Les Perses
Par Scout toujours, mercredi 23 mai 2012 à 00:01 :: General :: #1511 :: rss
Qui se souvient encore de cette colossale fresque grecque exhumée par Jean Prat pour l'ORTF en 1961 ? Cette tragédie d'Eschyle m'était apparue pour la première fois à l'époque où la télévision couleur n'existait pas. Les scènes n'en faisaient que plus vraies. Ces impressionnants personnages à la couleur de pierre étaient si authentiques qu'ils semblaient sortir tout droit des gigantesques bas-reliefs de Persépolis.
Quel spectacle grandiose pour l'enfant que j'étais. Plus tard, beaucoup plus tard, en contemplant les murs du palais de Darius, je crus revoir les perses de la frise bouger et se mettre à parler, ressuscitant ainsi les personnages de mon enfance. J'entendais la complainte des vieux gardiens du temple attendant le retour de leur armée vaincue.
Le mysticisme de Zarathoustra m'avait gagné. Aujourd'hui, en revoyant cette extraordinaire reconstitution théâtrale, je reste totalement ébloui. La pièce d'Eschyle n'a absolument pas vieilli et force mon admiration : avec quel respect et quelle empathie les grecs savaient traiter de leurs pires ennemis, quelle leçon pour nous. Tout ceci me plonge dans une inévitable réflexion : que serait devenu l'occident si Darius ou Xerxès avaient triomphé des grecs? Rome n'aurait probablement pas existé et nous non plus, qui sait, le monde aurait-il été meilleur? Rappelons que Bagdad alias Babylone, ancienne colonie Perse, deviendra plus tard le plus grand foyer culturel du monde... Mais qui étaient donc ces perses, imposants guerriers du désert à la barbe bouclée ? C'étaient ni plus ni moins les habitants de l'Iran, ce peuple dont nous ignorons tout mais que nous soupçonnons des pires intentions. Allah a pris la place d'Ahura-Mazda, et Mahommet celle de Zarathoustra. Les minarets ont remplacé les colonnes de Persépolis, mais les iraniens sont toujours perses et fiers de l'être. Alors, aujourd'hui, à l'heure où certains parlent de troisième guerre mondiale, comment ne pas s'interroger : devrons nous affronter à nouveau 25 siècles plus tard, les ennemis d'Athènes, ou aurons nous la sagesse du calife persan Haroun al Rachid* qui dès le huitième siècle, décida d'accepter la culture grecque et de la marier avec la culture orientale pour faire de Bagdad la capitale mondiale du multi-culturalisme ? Les "maisons de la sagesse" fondées par le calife, étaient d'impressionnantes bibliothèques où étaient traduits en arabe la quasi-totalité des ouvrages aussi bien littéraires, philosophiques, mathématiques, astronomiques, médicaux ou historiques, issus des différentes civilisations tant bien grecque que persane, hébraïque, indienne ou chinoise. Les savants venaient de toute part pour les consulter. Ce rayonnement dura plus de 4 siècles. Hélas, tout ceci disparut lors de l'invasion mongole de 1258...
* Le calife Haroun al Rachid, qui correspondait avec Charlemagne, est devenu plus tard un personnage des mille et une nuits (ne pas le confondre avec Haroun el Poussah qui en était un autre)
Commentaires
1. Le mercredi 23 mai 2012 à 06:06, par Tant-Bourrin
2. Le mercredi 23 mai 2012 à 08:04, par Saoul-Fifre
3. Le mercredi 23 mai 2012 à 10:40, par Andiamo
4. Le mercredi 23 mai 2012 à 10:40, par Oncle Dan
5. Le mercredi 23 mai 2012 à 23:47, par Blutch
6. Le samedi 26 mai 2012 à 19:51, par Martine
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