A force de voir Oncle Dan s'offrir des coitus à répétition, ça m'a donné envie d'y goûter à mon tour. Voici donc ma première contribution à un Coitus Impromptus ! :~)


Au pupitre, le chef d'orchestre, comme à son habitude, se concentra un instant en fermant les yeux avant d'attaquer la "Symphonie pour l'amour et la paix universelle" de Jemlheby Zunurtz.

Suite à un vieux contentieux entre les percussions et les seconds violons, le joueur de timbale en profita pour asséner un violent coup de baguette sur la tête du violoniste placé devant lui. Celui-ci, après avoir frotté le sommet de son crâne endolori, riposta vivement : il saisit un archet dans son carquois, en banda son violon et décocha un tir tendu en direction de son agresseur. Enfin, presque dans la bonne direction : son tir dévissa légèrement et l'archet alla se ficher dans l'oeil d'un trompettiste qui s'effondra parmi les joueurs de cor. Face à cette agression sans sommation, les trompettistes se ruèrent vers les premiers violons - car ils n'avaient pas vu la provenance exacte du tir - et commencèrent à les tabasser avec leur instrument en guise de matraque.

Voyant cela, les violoncellistes, qui avaient conclu une alliance avec les violonistes - solidarité de cordes armées oblige - déclenchèrent un feu nourri sur les trompettistes dont le sang se mêla bientôt à celui des violonistes. Les flûtistes, relativement passifs jusque-là, se mêlèrent sournoisement à la bataille : n'ayant aucune sympathie pour les cordes frottées, ils utilisèrent leur instrument comme une sarbacane pour projeter des fléchettes enduites de curare en direction des violoncellistes, dégommant en sus dans leur élan plusieurs altistes et contrebassistes.

L'entrée des contrebasses dans la bataille eut un effet ravageur, car le calibre des archets augmentait sensiblement. Ceux-ci causèrent de lourdes pertes dans les rangs adverses, y compris, du fait de quelques archets perdus, chez les percussionnistes.

Le claveciniste, neutre jusque-là, jugea que sa sécurité n'était plus assurée et décida d'instaurer un espace vital autour de lui : il prit une pince, coupa une corde de son instrument et s'en servit pour étrangler proprement tous les musiciens à sa portée, jusqu'à ce qu'il tombe lui-même à terre, décapité par une cymbale lancée tel un shuriken.

Le tuba fracassa bientôt une contrebasse, privant les cordes frottées d'une partie de leur force de frappe, et ce d'autant plus que plusieurs altistes avaient succombé sous des coups de hautbois et de bassons. Les alliances se dénouaient, se recomposaient avant d'être de nouveau trahies et, dans la confusion générale, on finit même par voir des combats de cor à cor.

Et puis, peu à peu, le silence se fit de nouveau.

Au pupitre, le chef d'orchestre, se sentit enfin prêt. Il sortit de son introspection et leva sa baguette pour libérer la formidable puissance de son orchestre symphonique.

"Ting" fit le joueur de triangle.