Blogborygmes

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mercredi 15 octobre 2008

Tant-BourrinL'action Blogborygmes dans la tourmente

BOURRINVILLE (agence Rôteurs) La tourmente qui embrase la sphère financière semble avoir trouvé son point d'orgue hier avec l'incroyable effondrement de l'action Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, valeur phare du Caque-Hareng, à la Blogbourse de Bourrinville.

La séance avait pourtant bien commencé pour le titre puisque, malgré une ouverture à près de 143 euros, en légère baisse par rapport à la veille, le cours était durant la première heure de cotation brièvement repassé dans le vert. Cette légère embellie devait toutefois se révéler n'être qu'un court répit pour une valeur fortement malmenée sur les marchés depuis des mois, en dépit d'un rating AAA+ maintenu contre vents et marée par l'agence de notation financière Tant & Boorrin's.

L'action devait en effet sévèrement dévisser de près de 50% peu avant 10 heures à l'annonce des résultats trimestriels calamiteux du département "diversification & produits dérivés" du groupe : les ventes de Blogbodents ont diminué de 50% (un tube vendu contre deux le trimestre précédent), la gamme de patchs a dû être retirée en urgence du marché après un quatrième décès d'utilisateur, la gamme "Blogbo beauty" est exsangue après la disparition de son principal fournisseur et les nettoyants pour WC "eau marron" semblent stagner en eaux troubles.

Les traders devaient toutefois retrouver un semblant de calme durant les dernières heures de la matinée après un communiqué officiel de la Direction de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd annonçant qu'un second tube de Blogbodents venait in extremis d'être vendu à un inconnu vêtu d'un grand imperméable au col relevé et portant des lunettes noires, assurant ainsi la stabilité du volume des ventes trimestrielles.

L'action devait même retrouver un semblant d'attrait peu après midi avec l'information selon laquelle la Banque Root intégrait Blogborygmes S.A. Inc. Ltd dans sa focus list et confirmait son opinion de surperformance avec un objectif de cours de 350 euros.

L'euphorie des traders fut hélas de courte durée puisque dès 12h15 la Banque Root opposa un démenti formel à la dépêche précédente, précisant qu'elle émanait d'un membre indélicat de son service de nettoyage, un certain Hippocrate K. Nasson, proche parent d'un membre fondateur du groupe Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, et qu'il y avait là manifestement une tentative frauduleuse de manipulation du marché.

De façon quasi concomitante, un communiqué de la Commission des opérations de bourse (COB) annonçait le lancement d'une procédure d'enquête à l'encontre de l'agence de notation financière Tant & Boorrin's après que l'on eût découvert que l'un des membres fondateurs du groupe Blogborygmes S.A. Inc. Ltd dirigeait également l'agence de notation susnommée et aurait selon certaines sources abusé de cette double casquette.

Le cours de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd s'effondrait alors rapidement de plus de 65% pour tester la barre des 40 euros.

Hélas pour des traders de plus en plus tétanisés, l'annonce faite peu après de l'arrestation et de la mise en examen de Tant-Bourrin, co-Président de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, n'était pas de nature à les rassurer. Celle-ci a au contraire consolidé le trend inexorablement baissier de l'action, qui devait alors enfoncer successivement les barres des 40, des 30 puis des 20 euros.

Les analystes financiers, déjà soumis à rude épreuve dans cette affaire, durent s'arracher les cheveux en fin de journée avec un flux quasi continu de d'informations particulièrement négatives pour la santé du titre : révélations de Manou sur les pratiques de gouvernance douteuses de Tant-Bourrin et de Saoul-Fifre, les deux co-fondateurs de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd ; rumeurs autour d'une diminution de la périodicité des publications bloguesques du groupe ; révélations d'Andiamo sur l'exploitation de personnes du troisième âge ayant dépassé l'âge légal de la retraite pour la préparation de billets ; découverte de données manifestement maquillées dans business plan à cinq ans afin de dissimuler l'extrême fragilité du modèle industriel de Blogborygmes S.A. Inc Ltd ; etc.

Dans un marché totalement déboussolé, l'action perdait alors en fin de séance le peu de valeur qui lui restait pour clôturer à 2,36 euros, en baisse de près de 99% sur la journée. Et encore le titre doit-il sa survie à de mystérieux ordres d'achat en provenance de Bourrinville qui ont évité un effondrement complet du titre.

Interviewé à sa sortie de garde à vue, Tant-Bourrin s'est déclaré confiant sur les capacités de son groupe à rebondir et a indiqué que le placement sous la protection de la loi sur les faillites n'était pas une option envisagée par Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, invitant "actionnaires, clients, lecteurs et salariés à garder une foi inébranlable dans l'avenir du groupe".

A l'issue de cette déclaration, faite à l'aéroport de Bourrinville, M. Tant-Bourrin a pris place dans un vol à destination des Bahamas.

© 2008 Agence Rôteurs Limited

dimanche 12 octobre 2008

Saoul-FifrePan dans le mille

Mille billets. Le premier a été mis en ligne le 16 Mai 2005. C'est Tant-Bourrin qui en a le plus publié : 381 ! Même pendant ses congés, il continuait à ramer sur la galère Blogbo en grommelant : "Saoulaud de fainéant de Saoul-Fifre...". Aujourd'hui, c'est son tour, alors à tout saigneur, toute horreur, MÔssieur Tant-Bourrin :


Autant annoncer tout de suite la couleur : je ne suis pas très doué pour les cérémonies d'autocélébration, fut-ce pour l'anniversaire du blog, le centième billet ou le millième, comme c'est le cas aujourd'hui. Et puis, très honnêtement, les chiffres ronds ne m'ont jamais fait fantasmer plus que cela, j'aime autant les chiffres sobres, et je trouve 783 ou 1126 tout aussi remarquables que ce bête 1000. Mais bon, on va dire que c'est un exercice imposé...

