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mardi 23 janvier 2007

Tant-BourrinUn cadeau inestimable

La chose fut ardue d'un point de vue technique, mais j'y suis arrivé. Je souhaitais te faire un immense cadeau, chère amie lectrice, cher ami lecteur, pour te remercier de ta fidélité. Un cadeau unique et inestimable.

Eh bien, c'est chose faite : je t'offre avec ce billet un poème. Oui, mais pas n'importe quel poème : un poème, fruit du hasard, que toi seul au monde as en possession.

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lundi 22 janvier 2007

Saoul-FifreMiroir

Le miroir lisse
De Narcisse
Ressemble à l'eau du lac
Par un matin sans vent
D'une journée d'Hiver.

Sous les yeux ronds dans l'eau
Nagent des poissons bleus
Et des algues
Aux gestes filandreux.
Des cils
Aux battements de libellule
Ombrent les regards
Fuyant se cacher
Derrière des touffes de roseaux.

Oreille inquiète
Lèvres tremblantes
J'attends la bête
Au bout de mon bouchon.
Viendra t-y t-elle, viendra t-y pas ?
Une grenouille répond
En me tirant la langue :
Je crois pas...

Le saule pleureur
S'arrache les cheveux.
La petite barque
À laquelle il tenait
A détaché sa chaîne :
Trop tristounet.

Narine palpitante,
Le levraut renifle, écoute et scrute
Profite de la vie, des odeurs,
Du plaisir,
Jusqu'à l'heure
De l'œil dans le viseur.

Le canard offre sa joue à la cane
Elle nage autour de lui,
Puis le bouscule
Et s'en va, droite et régulière,
Les plumes de son derrière
À peine frémissantes.

Le miroir lisse
De Narcisse
Ressemble à l'eau du lac
Par un matin sans vent
D'une journée d'Hiver.

samedi 20 janvier 2007

Tant-BourrinUn poste avancé

Tino Brunart ne remarqua absolument rien la première fois qu'il alluma le petit poste de radio qu'il venait d'acheter. Il faut dire qu'il avait l'habitude d'écouter la radio comme on écoute un robinet d'eau tiède couler : sans y prêter grande attention. C'était pour lui surtout un moyen d'avoir un vague bruit de fond pendant que, la gueule encore tout ensommeillée, il avalait son café du matin. Un dérisoire palliatif à sa désespérante solitude depuis que sa femme l'avait quitté.

Ce n'est que le second jour que son attention fut captée par une information au milieu du journal de sept heures : "... bla bla bla crise politique bla bla bla chiffres du chômage bla bla bla bla projet de loi bla bla bla bla et nous apprenons à l'instant le décès cette nuit de Lou Saffire. Lou Saffire qui avait connu la gloire dans les années 70 avec des titres comme "dirty underwear", "the perfume of a goat" ou "the tractor song" et qui s'est donc éteint cette nuit des suites d'une longue maladie dans un hôpital de Los Angeles. Voilà, sur cette triste nouvelle, s'achève ce journal, rendez-vous à 7h30 pour un prochain flash d'info..."

Tino fut très affecté par cette annonce : Lou Saffire avait été l'idole de sa jeunesse, un des rares chanteurs qu'il avait affichés, sous forme de poster, aux murs de sa chambre d'enfant. "Merde alors ! On est peu de chose... Chienne de vie..." se dit-il, abasourdi que Lou Saffire ait ainsi pu mourir aussi bêtement, comme un humain normal, en donnant à cette matinée le goût amer de la fin de toute une époque.

Ce fut la première chose dont il parla, ce matin-là, aux collègues à la machine à café.

