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mercredi 17 décembre 2008

Mam'zelle KesskadieLa journée pédagogique

Qu'est-ce qu'une journée pédagogique ? C'est un jour de congé donné à tous les étudiants, élèves, de tous les niveaux, pour que leurs dignes professeurs fassent ce qu'ils n'ont pas l'occasion de faire quand les élèves sont là.

C'est un événement qui se répète très très régulièrement dans l'horaire des écoliers, qui se répercute sensiblement dans une hausse des dépenses des parents, en une hausse des traîneries à la maison sinon, et une baisse de productivité générale parce qu'on pense à ce qu'ils font ou ne font pas en notre absence à la maison.

C'est un congé. Un trou dans l'horaire qu'on a de peine et de misère installé en routine depuis septembre. C'est une attaque programmée contre la paix parentale !

Bref, c'est chiant pour les parents.

Donc, vendredi : journée pédagogique. Les grands (16, 14 et 13 ans, le 13 étant féminin, je tiens à le préciser parce qu'elle est ado assumée et assomante) vont rester à la maison et menacent les petits (10 et 8 ans assumés) qu'ils vont être étripés s'ils font du bruit en se préparant pour la garderie le lendemain matin (garderie qui coutera trois fois plus cher parce qu'ils ont une activité spéciale, on le précise).

Moi, mère magnanime et prévoyante, le lendemain matin, pour sauver la paix familiale, les allocations familiales et accessoirement les deux plus jeunes, je leur offre d'aller déjeuner au Mc Do. Yééééééé!!! CHUTTTTTTTTTTT!!!!!!!

"Combien de temps on a pour jouer?' disent-ils. Incroyable comme ils ne pensent pas à prévoir l'habillement, le brossage des dents et ce genre de truc.

M'MANNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!! Jean-François ne répond pas!!!!!

Ici, il faut dire que Houston ne répondant pas pour faire grimper l'autre un peu plus haut dans la stratosphère de l'énervement. Qu'à cela ne tienne, l'astronaute menace d'atterrir sur la tête de Houston qui va alors exploser. Pour éviter les dommages collatéraux, le gouvernement en place, prends les mesures qui s'imposent, à savoir, une campagne d'information dissuasive :

"Si vous arrêtez pas de vous chicaner, on ne va pas déjeuner au Mac Do"

Toute campagne, même électorale, prenant fin un jour (ne nous décourageons pas, peuple québécois, on va en avoir fini avant Noël) ils remettent ça. MAMANNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

"Pas si fort" de dire le gouvernement en place qui veut toujours faire taire les groupes de pression, on le sait.

"Il a quatre armes dans son lego et je n'en ai juste deux". Ça explique pourquoi ils sont forts en maths et ignorants en français. Cependant, il fut urgent de corriger la situation avant de corriger la syntaxe.

Ah, j'oublie. Il faut aussi que je m'habille, que je fasse les lunches car je travaille ! L'halloween étant passé, je ne peux plus me permettre d'arriver en pyjama. Ben oui, je me suis déguisée en madame qui allait se coucher. que n'ai-je pas pensé plus tôt au concept !!!! Ce fut le déguisement le plus agréable de ma carrière.

MMANNNNNNNNNNNNNNNN j'ai pu de bas, dit l'un.

MANNNNNNNNNNNNNNN j'ai pu de pantalons, réclame l'autre.

CIELLLLLLLLLLLLLLL donnez moi de la patience, pria la troisième.

Quand enfin, j'eus trouvé le bas et le pantalon, le premier avait égaré sa boîte à lunch toute prête, le deuxième son deuxième soulier .

J'ai décidé de me prioriser: Et moi, qu'est-ce que j'oublie encore ? Me demandais-je?

MAMANNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Voyons voir, il me semble que c'est essentiel...

MAMANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!

Je suis certaine qu'il faut de toute importance que je m'en souvienne : ça sera pas long mon chéri.

MMMMMMMMMMM'''MMMMMMMMMMMMMMANNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!: Chut les grands font dodo.

No me moleste mosquito....... no me moleste mosquito. Alexis vient de trouver un CD de Joe Dassin et le met régulièrement. Je ne sais pas si c'est par amour de Joe Dassin ou pour faire enrager les grands ou les deux, mais ça fait effet.

Alexis : baisse le son....

