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mardi 16 septembre 2014

Tant-BourrinJ'bloguais, j'blogue plus


J'bloguais, j'blogue plus

par Tant-Bourrin



J'bloguais, j'blogue plus
J'ai pas envie
C'est l'enthousiasme
Qui a merdu

J'bloguais, j'blogue plus
C'est quoi ce vide ?
Un bout d'la toile
Qui s'est perdu

C'était hier
J'apprenais au Souf' le maintien
J'incarnais le chic parisien

C'était hier
Je cavalois sur les chemyns
Le mien haschoir au creulx d'la main

J'bloguais, j'blogue plus
J'ai pas envie
C'est l'enthousiasme
Qui a merdu

J'bloguais, j'blogue plus
C'est quoi ce vide ?
Un bout d'la toile
Qui s'est perdu

C'était hier
Les produits dérivaient sans fin
Voguant du parfum au pare-faim

C'était hier
Moi, je chantais dans mon p'tit coin
Le seul endroit où je suis bien

C'était hier
J'allais changer notre destin
Ça a fini en jus d'boudin

C'était hier
Et je bloguais avec entrain
Maintenant j'en ai plein le train

J'bloguais, j'blogue plus
J'ai pas envie
C'est l'enthousiasme
Qui a merdu

J'bloguais, j'blogue plus
C'est quoi ce vide ?
Un bout d'la toile
Qui s'est perdu




P.S. : mille excuses à Yves Simon dont je me suis permis de massacrer ici une de ses plus belles chansons. Je ne recommencerai plus, promis ! :~)
P.P.S. : non, ne commencez pas à sortir les mouchoirs. C'est justement parce que l'envie de rebloguer un chouia m'est revenue que j'ai enfin produit ce billet, dont j'avais eu l'idée il y a plusieurs mois.
P.P.P.S : Prout !

jeudi 4 septembre 2014

Saoul-FifreTite chanson sans musique

Je suis un homme des cavernes
J'tue mon mammouth hebdomadaire
Çui qui veut m'confisquer l'gésier
Je lui stopp' l'envie dans l'gosier.
Nous vivons l'âg' des dents pointues,
J'suis champion du lanc'ment d'massue,
Je n'aim' pas qu'on touche à mon plat
Et je n'ai pas à dire pourquoi.
J'aim' le steak d'auroch bien saignant
Et la salad' me fait gerber.
Les légum's, c'est pour les feignants,
C'est du pré-mâché pour bébés.

Je suis un gueulard des cavernes
Et je percute un tronc creusé,
Je gratt' six bouts d'intestin grêle
Super tendus, prêts à craquer.
Je suis mon propr' impressario :
Je pouss' de grands cris gutturaux,
La tribu s'approch' en grognant,
Fascinée par tout mon boucan.
Quand j'ai fini mon numéro,
Je suis fêté comme un héros :
Tous les mecs me port'nt en triomphe
Et les seins de leurs femm's se gonfl'nt.

Je suis un homme des cavernes
Mais ma meuf ador' les essais :
J'descends lui brouter la luzerne,
C'matin, j'vous dis pas la rosée…
Ell' m'expliqu' avec un cri du cœur
Que c'est l'heur' du p'tit ramoneur
Et à pein' je lui touill' la tasse,
Jouit-hin, jouit-hé, jouit-en-josas…
Des mots, des soupirs, des murmures :
Ell' tomb', j'la ramass', ell' est mûre,
Puis ell' me vid' le narghileh,
La fumée la fait pas tousser.

C'est un' vraie femme des cavernes,
C'est à l'amour qu'ell' doit ses cernes,
Quand je bois cul sec ses tisanes,
J'ai la banan' d'un quadrumane.
Quand la lun' est rond' aux deux bouts,
Ma femm' dégag' de drôl's d'odeurs,
Je lui saut' dessus sans tiédeur,
Les jours en roug', eux, sont tabous.
Mais si, déchiqu'té au Sauternes,
Je rentre, complèt'ment saoul,
A quat' patt's, la braguett' en berne :
Ell' chang' de grott', un point, c'est tout…

(délicat ch'tiot crobard Andiamo pour Saoul-Fifre)

vendredi 25 juillet 2014

AndiamoY'a ben d'la mistoufle tout de même.

Je me promenais l'autre jour dans la campagne... Bon oui ça m'arrive, j'ai aussi besoin de me polluer les bronches de temps en temps, à coups de chlorophyle et d'oxygène, biscotte trop de CO2 et de particules (ta mère) ça me donne un teint de jeune fille, oui, oui demandez aux Dames qui ont eu la CHANCE de m'apercevoir !

