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mercredi 16 décembre 2015

BlutchLes enquêtes de l’inspecteur Hippolyte Tayze-3

Que je vous explique: Hippo Tayze a germé dans ma caboche à la suite d'une réflexion du doyen sur un blog concurrent mais sans le nez.... heu nez en moins ami. " la mort de Coluche, c'est comme pour Lady Di, ce sont des accidents prouvés et y a pas à y revenir." (Ce n'est pas dans le texte, mais dans l'esprit). Et comme vous connaissez mon esprit frondeur, je me suis bien évidemment dit: "Et s'il pouvait y avoir une autre explication ?" Et pourquoi que je me poserais pas des questions.... Parce qu'un chauffeur professionnel pour millionnaires qui est à la fois dépressif et bourré, ça me gêne aux entournures, voyez-vous...

Alors, j'ai mis les mains d'Hippo dans le cambouis... Comme avec ce préambule, je fais éclater la limite d'assimilation de Célestoche, les lignes de séparations dans le texte lui permettront de faire des pauses... Blutch.

Hippo Tayze et la mécanique.

- Hippo ! Tu viens dans mon burlingue, j’ai un truc spécial pour toi.

- C’est Genveut-toujours-plus ou Fleur de Cactus qui me convoque ?

- C’est la Commissaire et arrête de faire le con !

(Depuis qu’Hippo Tayze bosse dans le BVFH, seul le parlé vrai est admis. Ce qui peut donner parfois quelques hoquets à un visiteur non averti ou trop engoncé dans la notion hiérarchique. Il avait dit à la Commissaire qu’il est impossible de traquer les falsifications de l’Histoire si on vit des rapports humains falsifiés par un vernis de respectabilité. Elle a admis cette vérité première comme une évidence.)

- Ok, je suis toute ouïe.

- J’ai eu une demande un peu spéciale qui émane de Mohamed al Fayed, un type pété de tunes qui était le père de l’amant de Lady Di. Tu vois le tableau et ce qu’il attend de nous…

- A peu près, mais là, il demande l’impossible, pas question de pouvoir faire parler un agent secret,ni d'obtenir un tuyau d'un service de renseignements. Si tant est que les services secrets soient impliqués, bien sûr.

- Il le sait très bien, ce qu’il veut savoir, c’est s’il était possible d’avoir organisé cet accident. Tu as carte blanche, mais fais vite car je suis invitée à lui rendre ton rapport dans sa propriété en Egypte.

- D’accord, mais je serais du voyage ou je n’enquête pas.

- Ca dépendra de ce que tu trouves…. Une chose encore, s’il a raison, tu es sur une poudrière. Tout a été verrouillé, claquemuré pour coller à la version officielle. Si tu trouves un os, tu n’auras pas les félicitations des instances républicaines et royales. Ce sont des susceptibles, alors fais gaffe et consigne tout au fur et à mesure.

- Pas fou le mec, même toi tu ne sais pas exactement comment j’enquête .




Deux semaines plus tard dans une villa super luxe des environs d’Alexandrie.

- J’espère que vous avez fait bon voyage et que vous êtes bien installés. L’Egypte est magnifique en cette saison et vous n’aurez pas trop de touristes. Vous avez été très sibylline chère commissaire. « Etude terminée, résultat positif » pourquoi si peu de détail ? J’ai hâte de savoir ce que vous avez trouvé.

- Cher Monsieur, je vous remercie pour cette invitation. C’est pour nous une façon bien agréable de remettre un rapport d’enquête. L’inspecteur Hippolyte Tayze vous fera part directement de ses investigations.

Pour mon côté « sibyllin », vous savez que les communications téléphoniques ne peuvent plus être secrètes et je ne voulais pas ameuter tout ce qu’il y a d’agents secrets dans le monde autour de ce rapport. Si ce que vous pensez est vrai, c’est une bombe, et je n’aime pas voir sauter les bombes trop près de moi.

- Certes, j’ai pu me rendre compte qu’il y a un black out officiel total sur cet événement. Tous les gens contactés ont eu le même discours qui se résume ainsi : « Un attentat est rigoureusement impossible dans le déroulé de cet accident. Il ne peut pas y avoir de mains criminelles dans la mort de votre fils. » Je vous confie la mission délicate d’émettre votre propre opinion et en deux semaines vous me dites avoir trouvé. C’est surprenant. Qu’avez-vous trouvé inspecteur ?