Comme je n'ai pas envie de vous faire 36.15 Ma-vie, je vais juste raconter cette période écoulée au travers de quelques-uns de mes billets...

Mon premier : celui qu'on oublie jamais. Ma toute première leçon de vie. Finalement, tout était là dedans, j'aurais dû m'en tenir là et ne plus rien écrire après.

Le plus profond : celui-là, il venait de loin, je l'ai écrit avec mes tripes. Ça doit être un des billets les plus courts postés sur Blogbo.

Le plus cité : régulièrement, ce billet tout en tendresse reçoit des visiteurs parce qu'il a été cité sur un forum quelconque. Mais je ne parle que de mes billets : celui-ci de Manou fait carrément péter le compteur et soulève l'enthousiasme des visiteurs malgré tous les démentis apportés dans les commentaires. Quand on voit ce qu'ils gobent, m'étonne pas que la théorie du complot fasse ses choux gras sur la toile, tiens !

Le plus fondateur : le début de la saga. Encore 1294 épisodes et vous connaîtrez la fin !

Les plus intimes: ceux dans lesquels j'ai un peu tombé le masque de canasson. Je me sens tout chose de me relire, tiens !

Le plus ambitieux : hélas, peu de temps après, il fallut déchanter.

Celui avec le plus d'effets spéciaux : j'ai dû me coltiner le contenu d'une broyeuse à papier à la maison pour faire la photo de la perruque !

Le plus ambigû : celui-là, personne n'avait vraiment compris de quoi je parlais ! :~)

Celui dont je suis le plus fier : je sais, ça casse un peu l'ambiance. Mais putain, je m'étais arraché pour l'écrire, celui-là...

Celui dont je suis aussi le plus fier : rien que parce que Tant-Bourrine a été prise d'un fou rire inextinguible en le lisant et que ça, ça vaut tout l'or du monde ! :~)

Le plus emmerdant à écrire : le prochain billet, toujours le prochain billet, parce qu'il n'est pas encore écrit, celui-là !

Voilà pour l'exercice d'autocélébration égocentrique qui ne serait pas complet si je ne tressais pas des lauriers à mes co-blogueurs et leur ENORME talent d'écriture. Merci encore pour tout, hein ! :~)

Et rendez-vous maintenant au billet 2000, c'est à dire, compte tenu de mon état d'usure... à jamais ! :~)



M'zelle Kesskadie, elle nous a bien dépanné cet été. On était tout contents de cette cousine québécoise si joviale, si nature, qui savait si bien se moquer d'elle même, qui venait nous donner des leçons d'humour sur notre propre terrain. Elle nous a écrit des textes hilarants à la mitraillette, et puis hop, la fille du blizzard a repris le train pour Sainte-Adèle. La vie continue et une de ses cartes postales vient de traverser l'Atlantique Nord :


Blogbo, c'est mon Waterloo. Napoléon a été exilé dans une île, j'ai plus ou moins de chances, je suis dans mon Québec colonial. Vous êtes juste trop forts. J'ai rarement vu un tel échange étincellant entre blogueurs et lecteurs. Je n'en suis pas encore remise. Chapeau pour cette belle complicité, cette intelligence, ces répliques ciselées et coupantes. Que du plaisir à ne pas vous saisir!



Calune, la commentatrice qui commente plus vite que son ombre, nous avait fait le cadeau déjà d'une parodie, ça nous avait fait rougir, ben elle remet ça, on commence à avoir le visage légèrement en feu. Une bassine pleine de glaçons, s'il vous plaît ?

D'autant plus que, cette fois-ci, elle s'est mise devant le microphone, ainsi que son ami Billy pour une version masculine. Pour entendre les nouveaux Stone et Charden, il suffit de lancer les deux players en même temps !


Sur une idée de Chou-Soufifrounet, librement adapté de Ma gueule , de Johnny (à la vérité, quand Chou-SF m'a suggéré : t'as qu'à parodier "Ma gueule qu'est-ce qu'elle a ma gueule" de jauni, après un moment de profonde perplexité, j'ai cherché sur google... qui ne connaissait manifestement pas plus que moi le "jauni" en question. :-| Heureusement que le Chou m'a ensuite envoyé des liens vidéo et audio, histoire de réparer cette inculture crasse !)


Quoi Google ? - par Calune

(Téléchargeable directement ici)


Quoi Google ? - par Billy

(Téléchargeable directement ici)


    Quoi, google ?
    Qu'est-ce qu'il a google ?
    Comment ça il t'plaît pas ?
    Il ne te revient pas ?
    Ben moi j'ai tapé "Rezvani"
    Et je suis tombée sur blogbo
    La premièr' page m'a suffi
    Je me suis retrouvée accro

    Quoi, google ?
    Qu'est-ce qu'il a google ?
    Si tu veux t'égayer
    Viens chez ces allumés
    Dés qu'tu lis tu es déjà cuit
    Aussitôt tu y passes la nuit
    Blogbo est entré dans ta vie
    Et tout ça grâce à Rezvani

    Quoi, google ?
    Mais qu'est-ce qu'il a google ?
    Quoi, google ?
    Qu'est-ce qu'il a google ?

    Quoi, google ?
    Qu'est-ce qu'il a google ?
    Oui ils ont une grande gueule
    Mais ils sont pas bégueules
    Ils te mijotent de ces bijoux
    On n'en finit plus d'rigoler
    Et tout ça pour même pas un clou
    La sécu d'vrait les rembourser

    Quoi, google ?
    Qu'est-ce qu'il a google ?
    Sous leur super-bannière
    Ils n'ont pas de barrières
    Ils ne mégottent pas sur le nombre
    D'heures passées à y travailler
    Et le résultat est une bombe
    Blogbo vous allez adorer

    Quoi, google ?
    Mais qu'est-ce qu'il a google ?
    Quoi, google ?
    Qu'est-ce qu'il a google ?