Je flânais, je musais, je fôlatrais dans les prés et les bois, quand soudain sous mes yeux horrifiés j'ai VU de mes yeux vu, l'horreur, l'indicible, l'innénarable, la honte dans toute sa vérité...

Un campement nomade au milieu de notre belle campagne d'Ile de France, rien que le nom déjà , il fleure bon la royauté, le cinq couronnes, le sceptre royal à l'index profondément enfoncé dans les fondements même de la lignée des Capétiens directs (y'a que les impôts qui sont indirects). ÎLE DE FRANCE.. Sonnez buccins, roulez tambours, fermez le ban !

Dans une pauvre pâture deux chevaux efflanqués et nus, tout nus, broutaient une herbe rare. C'est alors que j'aperçus perdu dans la verdure humide et malsaine, les ruines d'une abbaye... Déjà je craignais pour la suite.

Mes craintes étaient fondées, car tout à coup au détour du chemin m'apparût la pauvre masure de ces manouches issus d'un autre temps, une bicoque informe faite de bric et de broc plus de broc que de bric d'ailleurs.

Ces pauvres gens cloîtrés dans leur ghetto derrière d'imposantes grilles de métal forgé, spectacle insoutenable, sur le terre-plein d'herbe rase, de pauvres hères armés d'une tige munie d'un embout métallique frappaient sur une pauvre petite balle très dure... POC ! POC !

J'en avais les larmes aux yeux, la cornée humide, la pupille inondée, moi qui ne pleure jamais, mais là tant de misère, je n'en pouvais plus, alors afin de dénoncer le scandale j'ai pris quelques clichés, et je suis près à les offrir afin qu'ils soient publiés dans la presse à scandales.

Madame France Dimanche, Messieurs Closer et Voici si vous êtes intéressés ?

J'allais repartir quand tout à coup j'ai aperçu ... mais comment est-ce possible ? Juste à côté une bicoque encore plus délabrée ! Une ancienne métairie sans aucun doute, seulement une dizaine de chambres pour une pauvre famille !

Y'a ben d'la mistoufle tout d'même.

samedi 28 juin 2014

Saoul-FifrePourquoi ce pseudo de "Saoul-Fifre" ?

Mon père était viti et surtout viniculteur. Et même si je n'avais que 13 ans à l'époque ou il est parti vendanger les vignes du seigneur...

...et qu'il n'a donc pas pu me guider personnellement dans la dégustation, au cours de séances gourmettes qui se seraient terminées tard dans la nuit, en matière de pinard je ne suis pas un voyageur sans barrique à la "Jean La nouille" : mes racines sont surtout celles de vieilles vignes qui savaient creuser profondément pour aller chercher leur génie dans des alchimies géologiques transcendantes, et lancer leurs sarments à l'assaut du ciel conquérir la lumière et la décomposer en couleurs rutilantes. L'humilité chez le vigneron, c'est l'acceptation de l'évidence. Le vin vient de l'humus et y retourne. Les terroirs font les hommes autant que les hommes façonnent les paysages et dans certains lieux tenus secrets, caves, grottes, des distillats se transmutent dans des creusets interdits. Le Limousin, où nous montons régulièrement nous retremper l'âme comme le chevalier de Tant-Bourrin retrempe son hachoir, est Terre propice à ces incantations, et ses fils, assez solides pour résister aux énergies mises en jeu.

Introduits par Margotte, dont une bonne partie du sang appartient en ligne directe à ce terroir, nous fûmes invités à leurs Agapes par un couple de voisins, initiés de toute éternité, le savoir traditionnel leur ayant été transmis, instillé goutte à goutte, patiemment, avec constance, renouvelé à chaque génération, et nous pûmes constater sur eux la perfection et l'efficacité des formules de protection, stables depuis la nuit des temps. Rien ne semblait devoir les atteindre, fragiliser ces deux corps massifs, comme taillés dans ce socle granitique primaire si solide, équilibrant et sécurisant aux pieds limousins. Une force incroyable sourdait de leurs visages, une énergie dans les tons rouges émanait de leurs yeux, faisait briller leur peau aux vaisseaux apparents, sculptée par le froid, délavée d'intempéries et d'intempérances. Une longue expérience devait être nécessaire, une pratique répétée, fidèle et assidue des libations populaires, voilà le sentiment admiratif qui éclipsa tous les autres dès le début de la cérémonie. Leur mental impressionnant, leur concentration leur permettaient de maîtriser les esprits volatils malins et alcalins de l'alcool et de n'en ingérer que la quintessence conviviale. Ils connaissaient le Secret et allaient essayer de nous en enseigner la Prime Arcane.