- Dans une enquête, on ne trouve que ce que l’on cherche, et pour savoir quoi et où chercher, il faut d’abord analyser le contexte général. Or ce contexte est fait de plusieurs choses. Je précise que je n’ai recherché que la faisabilité d’un attentat et non s’il y a et quelle est la main criminelle.

a) Il était évident que Lady Di exaspérait la maison royale au plus haut point, mais ça ne devrait tout de même pas être suffisant pour la tuer.

b) Il semble que sa relation avec votre fils a été prise beaucoup plus au sérieux que ses passades précédentes. Lady Di était encore en âge de procréer et l’idée d’envisager un demi-frère du futur roi de confession musulmane semblait être assez insupportable à toute une partie de l’Angleterre. Là encore ça me semblerait un motif de meurtre assez léger, mais on a vu pire.

c) Le jour de l’accident, votre fils et son amie ont été traqués à journée faite par les paparazzi. On peut supposer que leur faculté de tolérance était émoussée au moment du déplacement fatal.

d) Je n’ai obtenu aucune information crédible quant aux raisons de la présence à Paris des deux agents secrets britanniques. Ces gens-là voyagent beaucoup. Le lien est possible avec votre affaire, mais pas certain.

e) Concernant le chauffeur, on a dit tellement tout et n’importe quoi sur son compte que c’en est suspect. Je suppose toutes fois que le Ritz ne confie pas la vie de ses clients à n’importe qui et qu’un chauffeur de Palace doit faire preuve de qualités morales et professionnelles certaines.

f) Le garde du corps survivant a perdu la mémoire…. Peut-être bien que oui, mais il peut aussi avoir peur et simuler.

Venons en aux faits :

La Mercedes a percuté un piler du tunnel de l’Alma en roulant à très vive allure. Pourquoi le chauffeur n’a-t-il pas levé le pied à temps ? Avec un léger ralentissement avant le virage, puis une reprise de l’accélération dans le virage, il pouvait maîtriser la trajectoire. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? J’ai imaginé qu’il ne pouvait peut-être plus ralentir la voiture et je suis parti sur cette hypothèse.



Reprenons au départ du Ritz :

A peine dans la rue la Mercedes est prise en chasse par des motards de la presse, plus une moto que les journalistes ne pourront pas situer dans leur giron. Appelons là la moto X. Les journalistes suivent la voiture. Il leur importe de savoir où vont votre fils et son amie. Par contre, la moto X accélère pour se porter à la hauteur de la voiture, comme pour faire une photo. Mais peut-être n’était-ce pas un appareil de photos que le passager a fait voir aux occupants de la voiture. Ont-ils eus des raisons d’avoir peur, nous ne le saurons jamais.



C’est probablement sur ordre de ses passagers, que le chauffeur a accéléré à fond et c’est à partir de là qu’il ne maîtrise plus rien. Il rentre à trop vive allure dans le tunnel, et il est gêné par une petite voiture blanche. Il perd la maîtrise du véhicule est s’écrase contre le pilier. La moto X passe près de l’épave mais ne s’arrête pas. On ne retrouvera ni la petite voiture blanche, ni la moto X. Peut-être faute d’avoir vraiment cherché. Et personne ne pourra expliquer le retard exceptionnel, en pleine ville de Paris et de nuit, de l’arrivée du SAMU. Il y a dans le déroulé du drame des incohérences, ou tout au moins des bizarreries.

J’ai étudié un modèle de ce type de Mercedes. Un sabotage de la voiture est réalisable en 5 à 10 minutes chrono. Sur ce genre de voiture, il n’y a plus le traditionnel câble des gaz qui relie la pédale de l’accélérateur au papillon d’ouverture du carburateur, loin s’en faut. La commande est semi électrifiée.

De la pédale, une tige rigide gainée passe sous le capot. Cette tige est couplée à un dispositif électrique qui va commander l’ordinateur du moteur pour le faire accélérer (ou décélérer). Il est parfaitement réalisable de fausser cette commande.

a) soit en tordant la tige rigide en un endroit précis qui viendra se coincer dans la gaine lorsque le conducteur écrase la pédale au plancher. Tant et aussi longtemps qu’il roule feutré (disons à moins que ¾ des gaz), il ne se passe rien, la partie tordue restant en dehors de la gaine rigide.

b) Le contact électrique actionné par cette commande peut avoir été remplacé par un autre, trafiqué pour qu’il se bloque lorsqu’il a été mis à fond de course.

Dans les deux cas, le résultat est que les gaz restent bloqués à fond et que le chauffeur ne peut plus maitriser la trajectoire en jouant avec les gaz. La voiture devient un bolide fou. Ce cas de figure n’est pas intégré dans la formation des conducteurs ni des chauffeurs professionnels et qu’en tout état de cause, dans un tel cas, l’attention du conducteur est figée sur la trajectoire, il n’y a plus de place pour réfléchir comment s’en sortir. Ou dans tous les cas la réflexion se fait trop lentement et sans les connaissances techniques permettant d’éliminer tout de suite les fausses solution, comme de vouloir glisser le pied sous la pédale afin de forcer le mécanisme à revenir à zéro. Impossible, car la pédale n’est pas solidaire du reste de la commande, elle est posée sur l’extrémité de la tige rigide qui, elle, est équipée du ressort de rappel à zéro. Pendant les deux ou trois secondes où le chauffeur tente ce genre de manœuvre, il laisse la voiture prendre de la vitesse, sans tenter de la limiter en freinant énergiquement.