- Au fait, vous avez entendu ça ? Lou Saffire est mort !
- Hein ? Non, je ne suis pas au courant. Comment est-il mort ?
- D'un cancer, je pense. Dans un hosto...
- Hé, Tino, t'es sûr de ce que tu racontes ? Parce que j'ai écouté les infos sur l'autoradio dans la bagnole, et ils n'en ont pas du tout parlé. Ça m'étonne, ton truc.
- Appelle-moi Ducon tant que t'y es ! Je te dis qu'ils l'ont annoncé ce matin. Et fan comme je l'étais de Saffire, tu penses bien que j'ai bien écouté !
- Mouais... bon, bin, je vais aller voir sur internet ce qu'ils en disent. Je veux en avoir le coeur net.

Cinq minutes plus tard, aucun site d'information ne parlant d'un quelconque décès de Lou Saffire, Tino Brunart dut admettre, même si la chose lui paraissait plus qu'étrange, que ses sens avaient dû le tromper. Ou alors qu'il n'était pas bien réveillé ce matin et qu'il avait mélangé rêve et réalité. Ou que l'information ne circulait pas vite sur internet. Ou alors que quelqu'un avait fait un canular de très mauvais goût. Il en fut quitte pour subir les quolibets de ses collègues toute la journée.

Mais le lendemain matin, les rires n'étaient plus de mise et le regard de ses collègues avait changé du tout au tout : Lou Saffire était mort durant la nuit dans un hôpital de Los Angeles.

- Ah bin merde, Tino ! Là, tu me bluffes ! Comment t'as pu savoir ça avant même qu'il soit mort ? T'avais entendu dire qu'il était malade ? Ou t'as des dons de voyant ?

Tino était dépassé par les événements. Il répondit "eh, qui sait ?" avec un petit sourire au coin des lèvres. Mais en fait, intérieurement, il était pris dans un véritable vertige métaphysique : avoir ou ne pas avoir entendu, telle était la question qui le taraudait. L'hypothèse d'un rêve prémonitoire qu'il aurait confondu avec la réalité fut celle qu'il privilégia, par défaut, ne trouvant aucune autre explication satisfaisante.

Le lendemain matin, il écouta toutefois son poste de radio d'une autre oreille, bien plus attentive. Ou du moins, il essaya, mais il avait bien du mal à se passionner pour l'actualité : "...bla bla bla ultimatum de l'ONU bla bla bla bla coup d'état bla bla bla bla attentat bla bla bla bla vote à l'assemblée bla bla bla..."

Même avec la meilleure volonté du monde, l'esprit passablement obtus de Tino Brunart peinait à rester concentré sur le flux verbal : les informations lui rentraient par une oreille et, ne trouvant personne à qui parler à l'intérieur de son crâne, ressortaient par l'autre sans y laisser de trace. La marche du monde n'était vraiment pas la préoccupation première de Tino, beaucoup plus sensible à ce qui le concernait, lui, directement, comme la météo.

Tiens, justement, voilà qu'arrivaient les prévisions du jour : "la météo pour ce 21 janvier : la perturbation qui est arrivé hier sur la côte atlantique et qui a donné beaucoup de pluie sur l'ensemble des régions peinera aujourd'hui à s'évacuer par l'est. Il faudra donc garder son parapluie puisque nous aurons encore un temps très couvert et de nombreuses précipitations sur la majeure partie de la France..."

"Quelle bande d'incapables, pensa Tino, ils se plantent lamentablement : on a eu du soleil hier... heu... mais ils sont encore plus nuls que je le pensais : hier, c'était hier, il devraient quand même savoir le temps qu'il a fait !"

Il était perplexe. Il sentait qu'il y avait quelque chose qui ne collait pas dans ce qu'il venait d'entendre, au-delà de l'erreur sur le temps de la journée écoulée. Mais impossible de savoir quoi.