La messe païenne commença par un champagne sans étiquette, un brut costaud, très aromatique, que nos hôtes et quelques-uns de leurs amis du village se font envoyer en grosse quantité par un petit éleveur d'Epernay avec qui ils ont sympathisé au cours d'un voyage de sélection / dégustation. Un petit qui pouvait en remontrer à bien des gros, mais peut-être, s'il faut absolument se permettre une critique, un peu fort en degré, surtout que nous étions à jeun en prévision et que la pratique des amuse-gueules et autres toasts citadins est regardée avec mépris par le Limousin, ferme sur la coutume.

Nous étions donc cinq autour de la table, bien encastrés dans ces superbes fauteuils de châtaignier, mais ma belle-mère, si elle a poliment goûté à tout, a toujours refusé que l'on re-remplisse son verre, et Margotte, mon dieu, n'a pas cet irrépressible besoin des hommes de se mesurer à leur propre contenance, et, tout en faisant honneur à ses ascendances locales, ne s'est pas mise minable comme nous autres, l'autre couple de professionnels, là, et votre serviteur, débutant confirmé.

Un, dos, très, le 3 a toujours représenté la perfection divine, symbole de l'équilibre par excellence : un tabouret à 3 pieds sera toujours solide et bien calé quelles que soient les irrégularités du sol, ce qui n'est pas le cas du quadrupède. La vieille blague d'ivrogne qui veut qu'on ne parte pas boiteux, sur une seule jambe, en n'ayant bu qu'un seul verre, aurait plus de fondement sémantique si elle disait : tu ne vas pas partir sur tes deux jambes, malheureux ! Prends une canne... Une, deux, trois rôteuses de décapsulées, c'est un bon chiffre et un apéro classieux. Un lâcher de petites bulles qui donnait gaiement le départ des festivités.

Plateau de charcuteries limousines faites maison. Pâté, saucisses sèches, boudin, jambon... Le "Cul-noir de Saint-Yrieix", une race locale de porcs, a une viande d'une qualité incomparable. Au lieu des quelques mois d'engraissement que nécessitent les races insipides trafiquées par les agrocrates de la perfide Albion, le Cul-noir demande d'être nourri avec amour pendant 3 ans pour que sa viande atteigne la plénitude de sa maturité olfactive et savoureuse. Un quarteron d'éleveurs passionnés et désintéressés s'appliquent à développer le nombre de reproducteurs en faisant une véritable œuvre de missionnaire auprès de leurs collègues. Une fois traitée avec respect selon des recettes familiales inchangées depuis des lustres, c'est dans la Rolls de la cochonaille que nous allons passer les instants suivants. Un Gigondas de propriétaire, pas trop jeune, sera largement assez charpenté pour se colleter avec les odeurs puissantes, un peu entêtantes de cette charcuterie d'exception. Un, dos, très, le rythme s'installe.

La paella poissons et fruits de mer attendait sagement son tour sur le brasero aux braises mourantes. Les filles, après avoir pité quelques morceaux finement épicés, optèrent sans vergogne pour le breuvage qui est sans conteste la honte de la profession : le rosé, et en l'occurrence le pire, de Provence. Le raisin, qui, déjà, est de plus en plus séparé de sa grappe par les machines à vendanger, ne macère même plus avec sa peau et ses pépins. Le jus est de suite soutiré et perd de ce fait ses tanins, ses anthocyanes, ses polyphénols, tous éléments conseillés par la Faculté pour la conservation naturelle du vin et ses effets bénéfiques sur les maladies cardio-vasculaires (mais pas aux doses dont nous parlons ici !). Les garçons préférèrent, dans un but sanitaire bien évidemment, un Fitou épais dont la température (bizarrement écrite sur l'étiquette) était de 13°, et qui se maria sans gros problèmes avec le safran pimenté à l'espelette. Là également : un, dos, para nosotros, y très, ... para las ninas.

