7 à 300 ! Born to loose...

Tiens aujourd'hui, j'ai pensé à toi, Epictete. Je pense souvent à toi, j'ai de nombreuses raisons de penser à toi, mais disons qu'aujourd'hui, j'avais une raison supplémentaire : la secrétaire de la mairie de mon petit village m'a téléphoné hier pour m'annoncer un décès et la cérémonie était ce matin. Hé oui, ça se passe comme ça, chez les ploucs. J'arrive, noir de monde. Comme je ne fous jamais les pieds au village, c'est l'occasion de taper la causette, de voir des gens que je ne vois qu'une fois l'an, pour ce genre de rassemblement consensuel (les morts sont tous de braves types). Ambiance bon enfant, il pleuvait des trombes d'eau, après cet été sec, tout le monde le prenait bien et avait le sourire. Longue queue calme pour aller dire nos mots de condoléances. Les miens furent brefs :

- "je pense à t'apporter tes amandes, Nicole..."

Et je sors de l'église. Je me faisais une joie de suivre le cortège sous la pluie, un peu comme dans la chanson de Brassens (sans refrain) "La marche nuptiale" :

Voilà la pluie qui tombe en pesant bien ses gouttes,
comme pour emmerder le mort, coûte que coûte.

J'étais un des derniers sur la place et je commençais à me dire :

- "la pluie leur fait bien peur, à tous ! On va être déguns à suivre le corbillard.", quand quelqu'un s'approche et me demande :

- "Pourquoi tu restes à te mouiller, grand couillon ?"

- "Hé bé, j'attends pour le cortège ?"

- "Mais il y en a pas, de cortège, moun beu, les croque-morts, ils filent sur Orange..."

- "Ha ouèille ? Ils l'incinèrent, le Claude ?"

- "Et vouèille, c'est comme ça, maintenant..."

Et voilà, mon bon Epictete, comme ils nous privent, sans nous prévenir, de nos menus plaisirs ! Je m'étais préparé spirituellement à une petite visite pédestre au cimetière ( belle vue, d'ailleurs : dominante, bien dégagée), et où ils me la mettent ? Tu l'as dit, tu l'as bien dit, Epictete..., pas autre part !

Je crois que j'ai "Les funérailles d'antan" qui traîne dans un CD. Je vais aller me le reécouter. Et je te conseille d'en faire autant, brave et honnête Epictete !