mardi 21 février 2006
La très aventureuse vie du Chevalier de Tant-Bourrin et de son écuyer Saoul-Fifre (Chapitre VII)
Par Tant-Bourrin, mardi 21 février 2006 à 01:11 :: Chroniques médiévales
(lecture préalable des chapitres I, II, III, IV, V et VI conseillée - Test de connaissances optionnel)
Où il est question d'amour courtois
XIIIème siècle après Jésus-Christ - Quelque part dans le Royaume de France
L'étrange cortège cheminait sur la route qui se volutait en poussière.
A sa tête, chevauchait le Chevalier Hippobert Canasson de Tant-Bourrin, arborant les anneaux clinqueballants de son armure déstructurée et désarticulée. A quelques coudées derrière lui bourriquait miteusement Saoul-Fifre son écuyer, arborant une épaisse nuée de mouches.
Le Chevalier semblait quelque peu soucieux. Son regard était comme perdu dans le vague, absent. Il chevauchait son blanc destrier, mais c'était le blanc destrier qui menait la course : le Chevalier paraissait ruminer quelque triste langueur.
- Oh, Messyre, regardesz doncques ! N'estoit-ce poinct là-bas un malandrin quy venoit de marauder une poularde ? s'exclama soudainement Saoul-Fifre qui, pour une fois (et la chose était suffisamment rare pour être signalée), ne s'était pas assoupi en cuvant son vin sur le dos de sa bourrique miteuse.
- Un malandrin, disois-tu ?... Bah, grand bien luy fassoit. J'estois las de trucider les malandrins...
Saoul-Fifre fut estomaqué par la réponse de son Maître. Lui qui n'avait jamais besoin d'être poussé pour aller passer par le fil de son épée tout ce qui pouvait être assimilé aux forces du Mal, voilà qu'il faisait la fine bouche devant un maraudeur.