Comme je vous l’ai annoncé, publié, pancardé, mon activité printanière est de prendre des cours de moto. Pour ce faire, on suit un cours et on passe des examens.

J’ai un aveu à vous faire. J’ai la phobie des examens. Je tremble à la pensée d’un examen chez le dentiste. Je ne vous raconte pas mon examen gynécologique annuel. Je me demande quand mon doc va se décider à me prescrire un calmant avant l’examen. Je pense qu’il espère qu’un jour, je ne me rappelle plus que je déteste les examens. Mais c’est comme la tartine qui tombe du côté de la confiture, les souvenirs s’effacent aussi sur ce qu’il y a de bon avant.

J’ai donc fait mon examen théorique de conduite moto. 32 ou 36 questions, je ne me souviens plus, mais je me souviens qu’il ne faut pas faire plus de cinq erreurs, parce qu’à la sixième, nous échouons.

L’examen se passe à l’ordinateur. Un ordinateur, c’est neutre, mais neutre dans le sens que ça se fout assez de ton énervement. Donc,, il donne, sans s’énerver, le score au fur et à mesure. Après quatre questions, deux bonnes réponses et deux erreurs. Hiiiiiiiii que les statistiques étaient en ma défaveur pour le reste de l’examen. Mais les statistiques, c’est comme les sondages dans les élections, faut attendre le résultat final pour se prononcer. Donc, j’ai fait une remontée spectaculaire jusqu’à la question qui demandait : Vous stationnez votre moto à cinq mètres : d’un arrêt stop, d’une borne fontaine, ou d’un débarcadère.

C’est parce que je ne sais pas moi, où je vais stationner ma moto ?

Cinq mètres d’un arrêt stop, c’est cinq mètres entre ma moto et le panneau, ou la moto et le début du poteau qui tient le panneau? Cinq mètre à partir du tiers gauche de la route, ou du bord du trottoir? (J’’aurais quand même dû me méfier, on ne stationne pas une moto à un arrêt stop, on l’arrête. Oui, je sais, on peut faire un stationnement près d’un arrêt stop, mais là, le verbe était stationner à …. Tsé, quand tu veux faire échouer quelqu’un??)

La borne fontaine, elle est sur un parterre? Proche de la rue? Bof, peu importe, la réponse était cinq mètres du débarcadère. Avoir su que j’allais faire débarquer quelqu’un, je l’aurais stationné là, mais il me semble qu’ils auraient pu le mentionner dans la question. Une troisième erreur.

Pas grave, j’ai quand même répondu correctement à toutes les autres, ayant presqu’appris le livre par cœur. Je me suis dépêchée à tout oublier en sortant, parce que selon mon prof, si je conduis comme dans le livre, je me tue. Si je deviens suicidaire, je n’aurai qu’à réétudier. Le temps que je fasse ça, je serai peut-être de meilleure humeur.

Toute guillerette, je m’en vais donc voir la dame au guichet. J’ai un autre aveu à vous faire. Bien que je sois obèse (non pas enrobée, obèse, en dehors des chartes, même le site internet special K ne veut pas enregistrer mes progrès, il dit qu’il faut que j’aille consulter mon médecin) donc, bien que j’en sois une, j’ai horreur des obèses. La dame qui m’a servi au guichet de la SAAQ était obèse et avait les cheveux teints en blond, mais blond, pas beau. En plus, elle ne souriait pas. Je pense qu’elle avait les hémorroïdes ou les dents jaunes, mais elle parlait les lèvres presque fermées et le regard hautain. ( je me demande si elle avait vu que je n’avais pas stationné ma moto au débarcadère dans l’examen et qu’elle me jugeait pour ça..) (à moins qu’elle n’aime pas les obèses non plus).

En tout cas, c’est à cause d’elle que ma carte guichet ne voulait pas fonctionner. Le fait que je n’ai pas vérifié le solde avant de m’aventurer à dépenser n’est qu’un événement accessoire. Je suis certaine qu’elle lançait des ondes négatives qui ont gelé tout le crédit que je pouvais avoir. Pas grave, j’ai fait un chèque. Le temps que je m’éloigne de ces mauvaises vibrations, je suis certaine que mon compte bancaire va avoir les fonds suffisants.