    Quoi, google ?
    Qu'est-ce qu'il a google ?
    Mêm' si c'est pas charnel
    C'est quand même essentiel
    C'est pas comme les sites interniais
    Qui donnent l'impression d'êtr' tout seul
    Blogborygmes c'est le blog parfait
    Et j'dois bien remercier google...



Epictete, philosophe toulousain contemporain (1956-....), nous a longtemps fait l'honneur de venir instiller sur Blogbo ses maximes d'inspiration mi-extrème-orientale, mi-haute-ariégeoise. "''Où y'a du Zen, y'a du plaisir''", sa devise préférée, l'accompagne dans ses visites de cimetières dont l'ambiance dédiée au repos l'aide à supporter le stress inhérent à la vie. D'ailleurs, la simple hypothèse qu'il pourrait exister une vie éternelle après le décès le replonge dans des états nerveux avec secousses et tremblements incontrôlables. Photographier des tombes lui permet de retrouver la sérénité ;-)

Plus sérieusement, Epictete demande juste le droit de se recueillir AUSSI sur Internet.


Tombe de Pierre MARIGNAC
12 Septembre 1860 22 Octobre 1880 TOULOUSE

La neige a fondu.
La forêt respire à nouveau.
Le soleil se réfléchit dans le bassin......
Une fois de plus.



Cassandre, c'est aussi une chouette rencontre, sa plume rapide et sûre se met au service du regard acéré qu'elle lance sur les travers de notre société. Mais elle réserve sa profonde bonté aux nombreux rapports humains virtuels ou non qu'elle a su tisser avec ses commentateurs.


Il était une fois, un blog. Le mien ...

Je ne connaissais pas trop cet univers, au mieux je m'en sers comme journal (parfois intime, mais je diversifie !! ^^"), et puis, de fil en aiguille, ou de clic en clic devrais-je dire, j'ai atterri sur le site de Blogborygmes. A l'époque, il n'y avait que Tant-Bourrin et Saoul-Fifre... comme ça semble loin tout ça !

Impossible de dire quel billet j'ai lu en premier, ça remonte à trop longtemps, quelque part entre fin 2006 et début 2007... je me souviens que le Saoul-Fifre s'était blessé à la main mais que cela ne l'empêchait pas de continuer d'écrire les billets que j'attendais tant.

Puis, il y a eu Manou et ses photos, ses recettes...

Puis il y a eu des écrivains doués de passage, comme des guest-stars qui nous faisaient quelques merveilles.

Andiamo et ses histoires mais surtout sa façon de nous raconter comment c'était "avant".

Mamz'elle Kessadie avec son franc parler et son parler franc (comment ça c'est pareil ? ;-) )

Lorent aussi et ses billets caustiques... surtout celui du 31 décembre 2007 ... bah oui, celui-là, j'm'en souviens.

Et puis allez savoir pourquoi comment, un jour, c'est moi qui ai été invitée avec un de mes vieux poèmes et Andiamo l'a illustré (si je vous dis que je garde très précieusement toutes les illustrations dans un répertoire caché sur mon disque, vous me croirez ?)...

Blogbo, c'est tout ces gens qui ont mis l'écriture au service de la rigolade, du sérieux parfois, des voyages aussi de temps en temps... bref, ils savent nous divertir avec les mots et les mots leur rendent bien, et nos maux ? On les oublie.

En tout cas moi, mon fil RSS, je le surveille pour voir arriver un nouvel article... pas vous ? ;-)



Manou, je ne me souviens plus comment je suis arrivé sur son blog (disparu de la toile, hélas), Tant-Bourrin, sans doute, c'est toujours lui qui me refilait les bonnes adresses, mais je suis resté scotché. C'était le temple de la sincérité, de la poésie, de l'émotion, et ces mots ne sont pas dans ma bouche des mots-valises, des mots-creux. Manou "c'est mon Noël, c'est mon Amérique à moi", Brel m'a enlevé le vers de la bouche. Quand elle a accepté de nous rejoindre, j'ai fait des sauts de cabri


Je me souviens avoir échangé avec Tee Bee sur ce que le blog lui apportait. Tee Bee, tu m’arrêtes si je déforme tes propos, mais je crois bien que tu m’as dit n’avoir jamais écrit autant et aussi régulièrement.

Cette forme de discipline m’a marquée.

Comme les contacts. Toutes les personnes que j’ai rencontrées par l’intermédiaire de Blogborygmes, toutes sans exception, m’ont beaucoup apporté. Pas seulement en filets garnis ou autres recettes soufiennes.

Je rejoins Françoise qui a vraiment le chic pour les formules : le virtuel oui, mais vive le visuel !

Grâce à Blogborygmes j’ai découvert ma vocation : l’élaboration de recettes inégalables. Il ne se passe pas un jour sans que les malheureux partageant mon toit ne s’étonnent de la couleur changeante des murs de la cuisine. Et je dois à Soufi de savoir comment malmener jusqu’aux limites une sauteuse en fonte.

And last but not least, la gloire. Depuis Blogborygmes, je signe des autographes, je dédicace, je tourne des spots publicitaires pour Destop, Le Trèfle ou Canard WC. Il m’est impossible de sortir de chez moi sans lunettes noires. Sinon les enfants pleurent et les pigeons m’assaillent.

Merci mille fois, Blogborygmes !



Lorent, je me souviens, c'était le commentateur le plus doué de chez Abcisse. Abcisse étant THE blog, sans conteste. Si je n'en lis plus qu'un, ce sera le sien. Lorent est drôle, fin, cultivé, un jour il dut dans un commentaire faire une allusion au fait qu'il habitait dans le Sud et je lui écrivis pour lui proposer la botte, enfin, une place dans la dream team. Il a amené du sang frais, nous a raconté ses beaux voyages, il a le regard percutant. On lui garde sa place au chaud.


Pour avoir pris une fort modeste part à l'aventure blogbo, je suis bien placé pour dire que putain, 1000 billets, c'est pas rien, non !

