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mercredi 29 février 2012

Scout toujoursLe scandale du siècle

J'espère que ce billet n'attirera pas d'ennuis à votre blog, car les révélations qu'il contient sont de nature à déranger pas mal de monde. Cependant, lorsque l'on voit et qu'on entend certaines choses, il est impossible de ne pas en parler.

J'ai rencontré B... il y a une dizaine d'années, il avait à peu près mon âge et travaillait à St Laurent en Guyane. Il était remarquablement cultivé, c'était un passionné d'Histoire lui aussi, et nous avons tout de suite sympathisé. Il savait tout sur la guerre des Gaules et était capable de me décrire à quelques kilomètres près par quel chemin et dans quels villages les armées romaines étaient passées, et où avaient eu lieu les affrontements. La conversation était passionnante et dura une soirée entière. Il me parla de sa famille. Pendant l'occupation, son père avait été maire d'un village dont je ne citerai pas le nom, près de Vichy, et avait conservé son mandat jusqu'à à sa mort dans les années 80. Le médecin avait conclu à un arrêt cardiaque, mais plus tard il avait fini par l'avouer à B..., les vomissements qui avaient suivi son dernier repas qu'il avait pris avec des inconnus, lui avaient fait suspecter un empoisonnement. Peu avant sa mort, le vieux maire avait fait part à sa famille des révélations qu'il comptait faire aux médias, concernant la conduite de François Mitterrand pendant l'occupation.

Voulant en savoir plus, j'interrogeai B... qui m'avoua que l'affaire était très grave puisque sont père détenait des preuves écrites de la participation de Mitterrand à la déportation et à la mort de nombreuses personnes. Je n'ignorais rien du passé Vichyssois de l'ancien président, et me remémorai les phrases accusatrices d'Elkabach, lui reprochant d'avoir travaillé dans une administration où l'on fichait les juifs, et du silence gêné de son interlocuteur face à ces accusations. Mitterrand avait travaillé au commissariat général aux prisonniers. S'il avait été décoré de la Francisque, c'est bien qu'il y avait effectué son travail avec zèle, mais de là à faire déporter des gens, l'affaire était énorme. Je savais que Mitterrand n'avait pas abandonné ses méthodes cagoulardes, beaucoup de gens mouillés dans ses "affaires" avaient disparu de façon très suspecte, et leurs bureaux avaient été "nettoyés"peu après, j'avais d'ailleurs vu là dessus des dossiers qui étaient édifiants.

Ici aussi, les bureaux de la mairie où avait travaillé le père de B... furent cambriolés juste après sa mort. Voulant en savoir plus, son fils avait interrogé tous les collaborateurs de son père, mais en vain. L'Omerta régnait dans les bureaux. Il prit son courage à deux mains et décida d'aller lui-même fouiller dans ce qui restait des archives de la mairie, et constata que tout ce qui concernait la période de l'occupation avait disparu. Mais son manège avait été repéré, et dès ce jour, des gendarmes firent les plantons nuit et jour devant la mairie, ne laissant plus personne approcher. Peu après, ce fut au tour de l'appartement de B... d'être cambriolé, ses papiers avaient été fouillés, mais rien n'avait été volé. Peu de temps après, B... ne tarda pas à s'apercevoir qu'il était surveillé. Des inconnus interrogeaient ses voisins, des véhicules bizarres stationnaient devant chez lui. Mais ne se décourageant pas, il reprit son enquête et eut confirmation par un ami de son père que l'affaire était sérieuse, mais qu'il valait mieux ne pas trop s'y intéresser. C'était plus fort que lui, B... voulait savoir pourquoi son père était mort et s'acharna. Il ne tarda pas à recevoir des lettres anonymes, de plus en plus menaçantes.Le harcèlement fut tel qu'il décida de déménager.

J'aurais voulu en savoir plus, mais il était tard. J'avais à traverser la frontière le lendemain aux aurores et devais me coucher tôt, je dus donc rester sur ma faim et quittai mon ami. J'avoue avoir eu du mal à dormir, cette nuit là : toutes ces révélations s'aggloméraient dans mon esprit avec une logique implacable. Je savais que Mitterrand était indirectement responsable de la torture en Algérie, puisque c'était lui, garde des sceaux qui avait abdiqué ses pouvoirs en faveur de l"armée. Il avait d'ailleurs approuvé directement l'exécution de 32 Algériens et avait carrément ordonné l'élimination de Ben M'hidi, le héros de l'indépendance Algérienne, et qui plus est, ancien résistant. Alors Papon-Mitterrand, même combat ? D'autre part beaucoup de gens dans l'entourage immédiat de Mitterrand avaient été retrouvés "suicidés" dans des conditions plus que douteuses : Guézou, impliqué directement dans l'affaires des écoutes de l'Elysée, retrouvé pendu; Grossouvre "suicidé" avec 2 balles dans le crâne et son bureau nettoyé; Bérégovoy avec une balle rentrée par le haut du crâne, et auquel on avait subtilisé son carnet d'adresse, mais tout ceci, je l'avais lu ou regardé à la télé. Là, c'était autrement plus impressionnant, j'avais face à moi un témoin direct, quelqu'un qui avait vu, quelqu'un qui savait. Mais il me manquait un détail, Il me fallait en savoir plus, B... en avait trop dit ou pas assez. J'allais quitter la Guyane pour plusieurs mois et ne reverrais probablement jamais B... Il me fallait des noms, des lieux et des détails supplémentaires pour me faire une opinion. Je décidai donc de me lever une heure plus tôt et d'avoir une dernière conversation avec lui.