Il regarda sa montre : il était temps de se préparer pour se rendre au boulot. Il se figea. Il venait de comprendre ce qui clochait : sur sa montre, un petit "20" lui rappelait la date du jour. Or il était certain d'avoir entendu "la météo pour ce 21 janvier" à la radio... Ou plutôt, non, il avait dû rêver. Il avait forcément dû rêver. Ou le journaliste s'était trompé. Sur la date et sur le climat de la veille ? Hum, cela paraissait beaucoup, mais il fallait bien se raccrocher à des explications un tant soit peu rationnelles. Il partit travailler, en se promettant d'éclaircir ce mystère dès le soir venu.

Quand il revint à son domicile une dizaine d'heures plus tard, la première chose qu'il fit fut d'allumer son poste de radio. Rien d'anormal dans ce qu'il entendit : des chansons insipides, quelques spots de publicité, du blabla creux et superficiel au milieu... De la radio commerciale dans tout ce qu'elle peut avoir de chloroformant pour l'esprit.

Ce fut au moment du flash d'information de 19 heures qu'il entendit enfin ce qu'il espérait entendre : "Vous écoutez EuroTL, il est 19 heures. Voici toute l'actualité de ce vendredi 21 janvier. Tout d'abord bla bla bla bla..."

Cette fois, sa concentration avait été maximale. Plus aucun doute n'était permis : on était jeudi 20 janvier, son poste de radio semblait décalé d'une journée dans le futur. Il écouta les titres, guettant l'information qui pourrait lui permettre de vérifier ce qu'il commençait à entrevoir : "... bla bla bla chiffres de la délinquance bla bla bla manifestation bla bla bla bla en Coupe de l'UEFA, le PSG a connu hier au soir un véritable naufrage en perdant sur son terrain face au modeste club luxembourgeois d'Esch sur Alzette sur le score sans appel de 5 à 0. Le club semble à nouveau en proie à une crise profonde bla bla bla..."

Le match n'aurait lieu que ce soir ! Tino en était tout tremblant d'émotion. Cela confirmait donc que... Non, il se refusait encore à y croire. Il vérifia sur le programme de télé : pas de doute, le match PSG-Esch sur Alzette passait le soir-même en direct sur la première chaîne à 20h45 !

Et, plus tard dans la soirée, au fur et à mesure que le match avançait et que le score se creusait, contre toute attente, en faveur d'Esch sur Alzette, Tino Brunart s'enfonçait, songeur, dans son canapé. Et au coup de sifflet final sur le score de 5-0, il se sentit tremblant de la tête aux pieds.

Cette fois, plus de doute possible : son poste de radio était en avance de 24 heures sur le reste du monde. Vingt-quatre heures ? Mais alors...

Le lendemain soir, il écouta le flash d'information de 21 heures, un stylo à la main, le coeur battant d'excitation : "... bla bla bla vives tensions au Proche-Orient bla bla bla bla menaces d'embargo bla bla bla bla bla côte de popularité en baisse bla bla bla bla bla et pour finir, le résultats du loto. Au premier tirage, il fallait jouer le 6, le 8, le 17, le 35, le 46 et le 48, numéro complémentaire : le 2. Au second tirage, il fallait cocher les cases 12, 17, 29, 30, 42 et 43, numéro complémentaire : le 20. Ainsi se termine ce journal. Je vous laisse maintenant en compagnie de bla bla bla bla..."

Il n'osait pas y croire. Il regardait les numéros devant lui qu'il avait consciencieusement notés. Ce n'était pas possible ! Et pourtant...

Le lendemain, il fit le pied de grue un quart d'heure devant le bar tabac du coin en attendant son ouverture, tant il était impatient de remplir ses grilles de loto. Ce qu'il fit. Deux grilles, pas une de plus, avec les deux combinaisons.

La journée lui parut une éternité.

L'émotion n'en fut que plus forte au moment du tirage. Tino Brunart vit les bons numéros sortir les uns après les autres, comme dans un rêve. A l'issue du premier tirage, il en pleurait d'émotion. Après le second tirage, il dut s'asseoir, ses jambes ne le portant plus.