Voyons, dis-je en retrouvant mes lunettes que je dois porter à cause de mon grand âge et des effets pervers de la presbytie. J'ai au moins cinq paires de lunettes dans la maison, mais je suis nulle au jeu Trouvez Charlie, imaginez des lunettes, c'est quoi donc.... que je me dis que je ne devrais pas oublier en gardant mon calme, nourrissant les deux chiennes, mettant le lait dans le frigo et contemplant mon soulier solitaire.

Embarquement dans l'auto pour le Mac DO!

"C'est moi qui s'assis en avant "

"Non, c'est mon tour"

"CHutttttttttt pas si fort, on va partager, un jusqu'au MC Do, et l'autre jusqu'à l'école"

C'est pas juste, disent-il en chœur.

Un consensus, c'est un consensus. Réjouissons nous.

C'est quoi donc que j'oublie?

AH OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!

Il faut que je prenne mes penules qui me préservent du burn-out !!!!!!

lundi 15 décembre 2008

AndiamoUn peu de nostalgie... (billet à 4 mains : TANT-BOURRIN, ANDIAMO)

Il y a des musiques, des chansons, qui vous filent le blues, comme ça.

Oh ! Pas la grosse déprime, juste un peu de flou, des souvenirs qui arrivent en vrac, l'autre jour j'ai entendu à la radio : yesterday once more, chanté par "the Carpenters", plus précisément Karen, la douce et jolie Karen Carpenters, décédée à l'âge de trente-trois ans...

Quelle voix ! Dans cette chanson, un "standard" comme on dit aujourd'hui, elle évoque les chanteurs qu'elle écoutait autrefois. Il m'est venu une idée : illustrer ce petit chef-d'oeuvre (pour moi en tout cas, je le pense vraiment). Alors j'ai tenté de représenter quelques-uns des chanteuses et chanteurs qui m'ont accompagné, pas tous, il y en a trop !

Non pas que je n'aime pas ceux qui ne figurent pas, mais il fallait choisir !

Dans un premier temps, je désirais simplement poster les portraits, disons les "crobards", avec un bouton chopé dans "DEEZER" la musique des Carpenters accompagnant.

Puis j'ai réfléchi (y'en a qui s'marre, je les vois)... Si les images défilaient en "fondu enchaîné" sur la chanson "yesterday once more" ?

J'ai sollicité notre grand (c'est vrai qu'il est grand) Tant-Bourrin ! Il a accepté, le maestro ! Ça a tout de même une autre gueule, présenté de la sorte !

Les dessins ne sont pas parfaits loin s'en faut, mais j'ai fait tout mon possible.

Quant au monteur, il a été d'une patience angélique, certains de mes "crobards" ne me plaisant pas, je les ai refaits, et T-B sans rien dire, s'est remis à la tâche !

Donc un grand MERCI à TANT-BOURRIN : on clique, on écoute, et on regarde.

samedi 13 décembre 2008

Tant-BourrinAmours métamorphes

Les plus anciens fidèles de ce blog, du haut de leurs deux neurones encore préservés d'Alzheimer, s'en souviennent peut-être : il y a quelques années, je vous avais chanté ici les louanges d'un jeune artiste dont j'apprécie énormement l'immense talent, Olivier Marais.

Le temps a donc passé et, tel le bon vin, son art s'est bonifié pour faire de lui un tout tout bon de la chanson française, quoique pas assez reconnu à mon goût !

Il y a quelques années, Olivier m'avait fait un cadeau inestimable, celui de mettre en musique un de mes textes de chanson. Un texte que je lui avait envoyé et que, le soir-même, il avait mis en musique avec une facilité et une grâce déconcertantes.

Avec son accord, voici "Amours métamorphes", le morceau en question... Ouvrez bien vos oreilles et savourez ! :~)


Olivier Marais - Amours métamorphes

(musique : Olivier Marais / paroles : Tant-Bourrin)


Téléchargeable directement ici

De l'amour brûlant
A l'amour branlant

De l'amour traqueur
A l'amour truqueur

De l'amour galant
A l'amour gueulant

De l'amour douceur
A l'amour douleur

Les années mettent à mort
Nos amours métamorphes

La mort aura
L'amour au ras
Des illusions

L'amour aura
La mort-aux-rats
Pour solution

De l'amour à fond
A l'amour affront

De l'amour gaieté
A l'amour gâté

De l'amour foison
A l'amour poison

De l'amour corsé
A l'amour forcé

Les années mettent à mort
Nos amours métamorphes

La mort aura
L'amour au ras
Des illusions

L'amour aura
La mort-aux-rats
Pour solution

De l'amour bouillant
A l'amour bâillant

De l'amour majeur
A l'amour malheur

De l'amour urgent
A l'amour argent

De l'amour lueur
A l'amour tueur

Les années mettent à mort
Nos amours métamorphes

La mort aura
L'amour au ras
Des illusions

L'amour aura
La mort-aux-rats
Pour solution



Et au-delà de ce morceau qui ne reflète pas forcément l'univers tendre et plein d'humour d'Olivier, je vous invite chaudement à aller faire un tour chez lui, sur son myspace et sur son blog où vous pourrez écouter plusieurs morceaux, voir quelques vidéos et découvrir des morceaux en gestation... N'est-ce pas qu'il a un talent fou ? :~)

