J'ai décidé, il y a quelques jours, de rehausser le niveau de blog. Parce que la rigolade, la poilade a deux balles, ça va cinq minutes, mais si l'on veut que notre blog devienne un site de référence incontournable, il faut en muscler le contenu.

J'ai donc décidé de me lancer dans le journalisme d'investigation.

Mais attention, il y a journalisme d'investigation et journalisme d'investigation : je n'entends pas me lancer dans la fouille des poubelles de stars comme le premier magazine people venu. Non, ce que je vise, c'est le champ politique, les affaires Urba, les scandales des emplois fictifs, les Watergate ! Bref, je veux redonner au journalisme ses vertus de contre-pouvoir qui fait avancer la démocratie.

Alors, pour ma première enquête, je me suis attaqué à un gros morceau, un très gros morceau : Ruffo Alesi, le maire de Bourrinville, le véreux, l'homme soupçonné d'accointances avec la maffia mais jamais inquiété, jamais inculpé, car bénéficiant sûrement d'appuis en très hauts lieux.

Au risque de ma vie, j'ai décidé de faire plonger Ruffo Alesi en le prenant la main dans le sac et de débarrasser ainsi Bourrinville de cette engeance.

Et après des semaines et des semaines d'enquête discrète et minutieuse, j'ai fini par avoir le bon tuyau : Ruffo Alesi allait dîner le soir-même avec Al Pleby, le parrain putatif de la maffia locale. Je tenais enfin ma grosse affaire.

Je me suis rendu donc au restaurant où devait avoir lieu ce repas d'affaires véreuses, muni d'un minuscules appareil photo ultra-plat prêté pour l'occasion par un ami.

Bien sûr, j'aurais nettement préféré, pour de simples raisons de discrétion, utiliser un téléphone portable capable de faire des photos. Mais voilà, j'avais toujours été allergique à ces bidules et je n'en avais pas. Alors soit, l'appareil photo classique ferait l'affaire ! Il faut savoir prendre des risques dans la vie pour faire progresser la lumière.

Très vite, j'eus la confirmation que mon tuyau n'était pas percé : dix minutes après l'arrivée de Ruffo Alesi, Al Pleby fit une entrée discrète dans le restaurant et vint s'asseoir à la table du maire.

A partir de là, je sortis mon petit appareil-photo numérique et me mis à mitrailler la scène. Voici les photos assorties de mes commentaires...


Photo n°1 :

Al Pleby s'installe à la table du maire. A noter le choix d'une table discrète dans le fond du restaurant. A noter également la présence, à la table voisine, de deux malabars patibulaires, arrivés en même temps que Al Pleby. Vraisemblablement deux hommes de main faisant le guet alentour.


Photo n°2 :

Ruffo Alesi serre la main d'Al Pleby. Cette photo sent déjà la poudre et devrait suffire à provoquer des remous lors de sa parution. Mais cela n'est pas suffisant. Je guette la suite des événements.


Photo n°3 :

Ruffo Alesi et Al Pleby conversent en mangeant leur hors d'oeuvre. On devine que de sombres tractations sont menées.


Photo n°4 :

La photo que je guettais ! Al Pleby a discrètement saisi une épaisse enveloppe dans sa mallette et la donne discrètement au maire. Qu'a donc pu promettre Ruffo Alesi en échange de cette enveloppe ? Mystère ! Mais un tel manège entre Ruffo Alesi et le parrain de la maffia prouve que la municipalité est livrée aux appétits de la pègre !


Photo n°5 :

Hélas, c'était à craindre : l'appareil photo que l'on m'a prêté n'était pas assez discret, les deux malabars se lèvent et commencent à se diriger vers moi. Vous comprendrez aisément que c'est la dernière photo que j'ai pu prendre lors de cette soirée. Ensuite, je me suis beaucoup plus préoccupé de partir en courant que d'autre chose.


Voilà. Par chance, aucune balle ne m'a atteint et j'ai pu leur échapper en passant la nuit dans un container à ordures, ce qui me permet de révéler aujourd'hui au monde entier ce reportage-choc qui va sonner le glas de la carrière de Ruffo Alesi.

Hein ?... Pardon ?... Quoi, qu'est-ce qu'elles ont mes photos ?........

Heuuuuuuuuuuuuuuuu.........

Merde ! C'est bien, ces petits appareils tout plats, tout carrés, et sans gros objectifs, mais ce n'est pas hyper intuitif d'usage : je crois bien que j'ai fait tout le reportage en tenant l'appareil à l'envers. C'est ballot, ça !