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jeudi 30 août 2007

ManouLE GLANDOR MUSARD






Comme son nom ne l’indique pas, le glandor est un petit récipient de forme octogonale utilisé dans la péninsule ibérique au début du 4 e siècle avant Jésus-Christ. L’activité favorite du glandor consiste à éviter toute utilisation qui pourrait être faite de ses capacités d’ustensile. Pour cela, il dispose d’une étonnante propension à la liquéfaction au moindre contact avec un corps étranger. Aucun exemplaire de cet objet n’a encore été trouvé. Ceci explique peut-être cela.

Cui-cui.

lundi 27 août 2007

ManouMioule et Foutrix : l'accrobranche






Foutrix : Riche idée que d’avoir amené Hi dans ce Parc Aventures. Il se débrouille comme un chef.

Mioule : Et pendant qu’il est coincé là-haut, il ne nous abreuve pas de propositions douteuses.

Hi (pendu par un pied à une corde) : Dire que certains paient pour ça. Je ferai n’importe quoi pour me vautrer dans un fauteuil devant un bon feu de cheminée.

GPS : Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain, mais tu prendras la prochaine à gauche.

Foutrix : Mioulefritx, c’est toi qui a prêté le GPS à Hi ?

Mioulefritx : Jamais ! Hi, par curiosité, a transféré son don d’ubiquité au GPS. Comme le GPS est aveuglement fidèle et reconnaissant, il ne quitte plus son nouveau maître d’une semelle.

Mioule : Quel pied !

Foutrix : Je sens que tout cela va mal tourner. Le visage d’Hi vire écarlate.

GPS : road recalculation.

Foutrix : Hi, je t’en conjure, pour ta sauvegarde, récupère ton don d’ubiquité et sors-toi de ce mauvais pas.

Hi (violet) : Impossible. Seul le GPS peut décider de céder son don.

GPS : Drive one point five hundred meters.

Mioule : On dirait bien qu’il ne veut rien entendre.

Mioulefritx : Pourtant, que la montagne est beeeeeeeeelle.

Foutrix : Il faut trouver le talon d’Achille du GPS. Mioule, débrouille-toi pour le convaincre.

Mioulefritx : Hého, je ne m’appelle pas Cécilia.

(à suivre)

vendredi 24 août 2007

ManouPierre Desproges cite Julio Iglésias

Dernière citation des vacances





Je ne résisterai pas au plaisir de conclure mon exposé littéraire en citant un extrait d’un ouvrage contemporain impérissable et assez révélateur de la verve épique du style des jeunes auteurs modernes. Le livre s’appelle Entre le ciel et l’enfer, et l’auteur, Julio Iglésias, si j’en juge par la qualité littéraire, a pu se faire aider par un étudiant, voire un professeur de lettres françaises. C’est à la page 195, le chapitre intitulé : « Le pan de ma chemise qui dépassait ». Après avoir raconté dans un chapitre précédent la couleur de ses chaussures, l’auteur nous révèle maintenant que chaque matin il s’habille.

« Je passe d’abord ma chemise que je boutonne de haut en bas, puis mon pantalon(…) Je ne porte pas de ceinture, je n’en ai pas besoin. J’ajuste mon pantalon avec ma chemise par–dessus. C’est ainsi que je me peigne. Je sais que je ne dois pas tout de suite rentrer ma chemise dans mon pantalon c’est pour ça que je la laisse dépasser le temps de mettre ma cravate. Je porte des cravates toutes simples, de couleur sombre, unie, en soie. Mon pantalon est une sorte de seconde peau que je dois enfiler. C’est là le point commun avec les toreros … Il faut en effet que je tortille, qu’on tire sur le pantalon jusqu’à ce qu’il colle à moi comme une seconde peau. Je mets également mon gilet en le boutonnant lentement. et j’ai besoin qu’il me fasse un peu mal et qu’il me serre… Lorsque habillé, je me regarde dans la glace, généralement de profil, il m’arrive parfois de pousser un grand cri de satisfaction : - Ahhhhhhhhhh ! »

Pierre Desproges (vivons heureux en attendant la mort)

mardi 21 août 2007

ManouAlbert camus (Le premier homme)






Conversation avec le lieutenant para :

- Tu parles trop bien. Nous allons voir à côté si ta langue sera aussi bien pendue. Allons.

- Bon, mais je veux d’abord vous prévenir car vous n’avez sans doute jamais rencontré d’hommes.

Ecoutez bien. Je vous tiens pour responsable de ce qui va se passer à côté, comme vous dites. Si je ne plie pas, ce ne sera rien. Simplement je vous cracherai à la figure en public le jour où ce sera possible. Mais si je plie et que je m’en sorte, que ce soit dans un an ou dans vingt, je vous tuerai, vous personnellement.

- Soignez-le, dit le lieutenant, c’est un fortiche.