On a déjà vu ce genre de problème avec des régulateurs automatiques de vitesses qui se bloquaient. Dans aucun cas recensé le conducteur avait pensé à sortir la vitesse engagée et freiner le véhicule, laissant le moteur hurler pour son seul compte. Pas plus que de tourner la clef de contact d’un cran pour couper le moteur sans verrouiller la direction. Ce dernier point est d’ailleurs impossible sur cette Mercedes dont la clef de contact est une carte à puce.

Ce cas de figure a pu arriver à votre chauffeur si son accélérateur a été trafiqué. Après l’accident, le sabotage est indétectable. Il n’en serait pas de même si l’accélération avait été radiocommandée de l’extérieur. On aurait retrouvé le système de réception (si tant est qu’il ait été cherché…)

Je précise encore que combien même il avait tenté de freiner, sortir la vitesse engagée ou coupé le contact, la voiture était déstabilisée pour amorcer le virage avant le tunnel et il y a de fortes chances qu’elle serait sortie de la route. Mais il y aurait certainement eu un moindre choc tout de même.

Un peu trop d’énervement par une journée pourrie par les paparazzi, il est tard, la fatigue fausse le jugement et les réflexes, un motard qui s’approche trop fait monter l’adrénaline des occupants de la voiture d’un cran supplémentaire. Un coup de gaz à fond, c’est l’accélération de trop, la commande se bloque et le bolide devient fou. Trop de stress pour agir vite et sainement et c’est le crash pratiquement garanti. J’évalue à 90-95% le niveau de réussite d’un tel sabotage, si ce sabotage a réellement eu lieu, ce que je ne pourrais jamais prouver.



- Mais personne ne pouvait prévoir l’impact. Je veux bien admettre qu’au moment où l’accélération a été provoquée, le passage dans le tunnel était prévisible, mais la voiture aurait pu percuter un car de touristes, faire des victimes supplémentaires, je ne sais pas….

- Si c’est un attentat, il était dirigé exclusivement contre Lady Di et il était gouvernemental. Avez-vous déjà vu un gouvernement reculer parce que des gens innocents risquaient de mourir ? Il n’y aurait jamais de guerre dans un tel cas… Je veux bien qu’elle ne risquait pas de percuter un camion-citerne d’essence à cette heure de la nuit, mais combien même, cela n’aurait pas été un détail de ce genre qui aurait pu modifier la détermination des éventuels tueurs ou le scénario de l'exécution.

Vous nous avez demandé s’il était possible de saboter la voiture pour provoquer cet accident mortel. Je vous réponds que si la voiture de votre fils a été sabotée de cette façon, c’est un crime parfait. D’autant plus parfait qu’il intègre les réactions des victimes dans son développement.

Exaspérer ses victimes pour réduire leurs capacités de réaction et les pousser à la faute, c’est fort. Après, il ne reste plus qu’à transformer un coup d’accélérateur rageur en une voiture devenue folle… C’est techniquement un jeu d’enfant.

- Hippo, s’il y a eu attentat comment les auteurs pouvaient-ils savoir que le couple partirait avec cette Mercedes ?

- Je vous rappelle, Commissaire, qu’il n’y avait ce soir là dans le garage du Ritz, qu’une voiture de disponible. Il est facile de faire louer les véhicules excédentaires dans l’après-midi.

- Mais comment savoir que ce serait celle-là qui resterait ?

- Si je ne m’abuse, elle était moins prisée que les autres car c’était la plus ancienne ou plus modeste de la flotte. C’était forcément elle qui allait rester et que le Ritz ne louerait pas pour pouvoir la mettre à disposition du couple. D'autre part, c'est un sabotage effectuable très rapidement et le garage du Ritz n'est pas surveillé en continu.

Un des mécaniciens que j’ai interrogé m’a montré comment tordre cette tige d’accélérateur, il l’a fait devant moi en 10 minutes, puis il m’a montré le résultat, moteur en marche. En imaginant que ça arrive alors qu’on roule déjà à près de 100 km/h, ça fait vraiment peur. Après sa démonstration, il a remplacé la commande qu’il a trafiquée par une neuve. Voilà celle qu’il a tordue. Il existe d’autres possibilités tout à fait accidentelles. Je ne les ai pas prises en compte puisqu’elles ne correspondaient pas à votre demande.

- Je vous remercie pour vos recherches objectives. Vous savez ce que je pense de cet « accident » mais vous avez voulu rester en dehors de mes passions, c’est très professionnel.