Arriva une proposition inestimable à laquelle je ne regretterai jamais d'avoir acquiescé : un trou limousin, mais l'un de ceux dont on ne remonte pas identique. J'ai une addiction particulière envers les alcools blancs. J'en ai bu, j'en boirai, je m'essaye à leur fabrication, j'aime leur transparence totale, leur eau pure, je les collectionne et les classe dans mes papilles, je recherche les crus rares, les années mythiques, j'aime l'eau, j'aime la vie, j'aime l'eau de vie, et j'affirme ici que jamais je n'ai bu pareille merveille. J'ai pourtant une préférence pour les alcools tirés des drupes de prunus, quels qu'ils soient, mais là, il s'agissait d'un simple marc. J'allais dire d'un vulgaire marc, car le marc, fabriqué en principe à partir de tas de rafle exposés à la pluie après qu'on en ait exprimé tout le jus, ou bien issu de la distillation d'excédents choisis parmi les plus mauvais vins de consommation courante, est rarement buvable... Mais celui-ci avait son histoire : le père de notre hôte avait acheté sur pied la récolte de quelques rangées de vigne Muscat, l'avait laissée mûrir au maximum, pour recueillir tous les sucres et même les débuts de fermentation noble, l'avait vendangée "à la Sauternes", en ciselant au sécateur pointu, pour les jeter, tous les grains pourris ou malades, avait enfin vinifié dans les règles de l'Art ce nectar dans l'unique but de l'amener à l'alambic. Ce gars là savait ce qu'il faisait : sa gnole, qui commençait à avoir de la bouteille puisque lui-même était les deux pieds contre la muraille de son caveau depuis longtemps, son "Muscat" était riche, ample, muscaté bien sûr, mais sans cette acidité qu'ont trop souvent les raisins de bouche ramassés trop tôt pour mieux "présenter". Je restai le nez plongé avec délices dans le grand verre à cognac où on me l'avait servi, sans oser y tremper mes lèvres, juste pour faire durer le plaisir, tellement les effluves qui squattaient mes naseaux étaient prometteuses de bonheurs plus élevés. Je finis par n'en plus pouvoir et m'en jetai un coup derrière la cravate. Tous mes sens saturés, je perdis connaissance de tout, sauf de ce diamant liquide qui m'occupait seul l'esprit. Je n'écoutais plus la conversation, je murmurais juste en sirotant à petites gorgées : c'est TROP bon... Et ça durait, ça durait... Il faut dire qu'en regardant mon hôtesse me servir, j'avais remarqué sa technique on ne peut plus particulière : d'un mouvement vif du poignet, elle mettait le goulot dans le verre, bouteille complètement renversée mais bien verticale, et laissait glouglouter avec violence avant de la redresser in extremis. Autant dire que son but n'était pas d'en verser le moins possible. Le papet avait dû distiller un hectare de muscat et l'approvisionnement était assuré.

Pendant ce temps, notre hôte avait sorti le soufflet, ranimé les braises et lancé les brochettes. Là non plus, pas n'importe quelles brochettes. Etant d'une famille de bouchers, il connaissait les bons morceaux, ceux que les pros se réservent ou mettent de côté pour leurs clients connaisseurs. Il s'était fait découper des carrés dans la POIRE ! La poire étant un petit morceau en forme de poire, d'où son nom, qui pèse moins que rien, et, pour préparer tout ce qu'on s'est mis de ces brochettes délectables dans le cornet, le boucher a dû tuer trois ou quatre taurillons ? Enfin, c'était bien bon, surtout arrosé d'un Haut-médoc parfait-parfait dont je ne me rappelle plus le nom. Mais comment a-t-il deviné que le Haut médoc est mon Bordeaux préféré, le bougre ? J'ai commis l'impolitesse de le lui signaler et il est allé illico chercher les sœurs des trois premières bordelaises défunctées prématurément.

Ça tombait bien, le plateau de fromages arrivait, et en Limousin, ils s'y connaissent en fromage ! Il n'y a pas besoin d'aller bien loin (même s'il faut changer de région, si si, même avec le redécoupage de Hollande !) pour trouver un Salers d'un autre monde, par exemple. Croûte de dix centimètres d'épaisseur, celui-ci était millésimé 2003. Et bien moi je dis que c'est une bonne année. Le saint Nectaire était crémeux à souhait, sucré, sans cette odeur de cave jamais aérée que certains ont. Le Bleu d'Auvergne valait le voyage à lui tout seul. Il laissait derrière lui les 3/4 des roqueforts injustement adulés. Le bleu souffre de la présence sur les rayons de supermarché de ces tas de pâte blanc-bleu bouillis et sous-plastiqués qui portent le même nom que lui. Lui qui, à base de lait de vache, mais grâce à un coup de patte ancestral, arrive à développer des arômes improbables, pleins de douceur et de force à la fois ? Et l'autre fromage à la mie de pain qui la ramène ? Mais c'est facile d'avoir un goût musclé quand on est fait avec du lait de brebis qui broutent des camps d'entraînement militaire ! Ha le vin et le fromage, comme ça va bien ensemble ? Et un peu de fromage pour finir mon vin... Et un peu de vin pour finir mon fromage, comme on disait chez moi...

