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dimanche 30 mars 2008

BofMon coté primaire

Septembre 68, quatre mois avant des pavés avaient volé, et moi dans ma blouse neuve je découvrais le goudron de la cour de l'école. Ma sœur m'avait précédé, j'y retrouvais un copain, c'est pas moi qui aurait chialé comme la Marie-Christine. En fait l'école c'était bien, sauf que fallait se lever tôt, même en section enfantine.

On y allait à pied, un kilomètre et demi, trois grosses côtes à grimper. Le village était petit, l'école pas très remplie, les deux maitresses se répartissaient les six classes. On apprenait des trucs bizarres, comme mettre dans le bon ordre des bouts de papier avec des groupes de lettres dessus. J'avais pas compris le jeu, mais mon voisin si, alors je copiais sur lui. On avait aussi un cahier d'écriture, des pages entières de a ou b à écrire proprement, buvard plumier et encrier, j'étais pas très doué, ça n'a pas beaucoup changé.

Le reste du temps c'était tranquille, on collait des nouilles sur des feuilles de papier en écoutant les plus grands réciter leur table de multiplication, on chantait "colchique dans les près", on découpait des trucs en piquant tout autour, et on en attendait les récrés.



Un matin, une dame en blanc est venue, on s'est tous retrouvé en slip, à défiler devant elle, qu'elle nous colle un timbre sur le torse après nous avoir toisé, pesé et contrôlé les yeux. On l'a gardé deux jours, le timbre, pas la dame, avant de le décoller pour voir ce qu'y avait dessous. Mon voisin, après ça, il est parti pendant quelques années dans une autre campagne, à respirer du bon air dans un sanatorium. J'avais plus personne pour m'aider à ranger les bouts de papier, mais c'était pas grave. Une amie de mon oncle m'avait offert un Akim. Akim, c'était géant, sauf que juste regarder les images, c'était pas suffisant, alors en deux mois j'ai appris à lire avec Akim, Rita, Jim, Kar, Zig et Ming.

Ensuite j'ai eu une voisine, Anne. J'aimais bien Anne, mais je préférais Béatrice qui, elle, ne pensait qu'à Pascal. Toutes les filles d'ailleurs ne pensaient qu'à Pascal, l'enfoiré. Ça va pas toujours comme on veut en section enfantine. Plus tard non plus d'ailleurs, mais on apprend quelques combines.

Aux récrés, on faisait des batailles, les petits montés sur le dos des plus grands. Mon cheval était coriace et j'étais un teigneux, on gagnait presque tout. Sauf qu'un jour le cheval a trébuché, et je me suis niqué une arcade sur le goudron, la maitresse a dit que stop, fini la plaisanterie. Restait plus qu'à jouer à chat perché, avec les filles...

Alléluia, un jour on a eu un ballon, ça tombait bien, dans la cour y avait deux grands portails face à face, deux buts magnifiques, pas exactement la même taille, mais ça le faisait quand même. C'est comme ça qu'on a pu laisser les filles à leur histoire de chat.

Le midi, y avait cantine. Avec la cantinière, tous les jours c'était soupe en premier. Moi, j'aimais bien la soupe, les brocolis, et les carottes râpées, ah non, pas les carottes râpées, et les betteraves non plus. Le boudin, et le ragout, les tomates farcies, le pot au feu, les pommes au four, ça j'adorais. Et les grandes plaques de flan alsa pistache, vanille, ou chocolat, tu faisais une petite entaille dans ta part qu'à la fin ça faisait une grande crevasse. Après, c'était moins drôle, à tour de rôle on faisait la vaisselle, même nous les garçons, pas préparés à ces activités.

Deux trois fois dans l'année, un type passait avec un projecteur, et de grandes boîtes avec des films dedans. On allait voir ça dans la salle des plus grands. Le début toujours c'était chiant, des trucs de volcan, de fonds marins, ou des balades dans des villes qu'on connaissait même pas, remplies de statues ou de monuments bizarres. On nous gardait le meilleur pour la fin : Laurel et Hardy, Charlot mais j'aimais moins, et parfois quelques dessins animés.