- J’ai enquêté sans mettre de barrage « moraux ». Les « ça ne se fait pas » et autres « mais ce serait horrible » n’étaient pas de mise dans ce cas parce que ni les professionnels du meurtre, ni les gouvernements n’ont ces interdits. Toute fois, je n’ai pas pu rester dans la stricte neutralité. J’ai juste voulu rester objectif et réaliste.

Les motifs de vouloir tuer Lady Di étaient futiles, mais où se situe la limite….. Pour vous dire, dans une enquête que je viens de terminer, un ministre a été assassiné pour la seule raison qu’il était pressenti pour devenir premier ministre à la place du ténor de son parti. Vu ainsi, les motifs d’assassiner Lady Di étaient beaucoup plus « sérieux » que pour ce pauvre ministre.



- Mon secrétaire est à votre disposition pour vous proposer quelques excursions dans l’Egypte ancienne. Prenez votre temps dans le monde enchanté de l’Histoire, avant de retourner dans ce monde violent et hypocrite.



Merci commissaire Genveut, Merci inspecteur Tayze. Je sais que je n’obtiendrai jamais la vérité, mais je sais maintenant que la forfaiture était possible, malgré les garanties sur l’honneur des Ministres français et anglais qu’un acte criminel était totalement impossible. Merci de tout cœur, je peux commencer à faire mon deuil.



- Les déclarations sur l’honneur sont comme les promesses, elles n’engagent que ceux qui les croient. L’inspecteur et moi sommes ravis d’avoir pu vous être utiles.

mercredi 2 septembre 2015

AndiamoTri martolod

Breizh... Na ruz, na gwenn, Btreizhad heipken ! (Ni rouge, ni blanc, Breton seulement)

Autrement dit : ni de gauche, ni de droite, Breton avant tout ! Ah ! Ils sont têtus les Bretons, je les aime bien, courageux, durs au boulot, de fiers marins et des paysans pas fainéants !

Je me suis souvent promené en Bretagne, il y fait beau... parfois ! Non, je charrie, de toutes façons, comme le dit Olivier de Kersauson : "en Bretagne il ne pleut que sur les cons". Après ça, tout le monde dit revenant de Bretagne : "je n'ai eu que du beau temps" !

Récemment, dans son album "Bretonne", Nolwen Leroy, la belle brune aux yeux bleus portant une frange (ça vous rappelle quelqu'un ou quelqu'une ?), a enregistré des chansons du folklore armoricain en breton.

Aujourd'hui, voici "tri martolod"


Une petite photo de la pointe du raz (raz : détroit en breton) : on aperçoit le phare de "la Vieille" au loin... De dos, mon vieux pote, ça fait tout de même 56 ans que nous nous supportons ! Ne dit-on pas qu'un ami c'est quelqu'un qui te connaît bien, mais qui t'aime quand même ?


Pour voir et entendre le clip, c'est ici

(ch'tiot crobard Andiamo)

vendredi 28 août 2015

Oncle DanL'article 412-6 du code des grands chemins

J’étais encore enfant, mais je me souviens très bien.

Nous nous dirigions en direction de l’horizon. Un peu vers la droite.

Plus précisément vers cette bourgade dont l’orthographe hérissée de consonnes m’égratigne la mémoire.

Igor faisait claquer son fouet pour accélérer la cadence car le crépuscule allumait les premières étoiles et c’était surtout vers huit heures, à la tombée de la nuit, que les assassins, les cyclones et les épidémies de choléra faisaient rage dans ce paisible village.

La vieille rosse, somnambule et cagneuse, qu’il qualifiait parfois de cheval dans le feu de la conversation, restait insensible aux sollicitations et nous nous faisions dépasser par d’antiques paysans, courbés sous le poids d’immenses fagots.

Il en aurait fallu davantage pour contrarier Igor, dont l’éternel sourire était un site classé, de même que le chaos de mèches entremêlées qu’il avait sur la tête, et qui évoquait la lande bretonne après les marées d’équinoxe.

Lorsque Lezghinka - c’était le nom de sa jument - eut atteint le sommet de la colline, nous aperçûmes la mendiante au bord du chemin.

Sa main tendue, sèche et noire comme celle d’un singe, sortait d’un amas de peaux de bêtes haut de trois pieds et demi à peine. Je me souviendrai toute ma vie de sa petite figure plissée, ratatinée, rugueuse et basanée comme un cuir de bottes qui auraient survécu à toutes les guerres. Sous la capuche, deux yeux rouges brillaient comme un couteau suisse. Je ne saurais dire s’ils lançaient réellement des flammes, mais ils me parurent distinctement incandescents.

Lance-lui des pièces, me dit Igor, embarrassé.

Il faisait partie de ces généreux avares qui ont constamment la main à la poche mais n’en sortent jamais rien.