Attention délicate, le dessert est une salade de fruit. C'est frais, c'est léger, ça se transforme en alcool dans l'estomac, tout pour nous plaire... Ma belle-mère, qui décidément ne comprendra jamais rien au pinard, est arrivée avec trois bouteilles de Vouvray ROSÉ PÉTILLANT sous le bras ! Elle me force à en ouvrir une et je m'exécute, en me gardant bien d'y goûter. Mon nouvel ami et moi restons sur les valeurs sûres, son Haut-médoc de gala, toujours excellent même après la cinquième bouteille, ce qui est significatif du vraiment grand vin. Le vin frimeur peut faire illusion à la 1ère bouteille, mais il montrera OBLIGATOIREMENT ses faiblesses dès la 2ième. Il faut absolument que je le rappelle pour lui demander l'adresse. Bon dieu ce château ! Fin, long en bouche, sans aucune épice désagréable, et avec surtout "ce cœur vert" (je ne sais pas comment le dire autrement) si caractéristique du terroir Haut-médoc, et qui lui donne toute sa fraîcheur... Terrible.

Mis en confiance par la qualité du 1er "Trou limousin", j'en accepte un second, à la poire, ce petit nouveau, pour accompagner mon café. C'est qu'il est déjà sept heures du soir et qu'il commence à faire nuit, mais bon, ces fauteuils en châtaignier sont si accueillants... Technique identique pour servir la Poire, et même verre tulipe géant : un seul tour de table et la bouteille est niquée. Leur Poire sauvage est aussi sublime que leur Muscat. Sa saveur de "fruit piqué par les abeilles" est géniale. Le jus s'écoule par les trous des piqûres, est séché, cuit par le soleil, se confise en quelque sorte et donne au fruit une odeur inimitable que le bouilleur de cru sut respecter. Cette maison mérite un détour, comme ils disent chez Michelin !

Il n'est compagnie si bonne qu'elle ne se quitte, mais avant, ils tinrent absolument à nous faire admirer quelques bronzes style "genre hideux" qu'ils semblent collectionner avec amour. Je fais l'erreur de poser mes fesses sur un des fauteuils du salon et mes yeux se posent sur une bouteille de Cardhu qui traînait là. Ho, une bouteille de Cardhu, dis-je avec plus ou moins d'à propos car je devais âprement regretter ces quatre mots exactement vingt minutes plus tard. Nous étions dans une maison organisée, des verres se trouvaient près de la bouteille, le coup de poignet toujours vif et précis fit son office et ce fut cette bouteille-ci qui fit déborder le vase. Les autres, bien sûr, innocentes comme le Pastis qui vient juste de sortir du doseur, n'y étant pour rien. Les filles, dégoûtées, nous abandonnèrent à notre triste sort, nous nous mîmes à tenir (avec une certaine difficulté d'élocution) des propos d'ivrognes, certaines paroles étant de purs copiés-collés de chansons du Grand Jacques (je vais encore me faire remonter les bretelles par notre Françoise). Dans un accès de confiance mal placée, je pris mon collègue par le bras et lui dis :

"Allez, on va prendre l'apéro chez moi, tu vas voir, c'est rigolo, l'apéro chez moi, y a des tas d'alcools bizarres, des bouteilles du temps ou y avait encore dix brasseries/distilleries dans le village...".

Je me rappelle très précisément que nous avons traversé à petits pas le boulevard, avec une grosse trouille au ventre de nous faire écraser par un chauffard plus atteint que nous. Nous sommes arrivés chez moi, je n'ai plus parlé d'apéro, ni les autres, d'ailleurs, je me suis concentré en serrant les dents sur ce simple but : maîtriser les soubresauts de mon œsophage. J'y suis parvenu en fermant les yeux, en restant parfaitement immobile et en priant très fort pour que quelqu'un les foute dehors. Ils ne devaient guère être plus reluisants que moi, tout professionnels qu'ils étaient, car ils ne se sont pas attardés. La porte à peine refermée sur eux, j'ai lâché la bonde, j'ai vomi tripoux et boyaux. On a sa fierté : j'ai peut être craqué le premier, mais pas devant eux. Je suis monté me coucher, à peine allongé, j'ai remis une couche de cire d'abeille sur le parquet, évidemment, j'ai penché le plat : ça a coulé. C'est ce qui pouvait m'arriver de mieux. Tout ce que j'ai rejeté n'a pas continué à percoler par osmose dans mon sang pendant toute la nuit ?

Le lendemain, j'ai revu les pros. Ils m'ont dit : "Alors, on remet ça ?". J'ai décliné. Et pourtant j'ai besoin, régulièrement, de partir ainsi à la recherche de mes racines, de me replonger dans la France profonde...