J'avais commencé comme tout le monde, de lien en lien, je lisais un bon paquet de blogs, plus ou moins assiduement pour beaucoup, tous les jours pour quelques uns.

En tombant sur blogbo j'ai mis un moment à mettre le puzzle en ordre. Les blogs à plusieurs étant une rareté, je me demandais chaque jour quel était le lien qui pouvait réunir un Saoul-Fifre, un Tant-Bourrin et une Manou. Surtout que les sujets abordés n'étaient pas riches en indices. J'imaginais un truc pour se marrer en famille, en quoi je me trompais, pas pour la marrade, ça c'est une réussite partagée par le public.

Blogbo en fait c'est juste des amis, mais des vrais amis, toujours prêts à faire une place à un commentateur, et pas regardants sur les délais de livraison des textes :)

J'ai ces derniers temps pas l'inspiration au zénith et c'est un euphémisme, je n'en suis que plus admiratif pour ce 1000ème billet, et j'espère que ce n'est qu'un début !

Longue vie aux blogbo boys, and girls :)



Andiamo va vous le conter, mais c'est vrai que notre rencontre s'est produite sur un malentendu, presque sur une engueulo, vite calmée. Aujourd'hui, on a vraiment l'impression qu'il est avec nous depuis le début. Il nous raconte un temps que les moins de... Hhhum..., il a un coup de crayon d'enfer et un sens de la narration époustouflant ! Merci.


Comment j'ai raté le brevet sportif, mais connu BLOGBORYGMES !

C'était le 12 août 2007, je cherchais les paroles de "Lili Gribouille".

Google m'a connecté sur un article de notre cher Saoul-Fifre, rappelant qui était Serge Rezvani.

S'en est suivi un dialogue avec S-F par commentaires interposés.

Puis, chaque jour, je suis allé sur le site, lire les billets concoctés par Manou, Saoul-Fifre, Tant-Bourrin (je le croyais éleveur, avec un pseudo pareil !) et Lorent.

Le ton des billets était d'excellente qualité, la gaudriole n'en était pas exclue, en un mot j'étais séduit ! D'autant que je suis un mec facile.

Et puis un jour j'ai mis un commentaire sur le très bon billet de Tant-Bourrin : Pour maigrir faites de l'Aveyron

Mon commentaire a sans doute plu à Saoul-Fifre, puisqu'il a rajouté, je cite : "si c'est pas malheureux de gacher un commentaire alors qu'il aurait pu faire un si beau billet !"

Propulsé par une commentatrice, j'ai été mis en rapport avec les "blogboteurs", et leur ai soumis : Le moulin rouge

C'était le 30 octobre 2007, un an déjà ! Un an seulement, il me semble que j'ai toujours connu Blogborygmes, bizarre, bizarre.

La suite vous la connaissez.

Ce dont je me doutais, et qui s'est avéré exact : scribouiller (en ce qui me concerne) une histoire ou deux, ça va, mais durer....

Chapeau aux fondateurs, mille billets, nom de Dieu, ça n'a pas dû être facile tous les jours, et mille mercis à eux de m'avoir si gentiment accueilli.

Ma quête : être à la hauteur de leurs billets... Pas fastoche !

Mille bisous aux commentatrices, mille mercis aux autres.



Bof est un de nos billetistes de choc. C'est à dire qu'il a un choc à chaque fois qu'il tombe sur une de ses productions publiées sur Blogbo vu qu'il ne se souvient pas du tout nous avoir accordé une quelconque autorisation pour ce faire. Notre chance étant qu'à certaines heures apéritives, il trouve tout à fait normal de se découvrir des trous de mémoire. Cette fois-ci, c'est de bon cœur et avec tendresse qu'il a répondu à notre appel :


Blogborygmes a été pour moi un immense progrès. Limousin de l'Est, comme il me plait à dire, je n'ai pas acheté d'ordinateur avant que mon entreprise, suivant une recommandation ou une loi d'un homme politique, dont honte à moi, j'ai oublié le nom - pourtant fût-il béni - ne m'en donnât un tout neuf. La vulgarisation gratuite était en marche. On installa la bête dans une pièce tournée au nord et pas chauffée. Nous n'avions pas d'abonnement internet, bref, nous bricolions, restant sourds aux demandes des enfants qui exigeaient le net.

Les jeunes finirent par gagner et internet arriva dans la chaumière glaciale. Un jour de fin d'été, ce monstre de SF passa nous voir et nous annonça : "on fait un blog avec le Parisien". Un quoi ?

Alors il nous expliqua, bien gentiment, bien posément. Un blog avec des pseudonymes et tout ça, gna gna gni, gna gna gna. J'étais parcouru de frissons, moi qui écrivais de temps en temps des trucs et des machins dans des petits journaux locaux (ça me fait penser d'ailleurs à une histoire de vers de terre) en les signant de mon nom et de mon prénom.

J'hésitai longtemps à aller visiter la chose. Pendant ce temps, Anne s'y était mise. Mais la température baissait et elle prenait des gants pour taper sur le clavier. Des gants de laine d'abord, puis, quand je me mis à visiter Blogborygmes, des gants de boxe pour taper sur le clavier et sur moi ensuite, moi qui devenais accro et réclamais un court passage de temps en temps. Oui, j'étais un homme battu.

A force de discussions, on finit par installer l'engin dans une pièce plus hospitalière, tournée au sud et chauffée plus régulièrement. Anne vendit un bon prix ses gants de boxe sur Ebay, je ne suis plus battu, et je peux faire la sieste dans une pièce tiède à côté de notre ordinateur, prêt à bondir mettre un commentaire.

Non, vraiment, quel progrès pour moi, Blogborygmes.

Et puis même des fois il y a des gens qui m'ont dit un petit mot, pas le posteur de billet du jour, non, un commentateur. Au fait, elle devient quoi, la Mamascha ?

D'autres fois, je me suis fait piéger. "Bon, Bof, fais-moi un compte rendu de tel truc, que je sois au courant" me demandaient, je croyais innocemment, SF ou Margotte.

