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samedi 18 avril 2009

AndiamoDes villes qui font rêver

Quand j’étais petit, il y avait des noms de villes, de pays ou de lieux qui me faisaient rêver, sourire, voire franchement me marrer, ou bien qui me faisaient peur.

Les villes qui font rêver tout d’abord :

- Samarkand ! C’est où Samarkand ? En… Et puis non tiens, cherche ! Ouvrir un dico, ça ne fait pas de mal ! Soyons franc : jusqu'à aujourd’hui, je ne savais pas non plus ! Samarkand, ça sent les épices, le jasmin, on voit les palais, les harems. Samarkand, c'est l'orient fabuleux, celui de mon enfance, loin des conflits et de la violence.

- Bagdad, y’en a qui se marrent ! Je l’attendais, mais je veux parler du Bagdad d’avant le pétroleum ! Bagdad des mille et une nuits, la belle Shéhérazade, le film magnifique à mes yeux d’enfant avec Sabu : "le voleur de Bagdad", les tapis volants, la lampe magique, le génie balèze torse nu, le crâne rasé, seule une très longue natte pendait derrière sa tête, impressionnant !

Après avoir vu le film, de retour à la maison assis en tailleur sur un vieux sac de patates, j’essayais de m’envoler au dessus des palais et des mosquées !

- Nijni-Novgorod, le beau film Russe : "le tour du monde de Sadko", dans la Russie des tsars, le héros doit affronter des tas d’épreuves, un peu comme Ulysse en quelque sorte.

- Tombouctou, c’est drôle et mystérieux à la fois, devant moi défilait le Hoggar, les oasis, les Touaregs, tu te rends compte ? Les hommes bleus, vêtus de leurs gandourahs, ne laissant apparaître que leurs yeux, les princes du désert, fiers, assis en tailleur, pieds nus sur leurs méharis. C’était L’Atlantide, Pierre Benoit, la Belle Antinéa, j’aurais bien aimé être le capitaine Morange !

- Yokohama, le Japon, le Fuji-Yama se dressait devant moi le cratère tout blanc, à ses pieds les cerisiers en fleurs, la vraie carte postale ! Moi, c’est comme ça que je voyais le Japon, pas celui d’Hiroshima ! Les pousse-pousse dans les rues, les toits pagodes et, à chaque coin de rue, Mitsuhirato, l'infâme.

- Calcutta, Pondichery, les Indes… Des bêtes effroyables surgissaient, des tigres, des panthères noires, des cobras, je lisais Kipling, j’avais 12 ans, Rikikitikitavi n’avait pas de secrets pour moi (je viens de l’écrire de mémoire sans me gourrer), la courageuse petite mangouste qui tuait le vilain cobra royal, dans un combat singulier… Epique !

- Le Kamtchaka, comme le mot est plaisant à prononcer : KAM TCHA TKA. Il s’articule bien dans la bouche, c’est joyeux, et puis c’est très loin : sur un planisphère c’est à l’autre bout de la planète, alors pensez, ces gens du bout du monde ne viendraient jamais égorger nos fils et nos compagnes ! Tranquilles qu’on était, sereins, confiants.

D’abord : c’était nous qu’on avait le plus bath pays du monde et des environs… Alors !

- Mais la région du globe qui nous faisait le plus marrer, c’était le JUTLAND. A l’énoncé de ce beau pays, la classe pouffait, et chacun de répéter : le JUTland, waouh ! La honte crêcher dans un bled pareil, ça devait glisser méchant ! Une fois la première vague de rires apaisée, l’instituteur reprenait les troupes en main.

C’était : bande de crétins, idiots, imbéciles ! La grosse gomme volait bas, il visait bien la vache, et PAN ! En pleine poire, fallait pas moufter et rapporter la gomme de surcroît ! Pas sûr que les profs puissent en faire autant aujourd’hui sans encourir les foudres des parents et de leur hiérarchie. Autres temps……

Si j’avais ramené ma fraise, j’en aurais pris une autre de fraise, et pas sucrée celle-là, alors je ne mouftais pas.

- Salamanque, ça ressemble à Samarkand, alors je confondais, et puis à part aujourd’hui, je n’ai jamais vraiment cherché à savoir où c’était : tant pis pour eux !