Avant chaque départ en vacances, fallait venir avec une feuille de papier de papier de verre, et aussi de la cire. Plus tu pourrissais ton bureau, plus tu frottais longtemps, ça s'appelle la justice immanente.

Mon école, mon père ma mère l'ont fréquentée, mes grands-parents et arrières-grands-parents aussi.

J'y suis repassé l'an passé, de regroupement pédagogique en normes plus aux normes, elle fermera à la fin de l'année.


mercredi 26 mars 2008

Saoul-FifreTombe heu la neige

Mes pas crissent sur la mince couche de neige tombée pendant la nuit. Nous sommes ce lundi 24 Mars 2008 au matin, en Provence. Mon regard ahuri fait un travelling panoramique et mes yeux glissent sur ces arbres de Pâques pailletés de lumière, décorés de myriades de micro-guirlandes scintillant le long des branches sous les timides lueurs de l'aube.

Le rêve est joli, je n'ai jamais vu tomber ici de flocons à cette époque de l'année, je ne vais pas tarder à me réveiller complètement. J'allais justement, encore un peu ensuqué d'hier soir, jeter un œil et déposer une pensée sur le tumulus de Julie.

Là est la seule explication rationnelle à cette neige hors-saison incongrue. L'autre en haut, là, aurait eu l'élégante attention de recouvrir Julie de ce linceul de dentelle immaculée, pour son dernier voyage ? La Nature a de ces délicatesses...

Oui Julie la mascotte des Blogbos Warriors nous a quitté Samedi après-midi. Margotte lui a ouvert la porte pour sa promenade vespérale quotidienne, l'a vu filer vers ses lieux d'aisance, hé oui, elle se soulage toujours au même endroit, et puis elle s'est grattée contre un pin, comme d'hab', et puis Margotte l'a vue tousser deux ou trois fois, s'allonger par terre, et quand elle est repassée par là un moment plus tard, a été intriguée par l'immobilité de la bestiole. Ce flegme tout britannique étant en fait de la rigidité cadavérique.

Julie n'est plus ! Vive Julie ! Ainsi que m'a condoléancé Manou.

Qu'elle continue à vivre dans nos cœurs comme dans notre bannière de blog fut la consolation de cet ignoble Tant-Bourrin mais il ne put s'empêcher de poser une option sur un des jambons !

Les mots d'affection et de solidarité dans l'épreuve que m'envoyèrent Lorent et Andiamo furent sobres et leur ton sincère. Il est simplement regrettable que le masque social d'Andiamo n'ait guère résisté longtemps à l'envie pressante de sortir une connerie et qu'il se soit laissé aller à me joindre ce désolant fichier jipeg :

Dommage, vraiment.

Ce billet avait commencé avec une certaine tenue esthétique mais là je me sens rigoureusement incapable de remonter la pente : elle est trop savonneuse. Allez-y faites ce que vous voulez, moi j'abandonne, ça part en couilles j'en ai rien à foutre, en biberine ? Et pourquoi pas ? Ne vous gênez plus, tenez, cliquez si ça vous amuse, ou alors là dessus carrément, n'ayez pas peur, ça peut pas être pire, et puis merde, ya Calune qui m'a aussi envoyé ce truc , une jeune femme très fine, Calune, foncez-y vous allez vous marrer et n'ayez aucun souci, Julie ne se retournera pas dans sa tombe : les pierres sont bien trop lourdes.

Oui car ici, nous n'enterrons pas nos animaux familiers, de peur de voir leur sépulture fraîchement creusée attirer des renards ou des chiens gratteurs, par l'odeur alléchés. Nous leur organisons un enrochement de première classe, avec recouvrement du trou par de grosses pierres inébranlables.

La sérénité vous est garantie pour l'éternité par la maison Blogbiol, N° 1 sur le crénal des croque-cochonnes.

La famille souhaitant honorer la mémoire de Julie dans la plus grande simplicité, n'envoyez ni fleurs ni épluchures.

