D'aucuns auront capté le jeu de mot du titre, c'est fin, c'est frais, ça donne envie d'embrasser le bonheur... J'ai un peu hésité avant d'attaquer ce billet : après Epictete II, le retour, je trouvais que ça faisait redondance dans le mortuaire, car je vais effectivement parler de croque-morts, mais dans le sens premier, croquer quelque chose de mort, non un croque-monsieur, ni un croque-madame, en l'occurrence un croque-cabri.

Bon je ne me renouvelle pas, mon dernier billet était un peu sur le même sujet, mais qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse si c'est mon actualité à moi ? J'écris la plupart de mes billets au dernier moment, d'un seul jet, sans ratures, avec ce que j'ai dans la tête à ce moment là. Je n'ai pas trop envie de me réguler "vraie vie"/poème de cul/amies les bébetes, et on recommence ?

Voilà : au commencement, au tout début de mes temps ici était le troupeau de chèvres. Gravitaient autour Margotte et ses parents, et moi je gravitais autour de Margotte. J'étais chez les amis des bêtes, et les amis des bêtes refusent de tuer quelque bête que ce soit. Ils délèguent au professionnel. Pro dont auquel qui venait chercher les bébés chevreaux pour les tuer loin du regard des amis des bêtes, complices, responsables, coupables mais pas victimes collatérales. J'ai toujours détesté cette lâcheté, certains diront sensibilité, ce refus de "porter ses couilles" (comme disent les djeuns d'aujourd'hui) du député ayant voté la peine de mort, par rapport au bourreau.

Les bébés partaient, pesant à peine 10 kgs, pour devenir cette ignominie traditionnelle provençale qu'est le "chevreau de Pâques", cette viande blanche et gélatineuse, sans goût, de téteurs de biberon. Une honte, vraiment, d'envoyer au couteau ces innocents arrachés au pis de leur mère.

Puis nous avons laissé des cabris sous leur mère pour en faire des broutards lourds que je tuais, dépeçais, découpais à l'automne. Les autres partaient toujours en "chevreaux de Pâques" jusqu'à ce que je gueule que nous en avions trop, trop de chèvres, trop de chevreaux, trop de fromages pour notre consommation personnelle. Le troupeau a diminué et maintenant nous laissons nos cabris vivre leur vie jusqu'à l'âge adulte. Je trouve ça plus cool pour eux, ils sont avec les adultes, en colline, tranquilles dans un grand parc, et une fois par an, le gentil boucher (il est adorable) arrive et zigouille tout le monde en même temps.

Ça donne ce spectacle, mais je vous épargne les phases intermédiaires. Quand la viande sera raidie, "ressuyée", il reviendra nous découper tout ça en gigots, épaules, côtes, ragoûts qui finiront au congélateur.

On ne mange pas tout : j'en échange un peu contre du pinard.