Le lendemain, nous déjeunâmes ensemble et je pus reprendre mon interrogatoire. B... me raconta qu'il avait fini par renoncer à son enquête et qu'il s'était décidé à oublier tout cela mais qu'il recevait toujours des lettres anonymes. Un jour, il faillit avoir un accident mortel : la durite de freins de sa voiture avait été retrouvée percée alors que le véhicule venait d'être révisé la veille, il soupçonnait le garagiste. Effrayé, il avait décidé de déménager à nouveau. Dans sa conversation, je saisis une phrase qui me révéla enfin la clef de l'énigme. Il me dit : "Il m'a fallu attendre la mort de Mitterrand pour qu'on me fiche enfin la paix !" Dans ces mots je reconnus les structures d'un délire paranoïde : je compris que notre ami B... était vraiment dérangé et que c'était sa durite à lui, qui avait pété.

Et vous, à quel moment l'avez-vous compris?

dimanche 26 février 2012

Saoul-FifreIrène et Georges

Ils habitaient le Couserans.

La vraie montagne, celle où il caillait sec, où les voitures n'arrivaient pas à monter les chemins. La neige était chez eux comme chez elle et tous leurs terrains étaient en pente raide. J'aurais eu à opter pour un animal d'élevage, j'aurais bien évidemment choisi le dahu mais la difficulté ne leur répugnant pas, ils avaient préféré acclimater en Ariège la petite Bretonne, cette merveilleuse vache laitière noire et blanche , très productive au regard de son format. La Bretonne est un produit d'exportation. Beaucoup de fermes dans les coins les plus reculés de France possédaient une "Brette". La race à viande locale, d'accord, mais une Brette, c'est bien pratique pour faire téter un veau délaissé par sa mère ou pour fournir le beurre et la crème pour la famille. Courageuse, la brette, et n'ayant pas peur de s'expatrier dans des hauteurs et des frimas très éloignés de la douceur de leur climat océanique natal.

La première fois que j'ai vu Georges, c'était lors d'une journée de formation à la traction animale. Nous avions tous les deux un Mérens que nous voulions mettre au travail et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il était difficile de passer à côté de Georges sans le remarquer. Grand, mince, hirsute, le visage viril taillé à la serpe, il portait ce jour là un pantalon de cuir noir avec lequel il semblait être né. J'appris par la suite qu'il en était l'artisan, voire l'artiste et que le travail du cuir était une de ses compétences.

On se revit dans d'autres réunions professionnelles et puis, un jour rare où Margotte me rendit visite, nous décidâmes de faire l'ascension de leur nid d'aigle. Pas de téléphone, pas de portables, les visites sont forcément des surprises impromptues, entre montagnards. J'avais juste quelques indications verbales pour les trouver. La Coccinelle renâcle bien sûr au premier virage en épingle à cheveux sur leur chemin taillé dans le rocher. On l'abandonne pour finir à pieds. Il fait nuit, je ne suis pas très sûr d'être au bon endroit mais une lueur tremblotte là-haut, il me semble. Le feu de la cheminée, oui, on nous ouvre et on s'installe tous devant le seul point de chaleur et de lumière. Dans ces terres de haute solitude, surtout par temps de neige, le visiteur est forcément bien accueilli, nourri et logé. Nous ne sommes donc pas venus les mains vides et nous sortons victuailles et boissons aptes à délier les langues.

