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lundi 19 mars 2012

Saoul-FifreLe catéchisme pour les nuls

Blanche avait suggéré comme titre "Les évangiles expliquées aux athées" mais j'ai préféré sacrifier à la modernité.

Jamais vu un esprit aussi questionneur, aussi "coupeur de poil de cul en quatre", aussi avide de rigueur philosophique que celui de Blanche. A part le BPC (Bio-Personnal-Computer) de Tant-Bourrin, mais non, même pas, Blanche était encore plus décortiqueuse de concepts. Elle envoyait tout le temps ses brigades de neurones surexcités à la recherche des invraisemblances, des contradictions et pas une ne devait leur échapper. Bien sûr, toutes ces histoires de maman du fils de dieu sans être la femme de dieu ne lui semblaient pas très étayées, son assomption il y a 20 siècles en Palestine, puis sa redescente sur les bords du gave de Pau devant une unique témoin, vierge imaginative, lui paraissaient manquer d'arguments scientifiques suffisant à emporter sa conviction. Mais, si Blanche préférait les faits au flou, elle était aussi dotée d'une grande curiosité, d'un immense respect pour autrui et ne refusait rien a priori, comme l'honnêteté intellectuelle l'exige.

Elle eut d'ailleurs l'occasion d'exercer cette ouverture d'esprit en tombant amoureuse de Billy, un solide croyant, "catholique romain", comme disait ma sœur quand elle voulait que les Témoins de Jéhovah débarrassent plus vite son paillasson. Le patient Billy eut donc à subir les rafales de questions d'une Blanche toute contente d'explorer le vaste monde de la religion, nouveau pour elle. Billy lui répondait en citant ses sources et ils se mirent à lire ensemble le Livre.

Blanche se souvint des billets où je parlais de ma non-foi mais de ma sympathie profonde pour l'auteur probable des béatitudes et de toutes ces paraboles si parlantes et à l'esprit si innovant. Jésus était en complet décalage avec son époque. Là où les pharisiens et autres zélotes parlaient de soumission à la Loi, de châtiment, le Christ répondait par le pardon, l'humilité. Au Dieu vengeur succédait le Dieu magnanime, un fils venait nous parler de son père attentif aux souffrances des plus pauvres.

Oui, il n'avait pas échappé à Blanche que j'avais beaucoup lu la Bible et qu'il m'en était resté des traces. Elle m'envoya donc un mail où elle me disait que Billy et elle avaient lu ensemble le passage sur la femme adultère .

- Tu vois ? A un moment, il est dit que Jésus écrit par terre des trucs. Tu sais ce qu'il écrit, toi ?

- Ben écoute, de mémoire, il était en train de haranguer la foule, et comme toujours, il y avait moitié de gens convaincus, sa claque, quoi, ses disciples, et moitié de gens qui le haïssaient, qui étaient venus pour le piéger et l'envoyer ad patrès, si possible, sous la liste d'accusations non limitative d'infidèle, de perfide, de parjure, de renégat... Judas était encore un prénom très apprécié à l'époque, faut dire qu'on était en Judée, c'était un peu comme s'appeler François chez nous... Bon faut que tu comprennes que Jésus était le roi de la com', c'était un tribun de choc, il avait tout, il avait la voix, les idées, l'empathie, le sens de la formule, et surtout le rythme. Très important, le rythme. L'importance des silences. Laisser foncer l'adversaire comme un bœuf, esquiver, rester calme. Qu'il soit bien clair pour tout le monde que l'autre pharisien n'a aucune confiance en lui-même et qu'il n'est motivé que par la haine. Jésus lui, il a un beau tee-shirt flashy avec écrit "With God on my side" sous son sourire craquant de surfer.

Les méchants juifs orthodoxes, là, ils ont gambergé pendant toute la nuit pour trouver la faille de sa cuirasse, comment le troncher, ce fils de pute qui vide leur temple. T'as pas lu le dernier sondage ? 79 % des juifs pratiquants le trouvent cool ! T'imagines ? Il nous tient par les couilles. Bon, ya un des vilains qui a une idée : on a qu'à le rendre complice d'un supplice bien dégueu dont parle la Thora, comme ça il va y perdre sa réputation de gendre idéal bien gentil... Le lendemain, ils en délèguent un pour lancer le scud : T'en pense-t-y quoi, de la lapidation comme qui que la Loi elle nous ordonne de le faire à cette salope ?

