Sur votre Blogbo chéri, bien sûr, nous sommes comme des mouches tombées dans une jatte de lait et nous nous débattons, à tour de rôle, pour faire mentir ce titre. Et peut-être, je dis bien peut-être, arriverons-nous un jour, à force de barattage, cette espèce de bavardage silencieux si impudique auquel nous nous adonnons dans notre piscine lactée, à exprimer quelque chose, à dominer un sujet après avoir assisté à une espèce de miracle comme la transformation d'un liquide en solide sans - facilité - instaurer de froid glacial dans notre relation à vous, lectorat adoré. Non : des calories dépensées en pagaille, une noisette de beurre et des phonèmes inintelligibles deviennent on ne peut plus explicites.

J'aimerais vous faire loucher de l'œil sur ce que je ressens. L'importance du Printemps pour moi, par exemple, peut-être parce que je suis né aux alentours de son début officiel ? Toujours est-il qu'à cette période tout mon être est sollicité par les mille et un changements quotidiens imperceptibles autour de moi. Des questions angoissantes et existentielles m'assaillent (comme on dit au Kenya) :

Pourquoi ce micocoulier en est-il encore au dépli timide de jeunes bourgeons vert clairs alors que les six devant la cave nous offrent déjà une ombre dense ?

Pourquoi les jeunes fruits font-ils l'école buissonnière ?

Est-ce de la similitude de leur nom avec "perdront" que les perdreaux tiennent leur adhésion sans révolte au statut de gibier ?

Nos tomates rougiront-elles autant que l'an dernier ou bien se seront-elles habitué à voir Margotte se baigner à poils ?

Ne risque-je pas de me voir condamné pour maltraitances à mes céréales qui ont à crouter mais rien à boire ?

Les hordes affamées de sangliers épargneront-elles ma petite famille si je leur laisse à disposition quelques melons ?

N'est-ce pas un poil traumatisant, pour une jeune abeille vierge, de se voir soudain encerclée par une centaine de racailles velues, dont dix la violeront de fait ? Et pas un peu de mauvais goût d'appeler "vol nuptial" ce qui est surtout un transfert de cinq millions de spermatozoïdes, sa dose pour les cinq années de ponte à venir ?

La femelle Coucou va-t-elle réussir à trouver, cette année encore, une famille d'accueil pour son sale gosse, goinfre et insupportable ?

Et si toutes les fleurs décidaient un jour, pour rigoler, par caprice, de ne point s'ouvrir ?