- Istambul, voilà une ville versatile, elle a changé de nom tout au long de son histoire, un peu comme une gonzesse qui n’arrêterait pas de se marier puis de divorcer, une inconstante, une hésitante, une p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non ! Alors voilà : un coup c’est Byzance, un autre Constantinople, puis Istambul, au gré des conquêtes et des coucheries, une belle certes, mais une belle un peu volage.

- Bamako, en voilà un nom rigolo quand on a 12 ans, BA-MA-KO, ça sonne comme noix de coco, c’est sucré, ça vient de loin, ça sent l’Afrique, dans nos têtes de mômes, c’était Tarzan, la forêt tropicale, les lions féroces, les éléphants amis de l’homme. J’ai appris depuis qu’il fallait se méfier de ces bestiaux-là quand on croisait leur chemin, mais enfin, là où j’habite, à six heures le soir, ils ne descendent pas jusqu'à la Seine pour boire, non, ils ne descendent pas !

- Et le lac Titicaca ? En voilà un qui nous a fait bien marrer et ça continue encore, rien à foutre de savoir où il était ! Dans les Andes ? Il aurait été dans ma cave que ça m’aurait pas plus impressionné. C’était le nom qui nous éclatait, il m’en a valu des 100 lignes quand, une heure après le cours magistral sur cette saloperie de lac, le voisin de pupitre me balançait en loucedé et à voix basse : Titicaca, je pouffais bien entendu et paf ! Oeil-de-lynx qui avait tout vu, sauf le souffleur, me collait une péno à faire signer !

- Le Kilimandjaro, rigolo aussi celui là, ça sonne comme guili-guili, je ne sais pas pourquoi mais très longtemps étant môme je l’appelais le KiLILImandjaro, comme si ça n’était pas assez compliqué comme ça !

- Zanzibar, elle m’a fait bien rire, celle-là aussi !

- Maracaïbo ! La mer des Caraïbes ! Et c’est toute la flibuste qui me saute au visage, Errol Flynn, "le vagabond des mers", la rousse flamboyante Maureen O’Hara dans "à l’abordage", je me souviens de son surnom de femme pirate : la rafale.

Mon cinoche se mettait en marche, les riches galions Espagnols abordés par les pirates justiciers, des Robins des bois des mers, le foulard noué sur la tête, une large ceinture en tissu, toujours rouge, ceinte autour de la taille, le sabre entre les dents, les grappins jetés par-dessus bord : CLAC,CLAC,CLAC, pas de quartier, ça ferraillait sévère sur le gaillard d’avant, mais jamais de sang, on avait l’hémoglobine modeste à l’époque, les combattants prenaient plus de coups de pieds au cul et de coups de poings dans la gueule que des sabres en travers de la tronche ! Ah si les maths m’avaient fait autant rêver, mais va prendre ton panard avec un cosinus ou avec Pythagore !

Enfin au sommet du rêve : HOLLYWOOD ! Toutes les belles actrices Américaines : Marilyn, Ava , Maureen, Grace, Lana, Ingrid, Rita et Liz… (vous avez remarqué : je les appelle par leurs prénoms, ne soyez pas jaloux !). Où êtes-vous, blondes platines, rousses incendiaires, brunes assassines ? Envolées mes étoiles, bien rangées dans les cinémathèques.

Les villes qui faisaient peur c’était : Berlin de triste mémoire juste après la guerre, pas franchement en odeur de sainteté ! Pearl-Harbor, Midway, Okinawa, les war-birds, qui nous faisaient hurler dans nos cinoches de quartier, les héros Américains qui écrasaient les Japs ! On applaudissait, on trouvait ça "drôlement chouette", les P 45 Curtiss, les P 51 Mustangs, et autres F 4U "Corsairs" immortalisés bien plus tard par : pappy Boyington, les « zéros » et autres Nakajima n’avaient qu’à bien se tenir !

Sur le chemin du retour j'écartais les bras, j'imitais les moteurs vrombissants, et je t'assure j'étais alors un "thunder bolt" ce fabuleux chasseur bombardier Américain, armé d'une torpille !

On était minots, on ne savait pas, la guerre pour nous, c’était seulement des chouettes batailles sur un écran, de la "führer", de l’héroïsme, et le bon GI qui finit toujours, toujours par gagner !

- Dusseldorf, à cause du vampire du même nom, ça m’foutait l’trac, j’imaginais une ville toute noire, poisseuse, avec à chaque coin de rue un mec en noir portant une grande cape… Tain la chiasse !

