Seul dans la piaule.
Dans la casserole,
L’eau bout.
Les nouilles tourbillonnent.
Je les regarde.
Sur le magnéto,
Yves Simon chante
« Ma jeunesse s’enfuit ».
La tête entre les mains,
Je regarde les nouilles
Se gonfler d’eau.
Pourquoi ?
Pour finir dans mon estomac ?
Dans les chiottes ?
Moi aussi, ma jeunesse s’enfuit,
S’enfuit à regarder
Gonfler des nouilles.
Et après, je me gonflerai de nouilles
Et de vie,
Et j’irai finir mon éternité
Dans les chiottes divines.
Les nouilles gonflent
Et je m’ennuie dans cette vie de con.
Elles sont toutes, toutes pareilles,
Les nouilles,
Toutes petites, toutes pâles.

Yves Simon a fini de pleurer
Sur le magnéto.
Mes nouilles sont froides.
La vie ne fait décidément pas de cadeaux.



PS : il s'agit bien sûr d'un vieux rogaton que j'ai exhumé, faute de temps pour écrire du neuf, d'un tiroir poussiéreux. Un vieux texte écrit en 1982 dans une piaule de cité universitaire... Du temps où j'étais jeune ! :~)