C'est là qu'il faut bien voir la situation. Le haineux, il bave, il est sûr de son coup, il est pas loin de décharger dans sa djellaba à l'idée de lui donner sa mère, au Jésus. Rictus effroyable sur toutes les faces des ennemis. Silence un peu inquiet chez les supporters. Jésus ne bronche pas. Il reste assis par terre, ne lève pas les yeux vers son contradicteur ni vers la femme attachée, il fait des gribouillis sur le sol avec un doigt, d'un air de profond désintérêt. Les pharisiens s'énervent à gros bouillons. Pourquoi il répond pas ? Il peut répondre que oui ou non et dans les deux cas, il est mort. Ça commence à se voir, qu'ils ont les boules comak. Ils transpirent la peur de perdre, la crainte de se ridiculiser, alors ils repartent à l'attaque : Alors, qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse, d'après toi, tu vas nous le dire ? Ils ne s'aperçoivent pas qu'ils deviennent geignards, suppliant un Jésus toujours à ses zigouigouis psychologiques dans le sable, l'air de dire : hein, vous êtes emmerdés, là, si on vous dit pas quoi faire, vous êtes fichus, hein ? Vous êtes bien des moutons mâtinés de loups, tous, vous attaquez en meute les plus faibles, ça vous renforce dans votre statut de bons juifs. Bon il leur dit pas, mais il les inquiète, il les tient en haleine.

Puis il se remet lentement sur ses pieds en dépliant son corps et, jetant un regard circulaire, leur porte l'estocade : Que celui d'entre vous n'ayant jamais pêché lui jette la première pierre

Allez, circulez, ya rien à voir, aurait dit Coluche, la séance est terminée, braves gens !

Saint Jean l'évangéliste n'en pipe mot, mais là, je verrais bien les disciples lui entonner une ola d'enfer...

mardi 6 mars 2012

AndiamoMadame Rodatti

C’était une « petite vieille » bien comme il faut, Madame Rodatti. Elle habitait un petit pavillon, situé dans une petite rue d’une petite banlieue à vingt minutes d’autobus tout au plus du grand Paris.

Un petit jardin entourait le petit pavillon, une petite allée de ciment lui permettait depuis la petite rue d’accéder à sa petite maison sans crotter ses petits pieds.

Une petite vieille bien comme il faut, vous dis-je. Elle avait gardé de sa Toscana natale un petit accent chantant, et quelques mots d’italien émaillaient sa conversation, surtout quand les paroles sortaient un peu vite de sa bouche. Elle n’était pas peu fière de répéter qu’elle avait vu le jour à Firenze, Florence comme vous dites, vous les Français.

Madame Rodatti tout habillée de noir était veuve. Son Mario était parti depuis deux ans maintenant, emporté d'urgence à l'hôpital un soir du mois d'août, il n'en était pas revenu.

Elle n’aimait pas les conflits Madame Rodatti. Ainsi, un jour, son plus proche voisin se plaignit que la branche de son cerisier dépassait largement la limite de propriété, occasionnant par le fait une ombre préjudiciable à la bonne pousse de ses tomates. Il la pria un peu vertement, il est vrai, de bien vouloir faire pratiquer l’ablation pure et simple de la branche « ombragère ».

Madame Rodatti le gratifia de son désarmant sourire et l’invita à venir réfléchir au problème devant un verre de « Marsala all’uovo ».

- C’est moi-même qué jé lé fabrique, assura-t-elle, j’achète solamente lé vino, dou « Marsala » un vino de Sicilia sussurait-elle sur le ton du secret, et lé reste c’est oune preparazione, qué jé garde, elle se transmet dans la mia famiglia dépouis lontane... Lontane.

S’en suivait un sourire à liquéfier le pire des querelleurs.

Monsieur Pierron, le voisin un peu colérique accepta l’invitation, un verre puis deux…

- Hummm ! Il est bon, votre apéritif, Madame Rodatti, toutes mes félicitations ! Et puis, vous savez, pour la branche, rien ne presse, nous verrons cela en novembre ou en décembre... Si vous voulez je pourrai le faire, ainsi il ne vous en coûtera rien, un p’tit apéro peut-être ?