Et puis, bien sûr, Auschwitz, Berkenau, ou Buckenwald !

Juste après la libération, les photos des camps circulaient beaucoup, des expositions avaient lieu un peu partout, sur la place de la mairie ou bien au marché, et pour un gosse, c’était très impressionnant !

On ne connaissait pas Beyrouth, personne n’aurait été capable de vous donner le nom de la capitale de l’Afghanistan.

Mais il y avait d’autres lieux tragiques oubliés aujourd’hui : Dien Bien Phu, le 36ème parallèle, la Corée, et plus tard : les Aurès !

A chaque époque ses conflits… A chacun son histoire…..

jeudi 16 avril 2009

Saoul-FifreGuten tag

Ben oui : "guten" parce que ça tombe bien. On s'est fait inviter ce soir dans un traquenard copieusement arrosé. Repas portugais, tapas diverses, calamars frits, rillettes de sardines, pois chiches en salade, riz porc-amandes de mer, tout ça inondé sous du vinho verde, fromages de chèvres, pâtisseries maisons, pousse-café, pas de café pour moi, merci...

Alors le billet, ben pour être tout à fait franc, je me le sentais pas, ce soir.

Et la proposition de ma coche préférée, heu : COACH préférée, tombe à pic.

Ha qu'il est doux de se faire taguer quand on a un trou dans sa couche de jaune. Surtout que le tag a l'air simple : une photo.

J'ai pu jadis, sur le coup de la colère, prononcer des mots très durs contre les chaines et tous les chaineux. Mais là, adjugé c'est vendu, je me laisse taguer sans plus me débattre..

La troisième du dernier dossier, donc.

Il y aurait beaucoup à dire sur la qualité technique de cette photo, mais nous aimons cet endroit mythique.

dimanche 22 mars 2009

AndiamoJulie

Le samedi 22 mars 2008, Julie nous quittait, une glissade fatale, dont nous ne nous sommes jamais remis.

Bien sûr j’ai joué les durs, j’ai même plaisanté en envoyant ceci à Saoul-Fifre :

Je n’en suis pas fier, j’ai obéi à mes plus vils instincts : ceux de la gaudriole !

L’heure est à la repentance : nous ouvrons une souscription afin que soit immortalisée notre truie préférée.

Nous coulerons un bronze, la représentant, dans sa position favorite : couchée !

Tous les dons sont acceptés en numéraire bien sûr, mais en nature aussi.

Ainsi, si vous possédez chez vous des bronzes coulés de fraîche date, faites les parvenir chez Saoul-Fifre, ce dernier ne manquera pas j’en suis sûr de vous communiquer son adresse.

Il en fera le meilleur usage j’en suis sûr, du volume des bronzes coulés dépendra l’importance de la statue !

Soyez généreux, ne vous ménagez pas, "FUCALISEZ" vous s’il le faut, la plus modeste contribution en nature apportera son bronze à l’édifice.

N’oubliez jamais : Le bronze est à Julie ce que l’étron est à la cloche (ou l’inverse je ne sais plus).

Voici le projet, il vaut la peine que l’on se force un peu NON ?

mardi 17 mars 2009

Saoul-FifreEt merde !

Tant-Bourrin nous ayant mouisé le début de semaine avec l'efficacité coutumière qu'il met dans tout ce qu'il touche, qui qui se retrouve avec la corvée, qui qui doit éponger par derrière les pleurs du lectorat sensible, qui qui doit vous consoler, offrir son épaule, tapoter votre dos, tenter de vous redonner le goût de vivre, le goût du vin, le goût du boudin et celui du perlinpinpin, comme chantait l'élégante Barbara ?

Mézigo, comme de juste, toujours le même, toujours prêt, comme au bon vieux temps scout !

Allez va-z-y, fais les rire, chatouille leur les zygomatiques.

C'est pas que je veuille pas, mais ça ne se fait pas en claquant des doigts, mes chéris.

Et pi j'aime pas me forcer. Alors j'ai fouillé dans nos vieilles photos et j'en ai trouvé des que j'aime bien. J'en ai même trouvé une de moi à poils mais bon la vie est assez difficile comme ça pour certains et je ne voudrais pas leur y rajouter des complexes. Ni déclencher des maelströms hormonaux chez d'aucunes.

