Y en a qu'ont du cul. Bof fait partie de cette engeance dont le seul plaisir est de rendre jaloux ses contemporains en gagnant des sommes folles aux jeux de hasard. Bon, moins que les Byalpels, Femme et Mari, qui l'ont un peu ridiculisé au Casino du Mont-Dore où tous les bandits-manchots joueurs de poker leur sortaient à peu près les cartes dont ils avaient besoin. À la demande, quoi ?

Bof, toujours classe, a prétendu a posteriori que laisser gagner ses hôtes faisait partie de l'antique politesse limousine, mais ne nous a toujours pas expliqué comment il avait réussi ce tour de force.

Toujours est-il que nos enfants étant partis en vadrouille avec le fils de Bof, ils ont pu constater que le fiston a apparemment hérité du don paternel puisqu'il a trouvé par terre des euros tristement abandonnés à leur sort. Dès que le père l'a su, il ne s'est plus tenu de joie : la chair de son sang lui avait fait honneur et reprenait le flambeau de la chance pétrie de quotidien. Tout émoustillé, il nous envoyait ce mail. Tout le monde sait que je ne suis pas le genre à publier des correspondances privées sur ce blog, surtout sans avoir demandé leur avis aux intéressés, mais il s'agit là d'une urgence, puisque nous partons en congés et qu'il faudrait quand même que je prépare quelques mails d'avance, comme ont fait mes associés. Donc, exceptionnellement, voici ce que nous écrivit ce cher Bof :

Alors oui, il y a un don. Mais le don ne fait pas tout: en bon père de famille, j'ai aussi dû leur expliquer qu'il ne fallait pas se baisser trop vite pour ramasser ses trouvailles. Je m'explique: une fois de temps en temps, se baisser très vite sans faire attention à sa colonne vertébrale, ça ne laisse pas trop de traces, normalement. Mais devant la multiplicité de ce mouvement, il convient de prendre des précautions: se baisser en pliant bien les genoux et en gardant le dos bien droit, voilà la recette pour s'enrichir en ne creusant pas plus le trou de la sécu. Préférer la liasse de billets à un sac de menue monnaie, bien évidemment, cette leçon a été assimilée rapidement. De plus, une certaine nonchalance mâtinée de décontraction et de cette classe que nous avons naturellement, ne mange pas de pain, si j'ose m'exprimer ainsi, bien entendu, mais cependant pas question pour autant de faire semblant, par exemple, de relacer ses chaussures.. Il me semble entendre des rires narquois accompagnés de réflexions du genre " ça ne marche qu'en ville, nous on est des écolos ". Non. On trouve du fric aussi en campagne, et j'en prends pour preuve la fois que le fiston a trouvé un billet de 50 Euros en sortant de la gare de Saint Priez-pour-Lyon, qui est, vous l'avouerez sans doute sans trop de réticences une gare peu fréquentée. Moi-même, il m'est arrivé de sortir du train à Saint Priez en revenant de Paris et de trouver des billets de 20 Euros sur le trottoir et donc - signe quasi divin - de pouvoir aller boire l'apéro au bar en attendant la venue d'Anne mandée pour me quérir ( t'as vu cette phrase, d'une élégance rare ) et de gratter en sirotant un ou deux jeux de hasard qui m'ont donné bien des satisfactions. Non, vraiment, en vérité je vous le dis, ne soyez ni admiratifs, ni étonnés, ni jaloux: je suis un extra-terrestre qui malgré tout assume: c'est le printemps, demain, j'attaque le jardin, avec quand même, rivé en moi à fleur de peau, l'espoir de trouver un trésor en bêchant.

Salut, les maladroits.

Bof