Oui, vous avez bien lu le titre : je compte bien vous faire bosser, chères lectrices, chers lecteurs, au travers d'une expérience particulièrement audacieuse de billet collaboratif. En d'autres termes : j'ai la flemme d'écrire moi-même, alors au boulot !

Je vous propose donc d'élaborer une belle histoire à plusieurs mains et plusieurs claviers : je vais juste vous en proposer le début, quelques lignes à peine, et chacun d'entre vous pourra intervenir en ajoutant quelques lignes à son tour, un rebondissement, un dénouement à l'histoire. Bref, un cadavre exquis narratif, koâ !

Dans la pratique, c'est très simple : partez de la fin de ligne de la contribution précédente (vérifiez pour cela le dernier commentaire), et continuez l'histoire ! Evitez quand même de rédiger une tartine de 200 lignes : le risque serait grand que quelqu'un d'autre travaille en parallèle et poste sa contribution AVANT vous (je serais strict : en cas de contributions écrites en parallèle, seule la première postée sera prise en considération). Bref, des contributions courtes de moins de dix lignes sont préférables !

J'éditerai régulièrement le billet pour y ajouter vos contributions (en précisant bien sûr le nom de l'auteur de chaque partie), ce qui permettra de lire l'histoire en un seul bloc. Je me réserve quand même, en cas de contribution de mauvais esprit ou conduisant l'histoire dans une impasse, le droit d'invalider une contribution. Ne discutez pas, c'est comme ça, na ! En revanche, il est bien entendu possible d'apporter plusieurs contributions, à condition qu'elles ne soient pas consécutives...

On commence l'histoire ? Allez, c'est parti !


Il était une fois, sur une terre battue par un vent à la con, dans la lointaine Provence, un paysan quelque peu porté sur la dive bouteille. A tel point que nul oncques ne le vit autrement que rond comme une queue de fourche à fumier et qu'on l'appelait pour cela Saoul-Fifre. La ferme de ce bouseux mal dégrossi tournait tant bien que mal : les sillons décrivaient des sinusoïdes et le produit des vendanges étaient bu avant même que d'être mis en fût. Or, voilà qu'il arriva : un beau jour...


[contribution d'Audalie]

...alors qu'il se rendait à pied à SA messe dominicale (c'était pourtant un mardi, mais les vrais chrétiens ses amis n'attendent pas le dimanche pour communier !), goûtant inlassablement à la fraîcheur des poèmes de Raoul Ponchon qu'il se récitait en boucle, il fut confronté à l'impérieuse nécessité d'hydrater cette gorge desséchée par le vent -Bon sang, c'que ça souffle aujourd'hui !

Il s'assit sur le bord du chemin...


[contribution de Tant-Bourrin]

... et déboucha un litron de gnôle, cette gnôle à 80° qu'il distillait lui-même secrètement dans sa cave et qui lui servait accessoirement de carburant pour son tracteur.

"Ah, ça fait du bien par ousque ça passe" se dit-il, et il s'envoya une seconde rasade dans le gosier.

Mais il faillit s'étrangler de saisissement quand une voix s'éleva derrière lui...


[contribution de Saoul-Fifre]

- "Mais que le bon dieu me tarabuste les sphincters si ce n'est pas là le beau, le sobre, pauvre mais travailleur Saoul-Fifre ! Que fais-tu donc là, bienfaiteur de l'humanité ? Tu te désaltères un peu, tu as bien raison, avec le cagnard qui nous grille le cigare, c'est ça ou bien direction le caveau familial, prématurément... Enfin, je cause, je cause, mais je passais voir si, par hasard, tu ne pouvais me prêter ta carriole et ta jument comtoise, au prix où est l'essence ...! ?


[contribution de Manou]

...J'ai besoin de me rendre au SUPER U le plus proche afin de m'approvisionner en OMO. Le Docteur Schneider m'a recommandé 3 lessives quotidiennes.....D'ailleurs si tu pouvais aussi me prêter 100 € (en avance sur ta cotisation à l'AMPT), je te serai éternellement reconnaissant (éternellement....faut pas pousser quand même...). On fait comme ça ? sans rancune Saoul-Fifrounet?"


[contribution de Antenor]

Quand soudain, et sans prévenir, arrive en trombe une Fiat Jardin, femme au volant, dr Schneider conduisant. "Mes sieurs, pour aller tout droit, est-ce que je continue ?" Répondez urgemment, j'ai un patient dont le somatique ne va pas très bien. J'ai diagnostiqué une dépression hostile, le cas est très rare. Montez donc avec moi, mes deux gaillards, chemin faisant vous m'expliquerez : cela sera amusant. Sitôt dit, sitôt fait... voilà que nos deux compères...


[contribution de Tant-Bourrin]

...se retrouvent embarqués dans la Fiat Jardin du Dr Schneider qui, à peine les portières claquées, démarre à fond de train dans un hurlement de pneus et de poussière. "Ce qui m'embête surtout, Messieurs, c'est que c'est justement le jour où j'ai une urgence que je n'arrive plus à remettre la main sur mes lunettes. Faites-moi signe si je pars sur le bas-côté..."

