraîcher, le tout avec brio et sous-tendu par une culture générale brillante.

L'homme idéal. Et son mari n'est pas mal non plus, avec qui j'ai un point commun : la passion de la basse-cour. Et ton cul c'est du poulet, tu préfères le croupion, zou, celles-ci sont faites, vous allez devoir en trouver d'autres.

Ces deux-là ont beaucoup œuvré pour me faire comprendre cette notion - si chère à Antenor et à Pascal - de non-choix devant sa sexualité. Ce non-choix coule de source pour un hétéro, puisque soutenu, renforcé par la société, mais oblige le jeune homo à une rude auto-maïeutique pour ramener à la surface une certitude cachée en lui, ne correspondant en rien aux modèles dominants.

Le "vrai" homo, pour parler crûment, n'éprouve tout simplement pas de désir pour les meufs, et en éprouve, plutôt deux fois qu'une, pour les mecs. C'est simple à comprendre, mais point encore assez pour des Vanneste ou des Longuet qui ont du mal à intégrer ce concept. Bien sûr, le non-choix obligatoire et gravé dans le marbre est faux, comme la plupart des généralisations dans les affaires humaines. Je m'étais amusé à provoquer notre Maréchal là dessus, et Pascal le reconnaît : l'orientation sexuelle évolue parfois . Les bisexuels, bien entendu, et puis des revirements, des occasions.

Les homos aiment beaucoup moins parler de l'homosexualité choisie, ou plutôt acquise, voire subie. Ça fait tache sur la belle image. Et pourtant elle existe : mauvaise image de la mère, de la femme, relation de hasard devenant pérenne par habitude, mauvaise relation au père hétéro auquel on ne voudra surtout pas ressembler, mère poule possessive, jalouse. Un cas qui nous est proche, et douloureux : un enfant violé régulièrement par un prédateur séduisant et qui, malgré un suivi psychologique, aujourd'hui majeur, reproduit et recherche toujours des relations homos dominant/dominé.

L'important étant que les exceptions ne fassent pas oublier que l'homosexualité est une tendance normale, profonde, innée ou acquise dans les premières années de la vie, on ne sait pas, et qu'elle a droit à ce titre au respect et au droit de cité. Le travail entrepris par Pascal pour proposer des arguments à opposer à tous ceux qui aimeraient soigner, guérir, voire punir, éradiquer l'homosexualité, est d'une utilité capitale. Taper "gayrilla" dans la fenêtre recherche .

Les débats font rage dans les commentaires, bien sûr, sur ces sujets peu cons-sensuels. Encore que je ne sais pas si les blogs sont bien des lieux de débat idéaux, les longs développements n'allant guère au teint d'un rythme de publication souvent assez soutenu. Sur un sujet assez obsessionnel chez moi, les commentateurs étaient restés sobres et même admiratifs. Récemment, la reprise du même sujet , sous un autre angle, a soulevé un déchaînement de passions, de doutes et de questionnements. Les réponses amenées n'ont pas vraiment con=vingt culs les "opposants", qui étaient homos, d'ailleurs, pour la plupart.

La Nature obéit aux lois de l'évolution, elle s'adapte sans prise de tête, elle n'a aucune conscience, aucun but, aucun plan de carrière sur la comète, aucune morale. Seul le plus adapté survit. Non Calune, je ne conçois pas une Nature d'ordre divin dont le cours suivrait une finalité déterminée. L'ordre naturel est aveugle, flegmatique, très imaginatif mais ordonné. Ceci précisé, je préfère dire pour des raisons de style : "Si la fleur est belle, c'est pour attirer un gros bourdon dans sa corolle accueillante" plutôt que "Les lignées de plantes n'ayant pas développé d'organe floral assez attractif aux yeux des insectes pollinisateurs, se sont éteintes". Ça dit kif-kif la même chose.

