Concernant la saga-linacée, nous en étions je crois, restés aux renards qui étaient venus faire leurs courses à Auxchamps, c'est à dire dans notre poulailler. La marque Super U étant réservée à l'élite des consommateurs , une frange de la population aux goûts luxueux, que nous ne côtoyons ni vous ni moi, ni de près ni de loin. Bon, ce genre de razzia est dans l'ordre des choses. Elle me choque moins que la fois où des chiens errants avaient fait un bien plus sale travail. Pour le plaisir, comme chante l'autre. Le renard, lui, c'est un pro. Il chasse pour se nourrir : il saigne bien comme elles disent les Ecritures, hallal / kasher, la vérité mon frère, il fait les allers-retours, la livraison à domicile, le stockage, et 10 % pour les fourmis. Moi je respecte. Comme disent les légionnaires pour justifier les voleurs : "Le plus coupable, c'est celui qui laisse traîner son portefeuille !". Ce qui, en l'espèce, était le cas. Le renard est un adversaire coriace et digne d'admiration. Il convient d'anticiper sa défense, et de prendre ses dispositions. Le vieux proverbe pèquenot

"Le Renault fait du bon boulot,
Le renard boulotte les canards..."

est là pour nous y faire songer. Enfin, le passé est derrière nous, à nous botter le cul, et nous n'allons donc pas tarder à nous prendre l'avenir en pleine tronche ! Le renard, ça doit être un croisement entre un collecteur d'impôt et un huissier. Ça laisse toujours un peu de semence pour qu'à leur prochaine visite, ils trouvent encore de quoi gratter. Il me reste donc 12 poules et 2 coqs.

Un gros coq blanc, qui m'a fait le grand plaisir de revenir intact, car je l'avais sélectionné pour son courage et son intelligence...

... et puis un petit rastègue, multicolore à tendance rouge, comme sont souvent les coqs.

Le blanc fait 2 fois le rouge, et celui-ci n'est pas à la fête. En principe, il s'installe un statu-quo : 12 gallines pour 2 gaus, entre gens de bonne compagnie, un arrangement doit être possible ? Non, c'est la guerre. C'est tout pour moi, et rien pour toi. D'abord je t'aime pas. Tu me débectes. Dès que tu rentres dans mon champ de vision, j'ai envie de changer de chaîne. Je veux pas te voir tourner autour des poules, est-ce que tu peux te fourrer ça dans ton crâne de piaf ? Ce sont MES poules. Ou alors, oui, j'ai un CPE à te proposer : eunuque de mon harem ! Chapon. Ça te branche ?

Enfin, bon, vous voyez : ambiance bien glauque, pas fraternelle pour un sou. Impossible de convaincre le petit de rentrer au poulailler pour faire dodo avec les autres. J'y suis arrivé une fois, par surprise, l'autre a dû lui faire subir les pires outrages pendant toute la nuit, et maintenant, bon, le petit hésite, on peut comprendre... Il préfère dormir dans son cyprès. Ce soir, il pleut, ben, il se mouille, perché sur sa branche. Il est bien. Trempé, frigorifié, mais tout seul. Tout sauf dormir dans la même chambre que l'autre macho, là...

Le matin, la corrida commence tôt. Le petit s'énuclée en zyeutant les petites, langue bavante et tombante, et le gros lui fonce dessus dès qu'il se rapproche des polygame-girls.
D'abord, t'es privé de repas. Si je te vois picorer un grain, t'es mort. Et si tu fais le joli-cœur avec une de mes chéries avec leurs trucs en plumes, tu meurs avec tortures raffinées. Et si tu te tiens à carreaux, je te crève aussi. T'es mort dans tous les cas. Je te l'ai dit : je t'aime pas.

Le petit est quand même supérieur sur un point : il court très vite. Elle est pas bien faite, la Nature ? D'un autre côté, s'il n'était pas champion de sprint, il serait pas devenu Héros de blog. J'aurais jamais osé décrire les sévices sadiques que lui aurait infligés l'autre gros jaloux. Finalement, le petit reste loin, pas provocateur, il a compris son intérêt. Et si une poulette s'écarte du lot, hop, une petite parade nuptiale juste esquissée, symbolique en diable, et hop, hop, on joue au scout, c'est moi que je fais le sac à dos !

Et il y en a de plus en plus et de plus en plus souvent, qui "se promènent" distraitement, qui s'émancipent et qui viennent lui rendre de petites visites. Ça les change. Un petit parfum inodoré d'adultère. Une chanson différente. Faut dire que le gros blanc, il est hyper psycho-rigide. Il est sérieux qu'il en peut plus. Il se prend pour un chien de berger. Ses poules, il les fait mettre en rond, il les engueule quand elles se dispersent, il les appelle, va les chercher, les ramène vers le groupe. Si il trouve quelque chose de bon, il est tout surexcité, il leur fait un sketch à la De Funès jusqu'à ce qu'il les ait toutes autour. Et je suis sûr qu'il les compte.

Mais si jamais il trouve une fautive en pleine action avec son ennemi héréditaire, ça chie dans la soufflerie ! Il crie comme si on l'égorgeait, il piétine le sol, il tourne sur lui-même en battant des ailes, en fait il imite et il mime ce qu'il aurait voulu faire à son cauchemar vivant, son obsession de tous les instants, le malheur descendu sur sa vie... Cocu ! Cocu ? Il m'a fait cocu moi ? s'égosille-t-il... Si je l'attrape, Ô pute vierge, je n'arriverai pas à me maîtriser !

Ho, le blanc, arrête ton cinéma et regarde par là-bas ? Il est encore en train de t'en grimper une !

Et ça a l'air de leur plaire q:-D) !!