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vendredi 14 novembre 2008

Saoul-FifreLe compliment toujours aux lèvres

Tiens, la madré est descendue me voir. Ça c'est du rare, c'est du lourd, ya un temps fou qu'on s'était pas vus, elle habite loin, je bouge peu et la transhumance d'une tribu foncièrement sédentaire demande de longs leviers, des points d'appui granitiques et des palans de compétitions.

Alors bien sûr, je téléphone régulièrement. L'amour maternel se nourrit de ces petites attentions. Il se passe rarement plus de 2 mois sans qu'elle reçoive mon appel empreint de ponctualité affectueuse. C'est un point sur lequel je ne fais pas d'économies : ce serait un comble avec mon forfait ADSL illimité vers les fixes.

Mais comme elle est très bavarde, je suis néanmoins obligé, la conversation s'éternisant, de lui rappeler : "Maman, c'est moi qui t'appelle !". Un vieux réflexe atavique de politesse innée mêlée de parcimonie chevillée au corps la fait alors bégayer un "Je raccroche, je raccroche, merci d'avoir appelé, Saoulfifre, je pense beaucoup à vous même si je ne téléphone pas souvent...".

Elle va attraper dans quelques jours ses 83 ans, aux olives, elle est en pleine forme grâce à une hygiène de vie gandhienne, elle entretient son neurone avec la méthode tantbourrine basée sur la résolution de mots-croisés de Max Favalelli, elle marche dans les dunes et le bon air iodé en gueulant J'aime les ports de l'Atlantique , elle prie, elle gâte ses treize petits-enfants et ses 2 arrières-petits-enfants, elle donne, elle distribue le peu qu'elle a, elle œuvre pour les autres, faisant cadeau de son temps, dilapidant cet amour qu'elle a surnuméraire, qui déborde, qui fait boule de neige, dont la spirale inspirée arrache tout sur son passage.

C'est une grenouille généreuse dans son bénitier des Danaïdes.

Elle nous enterrera tous, moi en tout cas, c'est sûr. Ce n'est pas que je le lui souhaite, non j'ai pas dit ça, c'est la hantise absolue de perdre un enfant, c'est l'horreur anxiogène, mais il faut bien reconnaître qu'elle n'y met pas du sien. On lui donne couramment 15 ans de moins. Et moi 10 de plus. Alors le calcul est vite fait, surtout si on tient compte des corrections automnales de vinification/distillation et des excès, dépassements de quotas, rajouts, régimes inversés, rabs de sauce, relevages nocturnes, léchages de plats et finissages de toutes les assiettes de la tablée par dégoût du gaspillage, dont je suis coutumier. Des finissages, pas du gaspillage.

Et elle le sait la bougresse, que mes analyses de sang ressemblent plus à des recettes de sorcières, des cocktails de poisons ou des listes de composants iningérables, indigestes, non-comestibles et fortement déconseillés voire interdits à la consommation. Alors, ironie ou cynisme, elle me parle de son cholestérol, sans jamais citer de chiffres, bien sûr, ni m'avouer que s'il y a pléthore, c'est de son bon cholestérol, comme de bien entendu.

Et elle ne rechigne pas à en remettre une louche : "Ton père n'avait pas de ventre, lui. Comme j'étais de 14 ans sa cadette, il considérait comme un devoir de faire attention à lui, de se tenir toujours droit... Il faisait du yoga, lui." Ben on a vu le résultat : ça fait quand même 40 ans qu'elle est veuve, il a peut-être abusé du yoga, papa. Et puis c'est pas ma faute si Margotte est à peu de choses près, de la classe avec moi ?

Son regard s'attardant sur ma silhouette est lourd de reproches mais elle cherche comment exprimer son ressentiment sans se faire envoyer sur les roses. Elle me glisse : "Voilà, je sais. Tu tiens de ton grand-père paternel, que tu n'as pas connu. Il est mort sur la table d'opération, à 54 ans, à cause de son diabète. Tu devrais faire attention".

Bigre. J'en ai 52, je l'ai bientôt battu. Tiens bon la vague et tiens bon le vent, hisse et ho !

Les meilleures choses ayant une fin, ma mère finit par partir et je reçus par la poste de sa part quelques jours plus tard un cadeau qui me fit bien plaisir, accompagné de ces mots :

Bonjour Saoulfifre

voici comme je t'ai promis, la caricature de ton grand-père. Un bon vivant apparemment. Et qui te ressemble.

Bises à tous Maman

Ben merde !

lundi 10 novembre 2008

AndiamoLes personnages de Bédés ont-ils une vie sexuelle ? IV les revoilà !