jeudi 11 décembre 2008

Saoul-FifreLa tarte aux poils

Il fait froid, il fait gris, il pleut, il grésile, il neigeouille sur Paris, on se croirait presque chez Freefounette et trois escortboys font le pied de grue et les 100 pas sous les galeries des belles rues de la Rive droite où les commerces de grand luxe s'alignent sans discontinuer.

Ce soir les idées ne se bousculent pas au portillon sous ma plume et je me contente de rebondir sur le commentaire de Françoise ainsi que de faire un clin d'œil au dernier billet de Mademoiselle Dusk , experte en babyfaces s'il en est.

Dans cette famille, c'était une tradition masculine de faire commerce de ses charmes, et ils étaient là tous les trois, le grand-père, son fils et son petit-fils, frigorifiés, à échanger leurs souvenirs et leurs expériences en attendant la cliente. La palette de leur offre étant large, ils pouvaient satisfaire toutes les bourses, même les plus modestes.

Le plus jeune, un grand Apollon tout maigre avec l'œil cerné de l'étudiant insomniaque, affirma d'une voix décidée que, "crise ou pas crise, il ne fallait pas brader les prix et que personne ne l'avait vu sucer une moule pour moins de 150 €."

Le pépé se récria : "Mais ça fait 150 000 centimes de francs, au moins, mais tu es fou, mon pauvre petit !"

Son fils le reprit : "Mais non, papa, tu t'embrouilles encore avec les roros, mais c'est vrai qu'à son âge, quand je les avais bien léchées et qu'elles me donnaient de quoi m'offrir une bonne assiettée de pot-au-feu chez Gégène, je m'estimais suffisamment payé !"

Le vieux secoua la tête en soupirant : "Elle est bien difficile à satisfaire, votre jeune génération. Moi à mon époque, un broute-minou en hiver, j'étais déjà sacrément content de pouvoir me glisser le nez dans un endroit tout chaud..."

mardi 9 décembre 2008

Mam'zelle KesskadieSamedi matin

La neige tombe, paresseuse, elle aussi, c'est samedi matin.

Le silence se promène dans la maison, chassé par les pas des chiens, dérangé par le cliquetis des touches de mon clavier.

Les objets dorment, entassés dans les coins, le lavage, les jouets, les cartes de Noël à écrire, chut, laissons-les se reposer encore.

Il y a des idées qui se réveillent péniblement dans mon cerveau. Une veut déjeûner, l'autre veut retourner au lit, la troisième n'a pas encore fini sa phrase que je l'ai assommée, elle commençait par : Il faudrait bien que... elle fut K-O avant d'aller jusqu'au bout de sa courte vie.

Une explosion, le téléphone qui sonne. Ma copine qui prépare la fête de sa fille. On dira ce qu'on voudra, mais y a des bonnes mères dans ce bas-monde et les statistiques sous-estiment leurs qualités. Faudrait suggérer une enquête aux politiciens quand ils auront fini de jouer à "c'est qui qui est le chef".

Mon café s'achève, sans que s'achève l'envie d'en boire.

Il reste de la poudre de café, il reste du lait, et l'univers continue d'ignorer ma présence. Le bonheur tient dans ce peu de prémisses.

Une copine qui a un chum qui a un camion qui a un grand coeur lui a offert d'aller chercher son sapin de Noël. J'ai demandé à la copine de demander au chum de partager son truck pour un sapin pour moi aussi. Il est sur la galerie. Le sapin. Pas le copain, s'il était ici, il serait dans ..... , je tue l'idée tout de suite, c'est trop excitant pour un samedi matin paresseux.

Oups, une liste de choses à acheter s'annonce dans mon moment de paresse. Je la tolère, c'est une bonne intention. J'ai beaucoup d'indulgence pour les listes de choses à acheter. Surtout les inutiles.