- Que felice ! C’est trop gentil, signore Pierron, grazie mile.

Chacun rentra chez soi. Les journées d’été passaient tranquilles, les grandes vacances étaient arrivées. La rue, pourtant calme d’ordinaire, semblait en ces temps de chaleur encore plus endormie.

On était aux environs du 14 juillet, la lourde chaleur de la journée n’était pas encore dissipée. Madame Rodatti, qui sommeillait plus qu’elle dormait, entendit, par sa fenêtre laissée ouverte à cause de la chaleur, un remue-ménage insolite. Machinalement, elle regarda l’heure : l’antique réveil aux aiguilles phosphorescentes indiquait une heure trente.

Elle se leva, se tenant le dos, puis alla ouvrir sa porte. Une ambulance était garée devant la maison de Monsieur Pierron. Tout en claudiquant à cause de ses vieilles douleurs, elle alla jusqu’à la porte du jardin.

- Ma qué passa, Madame Pierron ? demanda-t-elle à l’épouse de son voisin qui se tordait nerveusement les mains en voyant son pauvre mari écumant, gémissant et tordu par la douleur, se débattre sur la civière que l’on chargeait dans le mille kilos Renault servant d’ambulance.

- C’est mon Claude, il a été pris de violentes douleurs au ventre, le médecin de garde a fait venir une ambulance, « on » l’emmène à l’hôpital !

- Mamma mia, pauvre Monsieur Pierron, jé vais dire ouna prière à la Madonne per lui.

Deux jours plus tard, le bon Monsieur Pierron décédait. Les médecins de l’hôpital Saint Louis, n’avaient pas su identifier le mal qui avait emporté leur patient.

Madame Pierron leur avait expliqué que la veille il avait simplement mangé des tomates de leur jardin, les premières de la saison, et tous deux s’étaient régalés. Avaient suivi des œufs sur le plat, ces œufs provenaient de leurs poules, des « extra frais ». Non, vraiment, elle ne voyait pas ce qui avait pu le rendre malade au point de le faire mourir.

Quelques semaines passèrent. Son voisin d’en face, Monsieur Chapuis, venait de s’acheter une automobile, une quatre chevaux Renault grise toute neuve, la première voiture de la rue et sans doute du quartier. Il l’avait garée devant la porte de Madame Rodatti. La rue étant étroite, il avait arrêté sa voiture à cheval sur la rue et le trottoir.

Si près de la porte de Madame Rodatti que cette dernière eût toutes les peines du monde à sortir de chez elle afin de se rendre au marché. Mais au retour chargée d’un grand cabas rempli de ses provisions, elle fut encore plus embétée, elle ne réussissait pas à faire glisser son sac entre l’auto et sa clôture.

Elle traversa, sonna à la grille de Monsieur Chapuis. Ce dernier déboula avec sa mine des mauvais jours…

- Ben quoi, qu’est-ce que tu veux, la vieille ?

- Monsieur Chapouis, pouvez-vous pousser votre macchina, perqué jé né peux pas rentrer à la casa !

- Vieille peau, tu peux pas « causer » français comme tout le monde ? Et puis j’espère que tu n’as pas rayé « ma » peinture avec ton cabas pourri.

- Vous fachez pas, Monsieur Chapouis, vénez plutôt prendre l’apéritif, on sé calméra un peu ! Madame elle peut vénir anche ?

- Non, elle a du boulot !

Après avoir poussé sa voiture, c’est en grognant qu’il entra chez Madame Rodatti.

- Allons, détendez-vous, Signore Chapouis ! Tenez, buvez et donnez-moi des nouvelles comme on dit chez vous.

- MMMH ! Effectivement, c’est bon, c’est quoi au juste ?

- Du « Marsala all ‘uovo » qué jé prépare moi-même.

- Je me suis un peu emporté tout à l’heure, mais que voulez-vous je suis un sanguin.

- Un autre ?

- C’est pas d’refus…

Quelques jours plus tard, on emportait Signore Chapuis à l’hôpital. Une ambulance était venue le prendre sur son lieu de travail, il était tourneur chez « Cazeneuve » une usine dans laquelle on fabriquait des machines-outils, cette usine était située à la Plaine Saint-Denis.

