Margotte et moi nous sommes fait un long week-end (encore) en Limousin, mais en train. Je préfère, et, à deux, la voiture n'est PAS DU TOUT compétitive... Donc, au retour, on monte dans un compartiment où nos places étaient réservées, et, je sais pas si ce sont les gueules d'enterrement qu'on tirait ou quoi, mais la conversation s'engage sur la Mort avec les 3 femmes déjà présentes.

L'amie.
La première femme prend le train pour aller soutenir son amie d'enfance qui vient de perdre son mari, d'un cancer... Les 2 amies ont eu le même parcours : elles ont connu leur mari quand elles avaient 12 ans, et se sont mariées à 16, et là, elles ont toutes les 2, 27 ans. J'ai imaginé l'importance et la force de l'amitié entre ces 2 pré-ados. Elles sont tombées amoureuses ensemble, ont dû affronter ensemble leur famille, ont connu les mêmes interrogations, inquiétudes de jeunes filles, en ont parlé, et ont décidé de foncer et de faire confiance en leurs sentiments... Et là, après 11 ans de mariage, chacune a plusieurs petits, et un des maris meurt. L'amie abandonne le sien, ses enfants, comme dans la parabole, et va consoler sa sœur en destinée, avec sans doute un peu d'inquiétude : "Ça aurait pu être le mien ?"

La veuve.
Elle est veuve depuis moins de 6 mois, elle ne s'y fait pas, elle ne s'y fera peut-être jamais. Elle nous évoque son "compagnon" avec beaucoup d'émotion. Il était grand, costaud (plus que monsieur, dit-elle en me montrant), il m'appelait en riant "ma moitié"... Elle dit : "On avait fait des projets, on était depuis peu à la retraite, on comptait en profiter ensemble et puis voilà. Les fêtes de Noël vont être très dures à supporter. Il faisait beaucoup de choses à la maison, je suis complètement désorientée. Il est parti, les pompiers sont venus très vite, mais c'est horrible de l'entendre râler et de ne rien pouvoir faire. Le docteur m'a dit qu'il n'a pas souffert, que c'est seulement son corps qui souffrait... La troisième femme lui demande en s'excusant (je sais bien que ça ne remplace pas...) si elle a un animal de compagnie, et oui, elle a un chat.

La mère.
Elle est d'origine espagnole et a eu 7 enfants. On sent qu'elle est courageuse et dure à la douleur. La mort c'est dur, mais la vie aussi, c'est dur, alors ? Mais le plus triste c'est quand même de perdre un enfant. J'ai perdu mon fils avec ma belle-fille dans un accident de moto. Et c'était le meilleur de mes enfants. C'est pas normal. Il est mort et moi je suis encore là. Un mari c'est pas pareil, des fois il vaut mieux s'emmerder tout seul que s'emmerder à deux. Je dis pas ça pour le votre, madame, il y en a des biens. Mais vraiment le plus dur c'est de perdre son fils. J'y pense toujours. Il avait tout pour être heureux et il est plus là. On peut mourir à n'importe quel âge. Même jeune.

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