Non, nos gosses qui s'amusent, ça ira très bien, c'est assez drôle en général. En tout cas, ils nous font rire et c'est le principal.

Les citadins inscrivent leurs mioches au judo, eux, ils s'inscrivent tout seuls aux jeux d'eau. Nul besoin de les pousser à boue.

Je précise que ça ne se passait pas chez nous, mais chez la petite voisine de gauche, que le tablier ne nous appartient pas et que nous n'étions pas là quand la photo a été prise. On peut y voir M., au milieu, oui, celui-là des rédactions, en train d'assumer sa part féminine et en obtenir un franc succès.

mercredi 11 mars 2009

AndiamoLe beau Georges

Il avait toujours été beau. Bébé, déjà, les femmes dans la rue s’arrêtaient, se penchaient sur le grand landau style "British" et s’exclamaient :

- Dieu qu’il est beau !

Marguerite, la maman, se redressait alors et bafouillait un merci, en rougissant de confusion, puis immanquablement leur répondait :

- Ne le dites pas trop fort, il va finir par le croire !

En grandissant, cela se confirma, Georges devenait de plus en plus beau, cheveux blonds, yeux bleus, bien bâti, déjà beau parleur, gentil, aimable, un amour d’enfant ! Quand dans la rue les fillettes jouaient à la corde en récitant des comptines :

- Le Palais Royal est un beau quartier.

- Toutes les jeunes filles sont à marier.

- Mademoiselle Nicole est la préférée...

- De Monsieur GEORGES qui veut l’épouser !

Elles se mettaient à glousser. Georges souriait gentiment à la petite Nicole ou une autre interpellée dans la comptine, les petites rougissaient, minaudaient, dansant d’un pied sur l’autre.

A l’école, il était le "chouchou". Irrésistiblement, ses institutrices, à la moindre occasion, lui passaient la main dans les cheveux. Charmeur, Georges était charmeur, chaque année il obtenait le prix de camaraderie (autrefois ce prix était décerné, par un vote à bulletin secret, à celui qui avait été le meilleur camarade, et ce dans chacune des classes du primaire).

Son premier "vrai" baiser, Georges le reçut à l’âge de onze ans, donné par la fille d’une fermière de l’Aveyron, où ses parents passaient des vacances.

La fille, une brunette alors âgée de quatorze ans, un tantinet délurée, l’avait attiré dans un endroit tranquille, loin du regard maternel, et au prétexte d’un jeu de devinettes du style : "petite grange pleine de nourriture, sans portes ni fenêtres, qui suis-je ?"

- Ben, j’sais pas, avait-il répondu.

- Un œuf ! S’était écrié la jolie Catherine, tu me dois un gage.

- Ah bon, lequel ?

- Un baiser ! Puis elle s’était littéralement jetée sur lui, collant ses lèvres sur les siennes en tentant d’insinuer sa langue entre ses dents serrés.

Georges avait rapidement compris ce qu’elle cherchait et avait répondu à son invite.

Au cours des années qui suivirent, le beau gosse avait accumulé les conquêtes, emballant tout et n’importe quoi, à croire que seule la quantité comptait pour lui, un peu comme les cow-boys de nos westerns qui crantent le manche de leur colt après avoir abattu un homme, lui se vantait de ses bonnes fortunes, faisant baver d’envie ses copains qui ramaient comme des malades, sans arriver à conclure !

Il faut dire que dans les années cinquante, ça n’était pas facile, c’était pour ainsi dire mission quasi impossible. Le mariage ou rien !

Comme tous les jeunes de cette époque, Georges fut appelé sous les drapeaux. D’abord, les classes à Lunéville. Même là, il fit des ravages, et pourtant les jeunes filles du crû étaient averties, et se méfiaient des militaires comme de la vérole !

Il avait laissé à Paris deux "fiancées", voyant parfois l’une, parfois l’autre, au gré de ses permissions, il les recevait chez ses parents ! Les braves gens n’osaient pas trop lui faire des réflexions. Ils n’approuvaient pas, non, mais faisaient preuve de complaisance.

Un jour, recevant l’une de ses conquêtes suite à une "quarante huit heures", l’autre, avertie par un copain qui avait aperçu Georges débarquant chez lui, se pointe : le drame, un Vaudeville, une pièce de Boulevard :

- L'une : je suis la fiancée de Georges !

