Notre premier cabri de la saison est né aujourd'hui. Enfin, celui de Djali. Et de Djédaï, le pauvre. J'allais l'oublier, alors qu'il y est un peu pour quelque chose , non ? Ça c'est super bien passé, à l'ancienne, à la maison, avec juste l'antenne mobile de la clinique vétérinaire dans la cour, en cas de pépin.

Là, je rigole, mais pour notre premier fils, on rigolait pas. Déjà le premier, comme on dit, ben c'est le premier, et on peut pas savoir ce que c'est à l'avance. Quand on perd son pucelage, c'est aussi une première fois, mais on a un a priori positif. La littérature emploie des vocables valorisants pour parler de ces choses. Mais la mise bas ? Enfin : l'accouchement, 'scusez, déformation professionnelle, habitude, tout ça... ? C'est inquiétant, c'est médicalisé, ya quand même un paquet de conards qui ne pensent qu'à vous faire flipper, ils ont même fait de hautes études dans ce but ! Je me suis farci toutes les visites aux gynécos avec Margotte, et toutes les séances de gym pré-natale, et on ne vous parle que de prudence, de risques, de maladies génétiques, de décollement du placenta... Bonjour l'angoisse ! Bon, nous on s'est pas mal débrouillés, puisque notre premier cabri est arrivé avec un mois d'avance. Un mois d'angoisses économisées. Et puis aussi comme il faisait que 2 kgs, il a dû passer plus facilement. Et puis on leur fait passer des tests à la naissance, aux bébés, et lui il avait tout bon. Ça c'est dans la colonne des +. Mais dans la colonne des - , aillaillaille ! Ce bargeot de chef pédiatre, il nous a confisqué notre bébé, la chair de notre chair C8=(( ! Margotte voulait l'allaiter mais n'avait pas le droit car il était dans un centre de prématurés ou nul n'avait le droit d'entrer sauf le personnel. J'ai dit chez Byalpel que je n'aimais pas faire d'esclandres. Ben là, quand on a compris que le dialogue était impossible, j'en ai fait un d'esclandre ! J'ai d'abord fait le tour des services de pédiatrie de la région pour leur expliquer le topo, et j'en ai trouvé un pas loin de chez nous qui comprenait notre position. Youpi, j'ai commandé une ambulance, on a signé une décharge, et hop, le fifils il a changé de crèche. Là où on était, c'était Margotte qui s'en occupait, lui donnait le sein, et le remettait dans sa couveuse, en attendant qu'il grossisse. Ce qu'il a fait. Genre De Gaulle, qui était lui aussi prématuré. Mais vraiment mauvais souvenir, ces médicastres, petits tyrans au pouvoir absolu dans leur établissement et qui font main basse sur votre enfant. Je n'ai pas pété les plombs ce jour-là, je ne craquerai jamais.

Nos enfants, ce sont aussi nos actes, nos créations, ce blog, par exemple, que nous avons mis au monde avec Tant-Bourrin. Le cabri de l'amitié. Qui va sur ses un an, ma foi. Si c'est un enfant, c'est encore un bébé, mais pour un blog, au rythme où ils lèvent le museau puis replongent dans leur trou, ça sent la bouteille au goulot de laquelle on a déjà beaucoup tété. Nous avions un programme ! Il se trouve que je l'ai rédigé, mais nous nous connaissions si bien que j'étais assuré que ce serait un Programme Commun À la relecture, je trouve que, contrairement à nos amibes politiques, nous avons tenu nos promesses. Si nous aimons bien avancer "les deux pieds, les deux mains dans la merde", provoquer, nous vautrer dans des approximations vaseuses, nous ne souhaitions pas non plus nous enfermer dans un espace de gaieté obligatoire à la Walt Disney. La vraie vie est restée présente, sous-jacente avec ses larmes, ses peurs, ses colères. Et ses surprises : la proclamation mi-solennelle, mi-plaisantine de Patrice Deramaix se réalise ! Il existe à l'heure actuelle un site BLOG-BORYGMES, un BLOG-BORBORYGMES, et trois BLOGBORYGMES ! Une vraie famille, et ça en fait des gargouillis... Au delà de la famille qui nous réunit par le nom, que l'on n'a pas choisie, il y a la famille élargie, celle que l'on a été grapiller sur le net, et avec qui nous nous sentons en affinité. Chutney est à l'intersection des 2 ensembles. Mais que de talents, que de rires, d'émotion ! Que de richesse, de différences mises en scène ! La blogosphère ne me semble pas avoir de spécificités particulières. Elle est à l'image du monde extérieur. Elle a l'interactivité de la vraie vie, avec un peu de formalisme (la chose écrite, finie), un sentiment de liberté (pour ceux qui ont choisi le mur de l'anonymat), mais les relations nouées dans ce cadre laissent dans les cœurs un rien d'incomplétude. Il y manque le regard, la voix, le sourire. Le smiley rame sec, sans arriver à exprimer la finesse.

Il y manque de la chair.