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mercredi 14 septembre 2005

Tant-BourrinUne histoire d'amour

Paris, le 30 août 2005

Ma Louise, mon cœur, ma lumière,

Mon sublime amour, je t’aime. Comment pourrais-je t’écrire une lettre sans commencer par ces quelques mots, si maladroits, si dérisoires tant ils peinent à exprimer le feu passionnel qui brûle ma chair et mon âme.

Chaque jour passé loin de toi est un supplice, une absurdité, une non-vie. Seuls mes rêves te ramènent à moi, ô mon onirique Vénus, et le réveil est une mort dans le désespoir du petit jour.

Ô ma Louise, allons-nous enfin bientôt pouvoir nous enlacer tendrement, marcher main dans la main en noyant nos regards des enivrants embruns de nos cœurs ? Que ne suis-je un oiseau pour voler prestement jusqu’à toi ?

Écris-moi, mon amour, pour le salut de ma raison : une lettre de toi pansera la plaie de ton absence et m’aidera à trouver la force d’attendre le jour béni de nos retrouvailles.

Ton Julien qui te chérit



Paris, le 5 septembre 2005

Ma Louise adorée, mon début, ma fin,

Hélas, le temps égrène son chapelet de douloureuses secondes sans m’apporter de réconfort : tu ne m’as pas écrit. Je sais, je suis sûrement trop impatient, mais essaie de comprendre, mon amour, le tourment effroyable de mon âme : la flamme d’amour qui me dévore se fait flamme de l’enfer quand tu n’es pas là.

Je tourne en rond dans ma chambre, ainsi font mes pensées dans mon cerveau et mon pauvre cœur rythme en vain le temps immobile. Je meurs d’une cruelle langueur et cette langueur a pour nom « manque de toi ».

Écris-moi, mon bel amour, pour que je renaisse à la vie.

Ton Julien qui t’adore plus que tout



Paris, le 9 septembre 2005

Ma Louise, ma tendre souffrance, ma languide désespérance,

Ô ma chérie, prends-tu donc tant de plaisir à me laisser ainsi souffrir mille morts ? Ton silence est un glaive qui me transperce la poitrine. Mais du sang qui en coule, j’écrirai ton nom encore et encore, jusqu’en en vider mes veines. J’écrirai ton nom comme on écrit son testament, car tu es ma mort, ma belle mort cotonneuse qui m’étouffe de silence et me laisse agoniser, pantelant d’un amour inassouvi.

Ô ma Louise, il suffirait d’un mot pour que je revive, pour que le souffle me revienne, pour que je me relève enfin et t’emmène vers Cythère.

Réponds-moi, mon amour, je t’en supplie.

Ton Julien qui meurt d’amour pour toi



Paris, le 14 septembre 2005

Monsieur,

S'il faut en croire le nom et l'adresse figurant aux dos des enveloppes, je ne vous connais pas et je suppose que la réciproque est vraie. Je reçois depuis quinze jours des lettres de votre part fort inconvenantes et je vous serais gré de bien vouloir cesser immédiatement ce harcèlement.

Je n’ai pas à ce jour prévenu les services de Police dans la mesure où j’ose espèrer que vous êtes simplement victime d’une erreur d’homonymie. Je me verrai toutefois dans l’obligation de le faire si vous deviez continuer à m’assaillir ainsi de vos lettres.

Pour votre gouverne, sachez que je suis une grand-mère de 71 ans et que je ne suis donc pas une jouvencelle naïve prête à s’enticher du premier godelureau venu.

Je souhaite donc vivement ne plus entendre parler de vous.

Salutations

Signé : Louise Ranboutin



« Connasse ! » grommela Julien en déchirant rageusement la lettre après l’avoir lue, « comprends rien à l’amour, c’te salope ! ». Et il envoya valdinguer la corbeille à papier à l’autre bout de la pièce d’un magistral coup de pied.

Il lui fallut cinq bonnes minutes pour calmer ses nerfs. Après quoi, il s’assit à son bureau, saisit l’annuaire de Paris, l’ouvrit à une page au hasard et parcourut du doigt la liste des noms jusqu’à ce qu’il croise un prénom féminin.

« Jocelyne Frissouf ! Quel joli nom !... Jocelyne, mon amour, ma lumière ! »

Il prit un stylo et une feuille de papier à lettre.

Une nouvelle histoire d’amour commençait.

lundi 12 septembre 2005

Tant-BourrinDu con, du cul, du concupiscent...