Zut, un autre tremblement sonore, c'est ma mère qui téléphone. Pourquoi les mères s'activent-elles un samedi matin ? Oups, j'en suis une, en fait, sur papier. Et dans la bouche de mes enfants, maaaaaaa mannnn. ou M'mannn. ou maman, maman, maman, mamannnn. Il y aurait un bon rap, me semble à écrire avec ces rythmes-là. Mais ça ne se vendrait pas. Les enfants le connaissent déjà et les mamans ne veulent pas l'entendre quand ce n'est pas nécessaire. Peut-être les grand-mères pour se souvenir du bon vieux temps ? Ou pour se réjouir de ce que vivent, à leur tour, leurs enfants ?

Le chum de ma fille dort avec elle. Elle a un lit simple. C'est le grand amour et ils sont minces, j'imagine. Ou jeunes. Ou quelque chose dont je ne me souviens plus. C'est un bon gars je pense. Il a flatté les chiens. Un homme qui aime les animaux, c'est un bon début. Et un gars de 20 ans qui dort dans un lit simple avec sa blonde chez sa mère dans un espèce de garde-robe sans fenêtre avec ses jeunes frères qui écoutent les comics du samedi matin, ça doit être un bon gars.

Ma mère m'a payé un store pour ma fenêtre en avant. Elle ne se pouvait plus de penser que l'été, je mettais une couverte pour tamiser le soleil. Ma mère a fini de décorer et de rénover sa maison. Elle a du temps à penser. C'est pas bon pour les mères, ça, que leur maison soit assez en ordre et rénovée. Elles ont du temps pour penser à celles des autres. Je note. Plus, même, je mémorise. Mais je me connais, je suis déjà en train de penser à racheter un futon pour ma fille qui dort avec son chum dans un lit simple s'il reste de la place sur ma carte de crédit après Noël. Les synapses maternelles, c'est incurable.

Dans un de mes temps désespérés, je me suis réinscrite sur Réseau Contact. J'avais décidé de ne plus fréquenter ces sites, parce que ça prenait trop de mon temps. Eh bien, j'ai eu peur pour rien, je n'ai eu qu'un seul message depuis un mois de la part d'un monsieur de 63 ans qui demeure à 200 km de chez-nous. Il a dit avoir le coup de foudre pour moi. J'ai éteint assez rapidement le feu de son amour, pour moi, il avait un assez bon paratonnerre, parce qu'il ne semblait pas très atteint pour ma douche froide. Par contre, étant donné que j'ai rempli ma fiche personnelle avec franchise, j'ai reçu des offres par courriel qui me semblaient répondre à ce que mon profil laissait supposer. Un truc pour perdre du poids, une publicité pour chirurgie esthétique, des crèmes de rajeunissement, des offres de REER et de plans de retraite, une publicité de contraceptifs, une autre de mise en forme et un livre : vivre seule et heureuse.

Manquerait-il quelque chose à mon bonheur que j'ignore?

La dessus, je vais aller préparer un semblant de dîner pour mes enfants avant qu'ils rappent sur l'air de Mmaaaamaaaaammmmm, j'ai faimmm.

Quesse qu'on mange ?
Quesse qu'on mange ?
Quesse qu'on mange ?

Quand esse qu'on mange ?
Quand esse qu'on mange ?
Quand esse qu'on mange ?

Pas encore ça.
Pas encore ça.
J'ai pas faim.

On mange toul temps ça.
On mange toul temps ça.
Je peux tu me faire à dîner.

C'est quoi le dessert ?
C'est quoi le dessert ?
C'est quoi le dessert ?

C'est pas à mon tour
c'est pas à mon tour (d'enlever la table)
C'est pas moi qui ai pris ça

Vous avez deviné qu'il y avait trois enfants présents pour dîner.

Je vous aime et vous embrasse

dimanche 7 décembre 2008

AndiamoLa petite pièce

ETUDE DE MAÎTRE JOSEPH BOURNAZIEUX

NOTAIRE

LE TREPORT (SEINE MARITIME)

Monsieur.

Etant chargé, par autorité de justice, de régler la succession de votre oncle et de votre tante, Monsieur et Madame Chanteloup, Alfred et Armande, je vous prie de bien vouloir prendre contact avec mon étude afin que nous convenions d’un rendez-vous.

Je vous prie de croire Monsieur…


Suivaient les politesses d’usage. Stéphane, après avoir signé le récépissé du recommandé, venait de lire la lettre que lui adressait Maître Bourna machin-chose.

