- Alors, bientôt maltraité ?

- Ah, il me reste encore deux ans à tirer, avec la déforme de l'autre, là ?

- Oh lui, c'est dans un an et demi qu'il la prend !

Je suis d'un peu loin cette histoire de retraite qui passe en ce moment au parlement. C'est pas que je me sente concerné vu que j'ai tellement travaillé au noir que quand j'aurai accumulé mon nombre de trimestres officiels exigés, il n'est pas certain que je sois encore là pour en profiter. Mais que ça ne m'empêche pas d'avoir un avis.

D'abord, il y a plein de gens qui sont ravis de leur sort, ravis de leur vie, de leur activité professionnelle, qui ne comptent s'arrêter qu'au seuil de leur mort ou de leur incapacité définitive. Ceux là, ben, puisqu'on nous parle de système solidaire, et puis c'est tellement rare des gens heureux, pour ceux-là on n'a qu'à pas parler de retraite, pas fixer de date, rien leur donner, on va économiser un max, puisqu'on est dans une logique strictement financière, me semble t-il ?

Ils toucheront quand ils s'arrêteront, pas avant. Non mais vous imaginez la mère Bétencourt toucher sa retraite à 62 ans et continuer parallèlement à toucher des jetons de présence en diamants ? Et nos hommes politiques ? Ils vont continuer à nous faire tourner les sangs jusqu'à des quatre-vingt-dix piges et cumuler leurs retraites d'adjoint, de maire, de député, de ministre et de sénateur ? Non non non ! Ou tu t'arrêtes, ou tu touches, mais pas les deux. On est bien d'accord : tu ne veux pas prendre ta retraite ? C'est ton choix libre et réfléchi ? Alors tu t'assois dessus.

C'est valable aussi pour les acteurs célèbres, les vedettes de la chanson et pour tous ceux qui ne peuvent vivre sans le shoot d'adrénaline que leur procure leur travail. Vous imaginez l'argent qu'on va économiser en ne leur versant pas un centime ? C'est que c'est souvent des gros salaires et donc des grosses retraites ! Oui je sais : je suis d'un naturel optimiste et je cause comme si que mon projet de loi était déjà accepté.

Il est pourtant pas mal, mon amendement ?

Au lieu de ça, à qui ils s'attaquent, les ceusses au pouvoir ? Toujours aux mêmes, selon le vieil adage qui dit qu'il vaut mieux en prendre un peu à beaucoup que beaucoup à quelques uns : aux couches les plus pauvres de la société (oui, voilà les matelassiers qui passent). Car bien évidemment, sinon ça ne serait pas drôle , les ouvriers vivent moins longtemps que leurs chefs, et en moins bonne santé.

D'autre part, on nous bassine avec l'augmentation de la durée de vie pour nous expliquer qu'il faut travailler plus longtemps (merci Strauss Kahn, entre autres !), mais comme on parle de travail, il vaudrait mieux parler d'espérance de vie en bonne santé , un concept mesuré depuis peu, grâce à l'OMS mais sur lequel nos politiques savent être discrets.

Vous comprendrez pourquoi en vous penchant sur ces chiffres. Les gurus actuels qui nous promettent à tous de devenir centenaires ne nous précisent pas dans quel état. En Italie par exemple, pour les hommes et les femmes, la courbe de l'espérance de vie en bonne santé est en train de s'inverser. En Allemagne elle est descendue en 2005 à 55 ans. Chez nous, elle tourne autour de 63 ans... Mais demain ?

De qui se moque t-on ? Pour des raisons de stricte mécanique financière, et car il est bien entendu que ce sont les revenus salariés qui doivent casquer et non les revenus tabous de la spéculation boursière et capitaliste, on va presser le citron, faire suer le burnous des modernes esclaves jusqu'au bout, jusqu'à leur dernière année encore valide. Ils auront cotisé et travaillé toute leur vie pour un salaire de misère pour mourir ou devenir impotent le jour de leur retraite ? Et encore, ces salauds, ces croque-morts, ces voleurs, ces assassins, ils nous promettent une "resucée" dans quelques années !

Combien de coups de massette encore pour bien enfoncer le clou ? 64 ? 65 ? 66 ? 67 ans ? Et si nous prenions la masse pour bien leur enfoncer dans le crâne qu'on en a marre ?

'tain je me sens devenir révolutionnaire, ça me fait tout drôle j'ai pas l'habitude.