Y'a eu de la demande ! Tant mieux, on est là pour ça, satisfaire vos bas instincts, être le bouc émissaire, me charger de vos plus vils fantasmes, en accepter l'horreur (avec une certaine jubilation), dessiner pour vous ce que vous n'oseriez même pas rêver !

Alors je balance, bien que vous ayez lu tout ce qui va suivre dans "les personnages de Bédés ont-ils une vie sexuelle III (le re-retour)".

Mais auparavant, je dois mettre une restriction, pudeur oblige, éloignez les mineurs de votre écran, je ne veux pas avoir maille à partir avec les moeurs, ah ça non !


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samedi 8 novembre 2008

Mam'zelle KesskadieDe salle, d'autonomie et de fierté maternelle

J’ai décidément plus de succès quand j’écris des niaiseries que lorsque je suis spirituelle. Est-ce à dire que le monde est superficiel ou que mon talent l’est?

Question existentielle dont la cote d’écoute du débat ne battra sûrement pas celle de Charest et de Pauline Marois .

J’attends présentement dans une salle d’attente. Nulle part il n’est dit qu’une qualité essentielle des parents est de savoir gérer la salle d’attente. On connait le taxi, on connait la vaccination, mais que sait-on des salles d’attente?

Ici, c’est celle de la Société d’Assurance Automobile du Québec. J’ai l’air intellectuel avec mon lap-top. C’est très chic. À défaut d’avoir un bon genre, j’ai le chic.

Et pourquoi donc, attends-je dans la salle d’attente de la SAAQ ? Mais parce que Jérémie, 16 ans, des catastrophes et l’adolescence en bouton faute d’être en fleur, est à son examen pour avoir son permis de conduire temporaire. Ce matin, il me dit : tu es formidable maman, le sais-tu?

Il doit être content ou nerveux Je ne vois rien d’autre qui motiverait cette déclaration.

Ici, c’est la première étape. C’est aussi dans cette même salle que j’ai compris à quel point grandir est une ambivalence. C’est-à-dire que je serai très heureuse qu’il sache conduire, mais il y a le difficile passage qui est d’apprendre à conduire. C’est comme être adulte, je serais très heureuse qu’il soit adulte, c’est le difficile et délicat passage de l’adolescence qui me turlupine un peu.

Hier, en rentrant de travailler, la vaisselle n’était pas faite, mais la table était déblayée. J’ai rien dit. Pas que je sois magnanime, mais deux charmantes jeunes filles aidaient Jérémie et son chum dans leurs devoirs d’anglais. Je suis très pro-culture et devoirs. Évidemment, j’ai ignoré la conversation pour faire semblant comme il faut que je pensais qu’ils étaient en train de goûter les fruits de la culture et non pas dans la planification de goûter le fruit défendu.

Comme disait ma meilleure chumme : pose pas de questions si tu ne veux pas de menteries.

Et comme disait ma mère, il y a un temps pour chaque chose. Ainsi, quand Jérémie est entré à deux heures du matin pour aller chercher un petit quelque chose pour le lendemain, que les chiennes ont jappé comme si un voleur voulait s’emparer de la vaisselle sale, qu’il m’a fait la bise avec une odeur puissamment alcoolisé, j’ai rien dit.

Je ne sais pas ce qu’il a ingurgité, mais juste de lui avoir fait la bise, l’alcool qui me fut transmis fut suffisant pour que je me rendorme profondément.

Le lendemain, il m’a dit qu’il était heureux que je ne l’attende pas avec une batte de baseball.

J’ai souri.

Je n’aurais pas osé frappé quelqu’un d’aussi imbibé, me semble que ça aurait fait un méchant dégât sur le plancher. Mieux vaut prévenir qu’éponger les dégâts.

À part les aventures des salles d’attente et des taxis, il ne se passe pas grand-chose dans ma vie. Ah oui, j’ai acheté une drille pour réparer la rouille des portes de mon auto. Il fait beau, je travaille. La drille n’est pas encore sortie de sa boîte. La rouille est encore dans les portes. C’est comme le ménage et les enfants. L’auto-régulation et l’auto-nettoyage, l’auto-réparation, est encore dans des utopies. Tiens, je me demande si quelqu’un travaille au vaccin pour prévenir les traîneries? Si je continue à faire autant de salles d’attente (cet automne, je me suis tapé tous les rendez-vous pour le dentiste de mes nombreux enfants) je vais songer à la chose. Je suis certaine que je ferai fortune. Ce qui sera dommage, c’est que je vais avoir enfin les moyens de me payer une femme de ménage, mais que je n’en aurai plus besoin, le vaccin fera faire l’ouvrage.