Voilà mon tour de pondre un billet qui arrive déjà et je manque cruellement d'inspiration pour vous écrire un texte puissant et profond qui bouleversera votre vie à jamais. Je note sur un post-it de faire ça une prochaine fois, mais pour l'heure, je me tire une flemme plus lourde qu'une semi-remorque (nb pour les mauvais esprits mal placés - si, si, j'en connais - j'ai bien écrit "flemme" avec un un "l")...

Aussi vais-je vous proposer aujourd'hui un petit divertissement frais et léger, déjà proposé en son temps par la très accorte Elisabeth. Il s'agissait de prendre un proverbe, puis d'ajouter "entre tes bras" après la première partie de celui-ci et "entre tes cuisses" après la seconde. Fous rires de qualité garantis !

Mais comme les Blogborygmes ne seraient plus les Blogborygmes sans une délicate touche de vulgarité bien grasse, je vous propose de travailler sur la variante - que m'avais naguère suggérée Saoul-Fifre (à chacun d'assumer ses responsabilités !) - avec "dans ton con" et "dans ton cul".

Voilà quelques gentilles trouvailles bâties sur ce principe :

  • Petit poisson dans ton con deviendra grand dans ton cul
  • Rien ne sert de courir dans ton con, il faut partir à temps dans ton cul
  • Tel qui rit vendredi dans ton con dimanche pleurera dans ton cul
  • Qui veut noyer son chien dans ton con l'accuse d'avoir la rage dans ton cul
  • Qui dort dans ton con dîne dans ton cul
  • Il n'y a pas de fumée dans ton con sans feu dans ton cul

Et pourquoi se limiter aux proverbes ? On aussi taper dans les expressions courantes :

  • Obéir au doigt dans ton con et à l'oeil dans ton cul
  • Il faut savoir manier le bâton dans ton con et la carotte dans ton cul

...ou dans les grandes oeuvres littéraires :

  • Guerre dans ton con et paix dans ton cul
  • Le vieil homme dans ton con et la mer dans ton cul
  • Le rouge dans ton con et le noir dans ton cul

...ou cinématographiques :

  • Rocco dans ton con et ses frères dans ton cul
  • Arsenic dans ton con et vieilles dentelles dans ton cul

Et pourquoi ne pas appliquer la méthode itoument aux mots ? Je vous laisse le soin de voir ce que cela pourrait donner une fois appliqué aux aubépines, à "pique-nique" ou à "dare-dare"...

Bref, un petit jeu plein de délicieuses surprises auquel je vous convie à participer. Proposez vos plus belles créations en commentaire, le Souf' et moi-même, grands spécialistes en jeux à la con joutes littéraires de haut niveau, donnerons notre appréciation assortie d'une note artistique !

mardi 6 septembre 2005

Tant-BourrinPoèter un bon coup, ça fait du bien !

La lecture des plus grands vers de la poésie française vous donne des frissons à l'âme. Vous brûlez d'envie de versifier vous aussi toute la flamme qui vous habite, de pétrir pied à pied toute la beauté du monde, de faire rimer l'indicible avec l'insondable...

Mais voilà, chaque fois que vous vous installez devant une feuille blanche, un crayon bien calé dans la main, la muse vous fuit. Les rimes qui vous viennent sont aussi enivrantes qu'un vieux fond de Champomy frelaté. Vos vers sont du genre lombric à fumier. Vos pieds chaussent du 2. Bref, ce que vous écrivez, ça craint un max, et ce n'est pas avec cela que vous allez briller dans les salons littéraires.

Qu'à cela ne tienne : Blogborygmes vient à votre secours ! Voici en avant-première mondiale (en fait, en avant-seconde, vu que j'avais créé ce truc pour un site perso insignifiant, aujourd'hui défunt) l'outil qui fera de vous l'égal des plus grands poètes que la terre ait jamais portés.

Choisissez, pour chaque ligne, le vers qui vous inspire le plus dans le menu, et c'est tout ! Il n'y a plus qu'à admirer le résultat et à se laisser imprégner de la fulgurante magnificence qui émane de votre poème !

Merci qui ?

Merci Blogborygmes !






 

lundi 5 septembre 2005

Saoul-FifreL'Homme de Gros-Moignon

Tenez : une chanson ! Enfin, un texte qui n'a pas encore de musique. Si ça intéresse quelqu'un de mettre des notes là dessus, on s'arrangera toujours pour les royalties...

Je suis un homme des cavernes
J'tue mon mammouth hebdomadaire
Çui qui veut m'confisquer l'gésier
Je lui stopp' l'envie dans l'gosier.
Nous vivons l'âg' des dents pointues,
J'suis champion du lanc'ment d'massue,
Je n'aim' pas qu'on touche à mon plat
Et je n'ai pas à dire pourquoi.
J'aim' le steak d'auroch bien saignant
Et la salad' me fait gerber.
Les légum's, c'est pour les feignants,
C'est du pré-mâché pour bébés.