Mais c'est le blogborisque, j'en suis maintenant parfaitement conscient.

Allez, courage, les blogbos, vous avez mis dans le mille.



La poule a sa place dans ce billet, si ce n'est par nos collaborations musicales, Plus jamais ça, le récent Café du pauvre, au moins et plus encore par le talent qu'elle a de dynamiser les commentaires en lançant des débats sur des sujets brûlants difficiles à traiter avec consensualité. Nettement plus drôle que des ho et des ha d'adulation systématique.

Pour ce millième opus, nous avons donc remis ça. La poule à la voix et à la guitare sèche, et votre serviteur aux paroles, sur Desde La paz he venido une chanson du folklore bolivien. Prise par le temps, elle vous offre cette version simple et belle, mais il est prévu una version completa, con Kéna, charango, percusiones y todo le con de manon, si vous êtes sages.


Blogborythmo - par la Poule

(Téléchargeable directement ici)

    Blogborythmo

    Ce mur entre nous et la vie
    Ecran-miroir de nos survies
    Jipegs, élan inassouvi

    Touche effleurée du bout du doigt
    Echange abois contre pourquois
    Recherche amour mais sans émoi

    Siffler en travaillant
    Bosser en souriant
    Comm' les coups de poing sur la tête
    Ça fait du bien quand ça s'arrête
    Et nous fuyons sur internet

    Surfer en provoquant
    Choquer en commentant
    Plane un air d'une autre planète
    Un air vicié plus ou moins net
    Où des pip'lets pètent leur gazette

    Avec un blog, on communique
    On niqu' les com's des trolls sadiques
    On mouill' sa plum' de soud' caustique
    On laisse aux autr's l'auto-critique

    Ce mur entre nous et la vie
    Ecran-miroir de nos survies
    Jipegs, élan inassouvi

    Touche effleurée du bout du doigt
    Echange abois contre pourquois
    Recherche amour mais sans émoi

    Siffler en travaillant
    Bosser en souriant
    Comm' les coups de poing sur la tête
    Ça fait du bien quand ça s'arrête
    Et nous fuyons sur internet

    Surfer en provoquant
    Choquer en commentant
    Plane un air d'une autre planète
    Un air vicié plus ou moins net
    Où des pip'lets pètent leur gazette

    Un blog est un' bull' de savon
    Elle explos' quand nous écrivons
    Ce torrent sourd que nous bavons
    Roule nos égos, nos sermons.

vendredi 10 octobre 2008

Saoul-FifreBlogboroscope

Faites attention, Béliers, on veut vous tondre la laine sur le dos.

Scorpions, vous vous piquez d'être empoisonnants. Ce n'est pas une qualité.

Capricornes, vous faites ce que vous voulez, mais je vérifierais soigneusement l'emploi du temps de mon conjoint, à votre place.

Surveillez votre facture d'eau, les Verseaux.

Lions, vous croyez courir après les gazelles ? Elles ne feront qu'une bouchée de vous.

Taureaux, un nabot arrogant en costume bling-bling cherche à vous dorer la pilule.

Pour vous Poissons, des problèmes d'ouïe en perspective.

Gémeaux, ne fréquentez pas les bars, les gens vous y voient double.

Relevez la tête, Vierges ! Vous êtes les seuls en mesure de prouver à vos amours que vous leur dites la vérité.

Sagitaires, ça vous semble sage, ITER ?

Vous les Balances, méfiez-vous de vos penchants !

Cancers, vous l'attraperez.

mercredi 8 octobre 2008

AndiamoNelly

"Bonsoir, je m'appelle Nelly". La voix chaude que Francis vient d'entendre, lui parvient au travers des écouteurs de son casque radio, il est animateur de l'émission "la nuit est à vous", sur radio 68 (en référence aux évènements de la même année).

Francis occupe bénévolement ce poste depuis juin 81. Les radios "libres" fleurissent sur les ondes FM, plus ou moins légales, elles ne sont pas moins présentes, et puis le ras-de-marée rose ayant tout balayé, chacun est en droit d'attendre un véritable changement, voire un bouleversement.

Toujours est-il qu'il est présent de 23 heures à 1 heure, un créneau qui réclame beaucoup de tact, de compassion, de psychologie.

"La nuit est à vous" permet à des auditeurs, insomniaques pour la grande majorité, de se confier sous couvert d'un anonymat absolu, un peu comme nos forums, ou nos blogs.

Il y a bien sûr des dérapages, des plaisantins, des noctambules un peu chargés, adorateurs de la dive, mais ces débordements restent assez confidentiels.

La grande majorité des intervenants est dans une véritable détresse. Francis est là pour laisser parler, ni conseils, ni jugements... L'écoute attentive.

La jolie voix est profonde, on y sent une émotion, un très léger tremblement trahissant les larmes toutes proches : "quel Dieu permet autant de solitude" ?

Puis le claquement sec du combiné que l'on raccroche, Francis reste coi, lève les sourcils en regardant Charlot dans son aquarium.

Charlot, c'est le technicien, celui qui est chargé d'envoyer sur les ondes. Cette station, ils l'ont bricolée eux-mêmes, un local dégoté à Aulnay, des matériaux de récup', Charlot travaille à la maison de la radio, deux ou trois copains électroniciens ou mécanos, tous animés du même désir : pouvoir s'exprimer librement, tout en respectant l'étique la plus élémentaire !

Reprenant ses esprits, Francis enchaîne : "un peu de nostalgie".

Sur la platine, Charlot à posé un 45 tours de Léo Ferré de 1952 : "l'île Saint-Louis".


L'île Saint-Louis en ayant marre
D'être à côté de la Cité...


Hors micro, Francis s'adresse à Charlot : "Non mais t'as entendu ça, mon pote ?"

Ouais, quelle détresse, ça me fait tout drôle !