Où est le monde idéal, je vous le demande? En tout cas, pas dans la salle d’attente de la SAAQ.

J’ai lu quelque part qu’un homme a eu cette idée de vendre des bagues bleues. Porteraient le bijou, tous les célibataires qui désirent rencontrer l’âme sœur.

Ainsi, moi qui tape sur mon clavier, je me déplacerais régulièrement, question de montrer mon doigt bleuté à la ronde voir si des candidats possibles pourraient remarquer mon doigté et ma disponibilité. Mais pour le moment, dans cette même salle, je l’enlèverais. Il n’y a que des ados boutonneux avec leur maman qui cache mal un sourire de fierté à amener fiston aux portes de l’autonomie. Ça doit être des femmes qui ne travaillent pas et dont l’auto est payée ET appartient au mari.

Tiens voilà mon fils qui revient de son test. Il a un grand sourire, il a réussi son examen !

Voulez-vous me dire pourquoi j’ai un grand sourire de fierté d’avoir amené fiston aux portes de l’autonomie, tant pis pour mes assurances ?

Il est midi, je suis dans la salle du gymnase avec 15 autres collègues à me tortionner (je ne vois vraiment pas d’autre mot pour décrire mes exploits athlétiques) au son d’une musique entraînante à regarder le sourire aussi entraînant de l’entraîneuse.

Ai-je écrit quelque chose contre les salles d’attente ? Quel lieu agréable, pensais-je en espérant ne pas m’évanouir avant la fin du cours.

Moralité : Salle qui le dit, c’est salle qui l’est.

Scusez la salle là, c’est la joie de l’autonomie automobile espérée après une soirée de taxi.

jeudi 6 novembre 2008

Tant-BourrinTu paieras

Les oreilles en l'air, ceci est un détournement !

Un détournement de paroles en fait, rien de plus, comme j'en ai déjà commis un certain nombre sur ce blog (et vu mes capacités vocales, "commis" est le mot exact).

Cette fois, c'est la crise qui m'a inspiré, et c'est Claude Nougaro qui a fait les frais de mon inspiration : mon texte est décalqué sur "Tu verras", dont vous pouvez lire les paroles originales ici.

Et ne vous inquiétez pas pour le bruit de fond : c'est le grand Claude qui fait la toupie dans sa tombe ! :~)



Tant-Bourrin - Tu paieras

Téléchargeable directement ici


Tu paieras
Musique : Chico Buarque
Paroles : Tant-Bourrin d'après Claude Nougaro


Ah, tu paieras, tu paieras
Ton compte y passera, tu paieras, tu paieras
Les pauvres, c'est fait pour ça, tu paieras, tu paieras
Tu seras le couillon, tu lâcheras tes biftons
Tu t'en mordras les doigts, tu paieras, tu paieras
T'y laisseras ta maison, quelle tuile mes aieux !
Les huissiers seront là avec leurs papiers bleus
Et l'hiver frissonnant bientôt rappliquera
Et tu t'endormiras, tu paieras, tu paieras
Le devoir accompli, couché sur le trottoir
Avec le sentiment d'avoir sauvé, ma foi
Toutes les banques du monde

Ah, tu paieras, tu paieras
Des milliers de milliards, tu paieras, tu paieras
La crise, c'est fait pour ça, tu paieras, tu paieras
Tu paieras pour ce trou qu'il faut que tu remblayes
Au prix de ta santé, de ton sang, de ta paye
De la peau de tes fesses, tu paieras, tu paieras
Pour ces belles promesses d'un P.I.B. qui croît
A jamais et sans cesse et de pouvoir d'achat
Tu te crèv'ras le cul, tu paieras, tu paieras
Tu crèv'ras dans la rue, tu paieras, tu paieras
Plein de topinambours au creux de l'estomac
Et d'autres trucs immondes

Ah, tu paieras, tu paieras
Pour ces foutus rapiats, tu paieras, tu paieras
Ces putains de malfrats, tu paieras, tu paieras
Ces voyous en costard, tu paieras, tu paieras
Pour ces financiers fous, leur morale de rat
Ces traders à la noix te foutront la nausée
Avec leur CAC 40 et leurs billevesées
Tu seras fou furieux, tu paieras, tu paieras
Le coeur plein de dégoût mêlé de désarroi
Face à ces affameurs si replets et si gras
Car avec leur marché sans contrainte et sans loi
Ils ont pourri le monde

