Le principal trait de mon caractère

Que cela soit bien dit : bien qu'étant Tant-Bourrin,
Sachez que je ne suis en aucune manière
Quelque cheval de trait ! Mais soyons grave un brin :
Je suis trop réservé, telle est las ma bannière.



La qualité que je désire chez un homme

S'il s'agit d'un pouilleux, d'un imbécile heureux,
Je me contenterai de son indifférence,
Mais s'il est millionnaire, je le veux généreux :
C'est là une subtile petite différence !



La qualité que je désire chez une femme

Peu me chaut qu'une femme ait le plus beau des culs,
Des seins majestueux, des lèvres purpurines,
Car je sais désormais, pour avoir bien vécu,
Que le principal est qu'elle soit Tant-Bourrine !



Ce que j'apprécie le plus chez mes amis

Mes amis, je les veux pleins de vie et d'humour,
Fidèles et sincères, le coeur triste ou badin
En reflet de la vie et, pour faire plus court,
Ce que j'aime avant tout, c'est bien leur cave à vin.



Mon principal défaut

Mes défauts sont nombreux et c'est là leur défaut,
En isoler un seul sans autre commentaire,
C'est détacher un brin d'un énorme écheveau.
Mais tant pis, allons-y : je suis velléitaire !



Mon occupation préférée

Mon lit est mon jardin, les rêves en sont les fleurs :
D'un simple point de vue bestialement comptable,
Je passe plus de temps en tenue de ronfleur
Qu'en tout autre loisir, ça c'est incontestable !



Mon rêve de bonheur

Cultiver mon jardin, sans décompter le temps,
Sans songer au demain plus pesant qu'une enclume,
Sans la presse inhumaine d'un boulot éreintant,
Et, avec ceux que j'aime, en bouffer les légumes.



Quel serait mon plus grand malheur ?

Une dent cariée ou un ongle incarné
Sont certes grands malheurs, mais la sombre morsure
Des départs qui nous laissent seuls, le coeur décharné,
Face au froid d'une tombe est la pire blessure.



Ce que je voudrais être

Mon ambition est molle et mes désirs sont frustes :
Enlever quelques brins de l'énorme écheveau
De mes nombreux défauts et un jour être juste
Un honnête bourrin au milieu des chevaux.



Le pays où je désirerais vivre

Cela fait bien longtemps qu'hélas on nous bassine :
Les cerveaux fuient, dit-on, nombreux, à l'étranger.
Pas moi : j'aime ce sol où plongent mes racines
Et je n'ai dans le crâne qu'un grelot ravagé !



La couleur que je préfère

Tout gamin, j’appréciais beaucoup la couleur jaune
Mais les choses ont changé, et, j’en suis convaincu,
Si ces tons ne font plus plaisir à mes neurones,
C’est que j’ai découvert leur sens pour les cocus.



La fleur que j'aime

Je l’affirme, et sans risque aucun de me tromper,
Parmi toutes les fleurs, j’aime bien la glycine
Car, si vous l’ignorez, ça sent le contrepet
Quand on a envie de glisser dans la piscine.



L'oiseau que je préfère

Fi des poules, des bécasses, des dindes et des grues :
A tous ces cons d’oiseaux, je préfère l’autruche,
Sachez-le, mes amis, ce qui me met en joie,
C’est qu’elle réussit à être encor plus cruche !



Mes auteurs favoris en prose

Il y a tant d’auteurs, j’ai lu si peu de livres !
Boris Vian, Fredric Brown, Richard Millet, Zola,
Perec, Queneau, Vargas, Cavanna, Mendoza…
Tellement de talents que j’ai du mal à suivre !



Mes poètes préférés

Enivrés des alcools du vieil Apollinaire,
Chez Jules Supervielle, des amis inconnus
Cueillent les fleurs du mal de Charles Baudelaire,
Distillant leur frisson dans d'étranges cornues.