Je suis un gueulard des cavernes
Et je percute un tronc creusé,
Je gratt' six bouts d'intestin grêle
Super tendus, prêts à craquer.
Je suis mon propr' impressario :
Je pouss' de grands cris gutturaux,
La tribu s'approch' en grognant,
Fascinée par tout mon boucan.
Quand j'ai fini mon numéro,
Je suis fêté comme un héros :
Tous les mecs me port'nt en triomphe
Et les seins de leurs femm's se gonfl'nt.

Je suis un homme des cavernes
Mais ma meuf ador' les essais :
J'descend lui brouter la luzerne,
C'matin, j'vous dis pas la rosée…
Ell' m'expliqu' avec un cri du cœur
Que c'est l'heur' du p'tit ramoneur
Et à pein' je lui touill' la tasse,
Jouit-hin, jouit-hé, jouit-en-josas…
Des mots, des soupirs, des murmures :
Ell' tomb', j'la ramass', ell' est mûre,
Puis ell' me vid' le narghileh,
La fumée la fait pas tousser.

C'est un' vraie femme des cavernes,
C'est à l'amour qu'ell' doit ses cernes,
Quand je bois cul sec ses tisanes,
J'ai la banan' d'un quadrumane.
Quand la lun' est rond' aux deux bouts,
Ma femm' dégag' de drôl's d'odeurs,
Je lui saut' dessus sans tiédeur,
Les jours en roug', eux, sont tabous.
Mais si, déchiqu'té au Sauternes,
Je rentre, complèt'ment saoul,
A quat' patt's, la braguett' en berne :
Ell' chang' de grott', un point, c'est tout…

samedi 3 septembre 2005

Saoul-FifreDistiques olorimes

Les vers olorimes, c'est la rolls du vers : plus mieux, tu meurs, vu que TOUT le vers rime avec son compagnon ! Hein ? Vas-y, fais mieux ? T'as vu, tu y arrives pô... Çà, c'est de la rime riche aux œufs frais, de la rime Panzani. (pas de la Barilla, malheureux, tu deviens comme Depardieu !) Et le roi de l'olorime, c'est Alphonse Allais.

Alphonse Allais, préfigurant les ateliers des surréalistes ou les ouvroirs oulipo-pataphysiciens, aimait faire des expériences textuelles, mais tout seul. À l'extrême rigueur, avec quelques hydropathes... Mais il vaut mieux des exemples parlants qu'une explication chiante :

Je dis, mettons, vers mes passages souterrains,
Jeudi, mes tons verts, mais pas sages, sous tes reins.

Par les bois du djinn où s'entasse de l'effroi,
Parle et bois du gin ou cent tasses de lait froid.

Ah! Vois au pont du Loing : de là vogue en mer Dante.
Hâve oiseau pondu loin de la vogue ennuyeuse. (la rime n'est pas très riche, je le reconnais, disait Allais, mais j'ai horreur de la vulgarité)

S'il y a un roi, il y a une reine, et la reine de l'olorime, c'est Louise de Vilmorin. Avec son élégance habituelle :

Étonnament monotone et lasse
Est ton âme en mon automne, hélas.

Et cette merveille, également :

Accords doux
décors d'aout
C'est tôt, beys zélés
A Cordoue.
Lachant son silence
La chanson s'y lance :

"Cette eau baise ailée,
A Cordoue
Sept obèses et les
Accord d'aout
Des corps doux."

Et le vent
Ocille en silence
Elevant
Oh ! si lent, six lances
A Cordoue
Bais et laids,
Beys zélés, maintenant,
Baisez les mains tenant
Baies et lait
Accords doux.

Il y a aussi J. Goudeski, contemporain d'Allais, qui a écrit LE "Sonnet olorime". Qui fera le prochain ? Ya du boulot.

Je t'attends samedi, car, Alphonse Allais, car
A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne !
Allons - bravo !- longer la rive au lac, en pagne ;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.

Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche !
L'attrait : (puis, sens !) une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombre, thé, des poires et des pêches,
Là, très puissant, un homme l'est tôt. L'art nourrit.

Et, le verre à la main, - t'es-tu décidé ? Roule,
Elle verra, là mainte étude s'y déroule,
Ta muse étudiera les bêtes sous les gens !

Comme aux Dieux devisant, Hébé (c'est ma compagne)...
Commode, yeux de vice hanté, baissés, m'accompagne...
Amusé tu diras : << L'Hébé te soûle, hé ! Jean !