Merci.

lundi 24 mars 2008

ManouDu dépouillement et de la prière (Courrier international n°907)





Des sites d'information de la presse iranienne s'étonnaient dernièrement du soudain remplacement du chef de la police de la province de Téhéran. Le général Reza Zarei, fidèle du président Mahmoud Ahmadinejad, n'avait pourtant pas manqué de zèle. Depuis le durcissement des lois morales, il y a un an, ce gardien de la révolution multipliait les arrestations, notamment de femmes et d'étudiants, faisant activement régner la 'moralité' dans la capitale iranienne. Mais, voilà, le chef de la police lui-même a été arrêté en compagnie de six prostituées à qui il avait demandé de se déshabiller pour prier, comme le révélaient mardi 10 mars les très sérieux sites Farda News et Gooya News. L'ayatollah Mahmoud Hachemi Chahroudi, chef du pouvoir judiciaire iranien, a ordonné il y a trois semaines l'arrestation du général, court-circuitant le procureur de Téhéran Said Mortazavi, un proche de Zarei. La presse, soumise à l'autorité de ce même procureur, a pudiquement tu ce scandale embarrassant. Le sulfureux général a été libéré sous caution trois jours après son arrestation. A la veille des élections du 14 mars, l'affaire illustrait bien les tensions entre conservateurs, les religieux comme l'ayatollah Chahroudi cherchant à discréditer le camp des proches du président iranien.


Dans un tout autre registre, je vous conseille ce billet.

jeudi 20 mars 2008

BofKamasoutra culinaire


Chez La poule avant hier c'était boudin. M'en est venue une idée de billet, et c'est tant mieux, je craignais de congeler le lectorat à force de récit québécois.

Depuis la nuit des temps, la pomme et le boudin ont uni leur destin pour substanter les affamés, les gourmets, et même certaines gallinacées.

Comme tout bon couple qui se respecte, pour briser la monotonie de la monogamie, ils ont tenté d'élaborer différents modes d'accouplement, réveillant ainsi nos papilles par d'audacieuses acrobaties culinaires. Certaines vous sont sans doute connues, comme l'union dans une poêle brûlante, en quelque sorte le missionnaire du boudin/pomme. Ou en levrette express, dans le sifflement aigu de la cocotte-minute.

Mais aujourd'hui, foin de ces amours convenues ! Aujourd'hui, cheminons de concert sur le chemin du tantrisme culinaire.

Tout d'abord, épluchons quelques pommes, à choisir suivant affinités, une petite note acidulée ne gâchera rien, au contraire. On les coupe en quartiers, pour les caraméliser ensuite dans un mélange beurre et sucre. Joliment disposés en rosace au fond d'un moule à tarte, on recouvre d'une pâte brisée, avant de cuire environ 15mn à 190°C. Oui, vous venez de faire une tarte Tatin, et le plus dur est derrière vous.

Maintenant, il vous faut du boudin. La simplicité apparente du produit cachant en fait d'énormes disparités gustatives suivant l'endroit où vous l'achèterez, je vous invite à une exceptionnelle vigilance. N'hésitez pas à tuer le boucher si vous n'êtes pas satisfaits : avec le boudin, on plaisante pas.

Ce boudin vous allez le poêler, et là deux options vont s'offrir: le couper en rondelles (très délicat) qu'on dispose sur la rosace, ou l'éclater complètement (ça défoule), pour pouvoir en tartiner votre Tatin démoulée juste tiède. Ayé, c'est déjà fini, facile non ?



Normalement, vous devriez subir quelques regards inquiets le jour où vous présenterez ça à vos invités. Mais ensuite, ils (exceptés ceux qui prétexteront un régime spécifique, une lâcheté gustative congénitale ou une solidarité sans faille avec le mouvement de libération de la pomme) en reprendront, je vous le garantis.

mardi 18 mars 2008

AndiamoL'effet papillon

Depuis quinze jours les chaînes de télévision, les stations radios, les journaux, internet, tout ce qui touchait de près ou de loin à l'information, suivaient, minute par minute, l'actualité brûlante en ce début de juillet 2030.

Aurons-nous la guerre ? Le Kamtchatka territoire indépendant depuis 2025, menaçait de balancer tous ses missiles à têtes nucléaires sur les Etats-Unis et ses alliés, si ces derniers continuaient à soutenir la Sibérie orientale, indépendante elle aussi, sur laquelle le Kamtchatka, en raison de sa situation géographique, réclamait l'annexion.

