Cela va faire bientôt un an que je vous annonce la sortie imminente de mon prochain album et, je le sens bien, vous commencez à me regarder d'un sale oeil et à vous demander si je ne me foutrais pas un peu de votre gueule. Ce n'est certes pas l'envie qui m'en manquerait, vue la dite gueule, mais soyons clair : je vais de déveine en scoumoune et j'ai dû repartir par six fois de zéro, face aux moues sceptiques que j'ai cru déceler sur vos faces bovines et aux langues de putes médisantes qui font rien qu'à dire que ce que je fais ressemble à des tas d'autres trucs obscurs et inconnus.

Et pourtant...

Pourtant, qu'elle était rock et méchamment couillue, ma première maquette !... Sûrement trop, hélas, pour des neuneus un public lambda comme vous, qui n'apprécie que la soupe tiède et formatée...

Pourtant, qu'elle était puissante et enlevée, ma seconde maquette ! Hélas, sûrement trop puissante pour vos sonotones réglés sur la position "Tino Rossi". Non, ce qu'il vous fallait, c'était du mainstream, du chamallow sonore...

Pourtant, qu'elle était lascive et dansante, ma troisième maquette ! Je pensais tenir là un tube mondial, mais je n'ai recueilli que des bâillements d'hippopotames. Faire danser des hippopotames un public aussi sclérosé que vous, c'est carrément mission impossible : j'aurais plus vite fais d'apprendre à danser à des cailloux !

Pourtant, qu'elle était profonde et émouvante, ma quatrième maquette ! Trop profonde sûrement, hélas ! J'aurais dû me douter que vous n'aviez pas l'âme de spéléologues ! Des paroles aussi finement ciselées pour des oreilles aussi bouchées à la cire que les vôtres, c'était vraiment de la confiture donnée aux cochons...

Pourtant, qu'elle était sauvage et ambiguë, ma cinquième maquette ! Trop sûrement pour de vieux croûtons conformistes un grand public qui ne comprend décidément pas grand chose à l'Art avec un grand "A"...

Pourtant, qu'elle était psychédélique et diététique, ma sixième maquette ! Trop hélas, apparemment, pour des gros lourds dans votre genre qui n'apprécient que la musique fast-food...

Je pensais avoir enfin trouvé la bonne formule avec ma dernière maquette : rock et rauque à la fois, mais suffisamment beauf attitude en même temps pour flatter les couillons acheteurs potentiels de mon prochain CD que vous êtes dans le sens du poil. Hélas, la tiédeur de vos réactions m'ont vite fait comprendre que j'avais encore surévalué vos capacités d'écoute et la hauteur de vos goûts musicaux.

Bref, à cause de vous, le planning de ma carrière artistique prend du retard et je vous exècre.

Mais comme ma plus belle histoire d'amour, c'est vous et les billets de banques que vous allez dépenser pour acheter par millions mon futur CD, je me dois d'affiner mon produit oeuvre jusqu'à ce qu'elle touche des gogos son public.

J'ai donc passé ma dernière maquette à la broyeuse (qui a d'ailleurs explosé, vu qu'elle n'était destinée qu'à broyer du papier) et j'ai décidé de tout reprendre à zéro.

Et puisque vos oreilles ne savent apprécier que de la mélasse sonore, eh bien j'ai décidé de vous faire bouffer sucré jusqu'à satelliser vos tests urinaires : j'ai pris ma plus belle voix (celle des dimanches), j'ai fait un slow langoureux, ajouté des choeurs suaves et, ce coup-ci, je suis sûr que vous aller craquer complètement ! A moi la gloire et les brouzoufs qui vont avec !

Je vous offre le titre-phare de mon prochain album en exclusivité mondiale. Ecoutez-moi ça ! C'est la voix des anges, non ?




Cliquez sur l'image pour voir la pochette en grand


Tant-Bourrin - Au lit, zou !


Au lit, zou ! Il est neuf heures du soir
Au lit, zou ! Il est déjà bien tard
Au lit, zou ! Prends ton doudou
J'te fais un p'tit bisou
Et tu vas faire dodo, mon p'tit bibou

Au lit, zou ! Il est est onze heures du soir
Au lit, zou ! Il est vraiment très tard
Quoi ? Tu veux encore
Un verre d'eau ?
Tu viens d'en boire douze !
Arrête de faire le fou
Bisou et au lit, zou !

Au lit, zou ! Il est deux heures du mat'
Ça me rend fou ! J'vais virer psychopathe !
Tu veux faire pipi
Et lire Oui-Oui ?
Cette fois, je suis à bout !
Va au lit ou
Sinon j'me fais hara-kirikou

Allez au lit, zou !

(Téléchargeable directement ici)


Heu... attendez... on me glisse quelque chose dans l'oreillette... Non ??? Je n'arrive pas à y croire ! Il paraîtrait (j'emploie bien évidemment le conditionnel, vue l'énormité de cette affirmation), selon des sources bien informées qui me veulent du bien (des langues de putes, oui !), qu'il y aurait peut-être une très légère ressemblance avec ceci...

Alors là, moi je dis stop ! Halte à la médisance ! Une telle mauvaise fois, ça me laisse sans voix !