Urbain Tront passait toutes ses nuits à voler. Littéralement. Comme un oiseau. Mais un oiseau encore plus léger que l'air, un oiseau qui n'aurait eu ni plumes, ni chair, ni os, un oiseau immatériel.

A vrai dire, il ne volait pas vraiment : il ne faisait aucun geste, aucun effort pour se maintenir en équilibre sur le souffle des vents, il planait, il flottait, il lévitait. Et d'ailleurs, il ne faudrait pas dire "il", car nul n'aurait pu reconnaître Urbain Tront dans ce qui voyageait ainsi entre ciel et terre. Ce n'était pas vraiment lui au sens où on pourrait l'entendre, c'est-à-dire un être humain normalement constitué, assemblage matériel de molécules. Non, ce qui volait n'avait aucune consistance, aucun aspect visible, aucun existence.

Et pourtant, cela était.

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