Et puis, fin Août, le président du Kamtchatka (élu avec 98,5% des voix) ! Avait fait brusquement volte-face, on murmurait à titre officieux que la Chine aurait menacé le président Ralliouchine des pires sévices, si ce dernier ne se calmait pas.

Le calme était revenu, et pour longtemps. Un matin, on avait retrouvé le bouillant et très démocratique président Ralliouchine, pendu dans sa datcha, située dans la banlieue de Petropavslovsk-Kamcatskij, la capitale !

Rodolphe Mézières, planté devant l'affiche en 3D 4x3, lisait la pub de la très sérieuse agence "RETRO-TEMPO" : de la reine Margot à Mao, rien n'est impossible pour RETRO-TEMPO ! Un peu débile, leur slogan qui proposait pour 2000 "Mondos" seulement un voyage dans le passé (le Mondo était devenu la monnaie internationale officielle en 2014, après le crack de Wall Street, tous les pays l'avaient adopté, sauf bien sûr ceux en voie de développement qui avaient été écartés, trop pauvres pour partager le gâteau, comme d'habitude !). Quant aux Suisses : ils n'étaient ni pour ni contre, bien au contraire !

Deux mois plus tôt, Rodolphe avait gagné 2000 Mondos au grand jeu Internet-Bol, l'animateur demandait le nom de la capitale du Kamtchatka et, bizarrement, il venait tout juste de l'écrire à l'ancienne sur une feuille de papier, aussi avait-il été le premier à faire courir ses doigts sur le clavier : Petropavslovsk-Kamcatskij, et avait gagné, devançant de deux centièmes de seconde son plus proche concurrent.

Ayant pris rendez-vous via Internet, Rodolphe se rendit dans l'immeuble cossu de l'avenue d'Iena, qui abritait les luxueux bureaux et laboratoires de Rétro-Tempo. Là, une hôtesse genre "top-modèle", tailleur bleu pétrole, escarpins assortis, décolleté vertigineux, l'accueillit, sourire "Ultra-Brite" sur ses dents carnassières.

-Bonjour Monsieur, vous désirez ?

-Euh...Bonjour Mademoiselle, je suis Monsieur Mézières, j'ai rendez-vous aujourd'hui avec Monsieur Dampierre.

L'hôtesse coiffée de son casque-micro, manipula un minuscule interrupteur placé à son poignet.

-Monsieur Dampierre ? Pouvez-vous venir un instant, votre rendez-vous vient d'arriver, merci.

Un homme d'une quarantaine d'années s'avança, main tendue, sourire éclatant sur un visage légèrement hâlé, poignée de main virile : Monsieur Mézières ?

-Oui

-Si vous voulez bien me suivre...

Après s'être calé dans un profond fauteuil, Rodolphe, un peu gêné, expliqua à son interlocuteur que son fantasme absolu serait de voir Marilyn Monroe, pouvoir respirer son parfum, juste humer le numéro 5 de Chanel laissé dans son sillage !

Dampierre sourit : je vous comprends parfaitement Monsieur Mézières, moi-même, voyez-vous...

- Ah bon vous aussi ? Et les voilà partis à se rappeler : 7 ans de réflexion, Bus-Stop, Comment épouser un millionnaire, The misfits, etc, etc.

Monsieur Mézières, rien de plus facile, nous pouvons parfaitement satisfaire votre désir, toutefois, vous devrez nous laisser un petit délai : juste le temps de nous assurer que votre petit séjour dans le passé, ne risque pas, et ce en aucune manière, d'influer sur l'avenir. Le fameux "effet papillon".

L'effet papillon ? interrogea Rodolphe. Dampierre lui sourit, puis calmement lui expliqua : un battement d'aile de papillon au Chili, peut-il provoquer une tornade au Texas ? Cela vous fait sourire Monsieur Mézières, mais écoutez ceci :

A cause d'un embouteillage, une voiture dut s'arrêter.

A cause du passager qui se trouvait à bord, un homme s'approcha.