- L'autre : moi aussi !

- On se marie à Pâques.

- Nous, cet été !

Les parents : dans leurs souliers qui avaient perdus deux pointures d’un coup, et le beau Georges au milieu, l’air goguenard, petit sourire. Bien sûr, ce jour-là, il perdit ses deux fiancées.

Mais aucune ne résistait au charme du beau blond. Puis, après ses classes, il partit pour l’Algérie : Fort de l’eau.

Il faut savoir qu’à l’époque les "pieds noirs" se méfiaient des militaires Français, bon nombre d’entre eux ayant pris la tangente, dès leurs vingt-huit mois terminés, les laissant avec un souvenir, qui allait grandissant dans le fond de leur ventre !

Eh bien Georges, toujours aussi séducteur, trouvait encore des bonnes fortunes ! Libéré de ses obligations militaires, il continua ses frasques, jusqu’au jour où la jolie Michèle se retrouva enceinte.

Michèle, une jolie fille, vingt ans, dactylo dans une compagnie d’assurances à Paris, c’est en bredouillant qu’elle lui apprit la nouvelle.

Georges l’aimait bien, mais de là à l’épouser… Toutefois à cette époque, il était très rare que les couples vivent maritalement, il y avait une horrible expression désignant cet état de fait : à la colle, "ces gens là" sont à la colle ! Alors un beau matin de Juin, Georges et Michèle s’unirent selon l’expression consacrée : pour le meilleur et….

Au début, tout alla bien, Georges se tenait, la naissance de Francis, leur petit garçon, semblait avoir assagi le papa. Semblait seulement, car ses vieux démons ressurgirent rapidement : une collègue un jour, une compagne de voyage un autre, le trajet Mitry-Paris était suffisamment long pour donner le temps de faire connaissance.

Il y eût aussi la voisine : au début des petites phrases échangées par-dessus la clôture et puis…

Une pas farouche, la voisine, divorcée, trois enfants, levant aussi bien le coude que la jambe !

Cela ne trompait pas Michèle, chacun des écarts de son époux lui était une torture, elle se résignait, mais rien ne lui échappait : un parfum sur sa veste, des jours et des jours sans lui faire l’amour... Une fois, même, alors qu’il se déshabillait, elle s’aperçut qu’il avait mis son slip le devant derrière, sans doute un habillage à la hâte, après un p’tit coup à la sauvette, songea-t-elle tristement.

Un matin d’automne, elle reçut un télégramme, très peu de foyer possédant le téléphone, en cas d'urgence on envoyait un télégramme, via la poste.

Papa au plus mal STOP t'attendons STOP bises Maman STOP.

Michèle mit à la hâte quelques affaires dans une valise, confia Francis à la garde de son amie, puis acheta un billet pour Limoges, ville dans laquelle ses parents s’étaient installés depuis peu, ils y avaient acheté une petite maison pour leur retraite.

Georges n’était pas ravi, certes, mais cela ne l’affectait pas beaucoup, il en profita pour faire venir chez lui, afin d’occuper ses nuits, Jeanine, une brunette assez gironde, qui possédait des talents de chevaucheuse de guignols assez exceptionnels !

Bah ! Songeait-il, Michèle est absente pour plusieurs jours, autant en profiter !

Ce dimanche matin, Georges se leva, laissant Jeanine paresser au lit. La veille, il avait reçu une lettre de sa femme, postée le jeudi, dans laquelle elle le rassurait sur l’état de santé de son père. Certes il était hospitalisé, suite à un malaise cardiaque, mais rien de très grave, beaucoup de repos, plus un suivi médical. Elle lui disait aussi qu’elle rentrerait sans doute le lundi, ou plutôt le mardi suivant, sa présence rassurant ses parents.

Tout en sifflotant, Georges partit faire un tour sur son vélo tout neuf, acheté trois mois auparavant à la manufacture de Saint-Etienne.

Jeanine, encore endormie, ouvre péniblement un œil, dans un brouillard elle aperçoit une silhouette, celle d’une femme…

- Salope ! Hurle cette dernière, un éclair, la lame du large couteau de boucher plonge dans l’abdomen, tranchant net l’aorte abdominale !

Le vélo appuyé au mur de la maison, le polo trempé de sueur, Georges monte les marches du perron en haletant un peu, après les soixante-dix kilomètres avalés bon train… Normal.