L’hôpital Bichat tout proche l’avait accueilli. Trois jours plus tard, il y décédait.

Les médecins avaient interrogé ses collègues : qu’avaient-ils mangé le midi à la cantine ?

- Des tomates en salade, puis du boudin aux pommes... Mais vous savez, à part Paulo, personne n’a été malade, c’est pas là qu’il faut chercher !

Novembre, puis décembre ont passés. La branche du cerisier est toujours là. Il n’y a désormais plus de voiture garée devant chez Madame Rodatti, sa veuve l’a vendue, qu’en ferait-elle ? Elle ne sait pas conduire !

Madame Rodatti, ce matin-là, se rend à la sécurité sociale, elle va se faire rembourser une visite chez « son » rhumatologue .

- Votre nom Madame ? demande l’employée au guichet.

- Madame Rodatti.

- Nom de jeune fille s’il vous plaît ?

- Borgia, Gabriella Borgia….

Il est des poisons comme ça qui, une fois absorbés, sont parfaitement inoffensifs, mais associés à un autre produit, ils deviennent foudroyants… Le double effet kiss cool en quelque sorte!

dimanche 19 février 2012

Tant-BourrinTares trek (épisode 3)

An 2562. La Terre a, depuis près de trois siècles, intégré la Fédération intergalactique, regroupant des civilisations issues de milliers de galaxies différentes. Paix, connaissances et progrès règnent désormais en maîtres sur une immense partie de l’univers. Et chaque jour, des pionniers, à bord de leurs vaisseaux supraluminiques, explorent des espaces inconnus en quête de nouvelles planètes à pacifier.

Suite des épisodes 1 et 2



- C'est bon, caporal, je viens prendre la relève, vous pouvez disposer et aller vous reposer.
- Rrrrrr.... Zzzzz....

Le caporal Andy Amo, visiblement, n'avait rien entendu de la proposition du Lieutenant Taanb-Ouhrin : les mains crispées - du fait de son arthrose - sur le palonnier, sa tête ensommeillée dodelinait au gré des soubresauts de la trajectoire du Blogborygmus, faisant exécuter un fascinant ballet au filet de bave qui pendait au coin de sa bouche.

Le lieutenant mit ses mains en porte-voix et s'approcha à quelques centimètres de l'oreille (gauche, car il savait la droite hors d'usage) du caporal.

- CA-PO-RAAAL ! JE VOUS RELÈVE ! ALLEZ DORMIR !!!
- Hein ?... Heu... Bonvour Lieudenant !... Heu... Oui, v'est bas de revus !
- Pardon ?
- Ah, oui, efgusez-moi...

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mercredi 25 janvier 2012

Tant-BourrinTares trek (épisode 2)

An 2562. La Terre a, depuis près de trois siècles, intégré la Fédération intergalactique, regroupant des civilisations issues de milliers de galaxies différentes. Paix, connaissances et progrès règnent désormais en maîtres sur une immense partie de l’univers. Et chaque jour, des pionniers, à bord de leurs vaisseaux supraluminiques, explorent des espaces inconnus en quête de nouvelles planètes à pacifier.

Suite de l'épisode 1


A bord du Blogborygmus, le lieutenant Taanb-Ourhin, officier navigant issu de la galaxie Strictéraide, s'efforçait depuis des jours et des jours de réparer l'ordinateur de bord. Tout d'abord parce qu'il considérait que leur dernière chance de salut (même s'il estimait grossièrement leur probabilité de survie au-delà de six mois à 2,472 puissance moins 9613) passait plus par là que par les capacités de pilotage du caporal Andy Amo. Et ensuite pour occuper son esprit et en chasser les pensées capitainicides qui, malgré l'immense respect de la hiérarchie qui lui avait été inculqué depuis le plus jeune âge, avaient tendance à l'envahir.

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samedi 7 janvier 2012

Tant-BourrinTares trek (épisode 1)

An 2562. La Terre a, depuis près de trois siècles, intégré la Fédération intergalactique, regroupant des civilisations issues de milliers de galaxies différentes. Paix, connaissances et progrès règnent désormais en maîtres sur une immense partie de l’univers. Et chaque jour, des pionniers, à bord de leurs vaisseaux supraluminiques, explorent des espaces inconnus en quête de nouvelles planètes à pacifier.