A cause de sa haine pour l'homme qui se trouvait à bord, l'homme sortit un pistolet de sa poche, et tira.

A cause de la mort du passager, un pays entra en guerre contre un autre pays.

A cause des alliances internationales de ces deux pays, le continent s'embrasa.

A cause de l'importance du continent sur la scène mondiale, la terre entière bascula dans la guerre.

Tout cela au départ, à cause d'un embouteillage !

Comme vous l'avez compris Monsieur Mézières, ça s'est passé le 28 Juin 1914 à Sarajevo, Gravilo Princip venait d'assassiner François-Ferdinand, héritier de l'empire Austro-Hongrois, cet assassinat a déclenché la guerre de 14-18.

Un embouteillage, Monsieur Mézières, un simple embouteillage, vous comprenez maintenant notre prudence, il nous FAUT prendre toutes les précautions possibles et imaginables avant votre "télé-portation".

Deux semaines plus tard, Rodolphe reçut dans sa boîte à mails, un message lui donnant rendez-vous pour le lendemain. Munissez-vous de votre carte de crédit, était-il mentionné à la fin du message !

Même accueil que précédemment, sauf que l'hôtesse avait troqué son tailleur bleu pétrole, pour une tenue hyper sexy : pull jersey beige moulant, ne cachant pas grand-chose de son anatomie, micro-jupe brun de madère, et enfin bottes cuissardes en box-calf, assorties au pull complétaient la tenue de la jeune femme.

Rodolphe, après avoir acquitté la totalité de son "transfert", fut conduit dans la partie laboratoire de l'établissement, cette pièce était située au sixième et dernier sous-sol de l'immeuble. Serré contre l'hôtesse dans l'étroit ascenseur, il louchait sans vergogne sur les courbes généreuses de la bimbo.

L'ascenseur s'immobilisa, la jeune femme sortit la première, large sourire à l'adresse de Rodolphe, puis elle s'engouffra dans l'étroite cabine et disparut.

Dans la grande salle aux murs en inox "brossés", étaient présents : Monsieur Dampierre, portant une blouse blanche, ainsi qu'un assistant habillé de blanc également, le long du mur une rangée d'ordinateurs, au centre de la pièce un grand fauteuil métallique.

L'assistant conduisit Mézières jusqu'à une cabine d'essayage placée dans un des coins de la pièce : "Monsieur Mézières, je vous prie de vous changer, vous trouverez dans cette cabine les vêtements que nous vous avons préparés, quand vous serez prêt, venez nous rejoindre s'il vous plaît".

Voilà un "machino" plus vrai que nature ! s'écria Dampierre en voyant arriver Rodolphe dans sa combinaison grise, avec dans le dos écrit en lettres rouges : 20th Century Fox.

Vous allez être heureux, Monsieur Mézières ! Nous allons vous transporter à Hollywood, dans les studios de la 20th Century Fox, sur le tournage de "Sept ans de réflexion" ! Vous assisterez à la "mise en boîte" de la scène culte sur la bouche de métro !

Alors Monsieur Mézières, heureux ?

-Ah oui alors, plus que ça même, c'est comment dire... WAOUH !

Mais je vous rappelle que vous ne devrez toucher à rien, ne pas vous faire remarquer, on vous a habillé en "machino", vous passerez inaperçu, votre séjour sera bref, cinq minutes à peine, mais de grâce pas d'incidents, l'effet "papillon" n'oubliez pas !

Dites voir, s'il se produisait une panne de courant interroge le futur "voyageur" ? Aucun risque, cher Monsieur, nous sommes alimentés par deux groupes électrogènes, eux-mêmes fonctionnant grâce à une pile à combustible, autonomie totale, allons détendez-vous, tout ira bien. Et puis une fois le processus enclenché, tout est automatiquement géré par notre batterie de supers ordinateurs, connectés entre eux. Si, par le plus grand des hasards, l'un d'eux tombait en panne, les autres le relairaient, et puis que voulez-vous qui arrive de fâcheux ? Nous sommes bien protégés au sixième sous-sol. Allez, keep cool, comme on dit en Auvergne, ah ah ah !

