Blogborygmes

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samedi 17 mars 2007

Tant-BourrinThe dream is over

Chères amies blogueuses, chers amis blogueurs,

vous vous souvenez certainement de l'engagement, engageant mais pas engagé, que j'avais pris il y a quelques jours : celui d'entrer, de façon ô combien fracassante, en campagne, avec toute la dynamique des forces progressistes du Parti Blogborygmique à mes côtés.

Mais, comme vous le savez, l'oligarchie politicienne en place tient fermement à deux mains les rênes du pouvoir tout en faisant un bras d'honneur aux hommes nouveaux, pourtant prêts à insuffler une bourrasque salutaire dans les voiles amollies de la société française. Il est donc exigé, pour pouvoir se présenter devant les électeurs, de recueillir cinq cents parrainages auprès d'une caste d'élus dont la morgue hautaine n'a d'égale que la médiocre vacuité.

Mais je ne suis pas homme à reculer devant les obstacles dressés devant moi : je me suis donc lancé à corps perdu dans la bataille, j'ai envoyé des milliers de courriers et suis parti sillonner, quinze jours durant, la France dans toute sa dimension rurale. Dimension rurale qui me tient d'ailleurs particulièrement à coeur et dont j'entendais faire un axe fort de mon action gouvernementale. J'ai envoyé des milliers de courrier et ai sillonné la France, disais-je, pour en récolter la substantifique moelle nourricière d'une candidature gagnante, à savoir des signatures au bas de dossiers de parrainage à l'élection présidentielle, avec l'urgente nécessité d'en glaner le nombre adéquat avant le vendredi 16 mars, hier donc, à 18 heures, date butoir fixée arbitrairement par la clique inique qui tient le pays au creux de sa main.

Cette date étant passée, il est l'heure de dresser le bilan de cette chasse au parrainages. Le voici.

Le mailing auprès de 30000 maires de France a eu un taux de retour de 0,013%. En clair, nous avons reçu quatre réponses.

Dans deux cas, il s'agissait de notre courrier assorti de la mention "n'habite plus à l'adresse indiquée".

Une des deux autres réponses émanait de M. Lataupe, Maire de Miraud-sur-Binocle, mais au lieu de nous retourner le formulaire de parrainage signé, il nous a fait parvenir, visiblement par erreur, une commande de trombones, d'agrafes et de stylos-billes bleus pour les services de sa mairie.

Enfin, M. Bilieux, Maire de Coudsan-sur-la-Trabilère, que j'avais auparavant démarché plusieurs fois téléphoniquement, a fort gentiment pris la peine de joindre à son envoi une lettre dans laquelle il me dit, en substance, que je "les lui broute sévère" avec mes histoires de parrainage, que je peux aller "me faire foutre" et que "voilà ce qu'il en fait, de mes formulaires". Malheureusement, le formulaire de parrainage joint en retour à son envoi est tout froissé et porte de larges souillures marron. Et malgré ma demande d'une analyse ADN pour confirmer que ces souillures pouvaient être assimilées à une signature de M. Bilieux, le Conseil constitutionnel n'a pas accepté de valider ce parrainage, à mon grand dam.

Mes déplacements en personne auprès des Maires n'ont hélas pas connu un succès plus éclatant : mes pneus de voiture ont été crevés à trois reprises à coups de chevrotines, j'ai à deux occasions été évacué par un service d'ordre musclé et, le reste du temps, je n'ai reçu qu'un accueil particulièrement glacial. Il va de soi que tout ceci est le fait d'élus à la solde du pouvoir en place qui use de tous les expédients pour faire barrage à la sève bouillonnante de ma candidature qui monte irrésistiblement dans les branchages de l'opinion publique.