Une France profondément assoiffée...

dimanche 8 juin 2014

BlutchAvis de dérupée incontrôlée

J’avais menacé Mimik de le faire… Et bien c’est fait !

En faisant les à fonds dans le chenit du cagnard, j’ai retrouvé une épéclée de mots vaudois que je voulais pas mettre au ruclon, alors je vous les livre gratos.

Mais en fait, c’est pas de ça que je veux causer, même si Bottoflens ressemble au bouryon du monde, je veux vous causer de pau-é-sie.

Selon des avis circonstanciés, il semblerait que, selon la police, la fable de La Fontaine « le corbeau et le renard » soit dans les dix poèmes les plus célèbres de la langue française. Selon les manifestants, elle serait détrônée par l’Internationale et Bella Ciao*, qui passent aussi largement avant les vers bellicistes de Rouget de l’Isle.

Cette célébrité fait un de ces chnabre dans les chaumines, elle est presque aussi importante que celle de la meuglante à Clo-clo (Comme d’habitude), mais reste, néanmoins très nettement moins bon pour la crousille des héritiers du buveur d’eau.

Fort de ces constats, je me dis que tant qu’à aller foutimasser dans ce fourbi, autant aller voir ce qu’ils ont déjà bracaillé.

Pour l’Internationale, j’ai rien dégoté, sauf une citation de « l’Internationale néo-libérale » de Marianne, mais le bout que j’ai zieuté, c’était de la nioniotte.

Pour la Marseillaise, la seule que je puisse reluquer c’est celle de Ferré. Ecoute voir que c’est pas de la bedoume cette modà-là. :



Toutes tentatives dérobatoires devenant vaines, je me suis donc rué sur le rimaillage de Jean-Jean et j’y ai trouvé quelques perles.

Vous me connaissez…. si un tiolu a boratté pour moi, je ne vais pas bringuer pour lui laisser la place. D’autant plus que ces bofiauds n’ont même pas signé leur batoillage…



La version sociale …

Le cornard et le rebeau

Le corbeau sur un arbre perché
Ne foutait rien de la journée.
Le lapin voyant le corbeau,
L'interpella et lui dit aussitôt :
- Moi aussi, comme toi, puis je m'asseoir
Et ne rien foutre du matin jusqu'au soir ?
Le corbeau lui répondit de sa branche :
- Bien sûr, ami à la queue blanche,
Dans l'herbe verte tu peux te coucher
Et ainsi de la vie profiter.
Blanc lapin s'assit alors par terre,
Et sous l'arbre resta à ne rien faire,
Tant et si bien qu'un renard affamé,
Voyant ainsi le lapin somnoler,
S'approcha du rongeur en silence,
Et d'une bouchée en fit sa pitance

Moralité :

Pour rester assis à ne rien branler
Il vaut mieux être très haut placé.



En mode argotique…

Cave et le Vachard (Jeannot de Château-Lapompe)

Un Cave, bien planqué, kif un mac,
Bouffait en lousdé un calendos
Le gonze Vachard, sentant schlinguer l'matos,
Essaye de l'avoir à l'arnaque
"Hé ! ça boume Boss Lavedu,
T'es vraiment maous ! Et t'en jettes un jus !
Sans charrier, si ta goualante
Est aussi bath que tes fringues
Roule les mécaniques, t'es l'caïd du bastringue."
Esgourdant, fleur de nave se sent pus pisser ;
Et pour pousser sa goualante
Il desserre ses ratiches, laisse tomber l'calendo.
Le Vachard s'le morgane, et bonnit : "Mon poteau,
J' t'affranchis "si t'encaisse des salades
Tu te retrouves en deux coups les gros en calcif
Avec ton fromgi bouffé par le faisan
Qui t'l'a fait au boniment "
Le branque, allant au cri sur le ruban,
Renaude, fumasse, qu'on l'baiserait plus, bécif.



J’ai déjà espliqué que les vaudois ont l’âme pauétique. Mais si tu as été bercé trop près du mur ou que tu as besoin de te secouer la comprenette, regarde voir mes poètes de légendes.

Un Vaudois à la plume fleurie (comme seul sait le faire le Pays de Vaud, et de bien belle façon) n’a pas tant ouatassé que ça et entre une envolée lyrique sur les Diablerets et un pastiche sarcastique sur ces Pique-Meurons de Genevois, il a pondu une version vaudoise de c’t’histoire.


