Je trouve que notre Tant-Bourrin nous revient bien grognon de vacances. Surtout envers son co-blogueur préféré. Je me fais traiter de fainéant, il lance une pique sur la politique de la page blanche, avec force dans ma direction, tel un javelot allusif à un soi-disant laisser-aller de ma part, alors que j'étais tout simplement immergé tout ce week-end dans l'Amour filial et fraternel le plus pur et le plus prenant. Son attitude m'inquiète. Quand il reçoit des membres de sa famille, les laisse-t-il retrouvailler joyeusement, assis tout seuls comme des cons sur le canapé, tandis qu'il s'en va bloguer avec de quasi inconnus, dans un tremblement de drogué en manque ? Et dois-je impérativement m'aligner sur son comportement asocial, courir me cacher derrière mon écran, tourner le dos à la chair identique à ma chair, trahir le sens de l'accueil qu'ils ont fait couler dans mon verre, mériter la mort de mes os en les laissant ronger, seuls et sombres, ceux de ce succulent cabri ?

Manières de sauvages dans l'inhumaine et terrible jongle parisienne.

Le citadin régresse insensiblement mais sûrement. Des siècles de lente évolution vers plus de hauteur de civilisation sont en train de se déliter et de se dessécher comme sous un effet de serre moral. L'instinct de la solidarité sans faille, légué d'une génération à sa suivante, le respect dû à la "Famille", mot malencontreusement accolé, de sinistre époque, à celui, fatal, de "Patrie", et à celui, fatiguant, de "Travail", devra-t-il céder le pas à l'appel grossier d'une mode éphémère avec ses gros sabots, et abdiquer devant le gadget frais émoulu d'un mégalo-cervo ?

Je réponds "non". Ces braves gens sont venus pour certains de très loin, une a passé par dessus sa peur panique des voyages en automobiles, je ne vais pas me caler à tapoter sur un clavier, les abandonner pour faire plaisir à un bestial enfourcheur de canassons, plus ignoble que noble ?