Interview d'André Roux, professeur de droit public.

Sur quel sujet portait la 21ième table ronde INTERNATIONALE que vous avez organisée à la faculté d'Aix-en-Provence ?

Cette réunion, placée sous l'égide du PRÉSIDENT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL, PIERRE MAZEAUD, s'intitulait : "Constitution européenne et constitutions nationales". Elle réunissait différends JUGES DES TRIBUNAUX CONSTITUTIONNELS ÉTRANGERS ET FRANÇAIS pour réfléchir aux causes et évaluer les conséquences du rejet de la constitutions européenne. Un rejet que certains, comme le juge polonais, ont eu du mal à comprendre et à accepter. Ils attendaient quand à eux beaucoup de cette adhésion.

Quelles ont été vos conclusions de juristes sur ce rejet ?

Nous sommes revenus sur ce terme de "constitution" qui n'était peut-être pas approprié et a eu un effet repoussoir plutôt qu'attractif. En outre, ce texte était trop long pour une constitution qui doit s'en tenir à des valeurs essentielles. C'était au final un objet assez mal identifié, cependant les concepts sont faits pour évoluer.

Selon vous, que va-t-il se passer désormais ?

Ce rejet n'est pas une catastrophe, mais il risque de peser lourd sur la dynamique européenne pendant une quinzaine d'années. Nous supposons toutefois que CERTAINS ÉLÉMENTS DU PROJET VONT ÊTRE REPRIS SOUS FORME DE TRAITÉS PARTICULIERS. Et cette fois, ils ne seront pas soumis à un référendum.

Dans le "La Montagne" du même jour (vous voyez que mes lectures sont éclectiques), un journaliste s'est amusé. Il s'est sans doute dit : "en page agriculture, ça va passer inaperçu, je peux me permettre le pire..." Et donc, son article sur l'importation de brebis de races Blue faced, Scotch halfbred, Polldorset et Ileyn, il l'a intitulé : LES ANGLAIS DÉBARQUENT !! Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, mais quand une fille disait à sa copine, en plein cours, "les anglais débarquent" ou "les anglais ont débarqué", ça voulait dire qu'elle avait ses règles...

Et maintenant, comme les hurlements des fans de Ponchon n'ont pas été assez suraigus (à part ceux de Manou), voilà un autre de ses poèmes :

ÉLOQUENCE PERDUE (je le dédie à Alarc'h)

Un dimanche de Fructidor
Dernier, dans un village
De pêcheurs, au pays d'Armor,
me trouvant de passage,

À l'église je suis entré,
Juste au moment sévère
Que le recteur exaspéré
Jaillissait de sa chaire.

Il y avait un monde fou,
femmes et jeunes filles,
beaucoup de mathurins itou
ouvrant leurs écoutilles.

Or, ce recteur hurla, tonna
contre l'intempérence
qui sévit, dans ce pays là,
plus qu'autre part, en France.

La mer, qu'est-ce que vous voulez ?
Rien comme ça n'altère...
Et nos bons mathurins salés
Se dessalent à terre.

Sans entrer dans la lettre, ici
De son réquisitoire,
Il leur dit à peu près ceci,
Si j'ai bonne mémoire.

"Il avait vu dans les ruisseaux
des gars, un peu pompettes !
Se vautrer comme des pourceaux
du troupeau d'EPICTETE !

Et que c'était se ravaler
au dessous de la brute,
A ce point, que tel croit parler,
qui seulement quirrute...

Que l'ivrognerie, à coup sûr,
est des vices le pire,
A cause qu'il exerce sur
les autres son empire...

Et d'ailleurs qu'on ne devrait pas,
malgré la soif contraire,
boire en dehors de ses repas,
si ce n'est de l'eau claire...

Que si leur raison se noyait
en de sales guinguettes,
en revanche, on ne les voyait
jamais donner aux quêtes...

Enfin, qu'au lieu de dépenser
tout leur "décompte" à boire,
ils feraient mieux le lui verser
pour s'offrir un ciboire..."

Et patati, et patata...
il parla sur ce thème,
trois quarts d'heure au moins, tempêta
et lança l'anathème,

en l'entrelardant de latin
que l'on cuisine à Rome,
et citant du Saint Augustin
avec du Saint Jérome.

Or, tout près de moi, j'entendis
après cette tirade,
un des mathurins maudits
dire à son camarade :

"Hein ! Crois-tu qu'il s'est emballé,
qu'en dis-tu, mon compère ?
Tout de même, il a bien parlé...
Allons donc boire un verre !"