Albert camus (Le premier homme – annexes-)

samedi 18 août 2007

ManouSlavomir RAWICZ (A marche forcée)






Le poisson séché, déjà sérieusement rationné, ne dura que jusqu'au cinquième jour et devant nous s'étendait toujours un horizon sans nulle trace de vie. Au milieu de cet univers aride il n'y avait de vivant que huit petits atomes humains et quelques rares serpents. Rien n'eût été plus facile que de cesser de bouger, de nous étendre là et de mourir. La tentation de faire durer la pause de midi, de continuer à sommeiller tout au long de l'après-midi brûlant jusqu'à ce que le soleil disparût, taraudait nos carcasses douloureuses et déshydratées. Nous avions les pieds dans un état pitoyable car un sable brûlant traversait l'intérieur des minces semelles de nos mocassins éculés. Alors, d'une voix rauque, je me prenais à dire à mes compagnons de se lever et de repartir. Ici, il n'y a rien, leur répétais-je. Derrière nous, il n'y a rien. Devant, il y a forcément quelque chose. Il faut qu'il y ait quelque chose. Mors, Kristina se levait et venait se ranger à côté de moi, de même que Kolemenos. Puis les autres suivaient, sans ordre. Et chacun se remettait en route tel un automate, tête basse, silencieux, enfermé dans ses pensées, mettant des heures durant un pied devant l'autre.
Le sixième jour, Kristina trébucha et, tombée à genoux, leva les yeux vers moi :
– C'est idiot, Slav : je me suis fait un croche-pied toute seule.
Sans attendre que je l'aide, elle se releva lentement et reprit sa marche à mes côtés. Dans l'après-midi, je fus surpris et vaguement irrité de me retrouver moi aussi à genoux. Je n'avais pas eu conscience de tomber. Je marchais et l'instant d'après j'étais arrêté. A genoux, me dis-je... comme un homme en prière. Je me redressai. Nul n'avait ralenti l'allure. Sans doute avaient-ils à peine remarqué ma chute. Il me sembla mettre très longtemps pour reprendre ma place en tête. D'autres s'effondraient également, comme je le notais de temps en temps. Les jambes se dérobaient, ils se figeaient et quelques secondes de perplexité s'écoulaient avant qu'ils comprissent qu'ils avaient cessé d'avancer. Et ils repartaient. Il n'était pas question de renoncer. C'étaient là les signes d'une faiblesse croissante qui sapait nos forces, mais les reconnaître pour tels eût été fatal. La mort venait en reconnaissance, mais nous n'étions pas encore prêts à mourir.


Slavomir RAWICZ (A marche forcée)


dimanche 12 août 2007

ManouNuala O'FAOLAIN (J'y suis presque)






Pour être fidèlement accepté durant toute votre vie, il faut payer un gage : rester ce qu'on a toujours été. Un oeil familial, calme et sardonique, se pose sur les membres qui osent de petits actes ou artifices. On peut modifier légèrement l'ordre immémorial des choses : on peut par exemple renoncer à tout le pouvoir et à toute l'influence qu'on a en devenant alcoolique. Ou l'inverse ; Par la seule force de sa volonté, Noreen a triomphé de son statut de plus jeunes des plus vieilles, et, en endossant toutes sortes de responsabilités, sans parler de passer de la condition de mère célibataire sans un sou vivant dans des squats à celle d'avocate, elle est devenue une aînée respectée. (...) Mais, au fond, tout, y compris le poids exact de chaque personne dans une famille, a été décidé longtemps avant, bien que personne ne puisse dire par qui.


Nuala O'FAOLAIN (J'y suis presque)


jeudi 9 août 2007

ManouMilan KUNDERA (L'insoutenable légèreté de l'être)






Quand j’étais gosse et que je feuilletais l’Ancien Testament raconté aux enfants et illustré de gravures de Gustave Doré, j’y voyais le Bon Dieu sur un nuage. C’était un vieux monsieur, il avait des yeux, un nez, une longue barbe et je me disais qu’ayant une bouche il devait aussi manger. Et s’il mangeait, il fallait aussi qu’il eût des intestins. Mais cette idée m’effrayait aussitôt, car j’avais beau être d’une famille plutôt athée, je sentais que l’idée des intestins de Dieu était blasphématoire.

Sans la moindre préparation théologique, spontanément, l’enfant que j’étais alors comprenait donc déjà qu’il y a incompatibilité entre la merde et Dieu et, par conséquent, la fragilité de la thèse fondamentale de l’anthropologie chrétienne selon laquelle l’homme a été créé à l’image de Dieu et alors Dieu a des intestins, ou bien Dieu n’a pas d’intestins et l’homme ne lui ressemble pas.

Les anciens gnostiques le sentaient aussi clairement que moi dans cinquième année. Pour trancher ce problème maudit, Valentin, Grand Maître de la Gnose du IIe siècle , affirmait que Jésus « mangeait, buvait, mais ne déféquait point ».

La merde est un problème théologique plus ardu que le mal. Dieu a donné la liberté à l’homme et on peut donc admettre qu’il n’est pas responsable des crimes de l’humanité. Mais la responsabilité de la merde incombe entièrement à celui qui a créé l’homme, et à lui seul.


Milan KUNDERA (L'insoutenable légèreté de l'être)


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