Alors bien sûr, tout le monde n'a pas l'esprit suffisamment ouvert pour se prendre dans les mirettes, sans collyre, les fantasmes phalliques d'une centaine d'artistes vidéastes, sculpteurs, photographes, peintres, théatreux, écrivains... et même cuisiniers, puisque l'assiette contenant le repas était une courge butternut en forme de pine. L'accompagnement viande était soit de la viande hachée moulée de façon suggestive soit une plantureuse saucisse de Montbéliard.

Malheureusement les bigots existent, à commencer par ma propre fille qui, m'entendant raconter cette soirée hautement cul-turelle, me traita d'obsédé sans craindre le fait incontournable que si je ne l'avais été un tant soit peu par sa mère, elle ne serait pas là pour me le reprocher.

Les constipés du bulbe étant restés chez eux, l'ambiance de cette fête était particulièrement décontractée. Vraiment très agréable de contempler ces œuvres au coude à coude avec des P.F.A.T. (Personnes Féminines Aimant la Teube) et d'échanger des sourires de Ravi de la crèche. L'heure étant à la désinvolture gaie, j'étais à deux doigts de leur proposer : "Et la mienne, souhaiteriez-vous la voir ?". D'ailleurs la performance artistique la plus applaudie fut celle de ce jeune posant carrément son service trois pièces sur la table et nous bricolant avec des ficelles et divers accessoires (chapeau, lunettes noires, cigarette, banjo...) un vrai spectacle de marionnettes époustouflant.

Son naturel, son absence totale de complexes, son accent castillan à moitié baragouiné, le délire de son pastiche d'Autant en emporte le vent faisait hurler de rire les gens, et surtout les filles car on ne pouvait imaginer spectacle à ce point anti-machiste. Son sexe plus qu'au repos

devenait objet de rires, de jeux, de dérision et s'éloignait ainsi de toute velléité possessive. C'était cet humour réel et profond niché dans un endroit où d'autres rangent leur fierté, que nous applaudissions. Un must.

Un peu plus tard, je photographie cette jeune femme :

qui me dit : "Attends, attends, j'ai bien mieux que ça à te montrer !", et elle me relève bien haut sa robe couleur turgescente...

Pierre Vassiliu lui, était venu en voisin, il faut dire que sa femme Laura

a son atelier de sculpteur, peintre et céramiste dans la rue juste derrière. Il traine un peu la patte mais a toujours dans l'œil l'étincelle tendre et coquine qu'il a su faire briller dans toutes ses chansons.

Et qui osera dire que l'auteur de Vadrouille à Montpellier , de Laura ou de Ma cousine (et Mon cousin, pour ne pas se faire traiter de phallocrates) n'avait pas sa place dans cette fête turlupine ? Entouré de luronnes déguisées en religieuses et lui proposant des gâteries, il était aussi à l'aise que le sguègue de Tarzan dans une éléphante ouverte à la levée de la barrière des espèces.

Lucie B. avait aussi fait le déplacement de Toulouse, où elle dynamise tous azimuts l'association Sans paradis fixe .

A Sète, elle nous a fait une conférence hilarante sur la pénétration et l'immaculée conception, concepts hautement comiques dès qu'on s'y plonge un peu, sketch qu'elle termine en nous montrant "I love New-York" tatoué sur son ventre un peu plus bas qu'il n'est décent. On songe au "Broadway !!" de Reiser.

Le récent Sétois Didier Super (mais ici, c'est "Olivier") ne pouvait qu'honorer de sa présence ce lieu de révolte et de démolitions en tout genre.

Rappelons que les dernières fêtes organisées par le Lieu Noir avaient pour thèmes La Merde et La Mort ! Ils ont en commun un anticléricalisme tellement outrancier qu'il en devient transcendant, un antipolitiquementcorrect rarement aussi abouti et Didier y ajoute un sens de la formule-choc déclenchant mécaniquement toute la gamme des rires, du bonenfant au libérateur en passant par le grinçant. La chanson qu'il nous a faite, soi-disant extraite d'un spectacle pour enfants "Vous aurez une vie plus pourrie qu'la mienne" égratignait encore une fois la foi religieuse, ce qui semble être une constante du lieu. N'est t-on pas dans la ville de Brassens ?

Je ne peux pas parler de tout le monde mais il y avait deux têtes de nœud qui déambulaient dans les salles, fringués très classe.

Un flic avec sa queue dépassant de sa braguette, une dame proposant à tout un chacun ses services bucaux, le maître de maison tout en rose, c'était d'un chou !

Et puis tous ces phallus la plupart dressés, créés par des artistes peu regardants sur le réalisme des proportions, en 2D, en 3D, en terre, en bois, en bronze, en marbre, en porcelaine de Limoges (si !), en fil de fer, en ballons, en cuir, en papier mâché (Non, Andiamo, pas en "pompier" mâché, va faire régler ton sonotone !), en tissu, en forme de théière, tricotés, animaux, végétaux, minéraux, architecturaux, vus d'avions, découpés dans des catalogues de vente par correspondances, costumes de déguisement, en photos, en films (avec bruitages réalistes et dialogues constructifs), je vous jure que ça attaque la rétine de plaisante façon !

Comme disait ma grand mère (oh peuchère, la pôvre, si elle lisait ça...) : "Une seule verge dure vaut mieux que plein de vergetures..."

Les religieuses avec Vassiliu, et puis Lucie B. en jupe et tailleur sont des photos de Joe (J'espère qu'elle me donne la permission de les publier)

Les autres ch'tiotes photos sont de mézigue