Ben merde, la tante Armande, s’exclama-t-il ! Oh ! Il l’avait vaguement connue autrefois. Il était tout gamin alors, quatre ou cinq ans tout au plus. Une sœur de son père, puis cette tante était partie s’installer à Mers-Les-Bains, avec son oncle, alors ils s’étaient perdus de vue. Un jour, les gendarmes étaient venus, il était encore enfant : la tata et le tonton avaient disparus, une enquête était ouverte.

Son père avait été un peu triste, sans trop, lui et sa sœur ayant une grande différence d’âge : dix-sept ans ! Sa sœur beaucoup plus âgée que lui, ils n’avaient pas vécu l’enfance ensemble… Forcément.

L’éloignement n’avait pas arrangé les choses, et puis, pour couronner le tout, le beau-frère détestait les enfants ! Lui et sa tante n’en avaient jamais eus. Pour cette raison et bien d’autres encore, ils ne s’étaient jamais fréquentés.

Stéphane posa la lettre sur la desserte de l’entrée, puis continua ce qu’il était en train de faire : la vaisselle. Ayant reçu des copains la veille, sa femme et lui étaient allés se coucher, remettant la corvée au lendemain.

Il profitait d’un R.T.T de quelques jours pour régler des problèmes laissés de côté : demandes de prêts pour l’achat d’un appartement, régularisation de quelques dossiers négligés, plus deux ou trois bricoles en « stand-by ».

Quand Josette, son épouse, rentra le soir, plus tard qu’à son habitude, Stéphane lui tendit la lettre.

- Attends que je me déshabille au moins ! J’suis vannée, la grève encore ! Une heure d’attente à la gare du Nord.

- Ben dis-donc, te v’là riche ! dit la charmante épouse après avoir pris connaissance du courrier.

- Tu parles, rétorqua le mari, ce doit être une vieille bicoque, depuis le temps qu’elle est inoccupée, trente ans… C’est une ruine, oui !

- Bon écoute : je téléphonerai demain afin de prendre rendez-vous, un petit viron au bord dela mer, ça nous fera du bien, on va s’oxygéner les éponges, et je ne te parle même pas du plateau de fruits de mer.

Josette frappa dans ses mains, comme un enfant auquel on vient d’apporter un cadeau.

Le lendemain, Stéphane téléphona au notaire. Fort aimable, ce dernier lui donna rendez-vous pour le samedi suivant, dix heures trente précises ajouta le tabellion.

Bon voilà une chose de réglée, déclara Stéphane à voix haute, la météo prévoit du grand beau pour samedi : à nous les p’tits tourteaux !

Depuis la Courneuve, il leur fallut deux heures et demie pour atteindre Le Tréport. Grâce à son G.P.S, Stéphane trouva sans peine l’étude de Maître Bournazieux.

- Bravo, jeune homme ! Vous êtes ponctuel, c’est rare de nos jours. Madame… Il s’inclina respectueusement devant l’épouse du « jeune-homme », je vais vous conduire, je connais le chemin, et puis j’aime bien conduire.

Après avoir franchi la Bresles, il prit la route de Mers. Les vieilles bâtisses, fin dix-neuvième, début du vingtième, bordaient l’avenue du front de mer, superbes avec leurs colombages, leurs encorbellements, hautes de deux ou trois étages, un peu pompeuses, édifiées pour les riches bourgeois Parisiens, qui venaient là, grâce au chemin de fer, les trains de plaisir comme on les nommait à l’époque. La gare du Tréport toute proche leur permettait, en un petit coup de fiacre, de retrouver leur chère villégiature.

Aujourd’hui certaines de ces imposantes demeures aux noms très originaux, les mouettes, le ressac, belle vue ou encore les falaises, étaient en piteux état, d’autres au contraire semblaient avoir été construites depuis peu.

Tout en roulant, le notaire leur expliqua que la procédure avait été longue : délai de forclusion en cas de disparition avérée, etc, etc. Mais maintenant tout était net, quelques signatures, liquidation des comptes, et tout serait en règle.

- Votre oncle et votre tante avaient effectué des placements forts judicieux, et malgré la ponction de soixante pour cent effectuée par l’état, vous hériterez d’une jolie somme !

Stéphane et Josette avaient échangé un clin d’oeil, suivi d’un petit sourire de satisfaction.

Mais enfin, sait-on ce qui leur est arrivé ?