Les deux compères n'eurent pas le temps de déverrouiller les portières pour sauter précipitamment en route : un platane, bêtement placé là où le Dr Schneider croyait voir une ligne droite, se chargea de les éjecter violemment de l'habitacle.

Saoul-Fifre frotta son crâne de poivrot endolori et constata les dégâts...


[contribution d'Audalie]

... Il reprit rapidement ses esprits et se précipita vers le véhicule ; enfin, ce qu'il en restait. Angoisse : dans quel état allait-il les retrouver ?

Saoulfifre fut rapidement rassuré : là, sur la banquette arrière, les fromages de chèvre et les précieuses bouteilles qu'abritait sa fidèle besace étaient intacts ! Dieu soit loué !

"Un p'tit coup pour la...route !" La route ! L'accident ! Cette femme, Antenor ! Tout lui revenait soudainement. Mais où étaient-ils, ces deux compagnons de mauvaise fortune ? Aucune trace !

Le degré d'alcool de son breuvage préféré lui jouait-il des tours ? Ou était-ce ce soleil ? Ce vent ? Avait-il rêvé ? Il y avait bien cet amas de tôle...

Il se laissa lourdement tomber à l'abri d'un olivier et ferma les yeux. Lorsque soudain, un petit coup sur l'épaule le fit sursauter. "Mon brave..."

Non, ce n'était pas possible ! Mondieumondieumondieu ! Quelle journée !

Cette voix ! Cette condescendance pour les ruraux ! Cet accent de parisien faussement raffiné !

Non, pas lui !.....


[contribution de Saoul-Fifre]

Tant-Bourrin !!! Que faisait-il là alors qu'il n'hasarde jamais un pied hors du périphérique ? Téléportation, kidnapping, toutes les hypothèses devenaient plausibles. Le pauvre, on le sentait en manque de sa dose habituelle d'oxydes de carbone, il était tout bronzé, mais comment, comment avait-il obtenu cette belle couleur ? Sûrement pas dans son bureau climatisé... Non, vraiment , quelque chose clochait dans cette histoire... Tant-Bourrin ? En Provence ? À pied (alors qu'il se sent tout nu sans son métro ou à la limite, son RER) ? Ce n'est strictement pas envisageable. Ça défie toutes les lois de la logique et ne répond à aucun raisonnement normal.

Est-ce qu'un extra-terrestre s'est emparé de son esprit, pris possession de son corps ? Un extra-terrestre non dégoûté, alors,...


[contribution de Tant-Bourrin]

...amateur de sensations fortes.

Mais Tant-Bourrin paraissait normal, quoiqu'un peu exalté. Aucune trace de trépanation ou autre expérimentation animale de la part de petits hommes verts.

"En vérité je te le dis, dit Tant-Bourrin, je suis l'envoyé de Dieu !"

Saoul-Fifre exorbita ses yeux comme un loup de Tex Avery...

"Oui, continua Tant-Bourrin, car cette nuit, j'ai entendu dans mon sommeil Sa voix qui me disait « Tant-Bourrin, il faut que tu reviennes en Provence ! »"

Tant-Bourrin fronça le sourcil, en proie à une intense cogitation. "Heu... à moins que j'ai mal compris, peut-être a-t-il dit « il faut que tu reviennes en équipe de France ! », je ne suis plus très sûr finalement"...

Il en était là de ses réflexions quand soudain...


[contribution de Saoul-Fifre]

... une grosse voix grogna au dessus de lui, qui disait :

"Ho, et mon message, tu vas oublier ma commission, c'est lou souleu qui t'a tapé sur la coucourde ?"

"Heu non, j'y venais justement..." répondit hypocritement Tant-Bourrin, comme à l'accoutumée...

"Bon, Saoul-fifre, y a Dieu, là-haut, qui a remarqué que t'es toujours en train de m'inviter en Provence, et il a remarqué aussi que je freine toujours des quatre fers, et comme il est omniscient, il sait que c'est à cause des frais du voyage, alors voilà : il m'a payé le voyage...!"

"Hé bé dis donc, si je m'attendais à celle-là ! C'est une bonne nouvelle ! Ça s'arrose ! Qu'est-ce que tu prends ?"

"De la Badoit. Et Anténor et la Schneidre, qu'est-ce qu'on en fait ?"

"Tu vois bien qu'ils sont morts. Laisse, les mouettes vont s'en charger..."


[contribution de Manou]

La Scheidre : pardon mais je m'inscris en faux... c'est pas parce qu'on est mort qu'on a rien à dire... et je reste dans cette voiture quoi qu'il arrive... dieu, bien qu'omniscient est vraiment radin, donc je t'engage à vérifier la présence (dans ta bourse) du don (a priori virtuel) qu'il t'aurait fait dans un accès de délire improbable.

Et comme personne ne me le demande, moi je prendrais bien un litre de Mercurey...... merci la compagnie.... :) ce sera 100 euros...


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