D'aucuns, nouveaux ou peu attentifs lecteurs du dernier billet de Taanb-Ourhin , ont pris cette histoire de cochons embarqués dans un voyage interstellaire mal barré pour un délire névrotique aigu mais il n'en est rien : ce texte eut presque pu avoir sa place dans notre catégorie "La vraie vie", n'eut été (et non : "nus tétés", n'est-ce pas, Andiamo ?) son style nettement connoté futuriste.

Ce que j'aimerais que vous compreniez, c'est qu'emporter un cochon pour un long voyage n'est pas du tout une idée idiote. Même les amis des bêtes se refusant à tout sacrifice animal pourront, en toute bonne éthique, s'adresser à la générosité naturelle au cochon qui se rendra gentiment à leur convocation du "Don du sang". Un bon litre toutes les 3 semaines est un bon rythme qui permet une reconstitution correcte de son capital sang. Un peu de lard inutile lipposucé aux endroits disgracieux, quelques kilos d'oignons finement hachés, du 4 épices et voici de quoi manger pour tout l'équipage le mardi, jour du boudin.

Et vos petits Porcinets, animaux propres sur eux, conviviaux et sympathiques, restent ainsi les bons vivants que vous appréciez, tout en vous remboursant en nature de boudin noir la farine d'orge et les restes de votre table dont ils font leurs délices.

Bien sûr, si le voyage s'éternise, comme dans le cas précité dans le billet de TB, il est bien plaisant de n'avoir pas à tirer à la courte paille pour savoir "qui, qui, qui... qui serait mangé ?". L'un des Porcinets s'auto-désignera naturellement, dans un bel élan atavique dû aux habitudes congénitales de son Espèce, appréciée par la bouche dont la main l'a de tout temps nourrie.

La Céleste Inn, je veux bien, mais ça fait un sacré détour, ça nous oblige à nous arrêter et je vous dis pas les prix ! Céleste, elle en profite, de pas avoir de concurrence à plusieurs milliers d'années-lumières alentour !

Non : embarquer quelques cochonailles sur pattes, c'est vraiment la solution soies-soies idéale. L'en-cas pour les cas graves non-prévus. Et même les sensibles, les adorateurs de BB deuxième version, les ceusses qui balancent des pavés dans les vitrines de charcuterie ? Ils ont cette attitude désinvolte car ils savent que trois numéros plus loin dans la rue ils vont trouver un bel étal coloré de fruits et légumes ?

Mais quand arrive la faim, la vraie faim qui te fait baver en zieutant le fauteuil en daim défroissé et le mec assis dessus, ben tu ne fais plus la fine bouche devant un sandwich jambon-saindoux ! C'est-y pas bon ? On dit merci qui ? Hein ? Fais rillette à papa Saoul-Fifre ?

Etudions le paradoxe. Il y a des animaux non consommés mais certains par respect : la vache sacrée ou bien la jument de Margotte (On ne mange pas sur qui l'on monte. Voire) et d'autres par dégoût. Vous avez d'un côté deux parmi les trois religions abrahamiques qui crient haro sur le goret/nourriture et de l'autre, la troisième qui lui est plutôt sympathisante (relire "Les trois messes basses" de Daudet). Ajoutez-y les Sikhs, les Adventistes du Septième jour et bien d'autres mouvements protestants, les Messianniques... Les nombreux Hindouistes et Boudhistes sont bien sûr également partisans de le laisser gambader en dehors de sa terrine et les végétariens "sanitaires", dirais-je : aussi. Cela fait déjà beaucoup de monde mais quand arrivent les photos ou les films, on voit rappliquer en renfort les "sentimentaux".

Jean-Luc Godard, qui a filmé une scène où un cochon saignait du groin dans son film "Week-End", a vu débarquer en hurlant la dernière caste citée, offusquée.

- "Je voulais juste démontrer ceci :" leur répondit-il, "vous tuez un cochon à l'écran, un millier de personnes crient leur horreur. Vous tuez un soldat au Vietnam, personne ne réagit."

En hommage à Godard, que Blanche aimait beaucoup, entre parenthèses, je vous ai donc filmé l'égorgement de notre dernier cochon charcuté, Naaaaaannn, je décoooooonne, vous n'aurez droit qu'à un extrait du résultat :

Juste un hommage, pour la forme, à des passionnés qui consomment religieusement le porc par amour, dans sa mûre perfection, pour lui éviter les pitoyables affres de la déchéance dans un mouroir. Ce beau mâle pesait 380 Kgs vivant, il s'agissait d'une espèce de chippendale porcin et j'imagine bien d'ici les sifflements jaloux des scorpions limousins se suicidant par dépit sous cette nouvelle gifle provençale reçue. Faudra que je leur envoie aussi des photos de silures pêchés dans les étangs de par chez nous.

Toujours est-il que nous voilà suffisamment achalandés en sauciflards et autres confits pour atteindre la prochaine planète habitable.

Mais y trouverons-nous du réseau ? De l'ADSL et du WIFI pour vous tenir au courant de nos prochaines aventures ? Clystèreetboules.com ! Vous le saurez en restant à l'écoute, grâce à votre agrégateur, de l'Univers Blogbo !