mercredi 12 octobre 2005
Le Solow des Danaïdes
Par Tant-Bourrin, mercredi 12 octobre 2005 à 02:22 :: La vraie vie
Le paradoxe de Solow, ça vous dit quelque chose ?
A l'instar de Fernand Raynaud qui n'était pas un imbécile puisqu'il était douanier, Robert Solow était loin d'être un imbécile, puisqu'il a reçu le prix Nobel d'économie en 1987. Enfin, pour être plus précis, je devrais dire plutôt qu'il a reçu le "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel", tant il est vrai que le petit père Nobel n'a jamais lui-même tenu l'économie pour une science digne d'un prix. Mais vous connaissez les économistes : des grands enfants un peu complexés par le fait que leur "science", sous un verbiage pompeux destiné à masquer la pauvreté du propos, tient plus de la discussion du café du commerce que de la théorie de la relativité, et qui ont besoin de se parer des plumes du paon en s'inventant leur prix rien qu'à eux.
Mais je m'égare. Robert Solow, donc, fit dans les années 80 cette étonnante constatation : le développement phénoménal de l'informatique ne se traduisait pas par une augmentation statistique de la productivité, contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre. En d'autres termes : "L'informatique se voit partout, sauf dans les statistiques".
Le paradoxe aurait semble-t-il été finalement mis à mal vers le milieu des années 90 aux Etats-Unis. Et si je dis "semble-t-il", c'est que je me méfie comme de la gale des statistiques macroéconomiques, qui mesurent de gros bousins et à qui certains s'escriment à faire dire la dive vérité. A ce propos, j'aime beaucoup cette citation, dont je ne connais malheureusement pas l'auteur : "à la fin du 20e siècle, les économistes étaient divisés entre les macroéconomistes, qui observaient ce qui ne pouvait pas être expliqué, et les microéconomistes, qui expliquaient ce qui ne pouvait pas être observé". De fait, le paradoxe de Solow est la parfaite illustration de cette incapacité des économistes à réconcilier une vision micro et une vision macro.
Mais je m'égare de nouveau. Le paradoxe de Solow, donc, semble encore être plus ou moins vérifié partout ailleurs dans le monde. Plus d'ordinateurs, mais pas plus de productivité pour autant. Pourquoi ? Comment dieu est-ce possible ?
Je n'ai bien évidemment pas la réponse (sinon je serais moi aussi prix Nobel d'économie), mais je peux, par le tout petit bout de la lorgnette, apporter mon humble contribution à la compréhension du phénomène, à l'aune de ma très modeste expérience professionnelle en matière de messagerie électronique.