Rodolphe n'en mène pas large, malgré les efforts de Dampierre pour détendre l'athmosphère. Ce dernier s'affaire sur le clavier, l'assistant, lui, est aux manettes.

Léger bourdonnement, une petite sensation d'apesanteur, l'odeur d'ozone qui lui pique légèrement les narines, sensation de vertige...

Soudain, Rodolphe plisse les yeux, un énorme projecteur l'aveugle, il porte la main à son front, pour en faire une visière. Et là, au milieu du plateau, il aperçoit son idole, elle est debout sur une grille, un énorme ventilo est placé dessous, le courant d'air soulève sa jolie robe blanche. Marilyn a beaucoup de mal à retenir le tissu qui virevolte dans tous les sens, elle rit de bon coeur : "Oh my God" ! lâche-t-elle à tout instant.

Calé dans un fauteuil de toile, Billy Wilder observe la scène. A coté de la belle Marilyn, Tom Ewell sourit, l'air goguenard, les caméras ne tournent pas encore, une répétition en somme. La jolie blonde sort de son décolleté un Kleenex et s'essuie les yeux, le courant d'air lui a fait couler une petite larme.

Action ! hurle Wilder. Marilyn lâche le petit mouchoir, celui-ci, porté par le courant d'air, atterrit aux pieds de Rodolphe, il hésite un instant, puis n'y tenant plus, il se baisse, le ramasse et le glisse rapidement dans sa poche.

Le parfum de Marilyn, porté par l'air brassé grâce au ventilo, vient réjouir l'odorat du faux machino, il s'en gave les fosses nasales, quel spectacle ! La robe blanche se soulevant, découvrant les jambes de Norma Jean, le numéro 5 lui parvenant en pleine face,et puis ce plus qu'il serre dans sa main, le petit mouchoir de papier qui a essuyé une larme de Marilyn, peut-être sera-t-il imprégné de SON parfum ?

Sans transition, l'ôdeur d'ozone remplace le numéro 5, la désagréable sensation d'apesanteur, les légers picotements, puis Rodolphe se retrouve dans le labo, il est vide, personne pour l'accueillir, il descend du fauteuil métallique, appelle : oh ! il y a quelqu'un ? Personne, sa voix résonne contre les murs en inox.

Il se dirige vers le petit ascenseur, appuie sur le bouton d'appel, rien ne se produit. Alors il emprunte l'escalier. Merde, songe-t-il, 2000 Mondos, bonjour la technique !

Il traverse le hall, vide lui aussi, l'hôtesse n'y est plus, pourtant mon "voyage" n'a duré que cinq minutes, songe-t-il, que s'est-il passé ?

Il se retrouve sur l'avenue... Le chaos, des immeubles en ruines, les voitures enchevêtrées, des cadavres jonchent les trottoirs, façades noircies...Rodolphe se dirige vers la place de l'Etoile, même spectacle de désolation.

Puis il commence à descendre les Champs Elysées, un homme hagard surgit du Drugstore Publicis, des boîtes de conserves plein les bras, putain de Ralliouchine grommelle-t-il !

Il l'a fait, songe Rodolphe, il l'a fait, comment est-ce-possible ? Pourtant il est mort : PENDU !

Alors, il plonge la main dans la poche de la combinaison grise, sort le petit Kleenex, le porte à son visage, identifie immédiatement la fragance : Numéro 5 de CHANEL.



dessin Andiamo 2008

vendredi 14 mars 2008

ManouLe lama soutra

Est un animal vivant exclusivement dans la steppe caillouteuse du volcan Tanzanien Ol Doinyo Lengaï où quelques moutons paissent également en liberté. La décoration du lieu témoigne de l’influence arabe dans l’islam chinois. Contrairement aux girafes, le lama soutra ne se nourrit pas du feuillage des cimes.

La période du rut se déroule selon un rite immuable. le mâle déclare d’abord sa flamme à la femelle par de longues plaintes stridentes entrecoupées de petits pets malodorants. La femelle marque son approbation par un sirtaki rapide (aussi appelé pidikhtós) .