- Non, non, tous les voisins ont confirmé la même chose : vos parents s’entendaient bien, quoique peu bavards, ils entretenaient des relations de bon voisinage, et puis un beau matin, les volets sont restés clos, au début, nul ne s’est inquiété, pensant à un départ précipité, suite à une mauvaise nouvelle ou autre…

Et puis les jours ont passés, les semaines, alors on a fait ouvrir la maison. Tout était en place, la table non débarrassée, les reliefs de leur dernier repas dans un état, vous vous doutez bien !

Les occupants : volatilisés, comme évaporés ! Les voisins ont procédé à un nettoyage succint, puis on a fermé la maison, apposé les scellés.

L’Alfa Roméo « Giuletta veloce » de 1959, une pièce de collection que le notaire aimait sortir les jours de grand beau temps, s’arrêta devant une grande maison à colombages comme ses voisines, les peintures extérieures avaient souffert, mais le bois ne semblait pas attaqué.

Haute de deux étages, le toit avançait, surplombant la façade. Ce petit air vieillot séduit immédiatement Stéphane. A hauteur de la porte d’entrée, bien protégée par un auvent recouvert de tuiles, une pancarte émaillée : « les flots bleus ». Cela fit sourire le couple.

Le tabellion sortit un trousseau de clés de sa poche et entreprit d’ouvrir la porte. Il se bagarrait avec la serrure quand se présenta à côté d’eux un petit bonhomme.

- Bonjour Messieurs et Madame, je suis le voisin.

Il sourit tandis qu’il soulevait son béret pour un salut à l’ancienne.

- Ainsi vous êtes les parents de ces braves Monsieur et Madame Chanteloup ?

- Oui, répondit Stéphane, je suis leur neveu, voici mon épouse…

- Enchanté, Madame.

- Quand vous aurez terminé votre visite et après déjeûner, passez donc me voir, si vous le désirez bien entendu, nous prendrons le café, ma maison est juste à côté, « les goélands ». Oh ! Une idée de ma pauvre femme, je suis veuf aujourd’hui.

- D’accord, s’entendit répondre Stéphane, Monsieur ?

- Pinotet, Georges Pinotet.


Le jeune couple s’engagea dans l’entrée, précédé par le notaire. La visite peut commencer, déclara ce dernier en prenant l’allure d’un guide de musée : une belle entrée, avec à droite l’escalier menant aux étages, puis les « commodités », juste après la cuisine, à gauche, dans l’ordre, salon, salle à manger, quelques meubles, non pas anciens, mais plutôt des anciens meubles ! Un vieux tapis miteux, les papiers peints bien défraîchis, pas d’humidité comme on aurait pu le craindre.

En avant du salon, une large baie vitrée légèrement en surplomb, ouvrant sur la mer.

- Quelle vue ! s’exclamèrent en chœur Stéphane et Josette.

- N’est-ce pas ? acquiesça le notaire.

L’escalier craquait un peu, mais semblait solide. Un cabinet de toilette, trois chambres à l’étage, meublées également, la plus grande donnant sur la mer, un petit balcon de bois. Josette ouvrit la porte-fenêtre, s’avança prudemment. Le balcon était encore solide. A sa droite, elle voyait les majestueuses falaises blanches, à gauche, Le Tréport.



- Waouh ! Viens voir, minou, comme c’est beau !

Encore un étage, deux chambres, moins larges à cause de la pente du toit. Dans la première chambre face à la mer, une porte grise, fermée, Josette l’ouvre, elle ne comporte aucune ouverture hormis la porte. Pour tout mobilier : une table de bois blanc, et une chaise au cannage fatigué. Son mari la suit.

- Quel pouvait être l’usage d’une telle pièce ?

- Je n’en sais trop rien, répondit maître Bournazieux, mais vous pourriez aisément en faire un « dressing », comme on dit aujourd’hui.

C’est à ce moment là que la sonnerie du portable de Stéphane se mit à sonner, lui jouant « Oh Susanna ». Il prit l’appareil.

- Allo ? Salut Eric… Oui, nous sommes à Mers, mais attend, ça passe très mal, il s’avança de deux pas, se retrouva dans la chambre.

- Ah ! Oui, c’est nettement mieux… Oui, oui, bon c’est ok, oui c’est ça à plus tard, ciao !

- C’était Eric

- Ben oui j’avais compris, répondit l’épouse.

Il retourna dans la petite pièce, et là son regard fut attiré par quelque chose qui brillait sous la table. Posant son portable sur la chaise, il se baissa et ramassa ce qui ressemblait à une pièce, puis la montra au grand jour.