Il resta dans l'histoire du Loto comme une hérésie statistique, l'homme le plus chanceux de l'univers : celui qui avait décroché les six numéros aux deux tirages le même soir en jouant seulement deux grilles. Une chance sur environ 200000 milliards !

La vie de Tino en fut bouleversée du tout au tout.

Deux mois plus tard, il vivait dans un somptueux palace sur la Côte d'Azur, en compagnie d'un top model, en menait la vie dorée d'un milliardaire. Une vie de luxure et de paresse. Tout au plus consacrait-il environ une heure par jour à la gestion de ses affaires, florissantes au-delà de l'imaginable.

En fait, il allait deux ou trois fois par jour s'enfermer dans son bureau et écouter son poste de radio. Tout ce qui l'intéressait était de capter les quelques informations qui lui permettraient de faire entrer des bons coups. Entendait-il parler d'une hausse du cours du dollar ? Il en achetait des millions dans l'heure qui suivait. Une vague d'attentat aérien qui allait sûrement donner un coup de frein aux valeurs de l'aéronautique ? Il vendait toutes ses actions 24 heures avant tout le monde. Et il continuait, de temps à autres, à jouer au Loto et au PMU, en utilisant toutefois des prête-noms pour que la chose ne finisse pas par paraître suspecte. Bref, l'argent entrait à flots, bien plus vite qu'il n'arrivait à le dépenser malgré son train de vie fastueux.

Mais le naturel de Tino était ainsi fait que même sa petite heure de travail quotidienne finit par le lasser : les flash d'actualité lui paraissaient interminables et relativement pauvres en informations réellement utiles à ses affaires, les faits d'actualité lui passaient toujours largement au-dessus de la tête. "... bla bla bla tensions exacerbées bla bla bla bla casques bleus bla bla bla bla menaces d'attentats bla bla bla plan vigipirate rouge bla bla bla bla moins de tués sur les routes bla bla bla bla..."

Tant et si bien qu'il renonça à écouter les flashes d'information : il avait découvert une rubrique économique diffusée tous les matins qui répondait parfaitement à ses besoins en distillant quelques tendances de la veille sur la bourse (et donc, en fait, de la journée qui commençait !), exactement ce qu'il lui fallait pour faire ses spéculations lucratives... Il put dès lors se contenter d'un quart d'heure par jour de gestion de ses affaires.

Quelques jours plus tard, un terrible tremblement de terre, de magnitude 7,6, frappa au petit matin la Côte d'Azur, faisant plusieurs centaines de morts. Au nombre de celles-ci figurait Tino Brunart : l'épicentre du séisme était extrêmement proche de son palace, et celui-ci s'était littéralement effondré sur lui-même et sur ses occupants.

Tous les flashes d'informations du soir firent bien évidemment leurs gros titres sur ce terrible tremblement de terre. Des flashes d'informations que Tino Brunart aurait pu entendre dès la veille au soir sur son poste de radio magique, s'il s'était donné la peine de s'intéresser à la marche du monde.

Trop d'info tue l'info, est-il courant de dire. Mais le manque d'info tue aussi.

Tout court.

dimanche 14 janvier 2007

Tant-BourrinSlip kangourou

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas commis de parodie sur ce blog (pour les petits jeunots qui débarquent, vous pouvez aller vous remettre à niveau , , , , , ou itou) et il était grand temps d'y remédier.

Les paroles originales de la chanson parodiée du jour sont ici.

Et comme certains avaient émis le souhait que j'interprète moi-même mes parodies plutôt que de mettre un simple fichier midi en écoute, je me suis chauffé la voix et installé devant le micro. Ce coup-ci, ça va faire mal, très mal ! Attention aux oreilles !




"Slip kangourou"
interprété par Tant-Bourrin




Chez les bouseux, il y avait un Saoul-Fifre
Qui avait peur de s'baigner dans la mare
Oui, il craignait de se foutre en calcif
Car il tremblait de montrer aux canards

Un, deux, trois
Il craignait de montrer quoi ?