Georges est un taiseux mais Irène veut bien parler pour deux. Ce sont des intellectuels parisiens pur souche. Hautes études, fonctionnaires, ils ont fricoté avec le mouvement Panique de Topor. Et puis comme tant d'autres à cette époque, ils ont tout quitté, la grande ville et ses folies, pour faire leur retour à la nature. Sans faire dans la demi-mesure : l'eau est captée là-haut à la source, aucun tracteur, aucun outil à moteur, traite des Bretonnes à la main, le bois est fait à la scie et à la hache... Hasard, leur coin paumé est célèbre. Un des best-sellers alternatifs des années soixante dix, "Notes de ma grange", raconte justement la vie que Michel et Sylvia Jourdan ont vécu dans cette maison . Irène et Georges en sont les dignes héritiers, les mainteneurs de la pureté de l'Esprit du Lieu. Irène, qui est astrologue kabbaliste, se voit régulièrement avec ce cher Dan Giraud, son quasi-voisin . Georges a un ricanement rationaliste quand je me lance dans des disputes d'écoles avec Irène. Margotte en profite pour abandonner lâchement le camp des poètes crédules et rejoindre celui des gens sérieux à qui on ne la fait pas.

Après une nuit dans le petit grenier-bibliothèque au dessus de la cheminée, avec les trous dans le plancher pour faire monter la chaleur du feu mourant, nous découvrîmes cet endroit magnifique se réveiller sous les caresses des rayons du soleil levant.

Nous sommes souvent remonté rendre visite à Irène et Georges, tout en haut de leur sente à Mérens. Ils sont descendus aussi quelques fois nous voir en Provence. Et puis qui peut empêcher la roue de tourner ? Ils se sont séparés, Irène a succombé à une longue maladie, comme on dit, puis ce fut le tour de Georges.

Mais je le reverrai toujours, droit comme un I dans son étonnant pantalon de cuir, et lui le sagittaire incrédule, s'entrainer paradoxalement au tir instinctif avec un des arcs de sa fabrication, activité dont il fera son dernier métier. Et je reverrai toujours la souriante Irène lançant des regards énamourés à son "grand homme" de mari.

jeudi 23 février 2012

AndiamoAvoir huit ans en 1947

J’ai huit ans. La guerre s’est terminée il y a tout juste deux ans. Je traîne mes guibolles de flamand rose dans les rues de mon quartier, quand je croise François.

J’aime bien François, c’est un « vieux » : il a au moins douze ans ! Dans deux ans, après son certif', il ira bosser. Il est costaud, il veut être maçon comme son père. François, il en sait des trucs ! Surtout sur les filles. Tiens, l’aut’ jour, il m’a dit que les filles, elles avaient des règles tous les mois. Moi, comme un con, je lui ai répondu : « Ben, elles ont de la chance : moi, faut que j’fasse un an avec ma règle en bois, celle qui est dans mon "carton" ».

- Mais non, t’es bête ! Les règles, chez les filles, c’est quand elles ont du sang qui sort par leur nénette…

- Putain, ça doit faire vachtément mal !

- Ben… ça j’sais pas, faudra que j’me rencarde.

- Pendant les vacances, elles ont aussi des règles ?

- Ouais, j’crois bien.

- Putain, j’suis content d’être un garçon !

Et puis on a continué à parler comme ça. Lui, il est en CM2 : encore le fin d’études 1 et le fin d’études 2 et il ira bosser. Son père le fera engager comme « mousse » sur un chantier, c’est lui qui ira au ravitaillement, principalement des douze trous, du rouge de déménageurs pour les compagnons maçons, ça lichetronnait sévère à l’époque !

Un autre jour, alors qu’on jouait aux billes, il s’est ramené avec sa belle tronche fendue d’un large sourire.

- Hé les mômes, suivez-moi, j’vais vous montrer quéque chose, mais faut la boucler, hein ?

Nous, on l’a suivi jusqu’au terrain du père « la Cerise ». Ce terrain faisait l’angle de deux rues. Il y poussait un magnifique cerisier qui donnait, chaque année et en abondance, des cerises un peu aigrelettes que l’on nomme ici : « Montmorency », ailleurs c’est peut-être bien des guignes. C’est bon la Montmorency quand, après une chaude journée d’été, encore gorgée de soleil, vous la faites craquer sous la dent, puis en faisant la bouche en cul de poule, vous envoyez valdinguer le noyau dans la tronche du copain !

Le proprio, un p’tit vieux, nous autorisait à cueillir des cerises pour notre consommation personnelle, à condition qu’on lui remplisse trois ou quatre paniers auparavant.

On s’approche en catimini de la haie de troènes, servant de clôture, et là on entend des sortes de gloussements.

En écartant un peu les branchages, j’aperçois la mère Sureau en compagnie de Mimile, un veuf qui passait la majorité de ses soirées à l’épicerie buvette, située face au terrain du père la Cerise.

Il lui avait relevé sa jupe à la mère Sureau, dévoilant sous ses bas vachement bien filés et titre-bouchonnés des cuisses énormes dignes des jambons qui sont en vitrine chez la mère Fallard, la charcutière de la route des petits ponts.