- Faites voir, s’écria le notaire. Ah ! Ça, mais on dirait une « obole », vous savez cette pièce en argent, que les Grecs anciens mettaient dans la bouche des morts, afin qu’ils paient leur passage à Charon, le passeur du Styx, le fleuve des enfers. Je suis numismate, et je puis vous affirmer que cette antiquité vaut son pesant d’or ! Votre oncle était numismate ?

- Ben, j’sais pas, s’entendit répondre Stéphane.

La visite terminée, le notaire les reconduisit au Tréport. Tout au long du chemin, notre couple ne tarissait pas d’éloges : elle est belle, avec quelques travaux… Et puis je suis agent immobilier, travailler là ou ailleurs, ma femme est secrétaire trilingue et je crois savoir que les Anglais achètent beaucoup dans le coin, trouver du boulot ne devrait pas être un problème.

- Ecoutez maître, nous allons accepter l’héritage, d’autant plus que le solde de la succession est très largement positif, même après acquittement des frais de succession.

- Bravo, bonne décision, vous ne le regretterez pas !

Ils repassèrent à l’étude, signèrent une liasse impressionnante de documents, puis se séparèrent, chacun arborant un large sourire.

Pour fêter l’événement, Stéphane entraîna sa femme dans un joli restaurant avec terrasse ouvrant sur le port et la jetée, ils se commandèrent un énorme plateau de fruits de mer, accompagné d’une bouteille de Sancerre.

Après ce déjeuner, ils se rendirent à la villa « les goélands ». Monsieur Pinotet vînt leur ouvrir.

- Entrez, entrez, ça me fait vraiment plaisir, je suis un vieux bonhomme, vous savez, 95 ans dans un mois, dit-il fièrement.

- Vous ne les faites pas, répondit Josette, c’est exactement ce que le vieux bonhomme attendait, alors pourquoi le lui refuser ?

Attablés devant les cafés fumants, très bons au demeurant, Monsieur Pinotet commença son récit.

- Nous avons acheté cette maison, mon épouse et moi en 1942, pendant la guerre, ça n’était pas cher à l’époque. Nous avons connus les précédents propriétaires, je veux parler de ceux qui avaient vendu avant ceux qui avaient cédé la maison à votre parenté !

Ils avaient hérités d’un vague cousin, celui qui avait fait construire la bâtisse, et comme les droits de succession étaient élevés, ils avaient dû débourser une somme assez conséquente afin de l’acquérir, puis les suivants, And.. Andrieux, ils s’appelaient, et enfin votre oncle. Eh bien, croyez moi ou non, ils ont tous disparus, les hommes tout du moins, les femmes sont restées, ce sont elles qui ont vendu.

Il y a eu enquête, vous pensez bien ! Les gendarmes ont imaginé quelque crime crapuleux visant l’héritage !

Seuls vos parents ont disparus ensemble. En tout cas, je suis bien heureux que vous veniez vous installer, mais dépêchez-vous si vous voulez que nous fassions plus ample connaissance, car je n’en ai plus pour bien longtemps !

Allons, allons, Monsieur Pinotet, il ne faut pas dire ça, vous ferez un magnifique centenaire.

Ils se quittèrent sur cette phrase, en remontant dans sa Laguna, Stéphane mit sa main dans la poche : je vais appeler Eric, pour lui apprendre la bonne nouvelle !

Il met sa main dans la poche : merde ! J’ai laissé mon portable dans la « petite pièce », il faut absolument que je le récupère, il embraye un peu sèchement, direction : Le Tréport.

Maître Bournizieux sourit, puis se laisse conduire, je suis pressé a argué Stéphane, on ne voudrait pas rentrer trop tard.

A peine la porte de la villa ouverte, Stéphane et Josette grimpent les marches quatre à quatre, le notaire est resté dans l’entrée, deux étages, tu penses !

Curieux, je pensais avoir laissée la porte de la petite pièce ouverte, à cause de l’odeur de renfermé, déclare Madame en arrivant au second étage.

Stéphane actionne la poignée de la porte et cherche son téléphone… En vain, je l’avais pourtant mis là dit-il à son épouse, en montrant la chaise, il regarde partout, se penche et, au même endroit que précédemment, il aperçoit briller un petit objet, il le ramasse, le porte dans la lumière : une obole, murmure-t-il.


vendredi 5 décembre 2008

Tant-BourrinBrouillon de culture (2)

Face à l'immense succès du premier billet de Brouillon de culture, je me suis senti moralement en charge d'en préparer rapidement une seconde édition afin de calmer votre appétence pour toutes ces choses de l'esprit dont vous êtes cruellement dépourvus.

