M a 9 ans quand elle s’allonge sur mon lit pour me dire d’un air accablé :" C’est de ma faute si tu es devenue une maman ...". Etonnée de cette façon de voir, je lui détaillai la joie qu’avait suscitée sa naissance et non l’horreur qu’elle supposait. M est comme ça. La vie représente pour elle une perpétuelle catastrophe, une série d’obligations. Pourtant son rire particulier résonne souvent.

J’en vins à mon appréhension des choses. A fleur de peau. Au premier signe de grosse fatigue, ou quand la vie me laisse le loisir de réfléchir, j’ai mal de tout. Il me manque toujours du temps pour ceux que j’aime, pour ce que j’aime. Les bons moments me blessent aussi car je les sais uniques. Ils me plaisent autant qu’ils me blessent. Les mauvais laissent moins de trace. Censure efficace.

Je dis à M : « Je n'ai jamais regretté ton atterrissage. Mais que cela ne t'empêche pas de ranger ta chambre.... ».