Étape suivante, je téléphone donc à l’école de conduite pour m’inscrire au cours pratique, youpi, c’est samedi! Samedi, c’est après demain! Youpi! Heu… c’est parce que pour le cours pratique, ça prend un casque, pis un coat pis des gants pis des bottes pis en plus, ça prend qu’il faut s’asseoir sur la moto et la faire partir et, accessoirement, ne pas se tuer.

Ciel! Qu’ai-je fait ?

Trop tard, me dis-je, buvons la coupe, et procédons à la première chose : Téléphonons au magasin. Pourquoi téléphoner au magasin? Parce que je suis obèse, ne l’oublions pas. Donc, est-ce que pour une dame enrobée, ils vendent des manteaux qui pourraient être assez enrobants? Oui, qu’elle me dit.

Parfait. Je me présente donc, et elle me reconnait tout de suite : ah! C’est vous qui avez téléphoné!

Soyons humble. Je réponds : J’imagine que vous n’avez pas eu d’autre grosse madame aujourd’hui.

Diplomate, la vendeuse, : Non, je vous ai reconnue au timbre de votre voix. Me semble.

Elle s’en va donc chercher un manteau haut perché sur une pôle à manteaux avec l’étiquette qui comprend plusieurs X. Je l’enfile, mais hélas, il ne ferme pas. Il couvre à peine les côtés de ma poitrine.

Oh. Défi. Bref, Dieu merci, après trois manteaux qui refusaient de me couvrir, on trouve un manteau qui arrive à fermer complètement sur le devant en relâchant les bandes velcro sur le côté. J’ai pu aussi relâcher mon souffle. Et ma carte de crédit a relâché aussi le peu de lousse que j’avais.

Là, on passe au casque. Un full face, c’est une coque très rigide. Aucune d’elle n’arrivait à passer le dessus de ma calotte. J’avais l’air de Caliméro.

On change. Le spécialiste me regarde essayer un casque avec comme étiquette de grandeur beaucoup de X, et il dit : "ben non, c’est trop grand pour vous". Il sort son gallon à mesurer, l’enroule autour de ma tête, mesure. Heu… ça se peut. Humilité, quand tu nous tiens, tu nous en mets par-dessus la tête… M’enfin.

J’essaie donc d’attacher le casque devant le miroir. Pas capable, il faut même un cours pour attacher son casque!!! La dame dit : investissez donc un tit $15.00 pour une attache quick release. Le spécialiste approuve. Me l’installe. Je n’arrive toujours pas à la détacher en moins de trois minutes, mais mon chrono s’améliore. Il y a de l’espoir !

Bref, ainsi vêtue et ficelée, je me rends à mon premier cours.

Bonne nouvelle! Marianne, une collègue de travail est là aussi! Marianne est le type même de la fille de moto. Blonde, souriante, mince. Même le casque lui va bien, c’est tout dire. Pas grave, elle a aussi peur que moi. Je lui avoue que j’ai pensé à prendre des Ativan, elle, a pensé à prendre de la Valériane. On a toutes les deux renoncé à la médoc, il parait que conduire droguée ralentit les réflexes, déjà qu’on avait comme seul réflexe actif celui de vouloir s’évanouir, on a bien fait de rester sobres.

Les moniteurs nous expliquent tout de l’art de démarrer. Chacune son tour, le moniteur vient nous chercher pour faire nos débuts. Le beau grand jeune homme me demande : ai-je déjà fait de la moto? Non. De cyclo moteur? Non. Quelle est ma motivation à prendre un cours de moto? Ben, ma fille voulait faire une activité mère-fille. Entre jongler ou cracher du feu, j’ai opté pour le cours de moto.

Il a dit : Je vois.

Et rien d’autre.

La première étape, le gars pousse la moto et nous, on manipule les manettes. Pour de vrai, le moteur ne tourne pas, mais on aide un peu le prof, la moto est au neutre. Je regarde le pauvre petit pit qui va devoir pousser ma moto. J’ai cru l’entendre soupirer de soulagement quand j’ai réussi tout de suite à bien manipuler l’embrayage et le frein, il s’est dit qu’il devrait conserver l’usage de son dos encore quelques années.

Bref, non seulement j'ai réussi les exercices, mais j’ai adoré ça. On remet ça demain.

Demain, on apprend à changer les vitesses. Aujourd’hui, ils ne nous ont pas permis de rouler plus vite que la première vitesse. Mon objectif personnel ?  Défaire la courroie quick release de mon casque en trente secondes chrono.