Le premier amendement, celui qu'ils ont placé en premier, celui dont ils sont le plus fiers. Le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d'Amérique, ratifié en 1791 et toujours en vigueur, qui dit :

Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre

Arme extraordinairement belle et qui emmerde un paquet de monde, et que beaucoup essayent de contourner, aux Etats-Unis.

Dans les autres pays, point n'est besoin de la contourner, elle n'existe pas. En France en particulier, même notre Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, dont nous sommes si fiers, rajoute un hypocrite sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi à l'article sympathique et sous influence américaine Tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement

Grosse, énorme différence. En France, n'importe quel gouvernement issu d'une élection démocratique peut donc laminer la liberté d'expression, censurer, embastiller des opposants, il lui suffit d'avoir une majorité simple aux Chambres, qui lui votent n'importe quelle loi inique prévoyant le cas

Et personne ne se gêne.

On se souvient des lois "de protection de l'enfance", sous de Gaulle. Gentilles. Vous publiez ce que vous voulez, mais interdiction d'afficher dans les kiosques, nulle part. Cachées dans les arrières boutiques, les bédés géniales. Avec les revues pornos. Et ensuite l'obligation "de 50 % d'éditorial". Du texte, alors que le client voulait du dessin. Et puis des mesures de rétorsion fiscales, des amendes, des "arrangements" qu'on ne vous accorde pas, des tarifs postaux prohibitifs.

De la censure larvée, qui débouche sur de la vraie censure, si on a le mauvais goût d'insister.

Aujourd'hui c'est pire. La censure est imprégnée dans le papier même. Les empires de presse appartiennent aux marchands d'armes qui sont aussi, waw le hasard ! les potes à Sarko ! Le chômage menace, les journalistes sont le doigt sur la couture du pantalon, la peur de la crise, du coup de téléphone comminatoire, tout ça. Le consensus mou se liquéfie, comme les cervelles de ceux qui croient au "Lu dans les journaux" et au "Vu à la télé". Il nous reste la presse libre, sans pub. Elle est aussi bien sûr subjective, il faut garder son sens critique en la lisant, mais elle n'est pas aux ordres du Système.

Qui lui cherche des poux avec la récente Loi que Dati vient de nous démouler sous le nez. Elle sent mauvais, sa "protection des sources des journalistes, sauf exceptions".

Un monde sans censure, avec une réelle liberté de s'exprimer, pour tous, bien sûr, avec possibilité de répondre si on est attaqué, par exemple, il me semblait que tout le monde en rêvait, de ce pays béni où on pourrait enfin ouvrir sa gueule, sans se faire assassiner comme en Russie ou rééduquer, comme en Chine, quoi ?

Ben non : ya toujours des pas contents, c'est décidément difficile de faire l'unanimité. Ya des procéduriers, ils sont sûrs de détenir la vérité, alors ils militent pour que ça devienne la Pensée Unique. Allez zou, en prison ou une amende, ceux qui ne pensent pas bien !

Le racisme, par exemple. Bon c'est caca, tout le monde est d'accord. Mais le problème est complexe, avec de fortes racines. Est-ce en condamnant les racistes à payer des dommages et intérêts à SOS Racisme que l'on va solutionner le problème ?

Regardez les américains et leur premier amendement. Ils viennent d'élire un noir comme Président. Combien de siècles il va nous falloir attendre pour un tel résultat, avec notre arsenal juridique répressif ? Les Etats-Unis en possèdent un également, et méchant, même, mais ils ne condamnent que les actes racistes, et non les mots ou les opinions. Par contre un assassinat raciste sera plus fortement condamné qu'un simple crime crapuleux. Et ils ont leur discrimination positive.

À l'époque opaque où la religion avait encore son pouvoir de nuisance, vous osiez affirmer, tout fier, que la terre était ronde, on vous adressait à l'Inquisition, qui vous confiait à 4 meilleurs amis de l'homme qui vous tiraient un peu sur les tendons. Aujourd'hui, si quelqu'un vous affirme que la Terre est plate (authentique, ça m'est arrivé), vous levez les yeux au ciel en souriant. À quoi sert de se battre, de s'énerver ? D'attaquer en justice ? Pour en faire des héros, des martyrs de la pensée libre ?

Les Faurisson, les Roques, ces révisionnistes obtus qui mènent leurs combats d'arrière-garde ? Ils se prétendent historiens, laissons la Faculté s'occuper de leur cas, leurs élèves les ridiculiser, ou renvoyons leur des arguments scientifiques, mais que les médias arrêtent de leur faire de la publicité en relayant le moindre de leurs déplacement. Aux Etats-Unis, il n'y a pas de lois mémorielles à la Gayssot-Fabius-Taubira et pourtant, c'est un pays considéré par la Diaspora unanime comme le plus sécurisé et dont la politique a toujours été pro-Israël.

Ce n'est pas en entassant lois sur lois et en judiciarisant la pensée que l'on ira vers l'évolution. Il faut par contre être ferme et condamner les faits réels, les harcèlements, les violences, la justice auto-rendue. Notre liberté s'arrête où commence celle des autres.

Le premier amendement, c'est la leçon que nous avions à apprendre des Pères fondateurs. Lafayette n'aura pas réussi à nous le ramener. C'est bien triste et c'est un anti-américain primaire qui vous le dit !