Son très vieux crassous croûtous pissous merdous tout pendouillous slip kangourou
Qu'il portait depuis déjà six mois
Un crassous croûtous pissous merdous tout pendouillous slip kangourou
Un vieux slibard qui sentait le putois

Un, deux, trois
Voilà ce qui arriva

Il s'enfila une bouteille de bibine
Avant d'oser dévoiler son calbard
Car il craignait de choquer ses lapines
Sa truie, ses poules et bien sûr ses canards

Un, deux, trois
Il craignait de montrer quoi ?

Son très vieux crassous croûtous pissous merdous tout pendouillous slip kangourou
Qu'il portait depuis déjà six mois
Un crassous croûtous pissous merdous tout pendouillous slip kangourou
Un vieux slibard qui sentait le putois

Un, deux, trois
Voilà ce qui arriva

Il doit maintenant ressortir de la mare
Il craint toujours le regard des poulets
C'est le moment de faire voir aux canards
Ce truc qui donne envie de dégueuler

Un, deux, trois
Il a peur de montrer quoi ?

Son très vieux crassous croûtous pissous merdous tout pendouillous slip kangourou
Qu'il portait depuis déjà six mois
Un crassous croûtous pissous merdous tout pendouillous slip kangourou
Un vieux slibard qui sentait le putois

Si cette histoire vous dégoûte
Pas la peine de vous fâcher
Car, voyez-vous, pas de doute :
C'était le but recherché !

jeudi 11 janvier 2007

Tant-BourrinPassager clandestin

De maigres applaudissements s'élevèrent dans la salle des fêtes après le tour, passablement laborieux, des foulards sortis du creux de la main. Nitro Turban les entendit à peine : il voyait surtout les bien plus nombreux bâillements qui trouaient les faces des spectateurs, leur bouche formant un zéro, comme une triste note infligée à son spectacle.

Hélas pour lui, Nitro Turban, de son vrai nom Louis Farfe, était un tâcheron de la prestidigitation qui peinait à gagner sa vie en décrochant de-ci de-là des contrats misérables pour des animations dans des salles minables, voire des maisons de retraite.

Son numéro de magie eût même été un bide sans nom s'il ne s'achevait à chaque fois sur son meilleur tour : celui de la femme coupée en morceaux. Un grand classique des numéros de prestidigitation, mais que Nitro Turban réalisait avec une incroyable maestria. Une maestria qui tranchait terriblement avec le reste de son spectacle.

Et ce soir-là, comme tous les soirs de spectacle, des "oh !" et des "ah !" s'élevèrent dans l'assistance quand il balada les jambes de Lucette, son épouse, à un bout de la scène et sa tête à l'autre bout, avant de les rabouter avec son tronc sous une salve enfin nourrie d'applaudissements.

Evidemment, le public n'était pas dupe, il y avait forcément un truc. D'ailleurs, c'est pour ça que la femme était dans une caisse en bois, pour qu'on ne voie pas le truc, se disaient les spectateurs.

Mais en fait, non.

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dimanche 24 décembre 2006

Tant-BourrinNoël gluant

En cette journée de réveillon et d'ultime rush dans les magasins exceptionnellement ouverts le dimanche, j'ai trouvé pertinent de vous écrire un petit pastiche fort à propos, histoire de vous faire patienter jusqu'à ce soir.

C'est une légère altération des paroles de "Noël blanc", une gentille petite chanson de Noël, dont les paroles originales sont ici.

Allez, en avant pour le grand soir ! Musique !