La porte n’est pas fermée à clef.

J'étais pourtant sûr de l’avoir fait, pense-t-il. Il pénètre dans le hall puis, passant devant la cuisine, il aperçoit, assise sur un tabouret, sa femme.

- T’es …T’es déjà rentrée ?

- Ça se voit, non ?

- Et ton père comm... Comment va-t-il ?

- Qu’est-ce-que ça peut t’foutre ? C’est qui la poufiasse dans MON lit ?

- La quoi ?

- Fais pas l’ignorant, suis-moi !

Michèle s’est levée, Georges la suit les boyaux noués, il transpire mais, cette fois, la sueur est froide, il n’en mène pas large. Michèle s’arrête devant la porte de la chambre, pâle, déterminée, elle ouvre largement le battant, s’efface, Georges fait un pas, recule, porte les deux poings à sa bouche, il hoquète puis vomit sur le mur, vomit encore, s’essuie la bouche du revers de la main.

- Non, ça n’est pas possible, pas ça ! Pas TOI ! Dis-moi que ça n’est pas toi qui as fait ça !

- Oh que si, j’en ai plus que marre de toutes tes pouffes, cette salope a payé pour TOUTES les autres, tu m’as prise pour une conne durant toutes ces années, j’ai fermé les yeux, encaissé… Mais là !

- Profiter de mon absence, et pour quel motif ! Et toi, mon salaud, tu ramènes la première pute venue dans notre lit !

- Ne reste pas figé comme un con, maintenant il va falloir s’en débarrasser.

Où est la petite Michèle timide, effacée, réservée que j’ai connue ?

Georges est abasourdi, un direct dans l’estomac ne lui aurait pas davantage coupé les pattes.

Alors ils ont roulé le corps dans le drap maculé de sang puis l’ont traîné jusque dans la cave, ensuite chacun est remonté afin de rapporter des bêches.

Georges devant, Michèle trois marches plus haut.

- Nous allons creuser sa tombe dans la cave ?

- VOS TOMBES !

Ce furent les derniers mots que le beau Georges entendit, quand la bêche dans un large mouvement semi-circulaire vînt lui trancher la tête au niveau de la troisième cervicale, KLONG, KLONG, KLONG, fit-elle en roulant jusqu’au bas des marches, avant de s’arrêter contre celle de sa dernière maîtresse… Pour un ultime baiser.

vendredi 6 mars 2009

Tant-BourrinLa discothèque imaginaire

Vous savez quoi ? La Trollette m'a tagué (ici) !

En temps ordinaires, les chaînes me font partir en courant (je ne suis pas très bondage), mais là, vu que, absorbé ces derniers jours par une activité professionnelle tendance "lavabo bouché" (en d'autres mots : débordante) qui ne m'a pas beaucoup laissé de temps pour cogiter un beau billet fin et sophistiqué comme vous les aimez, je me rue dessus comme le Souf' sur une bouteille de gros rouge. Voilà l'occasion de faire un billet à très peu de frais sans se casser la tête !

Allons-y, je suis fidèlement la procédure imposée...


Etape 1 : le nom d'artiste

Cliquer sur http://en.wikipedia.org/wiki/Special:Random et prendre le titre ou les premiers mots.

Je procède procédurièrement et j'atterris sur ceci. Ulugh Kun, ma foi, voilà un nom d'artiste qui déchire bien !


Etape 2 : le titre de l'album

Cliquer sur http://www.quotationspage.com/random.php3 et prendre les 4 ou 5 derniers mots de la dernière citation.

Je scrupule scrupuleusement le mode d'emploi. Je tombe sur une citation de Norman Thomas (1884-1968) : "The secret of a good life is to have the right loyalties and to hold them in the right scale of values". Bon, c'est donc dit, le titre de mon album imaginaire sera "the right scale of values". J'ai encore de la chance, ça a de la gueule !


Etape 3 : le visuel

Cliquer sur http://www.flickr.com/explore/interesting/7days et choisir une des photos.

Je consciencise consciencieusement les indications et je choisis la photo de Maïté d'un gros pachyderme assoupi qui, je trouve, colle bien avec le titre de l'album...


Etape 4 : le résultat

Le bloguer ou le poster sur Fesse d'bouc.