Je tiens tout de même à saluer ici bien bas M. Lecroûton, Maire de Fossile-le-vieux depuis 73 ans et qui m'a très chaleureusement accueilli dans ses locaux. Il n'a pas hésité une seconde a signer mon formulaire de parrainage après que je lui aie hurlé qu'il s'agissait de soutenir la candidature de Tant-Bourrin. Oui, "hurlé", car M. Lecroûton garde bon pied bon oeil malgré ses 104 ans, mais son ouie, elle, n'est plus tout à fait à niveau. Je ne me suis hélas pas suffisamment méfié quand, en me serrant la main avec effusion avant de nous quitter, il m'a dit d'une voix chevrotante d'émotion : "merci jeune homme, c'est un honneur pour moi que de soutenir la candidature du Maréchal Pétain". Ce n'est qu'une fois revenu à Bourrinville que je me suis aperçu qu'il n'avait pas mis mon nom sur le formulaire mais celui de Philippe Pétain, et que sa signature était précédée d'un "vive le Maréchal !" griffonné par sa main arthritique. Hélas, là encore, le Conseil constitutionnel a retoqué ce parrainage en alléguant que l'usage du Typex était formellement interdit sur les formulaires. Cela prouve encore une fois, si besoin était, l'absence totale de neutralité de ce ramassis de vieux barbons à la solde des partis dominants.

Je vous épargnerai les résultats de mon démarchage téléphonique massif qui ne m'a rapporté que trois assignations à comparaître devant le juge d’instance pour harcèlement, ce qui prouve que l'on cherche décidément à déverser l'eau collusoire du déni de démocratie sur la flamme éclatante de la volonté populaire et blogborygmique.

En conséquence de tout cela, hélas, mille fois hélas, vous l'avez déjà deviné, je dois donc vous annoncer une bien terrible nouvelle : je me vois contraint de retirer ma candidature à l'Elysée, cinq cents signatures environ me faisant défaut. Je le sais, c'est un véritable déchirement pour vous tous, qui vous étiez tellement investis dans ce formidable espoir d'une cure de jouvence pour la société française. Le conservatisme au pouvoir aura donc piétiné sans scrupule aucun les valeurs démocratiques pour briser notre marche en avant.

Mais nous avons perdu une bataille de Waterloo mais pas la guerre de cent ans. Le combat va continuer en nous, autour de nous, avec nous. Nous allons hisser haut le pavois vert et orange et creuser et recreuser profondément le sillon du champ politique local jusqu'à atteindre la nappe phréatique de l'adhésion massive d'où jaillira le geyser immense de notre victoire inéluctable.

D'ores et déjà, pour préparer la prochaine échéance, j'ai mis le soutien du Parti Blogborygmique en vente aux enchères sur e-Bay : j'appellerai à voter, pour cette élection, pour le mieux-disant, et la somme récoltée, forcément très élevée compte tenu de notre potentiel de voix, servira au financement de la campagne 2012 (même s'il est vrai que, pour l'heure, les enchères n'ont pas beaucoup monté).



Cliquez sur l'image pour l'agrandir


J'en appelle donc solennellement à chacun d'entre vous : ne désespérez pas, restez fidèles en nos valeurs, gardez la foi en l'émergence prochaine d'une société plus humaine, plus juste, plus démocratique, en un mot plus blogborygmique. Ensemble, nous convaincrons. Ensemble, nous vaincrons. Rien ne pourra jamais endiguer le fleuve grondant de nos légitimes aspirations.

jeudi 15 mars 2007

Saoul-FifreMarc Bellanger

C'est une honte !

Il n'y a pas une photo des œuvres de Marc Bellanger sur Internet ! À part celle que j'ai publiée sur Blogborygmes, et qui n'est pas sa meilleure. Et à ce sujet, précisons que "la main verte" n'est pas de lui mais de votre serviteur.

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ManouLa Paresse (René Char)




Le Moulin

Un bruit long qui sort par le toit ;
Des hirondelles toujours blanches :
Le grain qui saute, l'eau qui broit,
Et l'enclos où l'amour se risque,
Etincelle et marque le pas.


