Au moins aussi énervé que Pascal , je n'ai eu cependant aucun mal à trouver mon titre.

Pascal est un garçon plein de sensibilité, à la culture multiforme, avec un goût avéré pour les constructions intellectuelles, les logiques imparables. C'est un touche-à-tout passionnant. Il a longtemps été en pole position dans notre blogroll, mais comme nous n'aimons pas les longues listes obèses, et que son blog tourne rond et n'a nul besoin de notre publicité, son lien a sauté au bénéfice de nouvelles découvertes.

S’il y a bien une chose dont je suis certain, c’est que nous sommes le fruit le plus souvent involontaire d’un plaisir éphémère, que nous vivons par le hasard de quelques réactions chimiques, et qu’un jour ça s’arrête. C’est de la bête mécanique. Une sombre histoire d’interactions aléatoires entre des nuages électroniques d’atomes. Point final.

Je suis entièrement d'accord avec Pascal. Point final, oui ! Mais Pascal ne s'arrête pas là, il s'énerve contre la machine de la Vie, il la juge, il la conchie, il nous fait partager sa haine (ou sa peur ?) de la Nature.

C'est totalement injuste et insensé

Lui, le scientifique rationnel (Le problème est que la logique reste tout de même la seule chose qui s'est avérée opérationnelle pour comprendre le monde jusqu'à présent, et ce dans absolument tous les autres domaines), il s'insurge contre l'arbitraire, le hasard des lois naturelles, ce sont elles, hou les vilaines, qui font mourir Fred Chichin dans la souffrance à 53 ans et Papon paisiblement à 96 ans !

Dans les commentaires, il est tout à fait d'accord avec Artef@ct qui stigmatise la tyrannie de la Nature et la loi de la jungle inégalitaire...

Mon dieu, que d'agressivité envers cette pauvre Nature qui ne leur a rien fait ! Enfin, j'en sais rien ? Quand on était mômes, on disait : "Toi, t'as pas été gâté par la Nature !". Une explication à ce qui ressemble bien à de la rancune est peut-être à chercher de ce côté ?

Il est aussi marrant que le billet tourne vite à une engueulo contre un mec appelé "Dieu", alors que Pascal, comme moi, n'envisage pas la possibilité de ne serait-ce que l'hypothèse de son existence ? Alors pourquoi cette colère tonnant dans le vide, ces brillantes démonstrations appliquées au moulinage de l'air ? Il y a belle lurette que j'ai rangé le divin barbu dans le tiroir des vieilles lunes ridicules, et je n'éprouve du coup bien sûr plus le besoin de lui reprocher quoi que ce soit. Tout en respectant infiniment les individus et leurs croyances, sauf quand elles viennent grignoter ma propre liberté.

Pendant des milliards d'années. La Nature a fait tourner la Terre, tant bien que mal. Elle y a fait éclore la Vie, elle s'est adaptée, en faisant disparaître des lignées complète de nuls, des espèces entières qui n'avaient rien à foutre à cet instant et à cet endroit. Hypothèse exemplaire et probable : un gros astéroïde percute la terre de façon à ce que l'axe des pôles bascule. Les grands sauriens se retrouvent dans les glaces ou dans le désert sans rien à croûter. Dans la famille dinosaure, je voudrais le père ? Il n'est plus là. La mère ? Non plus. En fait il n'y en a plus un seul. Dommage.

J'emploie des mots comme "dommage" "bien" "mal" "nuls", mais l'Homme et son orgueil de prédicateur de sauvages, de dompteur de fauves, qui veut la Nature à sa botte, qui veut l'exploiter, la racler jusqu'à l'os, au nom de sa Civilisation adorant le Veau d'Or, n'est pas encore apparu. L'espèce humaine, c'est une virgule de merde sur le carrelage immaculé de l'Univers éternel. Et à la vitesse supersonique où il a réussi à polluer la Terre, à modifier son climat, à inventer des armes capables de la détruire entièrement plusieurs fois, je dirais pour faire ma Cassandre que l'Homme est vraiment une minuscule virgule merdique et qu'un bon coup d'éponge de Dame Nature ne va pas tarder à l'effacer, lui et son Etat de Culture, s'il ne se ressaisit pas et n'apprend pas, justement, à respecter un peu plus la Nature, à la connaître et à découvrir sa force de proposition.

Est-ce que la Nature va réussir à s'affranchir de la tyrannie de l'Homme ? Voici la question à poser, et non l'inverse ! Les abeilles sont en train de crever, comme sont morts les papillons multicolores de mon enfance, assassinés par les poisons des traitements. Le coupable, ce n'est pas le Colonel Nature, dans la bibliothèque, avec un couteau ! C'est bien cet Homme civilisé, cultivé, désireux de créer les conditions d’un plus grand bien-être matériel ou intellectuel. Cinq beaux fruits par jour, sans taches disgracieuses ni piqûres d'insectes, comme les exigent parait-il les consommateurs. Mais si les abeilles disparaissent, plus de pollinisation des fleurs, plus de fruits.

Descendez au tombeau tous les musiciens géniaux que vous voulez, mais rendez-nous les abeilles. Préférez les produits bios, impitoyablement non-traités.

Et arrêtez de critiquer la Grande Zoé, spirale de la Vie qui est là de toute éternité et qui perdurera itou, sans nous, sans faire la morale à personne, sans nous prendre la tête avec du sens et sans promulguer de lois. Elle plane impassible au dessus de nos égoïsmes nombrilistes, de nos mesquines trouilles à l'idée d'être incorporés sans sommations au Grand Cycle.

Les vers raffolent des gens indispensables.

C'est le dessert du lombric.