Kif-kif la Trollette : je n'ai jamais compris ni le fonctionnement, ni l'intérêt de Fesse d'bouc, alors j'en fais un billet ici... Voici donc en première mondiale (et en dernière par la même occasion) la pochette de l'album imaginaire que vous ne pourrez jamais écouter hormis dans vos rêves....



Etape 5 : taguer à son tour

Vous me connaissez, je ne suis pas du genre à faire aux truies ce que je n'aimerais pas confit de canard. Alors je laisse la chaîne ouverte car, ayant "the right scale of values", je sais le prix de la liberté !

Mais que ceusses qui ont envie de s'y risquer s'y risquent, ça enrichira toujours un peu plus la discothèque imaginaire ! :~)

samedi 28 février 2009

AndiamoLa recherche fondamentale.

Je vais commencer par une petite histoire...

Nous sommes en 1196, sur une île située au milieu d’un fleuve qui coule en Amérique du nord, plus tard les colons l’appelleront Hudson. Sur cette île vit une tribu de nobles guerriers : les Algonquins. Leur île s’appelle Manna-Hata, l’île aux multiples collines.

Le chef de cette noble tribu, demande un jour à son plus valeureux guerrier :

- Crois-tu qu’au-delà de la grande rivière salée il y ait d’autres hommes ?

- Je ne sais pas répond le guerrier, mais nous pourrions envoyer des signaux de fumée et attendre une réponse, ainsi nous serions fixés.

- Tu as bien parlé rétorque le chef, demain nous apporterons du bois, puis nous allumerons un grand feu et enverrons des signaux.

Le lendemain, toute la tribu a préparé un immense bûcher. Le chef y met le feu et, lorsque la fumée est bien épaisse, à l’aide de couvertures cousues entre elles, on commence à envoyer des signaux.

On recommence l’opération le lendemain et ainsi de suite durant quatre jours. N’obtenant pas de réponses, le chef se tourne vers son valeureux guerrier et lui déclare :

- Voilà, maintenant, nous sommes certains qu’au-delà de la rivière salée il n’y a personne, HUGH !

Où je voulais en venir ? A ceci :

Le S.E.T.I., Search for Extra Terrestre Intelligence, est un organisme dont Carl Sagan est l’un des initiateurs. Cet organisme est chargé de rechercher des traces de vie extra-terrestres dans l’univers, car, si notre univers compte 200 milliards de galaxies, chacune contenant environ 200 milliards de soleils. C’est bien le diable si on ne trouve pas dans tout ça une ch’tiote planète pouvant accueillir la vie, voire une vie intelligente, non ?

Or les fonds du SETI ne sont plus alimentés, sauf par des dons privés, et, vraisemblablement, tout cela cessera un jour.


Où sont-ils nos Vasco De Gama, nos Christophe Colomb, où sont nos Docteur Livingstone I presume ? Nos conquérants de l’inutile ? Ceux qui, penchés à l’avant des blanches caravelles, voyaient monter des étoiles nouvelles ? Ceux qui comme Ulysse avaient fait un beau voyage ? Les Argonautes qui s’emparèrent de la toison d’or ? Où sont-ils donc ?


Vive l’inutile, ces fous qui inventent des choses qui ne servent à rien. Pensez donc, deux frangins, en Amérique, veulent faire voler un plus lourd que l’air ! I M PO S S I B L E ! Et pourtant, en 1903, ils y parviendront ! Oh, un saut de puce bien sûr, quelques mètres….

Soixante-six ans plus tard, l’homme pose le pied sur la Lune ! Soixante-six ans seulement séparent le saut de puce des frères Wright du pas de Neil Armstrong !

Et depuis, plus rien ou si peu, quelle frilosité ! Ça ne sert à rien, les voyages spatiaux, il faut chercher utile !

Regardez ce Monsieur Cugnot... Nous sommes en 1770. Un hurluberlu, ce Joseph Cugnot : il vient de mettre au point un engin à vapeur, "le fardier", cet engin serait, je dis bien "serait", capable de remplacer les véhicules hippomobiles !

AH ! AH ! Je me marre, "ON" ferait mieux de financer des recherches utiles, par exemple aider les chercheurs qui souhaitent améliorer la race chevaline.

Imaginez : si par le truchement de quelques habiles croisements, on obtenait une nouvelle race de chevaux capables de parcourir une lieue supplémentaire dans la journée, voilà une recherche qui serait bien utile.