Elle gloussait, la mèmère, se trémoussait. Moi, j’avais jamais vu ça, je n’en perdais pas une broque….

- Hein mon Mimile, t’as jamais vu une belle femme comme moi ? disait-elle en frappant sur ses cuisses.

Et l’autre pochtron qui balbutiait : ben non, retire ton corsage que je « voye » tes nichons… Et puis quand ça devenait intéressant, y’a la mère de mon pote Roland qui rentrait de « ses ménages », alors on s’est tirés, rapport à l’avoinée qu’on aurait pris si elle nous avait surpris à mater.

Pour en revenir à la mère Fallard, la charcutière, on aimait bien venir « lécher » sa vitrine au moment de Noël. Son mari le charcutier confectionnait un énorme château en saindoux !

Ah ! Comme il était beau ce château, avec son donjon carré, ses créneaux ornant le chemin de ronde. Il poussait le détail jusqu’à agrémenter son chef-d’œuvre de quelques soldats réquisitionnés sans doute dans le coffre à jouets de son gamin.

On voyait un poilu côtoyer un soldat de l’empire, suivi lui-même d’un centurion Romain… Bonjour les anachronismes, le père Fallard, il en avait rien à secouer !

Un jour, on était restés plus longtemps qu’à l’habitude à contempler et commenter ce trésor de l’architecture médiévale en miniature, quand tout à coup la mère Fallard déboule, nichons ballotants, double menton frémissant :

- Tirez-vous, tas de salopiots !

Salopiots, nous ? Alors on est revenus un moment plus tard et on a glavioté sur sa putain de vitrine, à la mère Fallard. Des cachous mortels, bien gras, qu’on est allé chercher bien profond, ça dégoulinait vilain, et puis on s’est tirés. Elle a bien dû se douter d’où venait la vacherie mais : pas vu, pas pris !

C’est encore François qui nous avait appris qu’en devenant « grand », ben… on aurait du poil à la zézette ! Moi, ça m’avait un peu foutu l’trac : j’me voyais déjà avec la quéquette toute poilue comme la queue de mon chien, les battements en moins quand je serai content !

Je n’avais pas osé poser de questions, j’aurais passé pour un con, mes potes n’en savaient pas plus que moi, chacun restait dans son coin faisant comme si « il savait ». Enfin, à partir de ce jour, j’ai guetté l’apparition des frisottements, et je ne devais pas être le seul !

Et puis y’en a qui disaient : « ben quand les filles elles ont fini de voir pousser leurs nichons, elles sont bonnes à marier ». Déduction faisant office de sentence, alors chacun guettait les nichons de sa ou ses frangines afin de voir si la date du mariage approchait.

Y’avait pas un jeudi sans qu’on organise un concours de : celui qui pisse le plus loin ou le plus haut ! Parfois, en voulant arroser plus haut que le pote, on arrivait à se pisser dessus ! Mais bon, ça nous faisait marrer, y’a pas de petit plaisir.

Et pis t’as vu : y’avait pô d’quilles avec nous ! A l’époque, les gisquettes ne jouaient pas avec les garçons dans la rue, ou pas trop, les Mamans les gardaient à la maison. Les « bandes » de copains étaient composées de cinq ou six galopins, pas plus, et ça suffisait largement à notre bonheur.

dimanche 19 février 2012

Tant-BourrinTares trek (épisode 3)

An 2562. La Terre a, depuis près de trois siècles, intégré la Fédération intergalactique, regroupant des civilisations issues de milliers de galaxies différentes. Paix, connaissances et progrès règnent désormais en maîtres sur une immense partie de l’univers. Et chaque jour, des pionniers, à bord de leurs vaisseaux supraluminiques, explorent des espaces inconnus en quête de nouvelles planètes à pacifier.

Suite des épisodes 1 et 2



- C'est bon, caporal, je viens prendre la relève, vous pouvez disposer et aller vous reposer.
- Rrrrrr.... Zzzzz....

Le caporal Andy Amo, visiblement, n'avait rien entendu de la proposition du Lieutenant Taanb-Ouhrin : les mains crispées - du fait de son arthrose - sur le palonnier, sa tête ensommeillée dodelinait au gré des soubresauts de la trajectoire du Blogborygmus, faisant exécuter un fascinant ballet au filet de bave qui pendait au coin de sa bouche.

Le lieutenant mit ses mains en porte-voix et s'approcha à quelques centimètres de l'oreille (gauche, car il savait la droite hors d'usage) du caporal.

- CA-PO-RAAAL ! JE VOUS RELÈVE ! ALLEZ DORMIR !!!
- Hein ?... Heu... Bonvour Lieudenant !... Heu... Oui, v'est bas de revus !
- Pardon ?
- Ah, oui, efgusez-moi...