Je le ferai, lui dis-je, à condition que tu m’en donnes…


***

De nombreuses années plus tard, rien n'avait changé. Igor était toujours aussi pingre, et il y avait toujours des cyclones, des épidémies et des bandits, ces derniers expliquant sans doute l’incessante prolifération de brigadiers au bord des grands chemins.

Un jour, l’un d’eux intima l’ordre à Igor de stopper sa pouliche sur une zone d’arrêt d’urgence.

Bien sûr, il ne s’agissait plus de cette rosse de Lezghinka qui n’en faisait qu’à sa tête, mais de Lezghin IV, un modèle sport qui bondissait comme un tigre.

La côte sur laquelle la première peinait autrefois, avec le dynamisme d’une jument décédée depuis moins de 24 heures, Lezghin IV la grimpait en un insignifiant nombre de minutes et presque pas de secondes.

Considérant la tête de brute, la voix éraillée et le ton goujateux de l’homme en uniforme, Igor résolut d’obtempérer.

-- Vous ne semblez pas connaître l’article 412-6 du code des grands chemins, lui postillonna au visage l’homme copieusement moustachu.

Son haleine trahissait un alcool frelaté achevant de dissoudre un goulash musclé en oignons.

Igor venait lui-même d’avoir une longue conversation avec une bouteille de vodka et préféra ne pas affronter le brigadier de face. Il marmonna quelques réponses flasques, inaudibles et mucilagineuses, en se cachant derrière la fumée de sa pipe.

-- Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent, ânonna le rouage administratif.

-- En conséquence de quoi, poursuivit-il, je dois verbaliser quand vous mangez, buvez ou fumez en tenant les rênes. Vous saisissez ? Conclut-il à la manière d’un huissier.

Vous pensez bien que je ne vais pas énumérer ici tout ce qu’il est interdit de faire en tenant les rênes, ne disposant ni du temps, ni de la place nécessaires. Plus l’eau coule sous les ponts, plus la liste de l'article 412-6 s’allonge…

mercredi 29 juillet 2015

BlutchLa famille Martignier

Je sens qu’il est temps de lever une interrogation lancinante qui vous torture depuis belle lurette :

- Comment un fils de citadins pur sucre peut-il être pareillement pris dans une phobie de cambrousse et aller s’enterrer au fin fond du trou du cul de la France ?

La terre de mes ancêtres, c’est de l’asphalte. Le parcours santé de ma mère, sa tournée des grands Ducs, c’était de faire du lèche-vitrine. Le seul à avoir pétri la terre, l’avoir bêchée et ensemencée, c’était François, mon grand-père maternel. Lui aussi était citadin, mais il avait un lopin de jardin populaire, survivance du plan Wahlen pour l’autosuffisance alimentaire de la Suisse, décrété durant la guerre.

Heuuuuuuuuuu là, il y aurait comme un défaut d'aiguillage que ça ne m’étonnerait pas.

Villandry se visite par le peuple pour se cultiver.

C'est en dessous que ça se cultive par le peuple...

En 45, ces lopins sont restés en main de leurs locataires et existent toujours en 2015. Mais grand-père François n’avait pas eu de chance, par nécessité urbanistique, son jardin populaire s’était trouvé déplacé à Pétaouschnock et il n’a plus pu le garder. Il m’en reste un vague souvenir, gâché par les rouspétances quasi continues de la grand-mère. Ca n’explique donc toujours pas pourquoi j’ai une âme de cul-terreux.

Du temps de mon enfance, il était courant de mettre les mômes à la campagne durant les grandes vacances. Ca cumulait les avantages :

1° Ils se payaient un bon bol d’air lorsque celui des villes sentait un peu trop le goudron fondu.

2° Ils avaient une autre vision de la vie.

3° Ils dégageaient le plancher et permettaient aux parents de se payer des vacances sans les lardons.

4° Pour les hôtes, ça mettait du beurre dans les épinards parce que ce n’est pas nouveau que la petite paysannerie tire le diable par la queue.

Au départ, je n’étais pas franchement enthousiaste. Me retrouver dans un monde inconnu n’était pas fait pour me plaire, mais bon, lorsqu’on n’a pas le choix…. Je ne suis retrouvé à Yens, petit village du côté de Morges. C’est là que j’ai découvert la cambrousse. Un petit train de campagne à l’ancienne. Deux frères se partagent le domaine du père de façon manifestement pas très équitable. Je me retrouve dans la famille qui n’a pas tiré le gros lot. L’autre, le frère, a la plus grosse maison car il s’occupe du père. Il a aussi un tracteur alors que « mon » paysan avait deux chevaux. L’étalon s’appelait Max et il avait la crinière en brosse. Je l’aimais bien le Max, tout doux et délicat, un calme et placide canasson qui tirait plus du côté Percheron que pur-sang arabe.