Si la femelle se désintéresse de la bagatelle, si elle préfère les femelles ou si elle vient justement de copuler sauvagement avec un autre lama soutra, elle peut refuser la proposition. Son corps se recouvre alors de boutons purulents à l’activité explosive engendrant d’importantes retombées visqueuses.

Au cas improbable mais courageux où la femelle n’a pas d’avis définitif sur le sujet, elle prend sa carte au MODEM et attend le second tour pour prendre position.

Des positions, nous en reparlerons lors d’un prochain billet car l’acte sexuel du lama soutra n’a rien à envier aux meilleurs films X. Et c’est pas dommage.






lundi 10 mars 2008

BofMontréal (2)

J'avais des projets pour ce matin, désherber à minima et tailler deux trois trucs, balader l'adipocyte hivernal en vélo pour mieux l'abandonner dans un bois sombre, et touffu.

Il pleut.

Démotivation.

Clavier, prochain billet en avance pour une fois. Montréal nous revoilà.

Montréal au matin, c'est comme la veille au soir. Froid, surtout à 7h, quand réveillé depuis longtemps grâce au décalage spatio-temporel tu décides d'aller voir dehors ce qui s'y passe. Premier constat, la mode vestimentaire est à l'opposé de celle de mon sud est, et j'éveille la curiosité habillé en varois tempéré. J'hésite à fabriquer une pancarte "british airways victim", mais l'heure du petit déj est déjà là. Et le petit déj dans les B&B locaux, tu rates sous aucun prétexte. C'est l'occasion de goinfrer, et de jaser avec les hôtes et autres occupants des lieux. Ok, des fois, tu tombes sur des touristes français qui te font comprendre notre détestable réputation et c'est moins drôle. Coté nourriture, généralement, après deux kilos cinq de mets variés, on te demande si une petite omelette baveuse et fromagée te ferait plaisir, blurp.

Le problème du repas de midi résolu dès 8h du matin, tu accueilles ta valise égarée avec l'enthousiasme d'un sexosécurophiliste découvrant le saint Graal.


Enfin muni de ta tuque et de ses compléments, ...


... tu repars à l'assaut des rues de la deuxième plus importante ville francophone au monde. Premier constat, pour se perdre, faut y mettre de la bonne volonté : les avenues larges et rectilignes, ça simplifie. Deuxième constat, ici aussi, y a des types aux feux rouges pour nettoyer ton pare-brise. J'espère que ça paye bien, squeegee à Montréal, vu la caillante, ça le mériterait.

Si vous cherchez les plus belles filles du monde, bingo, elles sont ici, et elles sont justement en train de se faire tatouer le bas des reins, bien en vue dans la vitrine des tatoueurs.

Montréal, c'est une île, alors tu files voir le fleuve de plus près. Quand t'as vu le Saint-Laurent une fois, d'abord tu tombes assis sur le cul et tu rigoles jaune quand ensuite on te parle des "fleuves" français. Le fleuve est en grande partie gelé, et d'énormes blocs de glace s'accumulent près des rives. Y a même un port qui n'a plus rien à voir avec l'embarcadère que fréquentaient les trappeurs d'il y a bien des hivers.


Montréal, ça vient de mont royal, allons voir son sommet de plus près, histoire d'avoir une vue d'ensemble de la ville. Dans mon panthéon personnel, elle vaut celle de la rade de Toulon depuis le Faron, exceptionnelle. Ce truc bizarre au loin comme une tasse renversée avec une drole de queue c'est le stade olympique des jeux d'été 1976.


Une des fiertés de la ville et son plus grand cauchemar vu son coût : vingt années pour l'achever, trente années pour en boucler le financement. Et des rustines à coller en permanence. La nationalité de son architecte ? Devinez... Aujourd'hui, c'est un biodôme : la reconstitution sous cloche des différents climats locaux. Ce grand truc métallique qui enjambe le fleuve, c'est le pont Jacques Cartier, à éviter absolument aux heures de pointe.


On redescend ? Tellement bien descendu qu'on arrive en sous-sol, un truc immense, la plus grande galerie souterraine commerçante que j'ai jamais fréquentée, des kilomètres à parcourir sous la ville, fuyons.....

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