René Char - Commune présence

mercredi 14 mars 2007

Tant-BourrinLa très aventureuse vie du Chevalier de Tant-Bourrin et de son écuyer Saoul-Fifre (Chapitre XII)

(lecture préalable des chapitres I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X et XI conseillée - Test de connaissances optionnel)

Où le Chevalier de Tant-Bourrin cherche fortune

XIIIème siècle après Jésus-Christ - Quelque part dans le Royaume de France

L'étrange équipage cheminait sur le chemin boueux, au rythme lancinant des "splotch" des sabots de leurs montures dans la gadoue.

En tête, sur son destrier blanc tout crotté, le Chevalier Hippobert Canasson de Tant-Bourrin, la mine défaite, le dos courbé, l'aura aussi déstructurée que son armure qui bringuebalait en anneaux épars autour de son corps. Derrière, sur sa bourrique miteuse, son écuyer Saoul-Fifre, tout moucheté par la fange projetée par les sabots du destrier de son Maître mais que cet état de fait semblait peu déranger, tout occupé qu'il était à ronfler en cuvant sa vinasse.

Tout à coup, le Chevalier immobilisa son destrier, dont le fessier fut heurté par la bourrique miteuse de Saoul-Fifre, livrée à elle-même et qui n'avait pas su anticiper cet arrêt brutal. Le choc déstabilisa l'équilibre précaire de l'écuyer qui chut dans la bouillasse.

- Heyn ? Quoy ? Qu'estoit-ce doncques ?
- Relevois-toi, escuyer à la mordois-moy-le-noeud ! Je faisois halte car le mien estomacque crioit famine. Il estoit temps de fayre une pause et de reprendre des forsces, j'en aurai besoin pour les miennes aventures !
- Byen, Messyre, donnesz-moy alors quelcques écus afin que j'allois quérir des victuailles en le bourg le plus proche, j'aurais tost faict de nous préparer un bon frichety !

Le Chevalier prit la bourse à sa ceinture, l'ouvrit et grimaça.

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mardi 13 mars 2007

Saoul-FifreComptines pour adultes (9)

Manou fait des promesses inconsidérées . Bon, il est exact que personne ne sait précisément si Epictete a répondu à Calune et que ce point de doctrine mériterait une analyse plus poussée ou un témoignage digne de foi. Mais au cas où Manou déciderait de se lancer dans la chanson martiale et de nous filer des frissons partout à coups de grosse caisse et de clairons, j'ai décidé (ma bonne âme me perdra) de lui venir en aide et d'au moins lui éviter l'infamie de prononcer des paroles guerrières.

Comme chantait Barbara dans À mourir pour mourir :

Il est d'autres combats
Que le feu des mitrailles
On ne se blesse pas
Qu'à vos champs de bataille
Qu'à vos champs de bataille

ou bien

Et vivre passionnément
Et ne se battre seulement
Qu'avec les feux de la tendresse...

dans Perlimpinpin

Voici donc une "Marseillaise" plus conforme à son climat d'origine, plus chaude, plus brûlante...

Allons au fond de la matri-ice
Y jouir et puis récidiver...
Contre ta motte, entre tes cuisses
Son grand dard, son gland s'est levé
Son grand da-ard, son gland s'est levé...
Enfoncez-vous dans vos compagnes
Rugissez, Eros est fada
Qu'il vienne juter dans vos doigts
Ou gorger vos fesses de frangipane...

Vos charmes si païens !
Pâmés, nous défaillons...
Tronchons, tronchons !
Que le sang afflue
À nos joues vermillon !

Les autres comptines pour adultes sont ici là-bas là aussi ici itou tout là-bas même là et clique aussi là-dessus

lundi 12 mars 2007

ManouContre le jeu video ou tout contre ?





"De nombreuses études ont montré que la pratique du jeu video développait diverses compétences. D'abord la capacité traiter l'information en parallèle: pouvoir manier plusieurs données à la fois en les contrôlant, et savoir gérer des systèmes d'interruption de tâches (arrêter un processus en cours pour prendre en compte l'urgence, puis revenir à la tâches précédente en la reprenant au bon endroit). Les jeux video améliorent également la gestion de l'inattendu: évaluer une situation et prendre la bonne décision. Ils développent l'art de trouver des données que l'on n'attend pas et de les exploiter. Le sens de l'à-propos, en un mot. Enfin, ils accroissent les capacités d'anticipation. En résumé, ces jeux développent l'adaptabilité à des situations très différentes. Une qualité requise dans le monde du travail actuel. Tout se passe comme si les jeunes sentaient que derrière leur pratique ludique se cache un enjeu plus fondamental de mise en cohérence avec le monde d'aujourd'hui."