Nous n’étions pas à la campagne pour être en vacances, on partageait les travaux de la ferme, à la mesure de ce que l’on pouvait faire. Ca se résumait la plupart du temps à accompagner la famille dans les champs. La famille, oui, parce que le couple March…. Heu Martignier avait 4 filles, toutes plus vieilles que moi. Rigole pas, vu depuis mes dix ans c’étaient des vieilles puisqu’elles avaient entre 16 et 11 ans à mon premier passage chez les Martignier. Alors il y avait qu’avec la plus jeune qu’on pouvait partager des jeux. Des jeux innocents môsieur Andiamo, car nous n’avions pas alors l’esprit dépravé. Quoi « ça a bien changé » Peut-être, mais pas avec elle.

Un jour, le Régent avait sonné le rassemblement de tous les enfants du village. Nous étions en pleines vacances d’été, mais il y a des choses qui ne se discutent pas, et l’une de ces choses consistait à monter le bois de chauffage dans les combles de l’école. Il était en tas dans la cour, bûché bien comme il faut et nous avions fait la chaîne à travers la cour, dans les couloirs, les escaliers pour aller le mettre en têches dans les combles. Petits et grands, élèves ou invités, chacun y allait à sa mesure et le bois fut vite remisé.

Martignier était un paysan à l’ancienne, et il l’est resté. Comble du modernisme, il avait une moissonneuse-lieuse attelée. La machine coupait le blé et le liait en gerbes, aussitôt abandonnées à terre.




Les suiveurs avaient pour tâche de reprendre ces gerbes et de les monter en « Moillettes ». 3 gerbes verticales, épis en haut et chapeautées par une 4e, cassée dans sa longueur et placée de telle sorte que les épis ont la tête en bas ainsi que l’extrémité de la paille. Ainsi posées, les gerbes ne craignaient plus la pluie.

Après la moisson, les gerbes étaient chargées sur un char attelé et menées au battoir municipal. Le grain était vendu sur place et la paille, mise en bottes, était aussitôt rechargée.

Un jour que nous étions tous aux champs, on voit un panache de fumée noire s’élever du village situé en contre bas. Martignier devient nerveux et pressé. « Ca flambe à Villard, faut y aller. Vous, vous rentrez à la maison. » Ben oui, pour un citadin, ça semble tout simple de faire le 18, de prendre une chaise une canette et de s’installer confortablement pour regarder en commentant toutes les erreurs que font les pompiers, parce que c’est comme au foot, les spectateurs savent toujours mieux que ceux qui agissent. A la campagne, ce n’est pas exactement ce scénario. Les hommes valides ont un casque et un uniforme de pompier à la maison, ils font régulièrement des exercices pour savoir lequel de tous tient le mieux l’alcool, et le jour où ça crame, il faut prier le bon dieu pour que ce ne soit pas une nuit qui fait suite à l’exercice annuel des pompiers parce que ceux qu’on arrive à trouver se transforment en lance-flammes à chaque respiration trop près du brasier… Que ça se passe dans un autre village n’avait aucune importance et la solidarité se passait bien de communauté de communes, la communauté humaine était alors supra-administrative… A la nuit tombée, les enfants sont retourné sur le chemin qui domine Villard et on regardait fasciné ces flammes très hautes qui éclairaient tout le village, avec la crainte que cet incendie se propage dans les fermes voisines. Martignier était rentré tard dans la nuit en disant que le feu est sous contrôle et qu’il n’y a plus de risques. Des pompiers étaient restés toute la nuit à arroser les restes de la ferme. Le lendemain nous sommes descendu à Villard pour voir. Pour voir au centre du village, 4 murs calcinés et un tas de paille et foin qui fumait encore dans le panache blanc de l’eau qui s’évaporait aussitôt arrivée sur le foyer qui couvait encore. Les maisons voisines n’avaient pas souffert du feu. C’était le foin, avait-il dit, qui avait fermenté et s’était enflammé parce qu’il n’était pas assez sec au moment de le rentrer. Du haut de mes 10 ans, j’avais eu la désagréable impression de me sentir inutile. D’autant plus qu’un pompier nous tenait à distance respectueuse… C’était mon premier incendie. Ce ne fut pas le dernier que j’ai eu l’occasion de croiser… A suivre. Blutch

mardi 14 juillet 2015

Saoul-FifreLes boss ont calanché, vive le boss !

Andiamo, tu n'as pas encore compris que c'est toi le boss, dorénavant.

Tu nous fais force appel du pied pour nous remettre au boulot mais le bureau dictatorial t'ouvre grandes ses portes. T'as plus qu'à signer au bas de l'ECC, Échange Conventionnel de Contrat, nous ya belle lurette que nos paraphes y sont apposés et attendent le tien.

Mais tu insistes, mauvais bougre, alors ça c'est typique du gars qui a passé sa carrière comme salarié, salarié de haut niveau sans doute mais tu n'arrives pas à te visualiser comme nouveau patron de presse. Mais puisqu' on te dit qu'on te refile toutes les actions contre une drachme symbolique ? Un peu d'ambition, que diable !