A bord du Blogborygmus, le lieutenant Taanb-Ourhin, officier navigant issu de la galaxie Strictéraide, poussa un juron en consultant les cartes célestes. Alors que le vaisseau aurait dû depuis des semaines avoir regagné la Voie lactée et être en approche de la Terre, son regard ne détectait rien de connu parmi les amas stellaires alentours. Cette mission, décidément, virait au fiasco !

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samedi 24 décembre 2011

AndiamoLa saga Chauguise

Mine de rien, ça fait tout de même neuf fois que je vous raconte des « Chauguiseries ». Fufutes comme vous l’êtes, vous avez deviné que celui-ci est le dixième, ben tiens !

Ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’aucun de vous ne m’a fait une remarque sur le patronyme de notre commissaire !

CHAUGUISE ! En argot un peu ancien, un « guise », ou « guisot », était un sexe masculin, alors Chauguise… Vous devinez ?

J’ai voulu modestement, bien sûr, vous offrir la galerie de portraits de mes protagonistes.

A tout seigneur tout honneur :

Chauguise. Ah ! Vous trouvez qu’il a des faux-airs de… Tiens, tiens ?




Bien sûr, son adjoint (de culasse aurait ajouté Saoul-Fifre) Julien Crafougnard, son patron l’appelle « Dugland », il l’aime bien mais ne le lui montre pas, et puis surtout il va bientôt devenir son gendre !




Il vous plaît Mesdames ? Tant mieux, en tout cas il plaît beaucoup à « Juju » Elle n’aime pas beaucoup que son Papa l’appelle ainsi, mais vous savez comment sont les pères avec fifille, alors Juliette devra faire avec !




Vous la trouvez comment Messieurs ?

Bien sûr, il y a aussi Bourrieux dit « Couillette », et vous savez pourquoi on le nomme ainsi ?

Il raffole des pastilles « Valda », les p’tits bonbecs verts à la menthe, et il les appelle des couillettes de Martiens ! Alors le sobriquet lui est resté !

C’est l’homme à tout faire du quai des orfèvres : médecin légiste de formation, mais il peut aussi, à partir d’un poil de cul, reconstituer le menu de la veille ! Entièrement dévoué à son « patron », il est un élément indispensable.

Lui aussi ressemble à… Mais chuuuut !




Mais non, je ne l’ai pas oubliée, celle qui partage la vedette avec l’équipe du 36 !

La traction avant Citroën 15 chevaux six cylindres, avec suspension « Grégoire » (elle a réellement existé).




Il fallait un décor à mes petites histoires, je n’ai pas choisi le plus moche, Chauguise vit à l’ombre du « sactos » comme il le nomme familièrement.

(Ch'tiots crobards Andiamo)




Ce soir on réveillonne
Alors à toutes et à tous
JOYEUX NOËL !

dimanche 4 décembre 2011

AndiamoChauguise et le NEANT

Alors là ! Je vous cloque au parfum tout d’suite : bien entendu que les personnages sont bidons, la grand’ mère du taulier du « Néant » n’avait pas couché avec les boches !




En arrivant au 36 ce matin-là, Chauguise est d’humeur maussade : une journée de novembre pourrie, un peu frisquette, une petite bruine collante qui, malgré le col relevé de son imperméable « mastic » et son doulos fétiche, a réussi a lui mouiller la nuque.

Bonjour patron ! Bonjour patron ! Chacun des poulagas de la maison Royco y va de son « bonjour patron » et Chauguise toujours aimable et enjoué leur répond par un : « mouais » !

Julien s’approche :

- Patron, on a reçu un appel juste avant que vous arriviez, y’a un truc pas banal au cabaret du "NEANT" !

- Au "NEANT", la boîte boulevard de Clichy ?

- Ben oui, j’crois, patron… On y a trouvé un cadavre...

- Tu crois, tu crois... Ouais, bon, j’en vois qu’un de cabaret « le Néant » dans Pantruche ! Allez Dugland, ramasse ta pelure, on y va !

Chauguise a à peine le temps de s’asseoir dans la quinze que Julien démarre sur les chapeaux de roues !

- Doucement Dugland, le macchab’ ne va pas s’tirer !