Voici donc, sans plus attendre, ce second numéro de Brouillon de culture, consacré aujourd'hui au cinéma. Nous vous invitons donc à découvrir ou à redécouvrir quelques monuments du 7ème art qu'il faut impérativement avoir vu une fois dans sa vie si l'on ne veut pas passer pour un plouc dans les salons où l'on cause...





La dernière Twingo à Paris - réalisateur : Bernardo Berklautochie

Un quadragénaire américain erre, de garage en garage, dans Paris, jusqu'au jour où il découvre une Twingo d'occasion avec laquelle il engage une relation intense et dévastatrice. En effet, le héros est encore anéanti par la perte de sa grosse Cadillac, partie à la casse après vingt ans de vie commune, et laisse sourdre sa frustration sentimentale dans une relation purement physique, voire bestiale ("Tu vas démarrer oui ou non, putain de bagnole de merde ?"), avec son nouveau véhicule, jusqu'à ce que la dérive s'installe. Le film recèle une scène devenue mythique : celle où le héros décalamine le pot d'échappement de sa Twingo sans même se servir de ses mains.





L'assassin se biture au 51 - réalisateur : Henri-Georges Clouzot-Lhermitage

L'inspecteur Vins se voit confier l'affaire d'un buveur en série qui siphonne secrètement les réserves d'alcool des occupants de la pension Pastaga et qui signe ses crimes en laissant sur les cadavres de bouteille une carte de visite au nom de Monsieur Rendu. Vins, grimé en pasteur, va donc louer une chambre dans la pension pour résoudre le mystère et y sera bientôt rejoint par sa maîtresse, la chanteuse Buva Bavou qui souhaite se faire de la publicité en contribuant à l'enquête. Finalement, l'inspecteur Vins pense avoir levé le voile sur cette étrange affaire : le criminel est en fait incarné par trois des occupants de la pension, agissant en association. Mais Buva Bavou le contredit bientôt : en réalité il n'y a qu'un seul et unique coupable ! Vins a juste un peu trop forcé sur la boisson qui coule à flot dans la pension Pastaga, ce qui a un chouia troublé sa vision.





Les dents de la mère - Réalisateur : Stephalein Spulbeurk

Pendant l'été, un groupe de jeunes gens organise une petite fête sur la plage. Mais au cours du bain de minuit qu'ils décident de prendre, une jeune fille présente ressent subitement une vive morsure au talon. Une fois revenue sur la plage, elle découvre des traces de dents sous sa voûte plantaire ensanglantée. Le chef de la police locale, appelé sur les lieux du drame, décide de demander la fermeture de toutes les plages du coin, mais le maire s'y oppose fermement, soucieux de ne pas ruiner la saison touristique. Mais une seconde attaque va avoir lieu : le lendemain, un bambin sort de l'eau avec lui aussi des traces de morsure sous le pied. L'affaire ne peut alors plus être étouffée et devient publique, créant une véritable psychose chez les vacanciers. C'est alors qu'un vieux marin propose ses services, moyennant finances, pour lutter contre cette menace invisible. Au terme de moult rebondissements, il finira par mettre la main sur le dentier qu'avait perdu sa mère quinze jours plus tôt lors d'une baignade et sur lequel les victimes avaient marché. Un des premiers blockbusters de l'histoire du cinéma dont le suspens vous laissera sur les dents...





Godefinger - Réalisateur : Guy Hamilethon

Le troisième - et sûrement le meilleur - volet des aventures de James Bande, également connu sous le nom agent zéro-zéro-sexe. Les services secrets britanniques soupçonnent un fabricant de sex-toys, Mr Godefinger, de nourir des projets malveillants à l'encontre de la libido des sujets de très gracieuse Majesté. James Bande, bardé d'une méga-flopée de gadgets dont son célèbre doigt-godemiché, s'introduit dans le cercle restreint de Godefinger et découvre que c'est effectivement la merde. Il s'ensuit tout un tas d'aventures, cascades, brouettes japonaises, courses-poursuites à l'issue desquelles zéro-zéro-sexe découvre le plan machiavélique de Godefinger : celui-ci s'est procuré une bombe sexuelle atomique et s'apprête à faire sauter la principale usine de Viagra du pays afin de booster les ventes de ses sex-toys, qui deviendraient alors des substituts pour virilité en berne. Après avoir risqué l'émasculation au laser, Bande réussit à retourner la belle Pussy et à prendre Godefinger à rebours. Un film plein de jus !

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