Mais un chariot à vapeur… Quelle idée farfelue !

Rouler dans un tunnel à plus de quarante kilomètres / heure ? Impossible, la pression induite sera telle que les corps seront broyés, c’est ce que pensaient des savants forts respectables à la fin du XIXème siècle. Aujourd’hui, nous traversons ces tunnels à plus de 300Kms/h, avec seulement une petite gêne au niveau des tympans !

Et que penser de ce malade mental : un Suisse, François Isaac de Rivaz, nous sommes en 1807 et il vient de déposer un brevet concernant un engin qu’il appelle "moteur à explosion interne" et qui fonctionne au pétrole, ce produit juste bon à brûler dans les lampes, et malodorant avec ça, POUAH !

Si les hommes avaient rondement mené la conquête spatiale, il y a belle lurette que des astronautes auraient posé le pied sur Mars ! Que dis-je le pied, les deux tant qu’à faire ! On nous rétorque :

- Oui, mais le voyage, c’est au bas mot, un an et demi ! Vous vous rendez-compte ? C’est long un an et demi !

Amundsen resta absent près de huit mois, pour aller conquérir le pôle nord, laissant son navire hiverner six mois. Pourquoi ? Pour être le premier !

Et puis si l’on désire voyager vers d’autres étoiles, les distances sont si colossales qu’il faudra bien inventer "autre chose" qu’une fusée, si rapide soit-elle ! On aurait dit à Christophe Colomb, voici cinq siècles, "un jour, l’homme mettra trois heures pour traverser l’Atlantique", impossible aurait-il répondu, jamais un navire ne pourra se déplacer à une telle vitesse. C’est toujours vrai, même aujourd’hui, alors les hommes ont inventé l’avion.

Aller sur la lune ? Impossible, aucun avion ne peut atteindre l’espace, et encore moins s’y déplacer, les hommes ont construit des fusées !

Les étoiles sont trop lointaines ? Alpha du Centaure : quatre années lumière ! Quatre ans de voyage à raison de 300.000 km à la seconde ! Sept fois le tour de la terre en une seconde, on ferait mieux de tourner sept fois sa langue dans la bouche d’une jolie femme, oui !

Reste aux hommes à inventer autre chose que des malheureuses fusées se traînant à 11 km/seconde. Allons, Messieurs les savants, penchez vos têtes chenues, afin que vos deux neurones entrent en contact !

Les hommes ont toujours relevés les défis. Ce que l’homme rêve, l’homme le réalise un jour !


Aujourd’hui, on dit : ça coûte cher ! Une guerre en Irak, c’est donné, et puis ça servirait à quoi ? A rien, assurément, aujourd’hui, tout comme l’invention de Nicéphore Niepce, ou celle de Daguerre, ou encore celle des Lyonnais, des grands enfants, ces frères Lumière ! Filmer un train entrant en gare, à La Ciotat en plus ! C’eût été à St Lazare, passe encore, mais en province, a-t-on idée ?

Monsieur Bell et son … téléphone ? Oui, c’est ça, un téléphone, un gadget, voilà c’est ça un gadget ! Tandis qu’un bon vieux sémaphore, çà c’est du solide, du concret !

Je pense très sincèrement que le jour ou l’homme ne rêvera plus, le jour où il n’y aura plus de Cyrano pour s’envoler dans les airs grâce à des ballonnets remplis de rosée que l’ardeur du soleil évapore, eh bien ce jour-là l’homme sera vraiment de trop sur terre !

La recherche fondamentale, ce qui a permis à l’homme d’ avancer, ne pas attendre que tombe la foudre tombe pour avoir du feu, regarder au-delà des mers et des continents, chercher à comprendre, à expliquer, sortir de notre planète, la course aux étoiles, ça coûte cher peut-être, mais le rêve n’a pas de prix, sinon pas de livres, pas de films ni de musique, pas de poèmes non plus.

Il n’y a que le rêve qui vaille, aidons les doux farfelus qui veulent voler, traverser les océans sur des bateaux de plus en plus rapides, envoyer des images à travers l’espace afin que nous puissions nous émerveiller, écrire des musiques sur des supports de plastique, afin que chacun les écoute encore et encore, Construire des vaisseaux gigantesques qui nous ouvriront la porte des étoiles.

Rêvons… Le rêve ? Un peu de miel au fond d’un verre de cyanure.

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