Bon maintenant, tu te débrouilles, tu fais passer les entretiens d'embauche aux apprentis billetistes, aux photographes de chatons et de plantes en pot, enfin je dis ça mais si ton inclination naturelle te porte plus vers le style Françoise Hard-X Fillipachi ou Cloclo, te gêne pas. Tu leur donnes le moins possible en leur faisant miroiter une formation bidon et une possible évolution indexée sur le nombre de clics, tu inondes d'encarts publicitaires toute cette fucking place disponible inutile sur la gauche et aussi en bas à droite et t'es le roi du monde.

Et tu arrêtes les allusions lourdes comme quoi on serait des fainéants.

Mais on n'est pas encore à la retraite, nous ! La vraie vie à ses exigences et ses raisons ! Tu vois, sincèrement, je peux te parler sincèrement ? Je préfère passer un week-end à écouter Célestine imiter le rossignol, à discuter et rigoler avec des copains autour de plats faits maisons voire d'une omelette aux truffes blanches (oui je vous nargue tous) plutôt qu'à aller vérifier sur les blogs si tous les internautes sont pas en vacances !

Bon mais en plein cagnard, vas-tu me dire ? Oui, là je reste à l'ombre si possible mais je préfère lire, à tout prendre... Tiens : "Les mouchoirs rouges de Cholet", de Michel Ragon. Du souffle épique, du sang mouillé de poésie car oui le peuple rêve, espère, raconte, se bat pour ce à quoi il croit...

Allez, pleure pas... Tu l'as eu, ton billet ?

Et puis profite que personne nous regarde et fais-moi un bisou baveux, grand fou !

lundi 15 juin 2015

BlutchAvec la Modà, faut marcher droit. Phase deux

Je tiens à m’excuser platement envers Tant-Bourrin et Saoul Fifre pour leur avoir sucré, une fois de plus leur tour de publication. J’espère et j’irai jusqu’à dire que je crois qu’ils comprendront qu’il était impératif de pouvoir ajuster la traduction directement après le texte.

Alors un grand merci à ces deux êtres d’exception qui, pour l’un retarde sa publication d’un billet intitulé « le scato-logique dans la chanson française », et pour l’autre « Avant j’avais un cul-noir, mais depuis j’en ai fait des saucisses ».

Je vois que par la même occasion, je brûle la priorité d'aînesse à Andiamo, mais quelque chose me dit qu'il est normal de se faire doubler un jour de 24 heures du Mans... Scusi cugino ma il rimorchio deve seguire il camion.

Salut c’t’’ami, (bonjour mon cher)

tu viens de dégoter* une modà* (de trouver une dame de bonne présentation). Congratulations t’as tiré un bon numéro. Pour pas t’empêtrer avec ta Louise*(ta femme, utilisé aussi si elle s’appelle Arlette) et qu’elle fasse de l’usage, faut respecter les consignes, comme dans un cours de répèt*. (cours de répétition : période annuelle de 1 à 3 semaines où le citoyen-soldat suisse doit réviser ses acquis militaires)

Ta modà, c’est du chtoff* (du solide), mais y a quand même des trucs qui ont des susceptibilités* (des fragilités), rapport à Jean Rosset* (le Soleil) ou les frimas, alors vas-y molo pour l’espédier au plantage* (mais non Andiamo, c’est pas ça du tout. Le plantage est le lieu de culture pour les besoins de la ferme), quand ça tape trop fort sur la tchoupe* (la tête), tu lui offres un chapeau de paille, et une pèlerine quand ça roille* (pleut) comme vache qui pisse.

Parfois une modà ça dégouline à répétition sous les mirettes. T’y fais pas trop gaffe, parce que ça revient comme le mildiou sur les vignes pas sulfatées, mais en plus souvent. Recta, t’y essuies tout en douceur les quinquets* (les châsses… heu les yeux) avec un moqueux* (mouchoir). NB: la poésie rurale n'est pas, non plus, du Lamartine .

Quand ça dégouline comme la Pissevache*(célèbre cascade à l’entrée du Valais, visible de toute la largeur de la vallée du Rhône), tu prends la panosse* (la ouassingue, la serpillère) et tu lui racontes des gentillesses avant de guinguenatsser* (courtiser avec tellement d’insistance qu’il n’y a qu’une issue possible) pour la consoler. T’as une liste de gentillesses dans la partie interdite pour les bouèbes*. (les enfants)

Dans la modà, t’as des trucs importants à savoir. Ca t’a une mémoire d’éléphant que t’as pas idée. La modà standard n’oubliera jamais le bouquet de chrysanthèmes acheté par mégarde pour sa fête.