Elle a raccroché très vite, je n'ai même pas eu le temps de dire un mot.

Bah ! De toutes façons, y'avait pas grand'chose à ajouter.


Quand on est une île
On reste tranquille
Au coeur de la ville
C'est ce que l'on dit
Pour les îles sages
Pas de grands voyages
Les livres d'images
Se font à Paris


La chanson terminée, Francis enchaîne l'émission, autres problèmes, autres détresses.

A une heure, Charlot et lui ferment "la boutique", poignée de mains sur le trottoir : "à demain". Puis l'animateur rentre chez lui, la vieille 4L rouge, cabossée, peinture délavée, démarre à la troisième sollicitation.

Le chemin du retour parcouru comme un automate jusqu'à La Courneuve. A cette heure, la circulation est plus que fluide.

Dans la tête de Francis, la même phrase revient en boucle : "quel Dieu permet autant de solitude ?"

Il habite un vieil immeuble, près de la gare, autrefois des maraîchers, aujourd'hui le béton, la brique, le bitume mouillé. Trois étages avalés vite fait, la porte palière bien écaillée, il ouvre.

L'appartement d'un célibataire, ou plutôt d'un divorcé (surtout ELLE qui a voulu divorcer), les chaussettes par terre dans la salle de bains, un reste de boîte de conserves dans la casserolle sur la gazinière. Il craque une allumette, une petite fringale. Il est deux heures, debout dans la cuisine, le cul appuyé contre la machine à laver, il trempe un morceau de pain rassis à même la casserole, et se "délecte" du reste de cassoulet de son dîner du soir.

Il se déshabille, toujours cette phrase qui tourne dans sa tête, couché il ne trouve pas le sommeil... Quel est le...

Enfin, alors que le jour commence à poindre à travers les lames des stores vénitiens, Francis s'endort enfin.

Une courte pause, car à sept heures le grelot du réveil le tire de sa torpeur, il faut aller au boulot.

En dehors de son bénévolat sur "radio 68", il est mécano de piste chez U.T.A. au Bourget. Une douche vite fait, pas le temps d'avaler un café, et le voilà parti, heureusement le boulot n'est pas très loin.

La journée s'écoule : intervention sur un DC 10 ou un Boeing 707, des petites choses, pour les réparations plus importantes, il convient d'immobiliser les appareils.

La journée terminée, Francis rentre chez lui, après avoir bu un demi avec son collègue André, au bar "La Caravelle" face à l'aéroport.

Il est 19 heures 30, il prépare son dîner, vite fait le dîner : une tomate coupée en rondelles, sauce toute prête, boîte de raviolis au goût de ferraille garanti, un morceau de camembert durci par le séjour au frigo, pas bien ragoûtant tout ça !

Il a allumé la télé, un vieux poste Philips en noir et blanc, on y commente encore la victoire du PS : entre ici, François... Ta rose à la main !

Après le JT présenté par Jean-Claude Bourret, Francis va se coucher un peu, il lui faudra se relever à vingt-deux heures pour animer son émission quotidienne.

- Salut Charlot ! Salut mec, alors t'as l'jus ?

- Mmmh, pas trop, tu sais cette Nelly n'a pas arrêtée de me trotter dans la tête !

- Bon, n'y pense plus, si ça s'trouve son mec est rev'nu, elle s'est p'têt envoyée en l'air toute la nuit, elle aura eu un coup d'mou !

- AH ! AH ! AH ! Un coup d'mou, il ne devait pas être mou son mec par contre ! Et il rit de sa boutade.

L'émission reprend avec son lot quotidien de désespoirs, de solitudes, de ras-le-bol, et parfois aussi de coups de gueule.

- Bonsoir, je m'appelle Nelly...

- Oui ? répond Francis qui vient de se redresser, comme propulsé par un ressort. Bon... Bonsoir Nelly, je vous écoute, mais ne raccrochez pas brutalement comme hier soir !

- Quel Dieu permet autant de solitude ?

- Nelly, cela va peut-être vous sembler dérisoire, mais je vous écoute, vous n'êtes plus tout à fait seule.

Dans ses écouteurs, Francis perçoit un profond soupir, puis le claquement sec du combiné.

- Elle a remis ça ! T'as entendu Charlot ? Putain, j'aurais voulu lui parler, quelle détresse, ça m'fout des frissons partout !

- Mets une 'tite laine mon pote, ça va passer...

- Déconne pas, moi elle me bouleverse cette nana.

Le soleil de Nicoletta finit de mourir sur la platine, Francis et Charlot bouclent "la nuit est à vous", un "hasta luego" lancé sur le trottoir, la 4L qui ronronne au second coup de démarreur (un miracle) ! Le trajet retour, le reste de raviolis avalé adossé à la machine à laver, le sommeil qui vient mal.

Toute la journée, Francis n'a cessé de penser à Nelly, vivement ce soir, vivement ce soir... Entendre sa voix.

Nelly ne s'est pas manifestée, rien, aucun appel, il est rentré se coucher un peu triste, un peu inquiet ausssi, même nuit agitée... Une journée banale, la trappe du 727 qui ne se verrouille pas très bien, règlages, essais... Tout est O.K.

"Une lettre pour toi, Francis", crie Charlot en voyant entrer son copain dans le studio, l'enveloppe tenue au-dessus de sa tête. "Donne-la moi, déconne pas", hurle Francis. En se marrant, Charlot tend la lettre à son pote : "ben dis-donc, elle en a mis du temps c'te bafouille avant d'arriver ! elle a dû passer par les égouts ! Gaffe le timbre, c'est un Cérès de Mazelin, il date de 1945 ou 46 !

Mouais, répond un Francis dubitatif, puis il ouvre délicatement l'enveloppe après l'avoir sentie, un léger parfum de lavande imprègne cette dernière, une lettre écrite sur du papier à petits carreaux 5x5, une écriture fine, serrée, appliquée, avec des pleins et des déliés, comme l'écriture d'une petite fille, écrivant avec une "Sergent Major".