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jeudi 16 février 2012

Scout toujoursBétisier médical

Ah les gags médicaux, lorsqu'on les voit caricaturés par "les Nuls", on n'y croit pas vraiment, quand même ils exagèrent...

Eh bien non, il faut même croire qu'ils sont en dessous de la réalité. Voici quelques exemples, mais qui ne concernent que mon petit vécu. Bien d'autres existent, mais qu'on n'ose pas toujours vous raconter...

Tout d'abord le cas de ce brave homme accompagné de sa fille qui me dit : "Elle a beaucoup de fièvre, touchez son front, voyez comme elle est brûlante !" D'un ton paternaliste, je pose ma main sur le front de l'enfant et réponds au papa : "Mais non, mais non, vous vous inquiétez pour rien, elle est toute froide votre fille !" Par acquis de conscience, je lui glisse un thermomètre sous le bras. A ma grande stupéfaction, l'enfant avait 39,5. Bin merde alors, j'avais tout simplement oublié que j'étais moi-même en pleine crise de paludisme. Tu m'étonnes que je la trouvais froide la petite, j'avais 40. Un docteur ne doit pas avouer son mal, je dus donc soutenir en silence pendant le reste de la consultation le regard accusateur du père qui se demandait quel était ce charlot dont le teint était semblable aux pages de l'annuaire professionnel, et qui ruisselait de sueur sur ses ordonnances. Encore un qui m'a pris pour un alcoolo...

Et pourtant j'étais loin d'être le pire. Un chirurgien que j'ai connu jadis, un artiste, avait voulu s'essayer à l'orthopédie : un jour qu'il avait à fixer des plaques sur un fémur fracturé, il se surpassa en virtuosité. Malheureusement, lorsque l'intervention fut terminée, les infirmiers n'arrivaient plus à soulever le malade. En regardant bien, ils s'aperçurent que le pauvre malheureux avait été vissé à la table d'opération ! Risquait pas de s'échapper celui-là...

Une autre fois, les clients se bousculant dans ma salle d'attente, je fis rentrer un couple. Ils s'assirent tous les deux et la femme m'énonça tous ses symptômes. Visiblement, ça se passait dans le bas-ventre, et un examen plus approfondi s'imposait. Je lui demandai donc de se déshabiller, ce qu'elle fit sans rechigner, lorsque le monsieur qui l'accompagnait m'annonça que lui aussi était malade et qu'il était arrivé avant elle. Je compris soudain qu'ils n'étaient pas ensemble, et avaient cherché chacun à passer l'un devant l'autre. Je reconduisis aussitôt l'indélicat vers la sortie. Le plus cocasse dans l'histoire fut que la femme avait trouvé tout naturel de se déshabiller devant un étranger et l'aurait fait jusqu'au bout si je n'avais rien dit !

Mais que dire de cette femme qui consulta aux urgences, le crâne à moitié décalotté de son cuir chevelu ? Après un interrogatoire serré, j'appris que le coupable était son mari qui lui avait tout simplement jeté le poste de télévision sur la tête, et que la cause en était un simple désaccord sur les programmes. Je tiens à préciser que les écrans plasma n'existaient pas à l'époque, et qu'il s'agissait d'un bon vieux poste à tube cathodique. Eh bien oui, y a des mecs pas fins dans la vie, et nos censeurs du CSA devraient y regarder à deux fois avant de diffuser Dallas à la même heure que Téléfoot...

A propos de mecs pas fins, je fus un jour appelé sur un un navire de la marine marchande pour soigner le cuistot de l'équipage. L'homme était de stature imposante, style Obélix mais sans les tresses, avec de gros tatouages sur les bras, et une paire de bacchantes à la gauloise. Après l'avoir examiné, je descendis dans le séjour pour rédiger mon ordonnance. L'équipage était assis au complet autour de moi, et lorsque je voulus savoir le nom du malade, il me répondit d'une voix menaçante : "Ducon". Je lui fis répéter : "DUCON !", et il me l'épela : "D - U - C - O - N !" Aille ! Surtout, ne pas rigoler ! Lorsqu'on porte un nom pareil, il y a trois solutions : soit on se résigne à être un éternel souffre-douleur, soit on demande à changer de nom, soit on décide d'assumer son nom, ce qui signifie que toute sa vie durant, il va falloir fracasser un par un tous les plaisantins qui s'autorisent la moindre réflexion. Visiblement, ce lascar avait choisi d'assumer. Il était là, planté devant moi, ses bras croisés, guettant la moindre de nos réactions. Je compris au regard fuyant des autres marins qu'il ne fallait surtout pas laisser échapper le moindre sourire, un silence de mort régnait dans la pièce, on eut entendu une mouche voler, ce qui n'est pas habituel chez des marins. L'intensité dramatique se faisait sentir, mais l'envie de rire se faisait de plus en plus pressante chez moi, vous savez bien, dans ces cas là on pense toujours à un copain que la situation aurait fait marrer et qui aurait tout fait pour nous faire exploser, en plus il avait vraiment une gueule à s'appeler Ducon celui-là, mais cette envie de rire restait étouffée par la terreur des conséquences, je tins bon jusqu'au bout et quittai le navire ; cependant, arrivé au niveau de la passerelle, n'y tenant plus, j'explosai d'un fou-rire nerveux impossible à réprimer, me tortillant comme un singe, j'en pleurais presque, lorsque je m'aperçus avec effroi que Ducon m'avait suivi et m'observait depuis le bastingage. Je n'eus que le temps de m'enfuir après avoir frôlé le pire...

