Longtemps, je me suis levé de bonne heure, débonnaire et de bonne humeur, pour refaire la litière des bêtes. Une ambition qui en vaut une autre. Quand je parle d'ambitions rangées dans le tiroir aux conneries, décorées d'une grande croix rouge, je parle d'ambitions matérielles, sociétales, bien sûr... En matière de développement personnel, je dirais plutôt que j'ai les dents qui rayent le plancher, avec une frénésie d'apprendre et de comprendre, d'aspirer le monde de tous mes sens exacerbés.

Mais intégrer la société n'a jamais représenté pour moi ni un but, ni un exemple, ni une réponse à mes problèmes. Consommer n'a jamais comblé aucun désir en moi. Avoir les mêmes objets que d'autres, le même niveau de vie, le même look, paraître normal, ne me rassure absolument pas. Être pareil ou mieux, plus riche, plus adapté, plus séduisant, ne me valorise ni ne me va au teint.

Une seule chose me mène par le bout du nez : mon addiction à la liberté. Paradoxe de toute beauté et mouvement perpétuel car c'est pas de la tarte, de vouloir être libre dans ce monde d'influence et de pouvoir. Je me suis d'ailleurs vite aperçu que tout influe sur tout, dès la naissance, à tel point que je me suis tenu, en horizon à atteindre, à juste prendre conscience de ces injections intraspirites ou suçages d'encéphales. La lucidité comme liberté. Appréhender sans a-priori négatifs ou positifs tout ce qu'on m'a fait, tout ce qui a concouru à ma formation ou à ma déformation. Complexe, car la même personne a pu me régaler de bonbons (bonjour les dents niquées) ET me filer une fessée mémorable (je la méritais et n'ai plus jamais recommencé).

Évidemment, que la liberté n'existe pas ! Nos croyances, nos opinions politiques, nos qualités, nos défauts, notre goût même pour l'indépendance nous ont été légués ! S'en rendre compte est la base de tout. Ici peut commencer le tri, et la Longue Marche de l'affranchissement