Jacques Perriault interrogé par Pascale Krémer (Le monde 2 - N° 141)

dimanche 11 mars 2007

Tant-BourrinLe sursis

Pourquoi avait-elle donc participé à ce concours stupide ? Calune avait beau fouiller et refouiller sa mémoire, elle ne pouvait s'en souvenir. Ou plutôt, si : elle se souvenait d'une folle impulsion, stimulée par son goût du jeu, qui lui avait fait franchir le pas, malgré la perspective d'un funeste premier prix.

Et elle avait gagné.

Et voilà qu'elle tremblait. Car se retrouver propulsée au rang d'héroïne d'une nouvelle de Tant-Bourrin n'était pas une sinécure, loin de là. Elle avait lu les derniers cits de ce sombre individu, et elle avait vite compris qu'il ne faisait pas bon en être le personnage principal : tous ses héros mourraient immanquablement à la fin des nouvelles.

Et comme une idiote, elle s'était creusé la cervelle deux jours durant pour gagner le concours et, par la même occasion, la place du mort. Elle maudissait sa terrible inconséquence, maintenant que la nouvelle était commencée. Mais l'heure n'était plus aux regrets, elle était à l'effroi, l'effroi d'une fin terrible programmée, l'effroi d'un rouleau compresseur livré à lui-même qui écrasait tout sur son passage, l'effroi de sentir qu'il lui restait peu de temps à vivre.

Elle avait bien essayé d'infléchir la détermination bornée de l'auteur - de son auteur, maintenant qu'elle avait rejoint le rang de ses personnages de fiction - en lui envoyant un courrier électronique. Pour lui dire qu'elle préférait renoncer à son prix. Pour le supplier de lui laisser la vie sauve. Pour l'émouvoir en faisant valoir son statut de mère de famille. Mais rien n'avait pu infléchir la détermination bornée de celui-ci : la nouvelle était désormais commencée et Calune se retrouvait tristement engluée dedans.

Ses tripes étaient nouée. Elle avait préféré ne pas sortir de chez elle en se faisant porter pâle auprès de son employeur. Barricadée, verrouillée et double-verrouillée chez elle, terrée au fond de son lit, immobile. Ne rien faire, ne pas bouger, il ne pourrait peut-être rien lui arriver ainsi... Mais ce fou de Tant-Bourrin était capable de faire tomber une météorite sur la maison. Ses yeux s'emperlaient de larmes d'angoisse.

Elle regarda vers le bas du billet en cours. Elle discerna que la fin approchait, il ne restait que deux paragraphes après celui-ci. Comme dans un cliché de roman de seconde zone, elle revoyait sa vie qui repassait devant ses yeux. Faire durer les phrases, faire durer les paragraphes. Mais celui-ci se terminait déjà.

Et l'avant-dernier paragraphe commençait. Elle n'osait plus respirer : c'était souvent vers ce niveau du récit que l'irréparable arrivait pour les héros de Tant-Bourrin. Dans le silence assourdissant qui l'encoconnait, le battement de son coeur résonnait comme un solo de batterie. Crescendo.

Le dernier paragraphe. Elle regarda vers le bas du billet. Plus que quelques phrases. Il lui sembla même distinguer le mot "survécu" dans la dernière phrase. Elle n'osait pas y croire et pourtant, cela semblait bel et bien vrai : la nouvelle de Tant-Bourrin se terminait et rien de funeste ne lui était arrivé. Peut-être s'était-il finalement laissé attendrir ? Oui, sûrement, car cette fois, cela se confirmait, il ne restait plus que quelques mots à venir. Elle soupira d'aise et sourit radieusement : elle avait survécu à une nouvelle de Tant-Bourrin !

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