Oh ! quand j'entends chanter Noël
Je trouve ça tell'ment puant
Tous ces beaux sentiments ne sont que du vent
Noël, cauchemar gluant

Oh ! quand j'entends sonner au ciel
Le tiroir-caisse des marchands,
De Carr'four, de Leclerc, d'Auchan
Ça me gonfle ces Noëls gluants

La nuit est pleine de cris de boeufs
Pleine de rôts de mousseux
Les panses sont déjà garnies
Tout est prêt pour le vomi
Et j'attends l'heure où ils vont dormir
Pour enfin pousser un soupir

Oh ! quand j'entends chanter Noël
Je trouve ça tell'ment puant
Tous ces beaux sentiments ne sont que du vent
Noël, cauchemar gluant

Oh ! quand j'entends sonner au ciel
Le tiroir-caisse des marchands,
De Carr'four, de Leclerc, d'Auchan
Ça me gonfle ces Noëls gluants

samedi 23 décembre 2006

Saoul-FifreBonjour je suis ravie d'être nouvelle ici

..., nous dit gentiment Ophise , la cheftaine de gare.

Mais nous aussi, nous aussi, Ophise, on est ravis de t'avoir comme lectrice ! En tout cas moi. Je suis un fan des gares, surtout si les girls de Trafalgar ont des regards à mon égard, mais je m'égare... Et un fasciné des trains. Surtout des arrières-trains. Ce n'est sûrement pas moi qui me plaindrais d'un retard où d'une manifestation encombrant une voie. Mais c'est l'aventure ! Les clients, on ne peut pas les appeler des "patients", n'est-ce pas, se mettent à hurler, à insulter les premiers porteurs d'uniformes SNCF qui passent à leur portée, mais c'est inespéré ? Alors que d'habitude, vous payez pour aller au cinéma, vous avez sous les yeux, gratuitement, des acteurs de premier ordre qui vous simulent une colère allant de la simple acrimonie à la furie la plus totale, avec un talent digne des plus grandes stars. Pour pas un rond. Moi je dis bravo la Seuneusseufeu pour ces animations improvisées destinées à nous faire prendre patience.

Ha moi dans les gares, tout m'est jouissance intense. Tous ces voyageurs plutôt bien pomponnés, on est dans la façade, dans la représentation, ils savent qu'ils vont devoir passer quelques heures en promiscuité avec de parfaits inconnus, bon ben on y va pas en bleu de travail. Ya la fiancée, les parents, les amis pas vus depuis longtemps qui attendent au bout des rails, on se met un peu en frais de toilettes, non ? Le train, c'est le voyage, la rupture tranquille d'avec le train-train quotidien, le changement de référentiel, c'est la magie. Transfert dans l'Espace-Temps, Transformation, vous ne serez pas le même à l'arrivée, vous aurez laissé derrière vous les scories de votre ancien Moi dans les tunnels transgressifs. Le train c'est le hasard de la rencontre, c'est le sourire volé, c'est l'Odyssée à la portée de tous.

Tout y est possible. Mais si ! Allez, un p'tit pouème en illustration (mais yen a d'autres ici et ):

Sur les quais d'une gare
Je marchais au hasard
Tu sortais de l'Enfer
Avec de grands yeux noirs
Dans le froid de l'hiver
On s'est couché par terre.

On regardait passer
Les voyageurs pressés
Qui montaient dans les trains
Et les trains s'en allaient
Et l'on ne faisait rien
Qu'attendre le destin.

On a vécu vingt jours
De poussière et d'Amour
Sous les reflets blafards
Tu me disais : "Le jour,
C'est l'attente du soir
Et le noir, c'est l'espoir."

Tu me disais : "La vie,
C'est quand me vient l'Envie
L'envie de Lui, de Toi
De faire des folies
Et dans ces instants là
Je ne m'appartiens pas."

Alors, sans peur, sans peine
Tu as eu faim de haine
T'as sorti ton couteau
Comme on brise une chaîne
Et tu m'as, sans un mot
Amputé d'un morceau.

Et depuis, je t'attends
Entre morts et vivants
Viens, reviens t'abreuver
Pour nos soifs maintenant
Je les raviverai
Nos plaies ensanglantées...

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