Mes héros dans la fiction

Je vous salue bien bas, Messire Cyrano,
Les cris de fanfarons, les contes de bravaches
Paraissent aussi peu prisables que guano
Pour peu qu’on les compare à votre fier panache !



Mes héroïnes favorites dans la fiction

Mon héroïne à moi fait du 32 fillette
Et porte sur le monde un regard-mitraillette
Et alors ? Mais qui est-ce ? Crache donc ta valda !
Mon héroïne à moi ? Eh bien, c’est Mafalda !



Mes compositeurs préférés

Satie, Chopin, Hofstede, Lennon et McCartney
Et tant d’autres encore que j’aime fredonner !
Il n’y a pas à dire, dans le fond, la musique,
C’est bien plus qu’un plaisir : c’est un analgésique !



Mes peintres favoris

N'ayons pas peur des mots quand bien même il m'en coûte :
Ne parlons pas peinture, mes goûts sont frelatés
Car je dois avouer qu'en matière de croûte,
Ma préférence va à celle du pâté !



Mes héros dans la vie réelle

Je n'ai pas de héros, que des gens appréciés
Dont je sais les défauts. Je laisse les idoles,
Tous les monstres sacrés, les icônes d'acier
Aux fous et aux aveugles en quête de boussole.



Mes héroïnes dans l'histoire

Apprenez que le « ïne » ne fait rien à l’affaire :
Il y a bien des femmes que j’admire et je loue
Mais aucune héroïne, fût-elle dame de fer.
Se donner des icônes est vraiment trop chelou.



Mes noms favoris

Voilà une question vraiment triste à pleurer
Dont je vais devant vous détourner le principe :
« D’un chien », « de nom », « de dieu », sont mes noms préférés
Auxquels j’ajouterais volontiers « d’une pipe » !



Ce que je déteste par-dessus tout

Je hais la cruauté mâtinée de bêtise.
C’est vraiment trop bateau, complètement banal ?
Je m’en fous et je signe, car tout ça me les brise :
Je conchie ceux qui ont un coeur duodénal.



Le fait militaire que j'admire le plus

Je garde mes bravos pour ceux qui les méritent,
Plus aux donneurs de vie qu’aux donneurs de trépas.
Désolé, Général, grand stratège émérite,
Mais mon admiration ne marche pas au pas !



La réforme que j'estime le plus

En terminer avec les conflits archaïques,
Vivre en paix dans sa foi ou bien dans sa non-foi...
Vive le père Combes, vive l'Etat laïque
Dont de sombres vautours veulent bouffer le foie !



Le don de la nature que je voudrais avoir

Je ne gémirai pas sur ce que je n’ai point :
J’ai vécu jusque-là, je n’en ai nul besoin.
Soyons plus pragmatique : aux dons de la nature,
Je préfère et de loin quelques dons en nature !



Comment j'aimerais mourir

Je ne vais pas mentir et être plus qu’honnête
En vous citant Boris : « je voudrais pas crever ».
Puisqu’il faudra un jour bouffer la clarinette,
Que ce soit dans longtemps, sans goût d’inachevé !



État présent de mon esprit

Ce questionnaire est long, je voudrais bien pisser
Et je sens ma vessie compressée qui me pèse.
Quand il sera fini, je ne vais pas bisser…
Aux WC, ce seront les chutes du Zambèze !



Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence

Je suis toujours empli d’une grande indulgence
Pour les gros maladroits, les naïfs, les gaffeurs,
Mais j’excuse avec plus encor de diligence
Les fautes du banquier qui sont en ma faveur.



Ma devise

Je répondrais l’euro juste histoire de rire,
Car quoi de plus idiot que ces slogans tout faits ?
Mais s’il me faut vraiment un credo vous écrire,
Alors, soit, j’écrirai : « c'est ç'ui qui dit qui est ! »



A qui je demande de faire ce questionnaire ?

Je sais bien que parfois je suis un peu sadique,
Mais une telle épreuve est duraille à kiffer,
Autant qu'un épisode en VO de Derrick.
Je conclurai donc par : « c'est ç'ui qui veut qui fait ! »