A propos de cuistot, comment oublier cette Maïté en herbe, qui avait utilisé la poudre anti-fourmis de chez Baygon en guise de farine pour faire sa tarte aux pommes, et qui après en avoir avalé quelques bouchées, ne la trouvant pas à son goût, s'était débarrassé de son œuvre dans le champ du voisin ? Résultat : la donzelle hospitalisée en soins intensifs et 8 moutons raides morts, dont une brebis qui allait mettre bas. Tu la voudrais pas comme voisine celle-là, Saoul-Fifre ?

Et des gens excentriques, qu'est-ce qu'on en a vu ! Je pense à cette Mamie à l'hôpital de Périgueux, qui avait peur d'attraper froid et que nous entreprîmes de déshabiller. Elle était tellement emmitouflée, qu'au douzième pull-over retiré, les infirmières étaient déjà malades de rire. Elle en avait mis 18 au total, encore une qui ne risquait pas de s'enrhumer.

Sans oublier cette autre originale qui dévorait des savonnettes à longueur de journée comme d'autres dévorent des tablettes de chocolat. "Je sais que c'est mauvais pour ma santé, mais c'est vraiment trop bon, je peux pas m'en empêcher" me disait-elle ; je vous dis pas la gueule de son estomac...

Et que dire de ce père bien intentionné qui m'avait amené sa fille de 5 ans souffrant de vomissements, et à qui j'avais prescrit un vermifuge et des suppositoires de vogalène. Le papa revint mécontent quelques jours après, se plaignant que les vomissements avaient augmenté et qu'elle avait en plus de la diarrhée. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'appris que le gentil papa n'ayant pas bien compris mes explications, avait forcé sa fille à avaler les suppos, et lui avait introduit les énormes comprimés de Zentel dans le derrière ! Pas étonnant qu'elle ait eu la diarrhée après un tel traitement !

Et cet autre monsieur, brûlant de fièvre à qui nous avions voulu prendre la température, mais dont le thermomètre refusait de monter ! Après quatre tentatives, le mercure restait désespérément à 36 alors que son corps bouillait manifestement ! Mais oui, mais c'est bien sûr, aurait dit Souplex, nous avions simplement oublié de lui expliquer qu'un thermomètre s'enfonçait par le petit bout !

Et cette autre innocente qui ignorait que les suppositoires devaient être retirés de leur emballage avant d"être introduits ! !

Sans parler de cette jeune fille complètement paniquée, qui téléphona au centre anti-poison parce qu'elle avait avalé... du sperme. Jusqu'où s'arrêteront-ils aurait dit Coluche !

Mais que dire encore de ce grand couillon qui se pointe aux urgences en imperméable, obligé de nous dévoiler tout penaud, sa zigounette coincée dans le goulot d'une bouteille? Mais que diable était-il allé faire dans cette galère?

Et les corps étranger, qu'est ce qu'on a pu en extraire des corps étrangers : dans l'oreille, dans l'estomac, dans le nez, ce fameux haricot qui avait germé dans le nez d'un enfant, et dont la tige dépassait par les narines, sans compter ce monsieur un peu efféminé qui s'était "malencontreusement" assis sur une barre de fer qui se trouvait être par un hasard lubrique, placée en position verticale sur une chaise, et qui à présent ne parvenait plus à la retirer de son postérieur ! La barre de fer n'est qu'un cas très banal, les objets les plus originaux sont régulièrement retrouvés dans les rectums de nos malades : cela va du pommeau de douche, à la bouteille d'Orangina, le verre à pied, l'ampoule électrique, la brosse à chaussure, et depuis peu, les téléphones portables : "Allo, Allo, c'est toi Bébert ? Parle plus fort, je t'entends pas très bien !"

