Nulle verge
Par Saoul-Fifre, dimanche 10 juin 2012 à 00:01 :: Saint Thèse, priez pour nous :: #1518 :: rss
Ce contrepet sur son nom peut avoir un sens si l'on se rappelle que sa cousine Caroline a refusé de l'épouser, elle dont il était amoureux depuis leur plus jeune âge. L'aurait-elle essayé, et en fut-elle déçue ?
Et pendant que j'y pense, Tant-Bourrin ne l'aurait-il pas déjà utilisée, cette contrepèterie si évidente, dans ses "Brouillons de culture" ? Vérifions. Et merde ! Bien sûr : et dès le premier, je l'aurais parié ! Mais pourquoi faut-il que je me fasse doubler systématiquement par cet Anquetil de l'intellect et que je me retrouve systématiquement dans la position du suceur de roue, éternel "ce con", genre "la poule, y dort"... Tiens qu'est-ce qu'elle devient, celle-ci, d'abord ? (Je me bofise à une vitesse, moi ? Ça fait peur ...)
Bon je ne m'appesantirai pas sur l'organe sexuel de Jules Verne ni ne relèverai plus avant l'absence d'intérêt à en évoquer la pertinence comme biais pour aborder son génie littéraire.
On peut gloser sans fin sur ses influences : Wyss et son Robinson suisse, Daniel Defoe, Fenimore Cooper, Edgar Poe, Victor Hugo... mais force est de reconnaitre qu'il a su se créer son propre créneau, inclassable, irréductible à un domaine étroit mais toujours habité par un souffle épique inégalé et un sens du suspense de quasi-thriller. Si influences il y a, elles sont clairement assumées. Mathias Sandorf, dédié à Alexandre Dumas père, est à peu de choses près une déclinaison-hommage au "Comte de Monte-Christo". "Le sphinx des glaces" est tout simplement la suite des "Aventures d'Arthur Gordon Pym", de Poe.
Un mythe à qui il convient de tordre le cou sans plus attendre est celui qui affirme que seul son frère Paul, officier de marine, aurait voyagé et rapporté à son frangin toutes "ses" idées. Non, Jules n'est pas resté le cul collé sur une bite du port de Nantes. Il a même pas mal baroudé dans le monde entier, mais ce qu'il aimait par dessus tout, c'était les voiliers, et il en eut trois avec lesquels il cabota en France et en Europe du Nord.
Par contre, c'était un gros bosseur qui nous a pondu 62 romans, 18 nouvelles, des poèmes et de nombreuses pièces de théâtre, son premier domaine d'activité. Cancre scolaire, il déçoit son père qui aurait bien vu son ainé reprendre la charge d'avoué paternelle, ça se faisait en ce temps-là. Enfant critiqué, moqué, une vie entière à courir après la gloire (on ne compte plus ses demandes recalées pour rentrer à l'Académie) ne lui suffira pas pour se sentir "justifié", autorisé dans son choix de vie. Il sacrifiera sa vie de couple et l'éducation de son fils unique Michel à cette ambition littéraire dévorante.
Le résultat, et la seule chose importante, finalement, sera cette œuvre immense qui part dans tous les sens et où il y a très peu de déchets. Je n'ai pas lu tous ses 62 romans, comme je l'ai un peu imprudemment écrit dans ce billet mais une très grosse partie. C'est qu'il faut les trouver !
Son fond de commerce principal était cet espèce de balbutiement de science-fiction. Il y excellait, accumulait de la doc technique, se tenait au courant des dernières découvertes en réactivant ses réseaux d'informateurs. Ses héros sont ingénieurs, professeurs, journalistes, scientifiques. Son XIXième siècle est celui de la raison, de la confiance dans le progrès. La science va aplanir toutes les difficultés, apporter le bonheur. L'énergie inépuisable du futur, gratuite et propre, ce sera l'électricité, produite autour de l'hydrogène et de l'oxygène. Les classes sociales ne sont pas un problème pour Jules Verne : les citoyens sont solidaires et égaux, quelque soit leur niveau de formation ou leurs origines. Verne est un anti-esclavagiste convaincu, politiquement, il était rad-soc. Elu de sa ville d'Amiens, il y a construit un cirque dans le but de sédentariser des gens du voyage, ce qui était assez couillu pour l'époque.
On ne peut pas dire qu'il ait vraiment fait œuvre de prophète. Il a simplement fait des gammes et imaginé des applications à partir d'inventions juste nées. Par contre, ses romans sont admirablement construits, passionnants, dépaysants au possible. L'avenir est ouvert, le positivisme lumineux de Verne fracture des portes fermées jusqu'alors. Il parait que vers la fin de sa vie, son œuvre se fit plus noire et que son éditeur Hetzel s'arrachait les cheveux et devait le caviarder sévère.
Perso, je n'aime jamais autant Verne que lorsqu'il délaisse sa SF pour faire des incursions dans le lyrique, dans l'humain, le sentiment. Michel Strogoff, Un capitaine de quinze ans, Les tribulations d'un chinois en chine, Deux ans de vacances, Le château des Carpathes...
Même si je garde une fidèle tendresse pour "Vingt-mille lieues sous les mers", le premier Verne que j'ai lu, au primaire, et pour sa suite, bien sûr, "L'île mystérieuse", ma robinsonnade préférée, et de loin !
Commentaires
1. Le dimanche 10 juin 2012 à 09:59, par Tatooa
2. Le dimanche 10 juin 2012 à 10:34, par Andiamo
3. Le dimanche 10 juin 2012 à 17:28, par Tant-Bourrin
4. Le lundi 11 juin 2012 à 09:34, par Saoul-Fifre
5. Le lundi 11 juin 2012 à 10:42, par Martine
6. Le lundi 11 juin 2012 à 17:03, par Pascal
7. Le lundi 11 juin 2012 à 20:38, par Saoul-Fifre
8. Le lundi 11 juin 2012 à 23:16, par Blutch
9. Le lundi 11 juin 2012 à 23:48, par Oncle Dan
10. Le mardi 12 juin 2012 à 07:57, par Olivier de Vaux
11. Le mardi 12 juin 2012 à 08:50, par Saoul-Fifre
12. Le mardi 12 juin 2012 à 12:58, par scoutstoujours
13. Le samedi 16 juin 2012 à 08:41, par gdblog
14. Le samedi 16 juin 2012 à 11:25, par Saoul-Fifre
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