L'ami corbeau et l'ami renard

C't ami Corbeau, sur un arbre ganguillé
Tenait à plein bec une tomme.
C't ami Renard, le tarin chatouillé
Lui tint ce discours à la gomme :
Hé! salut c't ami Corbeau,
T'es rude joli, t'es même fin beau !
Crénom de sort, si ta batoille
Vaut ce plumage qui pendoille,
T'es le tofin des forêts du Jorat.
A ces mots, le Corbeau qui trouve ça estra
Ouvre tout grand son four
Et lâche ses dix-heures.
Le renard chipe la tomme et dit :
Pauvre niolu, méfie-toi toujours des lulus
Qu'ont la langue bien pendue.
Cette leçon vaut bien une fondue !
Le Corbeau dépité, conclut :
Ch'us tondu, j'ai perdu, plus jamais je s'rai eu !



Si y en a des qui n'ont rien compris, j'offre un service de traduction par commentaires différés...

Blutch.



Wouais, ben pour Bella Ciao, c’est pas parce que c’est en italien que ça compte pas et que même si les Ritals sont tous passés par Marseille et qu’il leur en est resté un petit rien dans le sens de la dismisura, ça vaut quand même.

Comme que comme y a rien à faire la potte, c’est bien mon droit de caresser mio Cugino dans le sens du poil…. Et puis, tout le bien que ça me fait d’écouter Bella Ciao ne nuit à personne…

Surtout que je suis partageur… Et que la youtzeuse n'est pas une feignole.


Comme promis, vous aurez la traduction après le prochain passage du doyen.

jeudi 22 mai 2014

AndiamoTes châsses (2)

Voilà c'est Epamine qui a gagné le séjour sur Mars ! Elle s'emmerde ferme paraît-il !

Bon alors si elle joue (elle a une connexion internet là haut), on la rapatrie... Qui a dit : -NOOON pas ça ! Pas sympa, mais bon passons. Je vous ai fait une série de quatre ch'tiots crobards, à vous de deviner à qui sont ces gobilles, ces calots...

J'aurais pu vous dessiner un œil de bœuf, des yeux dans l'bouillon, un œil de perdrix, calé sur un orteil craspouille, un œil .. Tu sais celui des rosiers, mais si, celui où il faut couper, au-dessus, ou au-dessous j'sais plus et puis j'm'en fous ! Un œil de bronze !! Y'en a que ça fait marrer, ben oui.

Mais non ! Pas de ça chez moi, je m'y suis attelé et je vous ai dessiné quatre paires de châsses, et un bonus photo ! Il y a même des mecs, mais oui Mesdames pour vos beaux yeux.

Epamine applique toi si tu veux rentrer.



(1) T'as qu'une paire de mirettes.

Au poker des conquêtes

Jolie môme...

(Léo Ferré, Jolie Môme.)



(2) Yeux bleus, cheveux blancs, regard d'acier....

Il n'embrassait pas ses potes !



(3) Le regard tourné vers les grands espaces...

Il aurait pu chanter : I'm a poor lonesome cow-boy !



(4) T'as d'beaux yeux tu sais ?

Qui dira le contraire ?



(5) L'œil était dans la tombe et regardait Caïn

Totor Hugomuche

(Ch'tiots crobards Andiamo pour Blogbo, photo chopée sur internet)

mercredi 7 mai 2014

AndiamoDialogue avec la Camarde

J'aurais pu commencer par :

Comme une femme de petite vertu
Elle arpentait le mur du...
Cimetière !

Mais bon c'eût été un horrible plagiat, et laissons à Georges ce qui appartient à Brassens.

Je l'ai vue ce matin-là, j'allais dire un petit coucou à quelqu'un que j'ai beaucoup aimé... Pourquoi l'imparfait ? Je l'aime toujours, en plus nous portons le même nom, ça se fait beaucoup dans les familles.

Elle était assise sur ce qu'il est convenu d'appeler une pierre tombale, sa faux posée à terre, grande lame d'acier un peu rouillée, son linceul un peu mité, ses longs cheveux "filasses" gras et emmêlés, le teint cireux, pas bandante du tout la Camarde !

Alors je me suis approché et nous avons un peu bavardé. Je la sentais déprimée, pas bien dans sa... j'allais écrire PEAU ! Ben non, c'est "pas bien dans ses os" qui me paraît mieux convenir.

- Alors ma grande, un coup d'mou ? (un peu familier ? Ouais, mais sept ans de Blogborygmes, en même temps, ça marque !)

Elle a levé vers moi ses grands yeux d'opale et là, TOC ! Illico le coup de foudre, putain ses yeux ! Moi, les yeux, c'est mon péché mignon... Je ne résiste pas, ou très mal !