Cher Monsieur.

Parler dans un combiné, n'est pas commode, vous semblez tellement à l'écoute de vos auditeurs, que j'aimerais vous rencontrer, si toutefois vos obligations vous le permettent.

Vous voir après votre émission me serait d'un grand secours.

Je sais ce que ma requête a d'incongru, mais je vous en prie : venez !

J'habite au 12 avenue du président Wilson à la plaine Saint Denis, 6ème étage, porte droite.

Nelly.


Emu, interloqué, Francis tend la lettre à Charlot, ce dernier la lit, puis l'air goguenard : "ben dites-donc M'sieur Duss, vous allez conclure !", reprenant la réplique des "bronzés".

Ne dis pas d'conneries, Charlot, elle est complètement paumée cette femme !

Après l'émission et un "au revoir" précipité qui a fait sourire le technicien, l'animateur rejoint l'autoroute A1, sort à la porte de La Chapelle, puis emprunte l'avenue Wilson, ralentit devant le numéro douze, et enfin gare sa vieille 4L un peu plus loin.

L'immeuble est un peu vieillot, semblable à ses voisins, le hall est propre, les escaliers cirés, un immeuble bien entretenu, six étages montés en souplesse, Francis se retrouve face à la porte palière, un bristol épinglé, un seul mot : NELLY. Il frappe...

Le lendemain, Charlot attend vainement Francis, pour se faire pardonner auprès des auditeurs, il a prétexté un malaise passager de l'animateur, il leur passe des disques à la demande. Il a tenté plusieurs fois de le joindre... En vain.

Le lendemain, après avoir téléphoné sans recevoir de réponse, Charlot passe à La Courneuve, nous sommes samedi, il ne travaille pas, coups frappés à la porte : le silence.

Dimanche et lundi matin, idem, alors il se rend au commissariat, y fait une déposition, le jeune inspecteur l'interroge.

- Vous dites qu'il avait rendez-vous avenue Wilson au 12 ?

- Ben oui, il m'a fait lire sa lettre, même que cette Nelly habite au sixième étage.

- Bon écoutez, on va y aller, c'est à côté, vous venez ?

- Oh oui !

Sympa, ce jeune inspecteur, tout au long du trajet il tente de dédramatiser : allez, ils seront restés coincés ! Ne vous en faites pas !

La R18 banalisée est garée face au douze, les deux hommes descendent, le jeune inspecteur va pousser la porte de l'immeuble, quand surgit une dame âgée d'une soixantaine d'années, l'inspecteur s'efface, puis l'interpelle.

- Bonjour Madame, inspecteur Brochard, se présente-t-il en montrant sa carte, vous connaissez bien l'immeuble ?

- Ça oui ! J'y suis née en 1920 ! Et je ne l'ai jamais quitté !

- Bien, bien, alors vous devez connaître une locataire qui habite au sixième ?

- Mais il n'y a pas de sixième ! Ou plutôt il n'y en a plus ! Il a été touché par un obus en 1945, au moment des bombardements de "La Chapelle", tout l'étage avait été gravement endommagé. Alors plutôt que de le reconstruire, et refaire une toiture neuve, le proprio de l'époque a préféré faire raser ce qui restait de l'étage, et construire une terrasse, au lieu d'un bon vieux toit en zinc. Il paraît qu'au cinquième, il y a des fuites, ajoute-t-elle à mi-voix.

- Mais dites-voir, Madame, il n'y a pas une femme prénommée Nelly dans cet immeuble ?

La sexagénaire a pâli soudain.

- Ne... Nelly ? J'ai connu une Nelly autrefois, il y a bien longtemps, elle était née dans cet immeuble elle aussi, moi en Mars, elle en Mai de la même année. C'est horrible, elle habitait justement le sixième étage, quand l'obus a explosé. Sa petite fille ainsi que son mari ont été tués sur le coup, il était allé dans la chambre de la petite, car le bruit des bombes avait réveillé la petiote. Nelly s'en est miraculeusement sortie. Vous savez nous avions été élevées ensemble, nous étions vraiment comme deux soeurs, ça n'est pas un vain mot, même école, nous avions fait notre première communion ensemble.

Une larme coule sur la joue de la dame, puis deux, les sanglots l'agitent.

L'inspecteur a gentiment posé sa main sur l'épaule de la vieille dame.

- Remettez-vous Madame, nous comprenons...

- Ça n'est pas tout Monsieur, ça n'est pas tout, on a enterré sa fillette ainsi que son mari, elle avait les yeux secs Monsieur, très digne comme on dit... Le lendemain on a repêché son corps, dans le canal à Saint Denis.



Dessin Andiamo 2008

lundi 6 octobre 2008

Tant-BourrinLa vie souterraine de Pancrace Griffouillous

Tous les soirs de pleine lune, le corps de Pancrace Griffouillous subissait une bien étrange métamorphose : ses membres se repliaient sur eux-même, se ratatinaient jusqu'à disparaître entièrement, ses épaules rentraient en elles-même pendant que son cou s'épaississait, les traits de son visage s'effaçaient pour laisser place à une texture annelée, et tout son corps, au final, se muait en un long cylindre mou.

En une dizaine de minutes, il devenait ver de terre.

Car Pancrace Griffouillous était, chose rare, un lombric-garou.

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samedi 4 octobre 2008

Saoul-FifreLe café du pauvre

Le café du pauvre. Certains d'entre vous sont peut-être comme Monsieur Jourdain : ils y ont déjà goûté sans connaître la signification de cette expression ? Je souhaite qu'ils soient éclairés là dessus à la fin du billet. Je suis bien certain par exemple qu'Andiamo, notre titi parisien de service, sait de quoi je parle. Le préfères-tu "serré", "stretto", al italiano, ou bien capiteux, musqué, volubile, à l'arabica, mon cher ? Le bois-tu cul sec ou fais-tu durer le plaisir en rajoutant sur la fin une petite cuillerée de crème battue en chantilly ?

