Je vous ai présenté naguère Gilles et ce qui est l’emblème du Pays de Vaud, la Venoge, ici.

C’est maintenant au tour du Seyon, la force motrice de toute une vallée du canton de Neuchâtel. Rivière au nom masculin car elle se conduit comme un torrent.



Petit cours d’eau sympathique d’ordinaire, il est capable de décupler de débit en un rien de temps au gré d’une averse un peu prononcée dans le Val de Ruz. Il devient alors conquérant et destructeur. Envahisseur des jardins qui le bordent, partant à l’assaut des caves des maisons du bourg. Il s’est même fait Terminator par un mauvais jour de 1579 où une crue sévère provoqua un barrage et une retenue d’eau en haut des Gorges qui traversent une cluse avant de déboucher sur les coteaux de Neuchâtel.
La pression de l’eau fit céder ce barrage improvisé qui ne devait rien à l’habileté des castors et une vague énorme dévala les Gorges, emportant nombre d’arbres avec elle, détruisant au passage les moulins construits pour utiliser sa puissance, détruisant aussi les ponts qui reliaient les deux parties de la ville et tuant les citadins qui n’avaient pas eu le temps de se sauver. Dans la ville, la vague atteignait le premier étage des maisons. (http://www.photos-neuch.net/Textes/inondation.pdf)

Sur son parcours, au débotté des Gorges et avant d’entrer dans la Neuchâtel historique, le Seyon passe par le Gor* de Vauseyon**. Une dépression du terrain qui en a fait une oasis de verdure, insalubre alors pour quiconque n’avait pas un besoin impérieux d’être en ce lieu.


* Un Gor est une retenue d’eau avant un moulin.
** Vauseyon (ou Vaulx Seyon en vieux français) c’est la vallée du Seyon.

Ce site a eu une vie très laborieuse depuis le Moyen Âge. Au début de l’usage de l’eau comme force mécanique, il a été équipé de plusieurs roues et moulins.
Le plus spectaculaire d’entre eux et seul survivant (au moins pour sa partie basse) est le moulin « de Chambrier, à droite sur la photo, avant la destruction en 1936 de ses parties hors sol. En arrière-plan, la Maison du Prussien.



La partie basse du moulin Chambrier, qui fut construit en 1614 dans la tranchée aux parois verticales.



En 1985, le lieu est racheté par un couple qui réhabilite la maison principale, dite Maison du Prussien et finance les recherches historiques sur l’ensemble du site, remettant à jour les vestiges des maisons détruites.

Des roues sont remises en place dans ce lieu sauvage, très loin de l’agitation de la ville.

L’actuelle roue du moulin chambrier :



... et son amenée d'eau. En arrière-plan, une roue à palettes posée sur le bief, donc sans chute d'eau.



A ce jour, il reste du moulin sa partie basse et la voute qui enjambe la gorge. Sur cette voute, les paliers des mécanismes du moulin n'attendent que de nouveaux engrenages...



Quelques vues du site qui, sur environ 300 mètres de longueur nous offre un sous-bois bucolique parsemé de roues à eau et de vestiges de l'ère pré-industrielle.

Le Seyon a été exploité à chacune de ses nombreuses chutes ou dénivellations importantes. Entre le moulin de Bayerel construit dans le haut Val de Ruz sur le premier saut du Seyon et le quartier de l'Ecluse à l'entrée de la Neuchâtel historique, il y avait 22 moulins sur son parcours. Il ne reste à ce jour que le moulin Bayerel et les vestiges du moulin Chambrier.





Il n’en demeure pas moins un lieu de calme et de détente, avec un resto plutôt bien coté.



La terrasse du resto...



... et le mur d'escalade qui la sépare de la civilisation.



Ce lieu, autrefois sauvage, est maintenant quelque peu cerné par la civilisation. Vu du ciel grâce à Gogol :



Blutch