Et puis, comme je ne voudrais pas que Tant-Bourrin m'accuse encore de faire faire mes billets par les autres (si vous saviez comme il est dur avec moi, et exigeant, et sévère : il ne me passe rien !), je vous en ai fait un. Capable !

Ma terre. Ni tes Paters, ni tes Avés, l'abbé ! Béatitudes...
Maternité, paternité, avez la bébé-attitude !

Et un petit cadeau, un bonus-track, pour terminer : plein d'olorimes

mercredi 31 août 2005

Tant-BourrinUne nouvelle leçon de vie

Chère lectrice, cher lecteur, je n'ai que trop tardé à venir te dispenser ici ma seconde leçon de vie. La faute en incombe avant tout à la grande pondération qui me caractérise en la moindre de mes décisions : j'ai décidé de te prendre en main, de partager ma sapience, de t'aider à gagner en sagesse et en sérénité, d'être en quelque sorte ton guide spirituel dans le dédale d'un monde cruel et complexe, je me suis donc bâté d'une certaine responsabilité vis-à-vis de ton bien-être moral, et je craignais qu'une seconde leçon de vie aussi dense, profonde et riche que la première ne soit trop prématurée.

Mais je sens qu'il est désormais grand temps : tu as su tirer la quintessence de mon premier message, et je te devine qui piaffe à présent devant ton écran telle Julie devant un pot de confiture. Je ne vais donc pas te faire attendre plus longtemps, chère lectrice, cher lecteur, car mienne est la devise "aller à l'essentiel, toujours à l'essentiel, droit à l'essentiel". Je ne tournerai donc pas cette fois sans fin autour du pot de confiture, à atermoyer sans cesse, à faire des digressions qui n'en finissent plus et pourraient te détourner du fondamental : ma leçon de vie.

Or donc, chère lectrice, cher lecteur, je voudrais t'entretenir de la poigne griffue du doute qui te saisit sûrement parfois au plus profond de toi-même et de la nuit. Tu admireras au passage, si tu as un minimum de culture et d'attention, la beauté du zeugme qui illumine la phrase précédente. Ne me remercie pas, je suis comme ça, large et généreux, je dispense sans compter mes fulgurances, on ne se refait pas.

Or donc, disais-je, sans doute as-tu déjà ressenti, seul, dans le noir et dans ton lit (décidément, quel feu d'artifice !) cette angoisse douloureuse, ce sentiment obscur et aigu à la fois d'être à la croisée des chemins, au seuil d'un choix majeur qui engage ton avenir. Le sommeil ne peut alors plus revenir, ton cerveau est en ébullition, "que dois-je faire ?" te demandes-tu sans fin. Et le martel que tu te mets alors en tête résonne sans fin sur l'enclume de tes affres.

Tu te demandes certainement, cher lecteur, chère lectrice, par quelle grâce, par quel redoutable sens psychologique, par quelle incroyable intuition je sais ainsi traduire le tourment qui t'habite alors. Ne cherche pas plus longtemps : tu es jeune encore, et j'ai beaucoup vécu. Les boeufs du temps ont tiré la charrue de la maturité sur mon front. Les dactylos de l'âge ont déversé le typex de la plénitude sur ma chevelure. L'âne de mon intelligence tire la lourde carriole de mes acquis. Bref, j'ai un peu roulé ma bosse, et cette déchirure qui traverse la nuit de tes entrailles, je l'ai déjà ressentie, et plus qu'à mon tour.

L'angoisse. Elle est là, tapie dans le noir. Le choix existentiel te taraude le rachis cervical. Tu te sens mal. Il fait noir. Tu es peut-être seul. Ou alors peut-être as-tu un ou une compagne qui dort à tes côtés, et dont le souffle léger rythme le flux et le reflux de tes hésitations. "Dois-je ? Ne dois-je pas ?" C'est ta liberté d'homme ou de femme qui hésite à s'exprimer, soupesant le pour et le contre, hésitant à emprunter une voie plutôt qu'une autre, et sa lancinante démesure pèse sur ton corps allongé dans le noir, t'oppresse et t'accable, sa morsure est cuisante et luit du sang de ton irrésolution.

Ah, chère lectrice, cher lecteur, comme je l'ai vécue, ce tourment ! Comme je l'ai ressentie, cette lame dardant mon âme ! Choisir, c'est mourir un peu, c'est labourer un peu du champ des possibles, c'est laisser des chemins à l'abandon et aux orties. Oui, il est douloureux, ce choix, mais il faut le faire : c'est le prix à payer pour clamer à la face du monde sa condition d'être humain, libre, entier, accompli.

