À un moment de notre correspondance, Tant-Bourrin s'est mis à délirer, il se prenait pour Victor Hugo, et il m'écrivait en alexandrins. Ha la la, cette époque est bien révolue, l'alexandrin n'a plus sa préférence, et les chansons qu'il pond sur mon personnage, , et n'ajoutent vraiment rien à ma gloire. Comme ça m'étonnerait beaucoup qu'il accepte volontairement d'exhumer cet épisode épistolaire, je me dévoue, et puis, dame, voilà un billet drôlissime à peu de frais :

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Mais je trouve que tu manques de chaleur sur ce coup . Si quoi que ce soit te chiffonne dans ce projet de colis, dis le moi franchement et je remets mes CDs dans ma culotte, hein q:^) ?

Tu me crois réservé, mais rien ne me chiffonne.
Et pour te le prouver, vois donc : j'écris en vers !
Dussé-je le crier au creux d'un mégaphone,
Dussé-je le hurler en large et en travers,

Je désire ardemment recevoir ce CD,
Je n'en dors plus la nuit et le jour je sanglote.
J'étais insouciant, me voilà obsédé,
Avec deux grosses boules tout au fond de la glotte.

C'est vrai, sur l'enthousiasme, j'ai un peu lésiné,
J'ai usé de litote, hélas, je bats ma coulpe.
Et pour le coup, merdoum, je suis enquiquiné :
Pas de rime à ma "coulpe" si ce n'est le mot "poulpe".

En retour , je veux entendre de chez moi tes hurlements de détresse à l'idée de risquer de ne pas recevoir un exemplaire, gniark gniark

Je crie, je tonitrue, je larmoie, je mugis,
Je tempête et pleurniche, je regrette et fulmine,
Je brame, je beugle, je hurle, je rugis
Bien plus fort qu'un duo de Lara et Céline.

Cela suffira-t-il à calmer ta rancoeur ?
Je l'espère ardemment dans mon àme tremblante,
Ou je n'aurai plus qu'à me déchirer le coeur
Et subir des remords la douleur accablante.

Vous nous esquissez là les contours de l'âme auvergnate de Gaspard des montagnes avec un doigté d'une sensibilité rare , laissez-moi vous le dire , mon cher Tant-Bourrin...

Concernant le doigté, il est bien préférable
Qu'il soit autour de l'âme plutôt qu'au trou du cul
Sous peine de souffrir tout au bas de son rable.
Désolé, c'est grossier, j'en suis bien convaincu.

Ta Charade à tiroirs était de toute beauté ! Du bon boulot . Bien sûr, je ne risquais pas de trouver la solution tout seul :-D !

A deux pour réfléchir, toi-même et ton miroir,
Vous êtes restés secs, "mon tout" inaccessible.
C'est la définition de "charade à tiroirs" :
En trouver solution est mission impossible.

Tous mes vers mirlitonnent, et c'est la catastrophe.
J'en frissonne d'horreur jusqu'au bout du phallus.
Il faut cesser les frais : cette dernière strophe
Met fin à mon message, et je te dis "à plus !"

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Un joli coup au coeur de deux cents kilowatts :
Revenant épuisé, après un dur labeur,
Je trouvai deux CD déposés dans ma boîte.
Sacrebleu : Font et Val ! Il m'en vient des vapeurs !

Je suis vraiment comblé, tu me gâtes-pourris :
Ta bonté est pour sûr ton plus bel étendard.
Que ton nom soit béni, et que mille houris
Soient là au paradis pour te pomper le dard !

J'ai écouté sitôt ces délicieux ouvrages,
Ces perles d'un passé qui revient en rafale,
Et sans subir des ans l'irréparable outrage
Ils ont su chatouiller mon petit encéphale.

La vie est ainsi faite de ces coïncidences :
J'avais le doux projet, profitant du week-end,
De graver pour tézigue une compil si dense
Qu'elle pèsera plus lourd qu'un gros bloc de pechblende.