Je suis allée samedi sur la tombe de mon frère. Presque 20 ans que son corps pourrit sous une dalle. Dans un cimetière de Seine-et-Marne au milieu de champs immenses qu’aucun arbre n’égaie. Il n’a pas vraiment choisi. Ma mère souhaite reposer à côté. Elle s’est faite à l’idée. Pour elle, il s'agit d'une façon d’exister après la mort. Par le corps en terre. Près des corps aimés.

Indifférente naturelle, la vie ne permet pas de s'appesantir. 1987, mort de mon frère. 1988, je rencontre L. 1989, M naît. 1990, mariage. 1991, V naît. Entre 1994 et 2000, à raison d’une mort par an dans la famille, je ne me suis jamais habituée à voir les visages cireux, méconnaissables, préparés par des mains étrangères.

Et hier, vers 22h43m11s nouvelle heure, j’en ai eu marre des cheveux longs. Je les ai taillés compulsivement au carré. Il a fallu que la chair de nos chairs fignole tout ça avant de se plonger alternativement dans Montaigne et Le petit Nicolas. J’aime entendre les poussées de rire qui lui viennent quand elle lit. Cela me donne une furieuse envie de monter et descendre les escaliers au pas de course.

Alors j'en ai profité pour nettoyer les sanitaires. Nous avons de la visite. Il est prévu de se piétiner dans 80 m2. Je n’aime pas la promiscuité, mais j'apprécie encore moins la solitude. Mention spéciale à L. Il me supporte. Il supporte ma mère. Avec mon père, il supporte l’équipe de France. Malgré toutes les maltraitances, L est resté.
Respects.
Et plus quand affinités.


J'ai voulu placer ici un morceau de musique. Seulement Tee Bee et sa patience légendaire devront s'y reprendre à 3 fois pour m'expliquer. Cette fois-ci je n'ai pas trouvé le répertoire où aller stocker le morceau. Shame on me ...
Et merci au passage à Yves qui donne des tas de renseignements sympas, instinctivement.