Ah, tu paieras, tu paieras
Mais tout r'commencera, tu pourras, tu pourras
Redécouvrir la joie, tu pourras, tu pourras
Redevenir enfant et oublier la peur
T'endormir gentiment sans antidépresseur
Et retrouver en toi le parfum du bonheur
Tu verras mon ami que ton bel écran plat
Et tous tes beaux gadgets ne vont pas te manquer
Tu n'paieras plus de mine, mais t'auras la beauté
Blottie au fond des yeux et le coeur dorloté
Et tous enfin unis nous pourrons cette fois
Réinventer le monde

Ah, tu paieras, tu paieras...

mardi 4 novembre 2008

Saoul-FifrePas de nouvelles, bonnes nouvelles

Méfiez-vous du bigophone.

L'engin est retors, hypocrite et imprévisible. Sous une fausse réputation d'objet foncièrement utile dont l'opportunité de l'invention n'a plus à être argumentée, il vous décoche parfois de ces coups de pieds en vache dont la gravité est bien réelle, toute d'ordre affectif qu'elle soit.

Je lui susurre un banal :

"Comment vas-tu, vieille branche, depuis le temps ?".

J'ai soigneusement choisi ma formule afin qu'elle soit la plus neutre, la plus poncifiante possible. La conversation pouvait dès lors s'engager sous des auspices socialement conventionnels, conviviaux, chaleureux et consensuels. Je pouvais tenir pour acquit que les sujets abordés ne seraient qu'effleurés et que rien ne déborderait du cercle convenu du bavardage poli. En recherche de notre plus grand dénominateur commun, respectueux des tabous, j'éviterai les phonèmes potentiellement exacerbeurs de tensions rappelant, que sais-je, des différences de classe sociale, un ancien conflit oublié des mémoires ou bien l'évocation d'un héritier peu valorisant, voire ignominieux.

Je me contenterai de circonscrire mes questionnements curieux dans un cadre classique ne pouvant déranger aucune habitude prise, m'attachant à employer des termes d'une banalité rassurante, ce brouhaha de mots simples et gais fleurant, si ce n'est le bonheur, du moins l'absence de noirs nuages dans le ton de ma voix. Je m'appliquerai à camoufler mes doutes, à tenir bien caché le dégoût profond que je ressens pour tant de choses, chez les autres comme chez moi, surtout chez moi, à simuler un dynamisme intérieur que je sais disparu dans mes veines depuis que... Vous comprenez, la communication doit se soumettre à des codes validés par tous pour le bien de tous ? Vous imaginez le désastre si la Vérité prenait la parole, donc le Pouvoir ? Si les gens nous révélaient le fond de leurs pensées, à sec, sans précautions oratoires ?

Me retrouver brutalement confronté au désespoir d'un ami, d'un amour, d'un parent. Qui m'a toujours généreusement protégé de cet odieux spectacle par respect, par pudeur, par courage. Et qui exige de moi la solidarité, l'altruisme, le regard en face. Et qui m'extirpe de ma cuirasse, de ma coquille protectrice, isolante, à coups de vérité sur la tête. Et qui me répond d'une voix rauque, bizarre :

"Mal, très mal. Je souffre. Les docteurs me donnent trois mois."

dimanche 2 novembre 2008

AndiamoSailing

Quand j'ai posté la mer, au mois d'octobre, j'ai lu un commentaire rédigé par BOF (pour ne pas le nommer). Dans ce com. il me disait : "doyen (c'est ainsi qu'il me nomme), fais juste une illustration de "SAILING" du grand ROD.

Je lui avais répondu : why not ?...

Alors j'ai sorti l'encre de Chine, la plume à dessin, les pinceaux, des encres de couleur (très peu), et HOP au boulot !

Cliquons sur le bouton, et rêvons.... Si mes p'tits crobards sont capables de vous transporter !




I am sailing, I am sailing,
Home again' cross the sea
I am sailing, stormy waters,
To be near you, to be free



I am flying, I am flying,
Like a bird' cross the sky,
I am flying, passing high clouds,
To be with you, to be free.



Can you hear me, can you hear me,
Thro' the dark night, for away,
I am dying, forever trying,
To be with you, who can say.



Can you hear me, can you hear me, can you hear me,
Thro' the dark night, for away,
I am dying, forever trying,
To be with you, who can say.



We are sailing, we are sailing,
Home again' cross the sea,
We are sailing stormy weaters,
To be near you to be free.



Oh lord, to be near you, to be free,
Oh lord, to be near you, to be free,
Oh lord.


BON VENT MONSIEUR ERIC TABARLY !

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