Et pour finir en beauté, le fameux "Pénis-captivus". Le pénis-captivus, c'est le gars qui se retrouve pris au piège en pleine saillie : une contraction involontaire des muscles vaginaux de sa partenaire l'empêche de se retirer, un peu comme les chiens lors de l'accouplement. La compression des corps caverneux du mâle entraine un œdème du gland qui rend le retrait totalement impossible. Plus on force, et plus le spasme augmente...

La solution ? Elle est simple : faire un toucher rectal à sa partenaire. Encore faut-il connaître le truc. Et quand on ne le connait pas, eh bien on appelle le SAMU ! C'est ce que fit ce couple surpris en plein coït, et qui habitant au 6ème étage dut descendre tout l'immeuble dans cette position honteuse, devant tous les voisins ébahis, pour ouvrir aux ambulanciers du SAMU !

Et ce monsieur de 72 ans, habitué du bois de Boulogne, et qui avait voulu b... mais chuut... Secret médical...



lundi 13 février 2012

AndiamoMes sixties

En 1960, je venais d’avoir 21 ans, ces années soixante ont donc été pour moi, les années : « vingtaine ».

Il est toujours joli le temps passé… Bien sûr, je pourrais le dire comme ça, la jouer façon : c’était mieux d’mon temps !

Eh bien non, tout n’était pas rose, ce qui nous attendait comme cadeau d’anniversaire (au fait, on ne recevait pas de cadeaux pour les anniversaires, ma mère confectionnait une tarte, et plantait une bougie dans le milieu !), ce qui nous attendait disais-je pour nos vingt carats : les Aurès ! Vingt-huit mois avec un superbe costard vert « caca d’oie » ! Et la panoplie qui va avec, comme dans les habits de Zorro, le masque en moins : pas besoin du masque, c’est toi qui l’avais !

Tu gagnais le voyage, même si tu n’avais pas acheté de billet, tout le monde participait au tirage : c’est ça la démocratie.

A dix-sept ans, l’usine pour beaucoup d’entre nous. En tout cas, dans ma banlieue, c’était le lot pour les deux tiers de mes copains, et ma pomme itou ! Cinquante heures (ou plus) par semaine, et trois semaines de congés payés… La belle vie Marie, trois grandes semaines de liberté.

Mais bon, étant donné que tu n’avais pas de douleurs, toutes tes chailles, pas un poil de moins sur le caillou, pour le reste... Tout allait bien Julien !

J’ai choisi la belle musique de Serge Gainsbourg et la voix « craquante » et fragile de Jane Birkin.

Quand je prendrai mon bon de sortie, je voudrais que l’on joue : "l’hymne à la joie", suivi de la "marche de Radetzky" ! J’aurais préféré « les trois orfèvres » mais ça ne se fait pas !

Mes souvenirs, c’est un peu un inventaire à la Prévert, le raton laveur en moins. J’y aurais bien glissé les trois chiens qui m’ont tenu compagnie, ils sont là dans mon cœur et ça ne regarde que moi !

En vrac, dans ces années soixante : Kennedy, De Gaulle, Mai 68 et ses affiches devenues « classiques », élevées au rang d’œuvres d’art au panthéon de la connerie… Bien récupérées en tout cas, comme le mouvement parti du bas, parti des étudiants, et ENSUITE, récupéré par les syndicats… Quelle aubaine ! Un coup de « miror » sur leurs blasons bien ternes.

Et voici la « Gord » cette bagnole que rien n’arrêtait, surtout pas ses freins !

Le Concorde, grand albatros majestueux, une œuvre d’art volante.

Le « France », quelle gueule là aussi ! Faire du beau pour le plaisir, je ne sais pas pour vous, mais personnellement quand je vois la tronche des voitures aujourd’hui… Elles ne donnent pas envie !

Les Shadocks, sublimés par la voix si particulière de Claude Piéplu, parti pomper le cosmogol quelque part entre Shadocks et Gibis…

Il y a aussi LA PILULE ! Ça vous paraît évident aujourd’hui, mais combien de générations se sont senties frustrées de ne pas pouvoir aller au bout de leur plaisir, s’abandonner totalement, à cause de : « l’épée de la Dame au clebs » comme disait ma bignole d’Aubervilliers ! Quand le Monsieur ne faisait pas « attention » !

Et la mini jupe ? Les Messieurs l’ont beaucoup appréciée ! Quand je vois aujourd’hui certaines femmes entorchonnées dans des trucs qui leur couvrent même les pompes… Enfin !

Un film culte (pour moi en tout cas) "2001 odyssée de l’espace" de Monsieur Stanley Kubrick. Un détail, mais sans doute le connaissez-vous : dans ce film, l’ordinateur de bord s’appelle H A L , or en y regardant d’un peu plus près, on s’aperçoit qu’en prenant le première lettre qui suit ces trois-là on lit : I B M… Étonnant, n’est-ce pas ?

