Frédéric... Cette chanson de Claude Léveillée m'est revenue, elle est très peu connue et ancienne, alors normal que le doyen qui parfois a des renvois d'autrefois (et pas des retours de manivelle, bande de mauvaises langues) s'en souvienne.

Que faisait on le dimanche dans ma banlieue ?

Quand j'avais dix ans, comme la Souch' dans sa chanson, c'était en 1949 ! Le dimanche matin très souvent j'accompagnais ma mère au marché, celui de Drancy, il s'étalait le long de l'avenue Henri Barbusse autrefois "route des petits ponts". J'aimais y aller avec ma mère quand j'étais minot, le bruit, les odeurs, les marchands et marchandes qui interpellent le chaland..

-- Allons les ménagères c'est pas cher..

-- Prenez vot' pied Madame ! Hurlait le tripier qui proposait ses pieds de veaux !

- Elle est fraîche la moule ! Gueulait le poissonnier !

Ah ça n'était pas très fin, mais ça faisait marrer. Ma brave Môman allait deux fois au marché le dimanche matin, la première fois, afin d'acheter "la bouffe" car en y allant de bonne heure, elle avait le meilleur choix, ensuite restaient les rogatons !

La seconde tournée, elle achetait, : lessive, savonnettes, P.Q, et autres produits non périssables.

A peine rentrée elle préparait le repas dominical, elle cuisinait bien, je dirais même finement. Le dimanche, c'était soit un poulet, soit un joli rosbeef, parfois LA choucroute, et une fois l'an, mon père se collait aux fourneaux afin de préparer ... LA POLENTA !

Il allait lui même acheter la semoule de maïs, chez un épicier Italien, qui s'installait le dimanche sur un étal dans le marché couvert, il en profitait pour parler le Rital avec le mec, puis il se rendait chez le charcutier, achetait des chipolatas, afin d'accompagner SON plat !

Il foutait un bordel monstre dans la cuisine ! Ne lavait pas sa vaisselle bien sûr, usait de plus de casseroles, faitouts etc... Que nécessaire, ça faisait râler ma mère, mais bon comme ça n'était qu'une fois l'an, elle supportait !

On a longtemps mangé dans la cuisine, puis en grandissant la table est devenue trop petite, à cinq forcément. Alors nous avons mangé dans la salle à manger, et aussi (surtout) biscotte la téloche était arrivée, et mon père restait scotché devant la petite lucarne. Là j'avoue que c'était chiant la téloche en mangeant, aussi chez moi il n'y a jamais eu de télé au moment des repas, j'ai été vacciné au Claude Darget et au Georges Decaunes (le papa d'Antoine).

Mais avant l'arrivée de la téloche nous écoutions une émission à la radio, émission qui passait sur radio Luxembourg (avant qu'elle s'appelle R.T.L) elle s'intitulait : "le grenier de Montmartre", des chansonniers de l'époque venaient commenter l'actualité de la semaine, je me souviens de : Edmond Meunier, Jean Amadou, Pierre- Jean Vaillard, Jean Rigaux et ses onomatopées inimitables !

Ils n'y allaient pas avec le dos de la cuillère, j'étais très jeune (oui ça m'est arrivé) je ne comprenais pas tout, mes parents eux se marraient bien.

Ils ne se dégonflaient pas ces chansonniers,tenez un jour après l' inauguration d'un salon de l'horticulture, un chansonnier déclare : "Ah nos ministres étaient présents à cette inauguration", un autre chansonnier lui répond du tac au tac : "Et oui, les belles plantes ont besoin de fumier" ! Putain le scandale...

La table débarrassée, la vaisselle faite, ma mère nous remettait un peu de sous, de quoi payer la place de cinéma, vous voulez faire OH ? Vingt centimes d'euro environ ! Vous marrez pas c'était en gros le taux horaire d'un ouvrier !

Alors j'allais retrouver mes potes de quartier, Claude, Roland, Daniel, Michel, puis nous allions au Prado le "beau" cinéma de Drancy. Je rêvais déjà devant Maureen O'hara, Gina Lollobrigida, Cyd Charisse, Lana Turner, ou la belle Ava Gardner... Stars inaccessibles de mes vertes années.

(ch'tiot crobard Andiamo)