Saint-Denis.

Saint-Denis, ville des Rois, Basilique dans laquelle reposent les Rois de France, des gisants sculptés dans du marbre blanc... Une splendeur.

Saint-Denis... En quelques heures, ce nom, cette ville, sont devenus signe d'horreur, de terreur, de violence.

Saint-Denis, bien sûr, dans quelques temps on aura oublié, il y aura eu d'autres choses, plus horribles encore !

Saint-Denis... Andiamette y est née il y a... Non je suis galant je ne le dirai pas. L'endroit où elle résidait s'appelait "l'îlot Saint-Léger" , une îlette, un petit bout de terre entre deux rivières : le Rouillon et la Vieille Mère, deux jolies rivières aujourd'hui canalisées, enfermées sous buses des cimenteries "Lambert" ou "Lafarge" (pub gratos).

Andiamette me parle souvent des roseaux qui bordaient sa maison, la pêche aux grenouilles ou aux tétards, les colliers de perles confectionnés avec les perles des couronnes mortuaires, prélevées dans le cimetière tout proche, des jeux interdits bien sûr. (z'avez pas connu les couronnes mortuaires en petites perles ? Moi oui), ce qui faisait hurler sa chère Maman, on s'en doute ! Elle se rendait à l'école de Marville, en sabots l'hiver, car point de route, des chemins boueux ! Les chaussons dans le cartable pour rentrer en classe.

De jolis peupliers italiens ombrageaient l'endroit, l'été les Parigots y venaient pour un pique-nique loin des fumées de la capitale. Pas le déjeuner sur l'herbe certes, ce brave Edouard n'avait point planté son chevalet en cet endroit... Va savoir ? Mais ça y ressemblait beaucoup.

Chez elle, ni eau ni électricité, la flotte ? Un robinet communal situé à 500 ou 600 mètres, ah oui ! Ils s'éclairaient à la lampe à acétylène ! Alors bien sûr ni télé et encore moins de téléphone !

Aujourd'hui, on se plaint ! On chiale avec la bouche pleine, Andiamette et sa sœur ne se plaignent jamais de leur enfance, elles ne se plaignent jamais du reste. Des dures à cuire, les frangines ! Une autre génération sans doute, se plaindre n'était pas de mise. Passé le certif', c'était le boulot à 14 ans, une demi heure à pied afin de rejoindre la gare, le train jusqu'à la Gare du Nord, quelques stations de métro, et encore une bonne balade pour atteindre l'atelier de couture. A 14 ans, c'est pas vieux tout de même !

J'ai vécu à Saint-Denis dans les années 60, une cité ouvrière, populaire mais pas racaille, un monde de besogneux, d'ouvriers, une main d'œuvre hautement qualifiée et recherchée, qui savait travailler, gagnait bien sa croûte, bien sûr foin des 35 heures, c'était 35 heures en trois jours !

J'ai travaillé avec des gens de tous pays et de toutes confessions, jamais il n'y a eu le moindre bémol, ils vivaient comme nous !

J'ai travaillé chez Bourjois (les parfums), beaucoup de femmes Maghrébines, aucune, je dis bien aucune, ne portait le voile ! C'étaient de braves mères de famille qui travaillaient dur, comme toutes ces femmes du reste, le travail à la chaîne, ça n'est pas évident. Toujours souriantes, elles rapportaient parfois des pâtisseries faites maison, quelle gentillesse, que s'est il passé ?

Mes banlieues s'appellent Drancy, Bobigny, Aubervilliers, Saint-Denis. Là où j'habite, je suis à une volée de plombs du stade de France, ils peuvent tirer les barbus, ils peuvent tirer sans crainte ces courageux, je leur tourne le dos.

Aujourd'hui à l'heure où j'écris, il pleut sur Saint-Denis, est-ce que ce sera suffisant pour laver cette horreur ?

(ch'tiot crobard Andiamo)

J'ajoute ceci : une petite vidéo montrant Nasser le président Egyptien, cette vidéo à plus de 50 ans ! Edifiant...