De par mon métier, bien raciné, proche des plantes et des animaux, j'ai un peu de mal à voir du "naturel" dans le fait homosexuel. Comme Wilde lui-même qui persiflait "Si Adam avait été homo, nous ne serions pas là", je pourrais dire "Si mes reproducteurs coqs, béliers ou boucs "en étaient", ils se retrouveraient aussi sec dans le congélo". L'homosexualité existe chez les animaux, mais elle est certainement d'ordre acquis. Chez les mammifères vivant libres en troupeaux, meutes hiérarchisés (loups, cerfs, lapins, chamois...), il y a le couple dominant dont le mâle, vainqueur de tous les duels et défis, insémine TOUTES les femelles présentes. Que l'on constate des comportements homos chez les mâles restant la bite sous le bras ne m'étonne pas. Les bonobos dont on parle tant sont apparemment tous bisexuels, eux. Primates et proches de nous, ils se servent de la sexualité comme jeu, comme outil de pouvoir, comme cadeau, récompense et ... comme moyen de reproduction. Pas compliqués, les bonobos ! Quoi qu'il en soit, oui l'homosexualité existe dans la Nature, mais il n'empêche qu'il s'agit d'un comportement individuel, qui, généralisé, entraînerait la débandade de l'Espèce. La définition de l'Espèce est d'ailleurs "qui peut se reproduire ENSEMBLE". Le cheval et le zèbre se ressemblent étonnamment mais leurs rapports sont stériles. Nous serions tentés de classer le lévrier et le chihuahua dans des Espèces différentes mais ils peuvent nous faire des petits bâtards.

L'homme et l'homme ne se reproduiront jamais (je sais : les essais continuent pourtant). C'est là qu'on voit qu'une Espèce demande mâles et femelles pour se reproduire. Que la Nature a privilégié les individus qui possédaient cet élan instinctif vers le sexe complémentaire, ce désir, cette passion, cette canule juste assez longue pour déposer sa goutte de sperme au seuil du col de l'utérus, cette paire de couilles externe pour que les spermatos soient à leur température d'efficacité maximum, cette lubrification permettant de les guider jusqu'à l'ovule, cette poitrine lactifère permettant de nourrir les petits d'humains si peu dégourdis. Du coup, ceux qui éprouvaient du plaisir à satisfaire leurs instincts hétéros étaient plus fertiles et transmettaient leurs gênes. Les gênes des garçons peu sensibles au charme féminin restaient sur le bas-côté des sentiers de l'évolution.

C'est étudié pour . L'être humain tel qu'il est aujourd'hui est le résultat d'un processus de reproduction mammifère clairement normé "hétéro", qui fonctionne depuis le Mésozoïque. Est-ce si difficile d'entendre cette vérité ? À notre époque moderne, nous nous éloignons de la Nature. Les docteurs dissuadent leurs parturientes d'allaiter, les mamelles étant reléguées au rayon décoration ou servant d'arguments de vente. La fertilité est en baisse , on a de plus en plus de mal à trouver des spermatozoïdes bien frétillants et des ovules prêtes à s'ouvrir alors on a recours à des dopants, des cocktails d'hormones, on emploie des mots vulgaires comme "procréation médicalement assistée", on enfile des pipettes dans des éprouvettes, c'est Le meilleur des mondes. Une philosophie no life, no sex se répand, on a peur des maladies alors un strip-tease, un paluchage rapide, un french-kiss and go to sleep. C'est le safe-love. Sur Love&Chat ou MSN, kiffe ta cam, c'est encore plus propre : zéro éclaboussures (si : un peu sur le clavier l'autre soir).

Alors les homos sont loin d'être les seuls concernés par cette tendance "Nature ? No, Thanks !", ils sont fertiles, bien sûr, mais il faut les braquer pour qu'ils daignent tremper leur zob dans ces coinstots bizarres. Mettre au monde un enfant, c'est d'abord tomber raide dingue de sa mère, envisager de vivre suffisamment de temps avec elle pour épauler cet enfant jusqu'à sa majorité, et plus, s'il s'appelle Tanguy, caresser son ventre qui s'arrondit et il le faut, être amoureux, pour supporter une femme enceinte !

Je suis un libertaire, alors je suis d'accord sur tout. Amusez-vous avec qui vous voulez, adoptez, montez vos trocs de sperme en association, vos familles recomposées, vos écoles parallèles, mariez-vous en blanc... Dans mon pèqueno plein de ploucs votant Le pen à tous les coins de bois, j'ai souvent pris la parole pour défendre le respect dû à tout individu, toute tendance. J'insistais sur la tolérance, sur le devoir de se borner "à ne pas trop emmerder son voisin". C'est plus dur de faire ça dans la France profonde que dans un salon de thé du Marais, mais par pitié, soyez humains, normaux, utiles, fiers de vous mais n'appelez pas à la rescousse cette Nature qui a tenu bon, contre météorites et glaciations, notre devenir, le destin de notre Espèce, sur la base jamais démentie de la reproduction sexuée avec accouplement volontaire et joyeux.