Pour pas qu’elle fasse la meule* (seriner, user à longueur de reproches), à la paie du lait, te faut l’inviter à aller manger le bout-de-fat* (spécialité de sauciflard de fort diamètre typiquement payernoise) à Payerne, mais sans ramener une machurée... (là, on entre dans des explications pour expliquer le crescendo d’une ivresse : stade 1 : être pompette. Stade 2 : avoir pris une gonflée. Stade 3 : la machurée. Stade 4 en ramener une fédérale. Il y a encore des sous-groupes, mais ce serait trop long…)

Dans les cas graves, faut-y aller d’un vincande à Moillemargot ou carrément à Villeneuve.

Tu peux aussi faire tout ça sans attendre qu’il y ait du pétard parce qu’elle risque bien de te faire la potte* (faire la gueule, bouder) pendant que tu t’esquintes à lui faire plaisir.

Les modàs, t’en a pas deux pareilles, mais t’as un truc où elles se ressemblent toutes : deux trois fois par an, faudra lui changer son costume du dimanche, parce que pour elle, elle ne veux pas du rapietcé* (réparé, reprisé). Avant de te décider, regarde-voir à la Placette*, c’est moins cher que l’Inno* (2 magasins lausannois du genre « Galeries La Fayette ») et y z’ont aussi les éclaffe-beuzes (les souliers) qui vont avec.

Elle t'a vite poussé des siclées*(des rouspétances dont le niveau sonore est sans concurrences) qui peuvent ridiculiser les cloches de la cathé si y a du chnabre* (du pétard) Et y a vite des bringues* (disputes) si une bedoume* (Paris Hilton, en version rurale) bien foutue s’approche de toi. Le dernier avertissement avant la crêpée de chignons, c'est toujours pareil:

- Dis-voir la gueïupe* (femme aux mœurs douteuses), t’arrête de faire les yeux doux à mon mari ou je te file une grulée* (une raclée).

Là, y a plus à pétasser* (discuter), une des deux doit déhotter*(partir).

Ta modà est multifonction, comme le couteau suisse : Moutre* (de l’allemand Mutter. le Pays de Vaud était une possession bernoise, il est resté quelques traces de l’idiome des envahisseurs.) , infirmière, femme de ménage, pasteure, régente* (institutrice), meneuse à la promenade dominicale, couturière, masseuse, organisatrice des fêtes des grillots*(les mômes), et une raquaquée* (quantité) d’autres trucs.

Mais elle a aussi des fonctions délicates dont y faut pas trop abuser, comme « cuisinière » ou « femme de ménage », parce que ça peut tout faire péter dans le ménage, surtout si tu ramènes une fédérale* (stade ultime de la gonflée). Evite alors de dégobiller*(faire une restitution par voie orale) sur la moquette, parce qu’elle aurait raison de bouéler*(de pousser une siclée… de gueuler).

Si tu la prends pas avec des pincettes, ta modà fera bien de l’usage parce que la qualité suisse, c’est pas de la gnognotte* (mauvaise qualité) et tu regretteras pas d’avoir été chez le pétabosson*.(l’officier d’état civil chargé de célébrer les mariages).

NB : Il existe le modèle bourbine* (suisse-allemande), blonde aux yeux bleus, version spécial K3. Ce qui ne veut pas dire qu’elle rupe* (mange) 3 fois des céréales le matin (quoi-que…), mais qu’elle a 3 occupations exclusives: Kinder*, Küche*, Kirche* (enfant, cuisine église), mais certaines ont parfois été bercées trop près du mur, alors ça fait forcément du tort pour causer philosophie.

Alors voilà c’t’ami, à la revoyure*(Alors voilà , au revoir mon cher) et salutations au gouvernement*(à l’épouse).

Blutch.

samedi 16 mai 2015

Saoul-FifreJ'ai 10 ans


Hé oui, déjà 10 ans, pour un blog c'est comme pour un dog, il faut multiplier par 7 pour avoir une équivalence avec la vie humaine ! Ce blog est à la retraite, quoi... Une retraite très active, pour certains des billetistes, mais mézigue il doit être en train de buller sous un conifère car ça embaume foutrement le sapin, moi je vous le dis ! Les aiguilles, l'infirmière va pas tarder à venir m'en enfoncer, d'ailleurs, et les pines... non je vais arrêter là la métaphore, c'est mieux.

10 ans c'est beaucoup. Et si je me laissais aller à oublier un moment mon alacrité naturelle, je dirais que c'est trop. J'ai été cliquer sur les blogs que nous suivions, mon bourrin et moi, avant de créer le notre, hé ben tous ne sont pas morts ! La veuve Tarquine se tape le marathon de Paris comme une jeune et ce con d'Embruns résiste encore aux giboulées.

"S'il n'en reste qu'un je serai celui-là" ! Plus facile à dire qu'à faire !!

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