Alors, amie, ami, écoute le conseil qui est le mien, laisse parler la voix d'un ancien qui a débroussaillé pour toi les sentiers de l'existence. Oui, profite donc de ma leçon de vie pour sortir de la douleur qui te ronge dans la nuit, tel un bout de fromage par un rat ou un frein par l'impatient.

Or donc, chère lectrice, cher lecteur, ce choix douloureux qu'il faut prendre, à savoir "est-ce que je me lève pour aller pisser ou est-ce que j'essaie de tenir encore ?", prends-le et fais pas chier le peuple.

Et la prochaine fois, évite de trop boire pendant le repas du soir.

Telle est ma leçon de vie, que je vous invite à méditer.

Vous pouvez ranger vos crayons et vos cahiers et sortir en ordre.

samedi 27 août 2005

Tant-BourrinRéclame ? Ta mère ! (2)

Il faut bien vivre. Pour la seconde fois, nous allons interrompre ce blog pour diffuser une page de publicités. Mais contrairement à la première fois où je vous avais ressorti des vieux rogatons écrits plusieurs années auparavant, celles-ci sont toutes neuves, écrites pas plus tard qu'hier. Savourez, c'est de la fraîche !

5... 4... 3... 2... 1... Jingle !


(Vue d'ensemble sur un camp de réfugiés - Zoom avant - Cadrage sur un jeune Soudanais émacié, regard perdu dans le vide)

Voix off : - « Dites-moi, jeune homme, vous avez l'air bien pensif... »
Jeune Soudanais : - « Moi ? oh non, c'est juste que je n'ai pas grand chose à faire, sinon crever la dalle... En 2004, on a eu des dizaines de journalistes qui sont venus ici pour parler de nous. Ça nous a fait de la distraction. Mais maintenant, ça fait longtemps que je n'en ai pas vu. Bah, au moins, je suis tranquille : j'ai toujours aimé le calme. »
Voix off : - « Vous crevez la dalle, dites-vous ? Est-ce à dire que vous ne mangez pas à votre faim ? »
Jeune Soudanais : - « Il est vrai que mes côtes commencent à saillir légèrement. Sucer des cailloux, ce n'est pas vraiment nourrissant. Bah, je me dis que j'ai de la chance : au moins, je ne mourrai pas d'hypertension artérielle ! »

Voix féminine (scandé) : « Moi au Darfour, je po-si-tive ! »


(Grande luminosité nébuleuse. Quelques personnes, tout de blanc vêtues, déambulent, avec des ailes dans le dos. Le décor suggère que l'on se trouve au paradis)

Deux anges, présentant tous les attributs d'une féminité exacerbée, discutent au premier plan. Leur tenue, blanche et immaculée, est composée de jupes fendues, de bas résilles, d'un petit boléro largement entrouvert sur une poitrine généreuse.

- « Ça alors, tu aurais cru ça, Ginette, qu'on irait au Paradis après notre mort et qu'on se retrouverait avec des ailes dans le dos ? Alors qu'on a passé notre vie à faire le tapin rue Saint-Denis ? »
- « Non, ça, c'est plus fort que de jouer au bouchon. Mais je me suis laissé dire par l'Archange Gabriel que le Saint-Pierre, il crache pas sur une petite gâterie buccale de temps à autre ! »
- « Ah ? Tu crois que c'est pour ça qu'il nous a accueillies ici ? Ah, ça, pour sûr, faut dire qu'y avait pas meilleures tailleuses de pipes que nous, hein, Ginette ? »

Voix off : « L'auréole, parce nous avalons bien ! »


Chez Total, avec la montée des cours du brut, nous avons fait plus de 9 milliards d'euros de bénéfices en 2004, et nous allons en faire encore plus en 2005. Nous aurions pu consacrer une partie de cet argent à indemniser les victimes de la marée noire de l'Erika ou des autres petits désagréments que nous causons ici ou là. Nous aurions pu nous acheter une éthique. Nous aurions pu investir dans la sûreté de la chaîne pétrolière pour réduire le risque de nouvelles marées noires.

Mais nous n'avons rien fait de tout cela. Nous préférons continuer à faire appel à des armateurs douteux et à leurs poubelles flottantes sous pavillon panaméen. Nous préférons détruire du capital en rachetant nos propres actions, juste pour augmenter les dividendes et faire plaisir à nos actionnaires. Notre prochaine marée noire ? On s'en tape royalement...

Total, nous ne fientons plus chez vous par hasard !


Fin du spot : vous pouvez reprendre le contrôle de votre cerveau !

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