Cher Antenor,
ton colis est arrivé intact, tout étant particulièrement bien enveloppé. On sent le gars, quand il a éteint la lumière, c'est pas du "peut-être", ou du "probable" ! On y voit plus que dalle ! Je suis impressionné. Ebloui. Tu a mis la barre très haut. Arriverai-je jamais à ce niveau de perfection dans le filet garni ? J'ai conscience que je m'attaque à un champion du garnissage de filet. Je pars certes à la bataille l'air un peu abattu du mec massacré d'avance, mais je n'ai pas pour habitude de m'avouer dominé sans m'être bagarré avec la dernière énergie. Mais je souffre.

L'excellente mirabelle, malgré sa jeunesse, me pose des soucis. Son nez, particulièrement pointu, me semble difficile à égaler. Tu m'as également coupé l'herbe sous les pieds avec ta crème anti-valises-sous-les-yeux, dont je m'apprêtais à faire l'acquisition, en ayant justement un urgent besoin.

Les interrupteurs tombent également juste à point : je proposais à mon électricien préféré (mon hôte pour la grand messe), pas plus tard que ce matin, un chantier dont l'idée a manifestement été influencée par tes billets. Pour plus de sécurité, et il serait bon d'en faire la communication au plus haut niveau des serviteurs de la république, et plus précisément au Ministre de l'industrie, ne conviendrait-il pas d'inclure dans les normes techniques domestiques, l'obligation d'installer des "interrupteurs d'interrupteurs" ? Trivialement, déjà, une telle décision donnerait un coup de fouet certain à la consommation, mais que dire du gain sécuritaire ? Plutôt que de canaliser nos jeunes jusqu'à ce que, terrorisés, ils n'aient plus qu'une échappatoire, rentrer dans un transformateur haute tension, il me semblerait plus judicieux, a contrario, de rajouter des barrières protectrices entre le citoyen et le courant électrique assassin ? Messieurs les politiciens, je vous laisse libres de prendre les décisions rendues nécessaires par une claire conscience de vos responsabilités, mais il ne sera pas dit que je ne vous aurai pas prévenu !

Tant-Bourrin faisant récuremment allusion à l'essaim de mouches en orbite autour de ma tête, tu t'es cru obligé de rajouter à ton colis un désodorisant pour hommes et un savon anti-microbien. J'apprécie à sa juste mesure ton geste généreux, mais je te rappelle qu'à Marseille, ils en connaissent un bout, de savon !

Les galets de lessive pour machine à laver, je les ai directement fait manger au tcha (c'est son nom). J'ai trouvé ça moins cruel que de mettre le chat dans la machine à laver, même si se retrouver star derrière un écran-hublot, pendant quelques instants, est le but avoué d'une bonne partie de nos concitoyens.

Le café, je vais le boire, mais je me suis demandé si c'était une allusion au café/gnole que prend Ploux, ou à l'heure souvent tardive à laquelle je poste mes billets. Je suis un insomniaque naturel et n'ai pas besoin d'adjuvants caféinés, que je réserve au petit déjeuner.

J'ai beaucoup apprécié le petit coquetier, dont la taille est tout à fait adaptée à celle des œufs de mes poules. Je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais mes poules sont naines, ce sont des "pomponnettes".

Les pâtes de potage "alsaciennes" m'ont enchanté. Une bouffée violemment mémorielle m'a sauté à la gueule : ce sont les mêmes pâtes qui m'ont appris à lire, écrire et compter, à l'àge de 4 ans, en formant mes mots et mes opérations, sur le bord de l'assiette... Mon père, assis à ma gauche (il était droitier), m'aidait de tout son sens pédagogique : à chaque fois que je me trompais, je recevais une mandale !

Les mouchoirs "ultra douceur - 4 épaisseurs" sont aussi une attention délicate. Comme Tant-Bourrin ne se prive pas de le rappeler, j'ai en permanence la morve au nez.

L'idée du livre "laissé traîné, mais pas égaré", lancé par BookCrossing est une excellente idée et je ne suis pas étonné que tu en sois un des maillons. Ma vie peu citadine me tient à l'écart de ces jeux intellos, mais je ferai un effort pour aller "perdre" cet opus ailleurs que dans mon village d'analphabètes où il risquerait de finir en papier-toilette ou en allume-feu. Je n'ai rien lu de d'Ormesson, ça me permettra de le débiner en connaissance de cause, encore que le personnage, qui ne manque pas d'esprit, n'ait pas sa place dans la liste des grandes crapules du moment...

La soupe alsacienne agrémentera un de nos débuts de repas, les Saint-Nicolas en pain d'épices, le dessert, mais quid de ces 3 sachets de sucre vanillé ? Non que nous n'en ayons point l'usage (ma fille les a tout de suite accaparés pour le gâteau qu'elle nous a fait ce soir), mais je n'ai pas vu à quoi ça renvoyait, sur ton blog comme sur le mien ? Et ta belle clé non plus.

Derechef, merci.