Au XIXème, il n'y avait pas de télé, pas de disques, pas de SACEM, pas de MIDEM à Cannes, pas de starac, mais, vous allez en tomber sur le cul, les gens de tous milieux adoraient chanter à tue-tête et s'amuser. Les artistes, les chansonniers en étaient réduits à se produire le soir dans les cafés, et si leur chanson plaisait, le bouche à oreille fonctionnait et leur chanson devenait un tube ... sans leur rapporter autre chose que la reconnaissance appuyée du peuple. Alors ils vendaient leurs chansons : une feuille pliée en deux avec un dessin rococco, la partition de la mélodie et les paroles...

On chantait sur tout, tout le temps. Les comiques écrivaient des pamphlets politiques sur des musiques existantes. J'ai par exemple acheté chez un bouquiniste du Quartier Latin "La clef du Caveau", un épais volume relié contenant des partitions de mélodies connues à l'époque, un peu comme un psautier laïque. Les clients du Caveau n'avaient rien des spectateurs amorphes de la Staracadémie. Ils savaient lire une partition. Le chansonnier arrivait avec le texte qu'il venait d'écrire dans la journée sur un fait d'actualité et disait : "Prenez votre clef, je vais vous interpréter "Faire une pipe à Louis-Philippe" sur la musique n°213". Et les gens reprenaient en chœur le refrain, toujours facilement mémorisable à la première écoute. Si la chanson tapait dans l'œil, ou plutôt dans l'oreille, elle était bissée, trissée puis les gens achetaient le feuillet.

Et bien là je voudrais vous dire : "Prenez la mélodie du Piano du pauvre ", superbement écrite par Léo Ferré. Non, ne blêmissez pas, cette fois je ne vais pas vous imposer ma voix de casserole et mon absence de sens du rythme, je sais, la petite Calunette va m'en vouloir, mais elle va vite se consoler quand elle entendra la voix habitée déposée sur la parodie que je vous ai écrite. Car oui, après Patachou, Catherine Sauvage, Germaine Montero et bien d'autres, c'est La poule qui s'y colle. Et qui supporte haut la main la comparaison.

Un œuf de toute beauté, à mon humble avis. Une interprétation fraîche (oui, c'était un vrai challenge q;-) et réjouissante. Merci encore, et vraiment bravo.

Waw, La poule m'envoie une version encore meilleure, d'accord, il est entendu dans les hautes sphères philosophiques que la perfection n'est pas de ce monde, mais La poule n'en a que faire et elle envoie bouler les obstacles. C'est un morceau d'anthologie et je le rajoute, que chacun se fasse son opinion.

Le café du pauvre
Nos deux regards filous
Avant qu'on n'se sauve
Gagner nos pauvres sous
Fusion inouïe
Salade de fruits
Si dure et si douce
Qui met nos dessous
Sans dessus-dessous
Qui les éclabousse

Le café du pauvre
Le pouls qui devient fou
Pas besoin d'alcôve
Les voyeurs on s'en fout
On s'arrach' nos frocs
La pomme on y croque
D'une dent sauvage
On se prend debout
Et on se secoue
Le cœur à l'ouvrage

Le café du pauvre
Tango dans les remous
Un boa qui s'love
Dans un grand feu qui bout
Tous les diablotins
Nous goualent, mutins
Leurs chansons friponnes
Et nous reprenons
Les refrains cochons
Ah c'qu'on s'époumone

Le café du pauvre
Un fort coup de grisou
Des odeurs de fauves
Des zigouigouis partout
Pas d'nez délicat
Mais du robusta
Qui se mouch' du coude
Mais de la nitro
Du guerillero
Sentant bon la poudre.

Le café du pauvre
Ne coûte rien du tout
De plus il innove :
Il excite, il rend saoul
La tête enfumée
Dans la cheminée
Les tempes qui cognent
On se cramponnait
Devant le buffet
Comme deux ivrognes

Le café du pauvre
Du mou dans les genoux
Guiboles en guimauve
Les quinquets dans le flou
On cherche à tâtons
Soutif et cal'çons
Dans tout' la cuisine
Et on s' pass' un gant
Avant d' foutr' le camp
Rejoindre l'usine

jeudi 2 octobre 2008

AndiamoLa mer

J'ai une vieille rame pour l'écriture en ce moment, alors je dessine.

Nous sommes revenus de vacances, la mer vous manque ? A moi aussi !

Alors j'ai fait une petite série de dessins pour illustrer les paroles de jolies chansons, ou de poêmes que j'aime beaucoup...

Et puis il fallait une petite pause, arrêter un moment la gaudriole, vous laisser souffler (moi aussi), reprendre haleine et des vitamines par la même occasion, après tous ces plagiats libidineux (non, non, pas que li bi di noeud, il a tout mis) !

Un peu de douceur dans ce monde qui en a bien besoin.




Les ports c'est con
Dans les bistrots
Et le folklore
Des matelots
Et la putain
De la marée
Qui va qui vient
Sans rien donner.

(Leo Ferré)




La mer, au ciel d'été, confond ses blancs moutons
Avec les anges si purs, la mer
Bergère d'azur infinie.

(Charles Trénet)




Il la caressa
D'abord en douceur
Puis se déchaîna
D'une passion brûlante
La mer en émoi
Lui donna son coeur.

(Yves Simon)




Avec la mer du Nord, comme dernier terrain vague
Et des vagues de dunes, pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers, que les marées dépassent
Et qui ont à jamais, le coeur à marée basse.

(Jacques Brel)




J'ai fait l'amour avec la mer
J'ai fait l'amour avec la mer
Moi qui ne savais pas m'endormir loin de toi
Là, sur un lit de sable, j'ai rêvé ton sommeil.

(Pierre Bachelet)




Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'océan, des étoiles nouvelles.

(José Maria De Hérédia)



Bons rêves à toutes et à tous...

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