- J'en ai marre de faucher, tailler à coups de serpe, massacre à la tronçonneuse, personne ne m'aime !!

Et là, je vous assure, j'ai vu une larme couler sur sa pauvre joue toute pâle ! Alors je me suis assis près d'elle, elle a obligeamment étalé son suaire, afin que mon cul ne reposât pas sur le marbre un peu froid de la pierre d'Eglantine Beaupré (le nom un peu effacé gravé sur la tombe). Familièrement, je lui ai passé le bras autour du cou et, naturellement, elle a posé sa tête sur mon épaule, j'en ai été tout émoustillé !

- Tu n'as pas peur de moi ? m'a t-elle dit entre deux sanglots.

- Euh non... Enfin pas trop, ai-je fanfaronné.

- Étonnant ! Habituellement tes contemporains flippent un peu en me voyant !

- Oui, je sais, mais tu sais belle gosse, j'ai déjà bien vécu ! J'ai bon nombre de proches et de copains qui sont déjà passés par la case oubliettes sans avoir touché 20 000 balles ! Tu fais fort tout de même, tu fauches comme une malade ! Exemple : dans la famille Dugland, je voudrais le grand-père, et PFIUUU, tu fauches, d'un grand coup de lame. Et tu t'en pètes des dommages collatéraux, même si c'est un môme qui est à côté ! A croire que tu le fais exprès !

- Oui, bien sûr, tu as raison, et c'est bien ce qui me désole, mais enfin ça ne me dit toujours pas pourquoi tu ne me crains pas ?

- Voilà, depuis un bon moment, j'ai accepté ma fin, je sais et c'est bien la seule chose dont je sois certain, c'est qu'un jour tout ça finira, et puis je me dis mais il ne faudra pas le répéter, hein ? Je me dis que s'il existe d'autres vies, et bien je rencontrerai peut-être des jolies personnes que j'ai croisé un peu trop tard dans cette vie-là, et là j'aurai toutes mes chances !

- Mais ça n'existe peut-être pas ce que tu me racontes ?

- Ouais, je sais bien que tu ne diras rien, mais tu vois belle gosse, même si ça n'existe pas, et bien ça n'est pas grave, car au cours de cette vie que j'ai vécue, j'ai été très heureux, j'y ai fait de fabuleuses rencontres. Des belles personnes vraiment, je t'assure, des êtres que je n'aurais jamais dû rencontrer et ce grâce ... à INTERNET ! Tu sais, belle môme, la toile c'est un peu comme la téloche, tout le monde critique, crache dessus, mais au fond le soir beaucoup, vraiment beaucoup de gens, sont scotchés devant leur bel écran plat à laides. Pardon : à leds ! Et en plus, à longueur de temps, ils tapent sur leurs claviers à s'en péter les phalanges, phalangines, phalangettes.

En disant cela, je lui comptais les siennes !

- Le net, c'est kif-kif, je me plais souvent à le dire, internet c'est comme l'auberge espagnole : tu trouves ce que tu y apportes ! Apporte de la merde, internet te rendra de la merde, apporte de belles choses et tu trouveras de jolies choses, des belles personnes.

- Et moi, tu me trouves comment, m'a-t-elle demandée à brûle-pourpoint ?

- Euh... Pas mal, pas mal du tout, tu vois un petit coup de peigne, un peu de rose sur tes lèvres, et je pourrais...

Elle ne m'a pas laissé finir ma phrase, elle m'a roulé une pelle ! Pas une pelle de fossoyeur, je vous vois venir, un patin, une galoche, une gamelle, pareille que dans "Tant qu'il y aura des hommes" avec Brut l'Encastré, tu te souviens ? Quand il roule dans les vagues avec Deborah Kerr ! Non ? Tu es trop jeune...

Quand nous nous sommes séparés, elle m'a demandé :

- Et toi, tu veux finir comment ?

- J'y ai songé, vois-tu, je veux être incinéré et que l'on prévienne tous ceux que j'aime en leur écrivant, ou plutôt en "textotant".. Tu sais ce que ça veut dire ?

- Dis donc, je suis vioc, m'a t-elle répondu, mais je ne suis pas un baltringue ni un goyo !

- Oh la, calmos ! Voilà ce que j'aimerais que l'on dise : "Andiamo ne fume plus depuis "X" années (on verra au moment opportun). Si vous voulez le voir refumer, rendez-vous au crématorium des Joncherolles le : tel jour, à telle heure" !

Sur ce, elle est partie dans un grand éclat de rire.



La Camarde telle que je l'ai vue (parole de scout)

(ch'tiot crobard Andiamo)

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