La quinze Citroën emmanche le boulevard du Palais, franchit sans problèmes le pont au change. Dans les années cinquante, la circulation n’était qu’une simple formalité ! Descente à fond du Sébasto, au passage coup d’œil nostalgique sur la devanture du « Fantasio » un dancing dans lequel Chauguise aimait bien traîner quand il était jeune homme ! A la suite, c’est le boulevard de Strasbourg, un à gauche spectaculaire à hauteur de Saint Laurent, puis c’est le boulevard Magenta jusqu’à Barbès, encore à gauche, une mèmère à chien chien invective copieusement la pauvre traction avant, qui n’y est pour rien !

Enfin après parcouru le boulevard de Clichy la voiture stoppe devant le 38.

Le cabaret « Le Néant » Ne le cherchez plus : lui aussi rasé, laminé, et l’immeuble avec !


Le taulier est là devant la lourde, dansant d’un pied sur l’autre afin de se réchauffer.

- Bonjour commissaire, je suis…

- Je sais qui tu es Alfred, tes affaires sont aussi claires que la Seine en période de crues ! Et puis on t’a à l’œil depuis la libération, t’es quand même fortement soupçonné d’avoir collaboré, enflure !

- Oh, Commissaire !

- MONSIEUR le commissaire, pour toi… Lopette ! Et moi je n’oublie jamais, Verstehen ?

- Je passe devant pour vous montrer…

Alfred précède Chauguise et Julien. Une salle éclairée par des bougies plantées dans des crânes, et des cercueils en guise de tables (1)

Ben dis donc, il fait vachement chaud dans ta cambuse…

- Oui Monsieur le commissaire, le chauffage est déréglé, on attend un technicien. Vous savez, ça fait deux jours qu’on sentait une vilaine odeur, Monsieur le commissaire. Au début, on a pensé à un rat crevé dans un coin. Puis, après inspection minutieuse, Robert le loufiat a décelé que l’odeur provenait de l’un des cercueils servant de table ! Alors on l’a ouvert, et voilà ce qu’on a trouvé.

Bien allongé dans la boîte à dominos, le corps d’une femme apparemment jeune, et complètement dénudé.

- Ben dis donc, elle voyage léger la donzelle, pas même un bénuquet sur le fion !

- Bon allez, Alfred, couvre-la ! Elle ne risque pas de s’enrhumer, note… Mais tout de même ! Mène-moi dans ton burlingue, je vais bigophoner à Couillette afin qu’il pratique une autopsie et procède à l’identification de la donzelle. Quant à toi Alfred, tu décanilles pas, j’te garde sous l’coude, understand ?

- Oui Monsieur le Commissaire !

Chauguise et Julien sont remontés dans la quinze.

- Va tout droit, je connais un p’tit rade près de la place Clichy, on va écluser un "Clacquesin", on l’a bien mérité, et ça nous réchauffera !

En passant devant le "Gaumont palace" (2) Julien regarde l’énorme calicot ornant la façade. Le film à l’affiche est : « l’appât » de Anthony Mann avec James Stewart et Janet Leigh.

Je suis sympa, je vous ai dégotté l’affiche !


- Ça m’a pas l’air mal, j’emmènerai Juliette dimanche… Si vous voulez venir…

- Pour tenir la calbombe ? Merci !

Le corps a été emporté à l’ institut médico-légal quai de la Rapée. Bourrieux dit « Couillette », le légiste et homme à tout faire du 36, examine minutieusement le corps de la jeune femme. Quand il a terminé il appelle Chauguise.

- Salut Chauguise ! C’est Bourrieux, je viens de terminer avec la petite du « Néant », tu veux des tuyaux ?

- Ouais, bien sûr ! Accouche, Couillette !

- Voilà, la donzelle avait 27 ou 28 ans environ, morte par strangulation, elle porte sur son avant-bras gauche une cicatrice, du genre : tatouage qu’on aurait tenté d’effacer !

- Tu veux dire comme ceux que les boches avaient tatoué sur les déportés Juifs ?

- Oui, c’est ça !

- Et tu penses pouvoir déchiffrer ce numéro ?

- Oui, sans doute avec des lumières rasantes … Enfin j’vais pas t’raser avec mes explications techniques ! J’te rappelle quand ce sera fait.

Une heure plus tard, Bourrieux rappelle.

- Voilà, c’est fait, j’ai pu déchiffrer ce putain de numéro !