Mes années soixante c’est le premier pas sur la Lune, et depuis… Pas grand-chose !

J’ai saupoudré d’un Beatles ou deux, un portrait de Sharon Tate, un autre du Che (pardon Monsieur Andy Warhol) et servi SHOW… Un coup d’mou ?… Même pas : vivent les années 2000 !


Un grand merci à Môôsieur Tant-Bourrin que j'ai mis une fois de plus à contribution, afin de réaliser le montage vidéo... Encore MERCI.''

Maintenant, on clique...

vendredi 10 février 2012

Saoul-FifreDe quel bois je me chauffe

Des appels angoissés me parviennent des quatre coins de l'hexagone, de son centre, voire même de terres sauvages l'environnant, encore mal explorées.

- Saoul-Fifre ? J'ai froid...

L'appel est identique, quel que soit l'appelant. Là, malgré l'enchifrènement, j'ai bien reconnu la voix, pâteuse à cette heure tardive, de ce bon Bof.

- Ne me dis pas que tu as encore spéculé, pariant sur une peu probable baisse du prix du fioul en plein hiver, et que ta chaudière s'est éteinte, faute de carburant ??? L'erreur est humaine, certes, mais la persévérance dans sa connerie est diabolique. Ce n'est pas à un petit chanteur à la bite en bois comme toi, spécialiste des cantiques en latin, que je vais l'apprendre ?

- Non, la chaudière marche mais tu comprends, la source a gelé ! Elle ne coule plus et ça, c'est un signe qui ne trompe pas : le thermomètre est passé au dessous de zéro !!

- Oui figure-toi que je lis les journaux. Le froid a fait 500 morts en Europe, - 25 ° en Italie, le Danube gelé, plus personne aux balcons dans les Balkans... Tu serais pas en train d'essayer de me faire pleurer sur ton sort ? Comme quoi les routes glissantes t'obligeraient à aller à petons jusqu'au bar du village, qui est bien à 800 mètres, genre ? Je te signale que les algériens se caillent les glaouis sous la neige et que chez nous, au pays du soleil, je n'arrive pas à faire monter la pièce à vivre au dessus de 9° et que les canalisations d'eau ont gelé entre le RC et le premier étage. Est-ce qu'on se plaint ?

Enfin : si. Je me plains du traitement de cette vague de froid tout à fait de saison par les médias (les copains à Sarko : Bouygues, Lagardère, Hees etc...). Aaargh, on va mourir, alerte rouge, on va manquer d'électricité pour se chauffer, on est obligé d'en acheter aux allemands (Tiens je croyais que c'était eux qui nous en achetaient depuis qu'ils sont sortis du nucléaire ? C'est un peu comme ça vous arrange, hein, les journaleux ?)

Vraiment, le but des médias est on ne peut plus clair : il faut bien faire flipper les français pour qu'ils votent pour le seul qui a des couilles, le héros qui ne tremble pas devant Fukushima : Zébulon 1er !

IRRADIER PLUS POUR CHAUFFER PLUS

HYPER-ACTIF AUJOURD'HUI RADIOACTIF DEMAIN

Tous les autres candidats n'ont qu'un seul programme : vous faire crever de froid ! Seul le nucléaire peut vous fournir les précieuses calories qui vous permettront, en petite tenue et en plein hiver, de regarder sur TF1 un reportage objectif et édifiant (sponsorisé par AREVA) sur les japonais courageux, pas pleurnichards et de plus en plus majoritairement pro-centrales atomiques.

Les hommes politiques véreux et responsables ironisent sur les énergies renouvelables qui ne seraient pas "rentables". J'ai un peu de mal à croire leurs chiffres. Le rapport de la cour des comptes sur le sujet reconnait déjà la compétitivité de l'énergie hydraulique et l'éolienne ne serait guère plus chère que le nucléaire. Pour le solaire, il se trouve qu'un ami agriculteur a fait construire un hangar couvert de photopiles. Avant, il recevait comme tout le monde sa facture EDF tous les deux mois. Maintenant, EDF lui envoie un chèque en rachat de sa production électrique, la somme correspondant à sa consommation est bien sûr déduite. Ce chèque suffit à rembourser le crédit qu'il a été obligé de faire, n'ayant pas le premier sou pour cette opération. Dans sept ans, le crédit sera remboursé et le chèque d'EDF sera donc son bénéfice net.

Dans ces conditions, et par rapport à sa situation antérieure, j'aimerais bien qu'on m'explique cette assertion :

"Le solaire n'est pas rentable"

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