- Bravo Couillette, avec ce numéro on devrait retrouver l’identité de la jeune femme !

- Je m’en suis occupé, j’ai demandé que l’on fasse des recherches…

- Décidément, Couillette, t’es un marle !

Le lendemain Chauguise reçoit un appel : l’identité de la jeune femme a été éclaircie, il s’agit d’une certaine Rachel Cohen.

- Rachel, Rachel, ça me dit quelque chose, marmonne Chauguise, en se pressant le citron, signe d’une réflexion intense chez lui. Ça y est : « Rachel la liane » en référence à sa minceur et à sa grâce, elle était danseuse… En fin plutôt « effeuilleuse » et se produisait souvent à « la boule noire » un cabaret pas très loin du « Néant »(1) !

- Radoche, Dugland ! Fais chauffer la limousine, on retourne à Pigalle !

Chauguise, suivi de Julien, se pointe devant le cabaret « La boule noire ». L’aboyeur de faction, leur barre le passage, Chauguise exhibe son « sésame » et, miracle, le colosse s’efface !

En entrant le taulier se présente.

- Je suis Mario, Monsieur le commissaire, déclare-t-il avec un accent italien, vous désirez ?

- Laisse tomber ton accent Rital, Maurice, t’es né à Belleville comme mécolle ! Tu connais une certaine Rachel Cohen ?

- La liane ? Bien sûr, ça fait quatre jours qu’on ne l’a pas vue, elle est sous contrat vous savez ?

- Ben ton contrat, tu peux le foutre aux cagoinsses et en faire bon usage, vu que la petite elle a cessé de consommer de l’oxygène ! Et maintenant tu vas me dire tout ce que tu sais sur elle.

- C’était une fille sérieuse, travailleuse et tout, Monsieur le Commissaire, mais depuis quelques temps elle était un peu triste si vous voulez mon avis. Il paraît qu’elle sortait avec Alfred, le gérant du « Néant » le cabaret juste à coté.

- Putain l’enflure ! s’écrie Chauguise, je vais le faire glavioter au bassinet !

Mi-marchant, mi-courant Chauguise et Julien se rendent au « Néant », au passage ils bousculent un peu le petit personnel, puis font irruption dans le bureau d’Alfred, ce dernier fait réviser ses cours de comptabilité à l’une de ses employées assise sur ses genoux, le corsage largement ouvert sur son panorama.

- Allez la schneck, dégage ! Quant à toi, Alfred, tu vas nous suivre au 36, et pas de schkroum, ou j’te fume ! Dugland, appelle des renforts et demande au proc’ une commission rogatoire, on va perquisitionner.

Une heure plus tard, une escouade de flics débarque et inspecte les lieux. C’est alors que l’on découvre dans un autre cercueil servant de table, des lingots d’or frappés de l’aigle reposant sur une croix gammée, l'emblème du troisième reich !

Alfred passera aux aveux rapidement, vu que les beignes façon Chauguise, il n’apprécie pas du tout !

La joncaille, il l’avait chourrée aux chleus au moment de la débâcle en août 44, il s’était retrouvé rue Loriston au moment où ils emballaient leurs lingots.

Alfred avait buté les deux soldats et embarqué quelques uns des précieux lingots, dans sa Peugeot 202 !

Un certain nombre de ces lingots pour acheter le cabaret, et à lui la vie de pacha !

Quelques années plus tard, il avait rencontré Rachel et en était tombé raide dingue. Il n’avait jamais remarqué la cicatrice qu’elle portait à l’avant-bras, et avait eu l’imprudence de lui montrer les lingots. Rachel avait tout de suite compris que la rumeur qui courait à son sujet était fondée. Elle avait voulu le dénoncer à la police.

La suite banale en somme. Alfred étrangle Rachel, la met dans l’un des cercueils, en attendant de s’en débarrasser… Le grain de sable ? Le chauffage qui se met à déconner hâtant la décomposition du corps !



(1) Authentique.

(2) Le cinéma "Gaumont palace" place Clichy, était le plus grand cinéma d’Europe avec ses 5000 places. Rasé en 1972 '' ! ''J'y ai vu "les Vikings" en 1959, avec Kirk Douglas, Tony Curtiss et... Janet Leigh, c'était hier !

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